BE KIND, REVIEW!

OSS 117 : LE CAIRE NID D'ESPIONS
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Michel Hazanavicius (2006) | 8.5/10

Après plusieurs projets pour la télévision dont la monumentale Classe américaine, Hazanavicius sortait en 2006 cette adaptation du très franchouillard OSS 117. Avec un budget de 14 millions, une star devenue bankable et un scénariste qui vient des Guignols, ce film se pose comme un projet ambitieux de parodie de film d'agents secrets.
Le film est une réussite à tous les niveaux. Car Hazanavicius est un réalisateur malin qui sait flatter la cinéphilie, il embarque dans son film bon nombre de références cinématographiques des années 50-60, et il utilise à bon escient son personnage principal pour mettre en scène avec élégance des bonnes vannes bien débiles en même temps qu'il se permet une critique assez subtile du contexte social de l'époque. Car Hubert Bonisseur de La Bath est un espion hâbleur, raciste, misogyne et inculte. Une belle image de la France donc, surtout comparée aux Musulmans qui chose agréable sont pour une fois très bien mis en valeur et très éloignés des clichés habituels (sans pour autant en spolier la culture et les traditions). Car c'est dans la bouche de son personnage, qu'Hazanavicius place les poncifs xénophobes, et il réussit ainsi d'autant mieux à en démontrer l'ineptie. Le scénario vaut donc pour moi pour ses deux aspects : d'une part, un scénario savoureux qui parodie allégrement les films d'espionnage à base de nazis très très méchants, de jolies filles, d'intrigue alambiquée et de retournements de situation, le tout dans une drôlerie constante faite de blagues savoureuses. Et d'autre part il constitue une critique acerbe du sentiment de supériorité de l'occident sur les pays du Sud, de l'époque bien sûr mais qui renvoie aussi implicitement à notre contemporanéité.
Il reprend les codes des films des années 50 pour en faire autant un hommage de la forme qu'une critique du message sous-jacent. Hazanavicius pousse son propos assez loin, il y va franchement, et son film propose en plus une reconstitution convaincante. Il filme en scope et ça se voit, et les détails sont poussés à l'extrême (décors, costumes, effets spéciaux à l'ancienne, ...)
Reste l'humour en tant que tel. Personnellement c'est complètement ma came, parce que c'est original, bien vu, bien interprété, à la fois décalé et potache. Et signes d'une très bonne comédie, l'humour se bonifie avec le temps, en plus de découvrir de nouvelles blagues, de nouveaux détails. Les acteurs sont bons (Dujardin y trouve son meilleur rôle comique et les seconds rôles font le boulot - les belles Béjo et Atika incarnent des personnages assez fins, finalement beaucoup moins caricaturaux que les films parodiés) et les idées fusent dans tous les sens autant pour les gags visuels que les vannes dialoguées. Un enchaînement de scènes cultes donc, portées par un humour rafraîchissant, une belle originalité et qui vaut autant pour sa drôlerie que son message intelligent.
Du très beau cinéma "populaire" qui allie la très bonne humeur au corrosif. Une réussite.

KISS KISS BANG BANG
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Shane Black (2005) | 6/10

Bonne petite comédie qui m'a arraché quelques sourires...
Le scénario qui part sur un postulat de départ intéressant tient à peu près la route mais a pour moi quelques défauts assez majeurs. J'ai trouvé qu'il y avait pas mal de redites, des temps morts et certains rebondissements sur la fin sont tellement WTF que ça gâche un peu le plaisir. Car Shane Black introduit suffisamment de délire dans sa réal, son montage et ses digressions, pour ne pas encombrer son récit d'un dénouement aussi foutraque et d'une love story qui se veut drôle mais qui s'avère au final assez poussive et qui donne l'impression d'être l'atout romantique obligé du film. C'est dommage car la partie polar avait de quoi séduire, avec un background sympa sur Hollywood, des acteurs très bien (Downey Jr est plutôt soft pour une fois, il le fait bien et Kilmer est top) qui incarnent des personnages originaux et marrants et un humour parfois bien con ou bien noir. Par contre donc tout ce qui concerne le personnage d'Harmony (Michelle Monaghan) m'a vraiment saoulé. Son côté hystérique totalement antinomique pour moi d'une quelconque séduction gagne beaucoup trop sur l'intrigue et plombe complètement certaines scènes.
C'est dommage car sinon il y a des trouvailles sympas, certaines scènes assez excellentes et le film se laisse donc plutôt bien regarder. Mais trop sage par certains points ou au contraire trop nawak, le film navigue constamment entre deux eaux et n'arrive jamais à trouver un juste milieu entre le polar et la comédie et oublie parfois en cours route son ton irrévérencieux plutôt sympa. La faute à des trop gros effets d'alambic, un scénario qui part en sucette et une love story assez insupportable.

