BE KIND, REVIEW!

SKYFALL
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Sam Mendes (2012) | 9/10

Enfin ! Rattrapage effectué pour ce dernier James Bond et quelle vision : sans conteste l'un des meilleurs épisodes de la franchise cinquantenaire, si ce n'est le meilleur. Et pour le fan de la première heure, ce cadeau d'anniversaire n'est ni plus ni moins qu'un grand film.

Sam Mendes réussit haut la main son passage aux commandes et livre un film moderne, passionnant, profond et respectueux de la série. Ce sans-faute est bien aidé pour la photo par le grand Roger Deakins, et son trio d'acteurs épatants, Craig, qui n'a peut être jamais été aussi charismatique, Dench centrale et émouvante, et Bardem un des bad guys les plus fascinants depuis un certain No country for old men. La réussite est donc totale, car le scénario et la réal brillent par leur élégance et leur efficacité avec des enjeux multiples et variés, des scènes d'action simples et pourtant majestueuses, et des séquences sublimes (le passage en Asie notamment). Mendes continue le processus de modernisation de l'agent 007 entamé avec l'arrivée de Craig et le très bon Casino Royale. Il est donc ici question d'origines, de filiation, de responsabilité et de changement d'époque, avec à la fois la notion de renaissance et un fort côté sombre et nostalgique.

Le cahier des charges n'est pas pour autant laissé de côté : introduction punchy, générique sublime, voyages exotiques, repaire insulaire, humour, technologie, casino, courses-poursuites et action musclée sont toujours au programme. Mais le grand final crépusculaire est la cerise inattendue sur le gâteau : aux commandes de l'Aston Martin mythique, Mendes et Craig remontent le temps et livrent l'un des plus beaux climax de ces dernières années à l'opposé des surenchères pyrotechniques habituelles.

Mélange d'hommage, d'invention et d'élégance, Skyfall est donc une œuvre grandiose et habile qui cumule les qualités visuelles, divertissantes et scénaristiques. Et qui confirme s'il en était le talent de son réal aussi à l'aise dans l'intime que le spectaculaire. Un bijou.

ADIEU BERTHE OU L'ENTERREMENT DE MÉMÉ
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Bruno Podalydès (2012) | 3,5/10

Bon ben c'est assez mauvais. Le genre de films dont j'aurai dû me méfier en voyant le fossé entre les critiques presse dithyrambiques et celles des spectateurs beaucoup plus moyennes, car franchement on peut clairement se demander après coup ce que certains lui trouvent. Alors oui, je suis peut-être un peu jeune pour apprécier l'histoire de cet homme à un tournant de sa vie (Denis Podalydès), grand gamin cinquantenaire ballotté entre sa femme et sa maîtresse confronté au décès de sa grand-mère, mais la déception est quand même légitime venant de ceux qui ont signé le très bon Mystère de la Chambre Jaune. Parce que passé quelques blagounettes sympas et une verve assez enlevée des acteurs, on se fait chier sévère devant autant de vide et ce mix bancal de philosophie absconse et d'humour bête, et surtout le personnage principal en ce qui me concerne ne m'a jamais intéressé. Quelques idées originales parsèment pourtant le récit mais c'est bien trop peu pour sauver le film de son histoire congrue (il ne se passe vraiment pas grand chose) et de sa torpeur ambiante (faute au perso, entre les passages comiques, je me suis fais chier). Et on ne retrouve quasiment rien de ce qui faisait le charme de La chambre jaune, à savoir un côté humble et bon enfant et un rythme enjoué (l'assez mauvais Bancs publics préfigurait déjà ce changement de style intello et je trouve perso un manque d'inspiration et de fluidité).
Une déception au vu des acteurs, du sujet, et du réal.

KILLER JOE
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William Friedkin (2012) | 8/10

Grosse attente et nullement déçu par cet OVNI décadent et complètement subversif du pervers pépère William Friedkin.
Quelle cruauté et quelle claque! À presque 80 ans, Friedkin nous sert une farce tragi-comique et ultra-violente sur le thème de la bêtise et de la famille américaine. Et il ne recule devant aucune transgression faisant de sa sitcom un brûlot jouissif et dérangeant qui convoque le diable en chapeau noir. Mc Conaughey y incarne ce Joe, regard brûlant, style impeccable mais méthodes sadiques. C'est un salaud de la pire espèce, flic et tueur à la fois, moralisateur par la soumission, et son intrusion dans cette famille de rednecks va provoquer la foudre. Comme le diable il a été invoqué, invité, par un naïf, un faible (Emile Hirsch) pour organiser un plan qu'on devine vite foireux.
Et comme tout pacte diabolique la rançon est bien pire qu'attendu, pour lui et pour ses proches. Ses proches justement, une belle-mère calculatrice nympho (Gina Gershon pubis à l'air), un père benêt (Thomas Haden Church) et une sœur vierge et naïve (Juno Temple) composent cette famille déglinguée dont la gaucherie et la veulerie feraient presque pitié si elles n'étaient pas aussi coupables. Et Friedkin insinue le mal au fur et à mesure de sa petite histoire et son grand final prend des allures de panier de crabes avec une forte odeur de sang et de KFC.
Et c'est toute l'hypocrisie d'une nation, tous les vices d'une nature humaine mise à nu et à mal qui se retrouvent ainsi jugés à la table du diable, sous les yeux médusés du spectateur qui ne sait plus où se mettre.
Un gros doigt à la face des valeurs traditionnelles, qui allie l'humour noir à la méchanceté sournoise. Simple, efficace, décapant et définitif.
Friedkinien.