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Eyes Wide Shut - 9/10

MessagePosté: Ven 14 Déc 2012, 12:13
par elpingos
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EYES WIDE SHUT
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Stanley Kubrick (1998) | 9/10


Un moment que je ne l'avais pas revu, et même si d'un point de vue narratif les surprises laissent place à quelques longueurs, la puissance formelle et symbolique de ce dernier Kubrick reste toujours intacte.

La musique, les cadrages et les plans séquences, et les nombreux plans très explicites conservent donc un charme envoutant et un pouvoir de séduction assez incroyables, entre beauté et voyeurisme. Une ambiguïté sexuelle qui se retrouve aussi constamment dans un récit gigogne qui voit ce couple à l'écran et à la ville s’entredéchirer et se réévaluer sous le prisme du désir et de l'individualité. Tom Cruise est donc projeté dans un enfer intérieur, pavé de mystères et de mauvaises intentions et se retrouve confronté à de nouveaux démons. Son cheminement prend la forme d'une plongée obscure aussi bien personnelle que dans les entrailles d'un New York secret où sous les masques d'une bienséance bourgeoise semblent se cacher les vices et les sévices sexuels.

Le film est admirablement construit mettant en situation directe et intime ce couple iconique, entre mensonges, compromis et introspection. Kidman est somptueuse, charismatique et vénéneuse, et même si elle n'apparaît qu'un tiers du film, elle en constitue le personnage principal, son enjeu stoïque et sa quête véritable. Et l'aveu de son fantasme est une scène terrible, le cœur du film qui va provoquer la perte d'une innocence superficielle. Cruise, lui, déambule, hagard sous le choc de ses propres vérités, et au cours de cette virée nocturne il perd peu à peu de cette fausse naïveté. Les dialogues nombreux sont comme souvent chez Kubrick extrêmement sobres et s'ils ont un peu tendance à s'étirer, leur précision fait néanmoins passer l'ennui pour de l'intérêt.

Le récit alterne les très longues scènes, dramatiques, mystiques et même comiques et la beauté des images n'enlève en rien la proximité envers les personnages et leur côté immersif. Le film est constamment baigné d'un érotisme assez fascinant et la scène de l'orgie est à la fois grandiose, hypnotique et effrayante. Tout dans ce film respire une tension sexuelle latente et la libération cathartique finale de Kidman est une parole d'éveil et un cri du cœur : "There is something very important that we need to do as soon as possible : fuck". Une fois de plus le maître avait tout compris de l'essentiel qui fait tourner le monde et son film impudique en est un ultime témoignage.

Seigneur des anneaux : Les deux tours (Le) - 10/10

MessagePosté: Lun 17 Déc 2012, 12:09
par elpingos
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LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LES DEUX TOURS
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Peter Jackson (2002) | 10/10


En grand fan de cinéma fantastique, d'héroïc fantasy et du roman d'origine, difficile pour moi de faire la fine bouche devant l'adaptation de Peter Jackson. Faisant suite à la Communauté de l'anneau, ce 2e volet avait pourtant la lourde tâche d'illustrer l'éclatement des storylines qui plus est dans une surenchère fantastique, avec le rendu de la bataille du gouffre de Helm et la séquence autour des Ents.

Alors même si les FX commencent tout de même déjà à dater, l’équilibre visuel est pourtant bel et bien réussi avec une esthétique souvent impressionnante et une réelle dimension d'anthologie, un must encore aujourd'hui, qui préfigure le climat dantesque du dernier volet. Peter Jackson réussit aussi un développement fluide et quasi parfait de l'histoire avec un enchantement de chaque instant au cours de scènes magnifiques; l'introduction est majestueuse, l'arrivée à Edoras est sublime et intense (avec un immense plaisir de redécouvrir à l'écran des paysages que j'ai pu visiter depuis), le passage raccourci à Osgiliath garde un côté fin du monde franchement réussi et la partie avec les Ents, même si elle est la plus faible est tout de même un joli moment (pour moi l'une de mes plus grosses craintes à l'époque car sans doute l'une des plus difficiles à adapter). Surtout la bataille du gouffre de Helm, long climax de près d'1 heure est peut-être la scène la plus épique de la trilogie, dense, ultra lisible et dotée d'une envergure à couper le souffle (on sent la peur gagner les combattants et les différentes phases sont super bien amenées, le secours des Elfes, génial, l'éclatement des fortifications à la poudre et l'arrivée salvatrice de Gandalf).

D'un point de vue personnages, Gollum gagne subtilement en profondeur (scènes fascinantes de dédoublement de personnalité), Frodon commence à en chier sérieusement avec un Sam qui prend vis à vis de lui de plus en plus d'importance et Gandalf le blanc a enfin le caractère noble et charismatique tant attendu. Le contrat du bestiaire fantasy est lui aussi rempli avec Ents, Wargs, Uruk-hais, oliphants et un impressionnant Nazgûl dans la scène finale. Bref les enjeux deviennent de plus en plus pressants, épiques et violents et on est clairement très éloignés de la doucereuse Comté du début (ce qui rend fidèlement justice à l'une des grandes forces du bouquin). Enfin ce 2e film rend aussi subtilement hommage à l'aspect chaotique, merveilleux et dual du roman d'origine, ce qui constituait sans doute l'un des défis les plus ardus.

Ce 2e volet est donc en tous points l'adaptation intègre, foisonnante et inespérée du chef d’œuvre de Tolkien avec un développement extrêmement juste et fidèle, un rendu franchement impressionnant et une augmentation des thématiques, de la noirceur et des enjeux. Clairement le must en terme de film fantastique et d'aventure et qui porte en lui les plus grandes qualités que le cinéma d'imaginaire peut offrir.