RENCONTRE AVEC JOE BLACK
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Martin Brest (1998) | 8/10

Le genre de la comédie romantique n'est pas franchement ma tasse de thé. Quelques exceptions heureusement arrivent à s'extraire des sentiers battus en proposant une réelle valeur ajoutée. Rencontre avec Joe Black en fait partie. Car ce film nous emmène là où l'on ne va que rarement, c'est à dire aux côtés d'un homme, personnage interprété par Anthony Hopkins, qui apprend qu'il ne lui reste que quelques jours à vivre. Il le sait car la Mort a décidé de lui rendre visite, en personne, sous le nom d'un certain Joe Black et les traits de Brad Pitt, pour lui octroyer un répit en échange d'une place confortable de spectatrice de la vie. Le contrat est imposé par la force et Joe Black peut tel un enfant, tout apprendre, tout découvrir en observant le monde avec des yeux nouveaux et curieux. Le temps qu'il jugera nécessaire.
C'est donc tout le charme particulier de cette histoire, certes tirée par les cheveux, mais qui en introduisant cette part de fantastique, réussit à retranscrire une certaine émotion. Et ce malgré un décorum un poil sirupeux et une histoire qui peut parfois sentir la guimauve. Car ce Joe Black, pas con, n'a pas choisi n'importe qui pour lui faire passer du bon temps. Il a choisi un bon gros milliardaire new yorkais dont l'une des filles a le joli minois de Claire Forlani. Vraiment pas con, j'aurai tout fait pareil à sa place. Et le sel assez piquant finalement de l'histoire va donc être cette relation naissante, qui sous des faux airs de conte de fées sexy, sera, de par l'ultimatum mis en place, forcément vouée à l'échec. La fin annoncée sera donc à l'image du film. Du charme et des effets de style, mais baignée d'une tristesse certaine, en tout cas d'une gracieuse mélancolie. (Si on excepte la toute toute fin, too much..) Et c'est ce qui marche dans ce film en plus d'une très belle interprétation. L'échange Pitt/Hopkins a vraiment de la gueule, c'est lui le couple central de la romance finalement, entre complicité et affrontement. Hopkins livrait ici l'une de ses dernières belles prestations, en incarnant de façon sobre et touchante ce vieil homme pressé par un devoir d'acceptation. Et pourtant les états d'âme des riches qui pètent dans la soie et qui se prennent la tête c'est pas trop ma tasse de thé d'habitude, mais ici la dimension universelle du sujet, la vie, la mort et l'amour (sous les traits de Claire Forlani je le rappelle) fait que ça passe plutôt bien. Quant à Brad Pitt, il a une classe folle, il rayonne totalement, et donne à son personnage un caractère malicieux, et paradoxalement plein d'humanité, à la fois mystérieux et adolescent.
Le petit jeu ambigu mis en place se laisse donc suivre avec un réel plaisir (3h pourtant), car tout passe plutôt très bien, sans trop de pathos, souligné par des très beaux dialogues et une belle musique. Le déroulement n'est certes pas très original, mais l'interprétation, des jolies saillies d'humour et un classicisme bienvenu en font néanmoins un film esthétique et pas mal touchant sur le fond. (Et puis y a Claire Forlani quoi...)
Petit plaisir coupable donc.