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Lun 17 Déc 2012, 12:20
par Alegas
Tu fais pas de critique pour le premier où t'as simplement maté celui là à la TV ?
Sinon, belle critique, et une fois n'est pas coutume je suis d'accord avec toi sur tout les points (sauf que moi je trouve que les FX vieillissent super bien). :super:

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Lun 17 Déc 2012, 12:38
par Mark Chopper
Mouais mais tu penses la même chose des FX de Matrix Reloaded.

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Lun 17 Déc 2012, 12:46
par Alegas
Pour Matrix je les pardonne aisément car ils sont utilisés à but expérimental, pour le SDA je vois vraiment pas comment on peut pinailler, à 3-4 incrustations près.

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Lun 17 Déc 2012, 13:20
par elpingos
Ouaip, je l'ai maté à la télé, mais pas le 1, donc pas pu faire de critique. Mais je crois que c'est celui que je préfère celui-là...
Sinon ben les FX, même si ça pétait à l'époque, je trouve qu'on a vu mieux depuis (mais bon normal quoi). Ca reste quand même très très classe (à 4-5 trucs près).

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Lun 17 Déc 2012, 20:40
par Dunandan
Par contre l'ayant revu récemment, je peux te dire qu'en BR les décors te pètent la rétine :shock: (surtout justement le gouffre de Helm, absolument magnifique). Puis bien sûr pour ta belle critique : :super: :super: :super:

Bêtes du sud sauvage (Les) - 8,5/10

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 10:51
par elpingos
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LES BÊTES DU SUD SAUVAGE
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Benh Zeitlin (2012) | 8,5/10



Formidable petite gamine de 6 ans, Hushpuppy, qui contre la force des éléments va s'élever et devenir une adulte. Le premier film de ce réalisateur est porté par une originalité vraiment incroyable, plongeant le spectateur dans un milieu naturel et social inconnu, un bayou pauvre, sauvage et inondé, et un maelström de sentiments absolument détonnant.

Tire-larmes, le film ne l'est jamais réellement, évitant habilement le mélo ou toute tendresse misérabiliste, et préférant l'allégorie et le conte à la fable trop sociale post Katrina. Bancal par contre il l'est, parfois seulement, comme si le projet mûri pendant 5 ans, était inévitablement plombé par une trop grand portée symbolique, une trop grande énergie et une trop grande passion, pour tenir dans ce format réduit. Car ce film, touche-à-tout mais essentiel, est sans cesse bondissant, virtuose parfois, et à quelques répétitions répondent de vrais moments de grâce.

Mais comment en tenir rigueur au jeune réalisateur et à sa proposition qui touche constamment au cœur et aux sens, et qui trouve, dans sa farouche indépendance, une audace et une originalité hors normes. Et comment alors ne pas être séduit par un film qui s'éloigne totalement des canons habituels, et qui jette un regard à la fois fabuleux et terrible, oscillant au gré des flots et de la caméra portée, sur la condition humaine réduite à sa nature primaire.

Surtout il est porté par un personnage absolument génial, une petite fille fascinante, haute comme trois pommes, qui par son pas de bottes engagé, ses hésitations, son regard profond et ses cris stridents, est une héroïne du quotidien à la fois philosophe, animale et humaine. Son appétit pour les choses de la vie (et pour les beignets, "hushpuppy" en anglais) et sa relation avec son père, sont à la fois pétris de tendresse et de sauvagerie; car dans ce monde entre deux eaux, seuls les croyances, l'abnégation et l'esprit de camaraderie, sinon de famille, peuvent franchir les obstacles.

Et c'est la somme de tout ça, de toutes ces thématiques sur la mort, l'éducation, le lien de l'homme à la terre et la perte de l'innocence qui font de ce film unique un hymne à la vie brillant et une bouffée d'émotions. Poétiques et radicalement différents, ces animaux-là sont une vraie lueur d'espoir et de cinéma, à fleur d'eau et de peau.

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 10:57
par osorojo
Vu toutes les bonnes critiques, j'vais devoir me le fader pour les BOMscars, mais alors, je sais pas pourquoi, gamine, fable, condition humaine, symbolique, ça a tendance à me faire fuir. Après, vu que vous avez tous l'air unanimes à son propos, ça peut être une jolie surprise :wink:

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 11:01
par elpingos
Ouaip, j'y allais sceptique et prêt à le descendre ( :twisted: ) . Alors c'est clair que le film en énervera certains (c'est même sans doute un gros euphémisme) mais franchement, j'ai vraiment été conquis. Le réal réussit un OVNI vraiment touchant et la petite est géniale (je crois même qu'on parle d'un oscar pour elle). Le genre de projet tellement atypique et finalement bien gaulé qu'on ne peut qu'être séduit.

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 11:06
par Moviewar
Bonne critique ! :super:

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 11:26
par zack_
Merci pour le lien sur cinézine, on fera de même sur le prochain portail ;)

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 11:37
par Criminale
Ouaip je plussoie ta critique.

Mais je ne sais pas pourquoi mais je n'arrivais pas me dire que c'était une petite fille mais un mec. Donc à chaque fois que je la voyais c'était son fils pour moi (ça m'a un peu fait tourner la tête ça). En même temps quelle idée de dire "I'm the Man" tout le long. :eheh:

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 12:03
par elpingos
Ben quand même.... :roll:

Après qu'importe au final...

Re: [elpingos] Mes Critiques en 2012

MessagePosté: Mar 18 Déc 2012, 15:12
par Alegas
Vu que ce film à l'air bien parti pour les Bomscars je vais aussi aller le voir.