BE KIND, REVIEW!

KILL BILL VOL.1
-------------------------------------------
Quentin Tarantino (2003) | 9.5/10

Nouveau visionnage ce we du diptyque de la mariée vengeresse, cette fois l'un à la suite de l'autre. Et grosse redécouverte.
D'un point de vue formel, casting, musiques, action, le film est une tuerie. Tarantino s'approprie chacun de ses décors avec une aisance surdouée pour composer un récit déstructuré fait de scènes d'une intensité folle. Comme à son habitude il démontre son énorme talent à créer des situations ultra efficaces, faites de dialogues détonants et d'action décomplexée. Pour autant il garde une certaine distance avec son propos, multipliant l'humour, les gimmicks et les références cinématographiques. Son film est bondissant, comme son héroïne (rôle parfait pour Uma Thurman) et cherche constamment à surprendre et à donner du plaisir au spectateur. Il multiplie ainsi les effets de réalisation (split screens, anime, coloration) et dépeint (en rouge sang) des personnages féminins magnifiquement icônisés. La construction de son récit est sublime : si le 2e volet est plutôt linéaire, il préfère ici, comme à son habitude, détourner la chronologie pour donner plus d'allant à son récit, jouant avec les numéros de ses chapitres. Le combat de sabre final dans la neige constitue ainsi l'apothéose de ce 1er volet et restera comme l'une des scènes les plus poétiques du réalisateur.

KILL BILL VOL.2
-------------------------------------------
Quentin Tarantino (2004) | 9.5/10

Le 2e volet commence sur la scène culte du mariage et de l'arrivée de Bill qui nous est enfin présenté sous les traits de David Carradine (Bill a enfin un visage et la mariée un nom). Le choix de Tarantino s'avère payant car l'acteur, félin, en plus de renvoyer à des souvenirs doucement nostalgiques incarne parfaitement la dualité de cet homme sensible et féroce à la fois. Le travelling arrière qui prolonge ce face à face lumineux entre les 2 anciens amants pour dévoiler le "gang des vipères assassines" conclue brillamment cette scène, la clé de voûte des 2 films enfin dévoilée. Le reste du film sera dans la même veine, entre révélations et action et toujours construit sur des face-à-face sanglants, où le respect des adversaires peine à contenir leur haine farouche. Leurs affrontements inéluctables et attendus sont ici aussi parfaitement réussis, notamment grâce à des idées géniales de mise en scène et de coups spéciaux (le black mamba, l'arrachage de l'’œil, la "technique de la paume et des 5 doigts")... Tarantino prouve ici aussi son talent en terme d'utilisation de l'espace dans les 2 scènes géniales de la caravane de Bud et du cercueil. La densité de la réalisation est proche ici de la perfection, en plus d'une utilisation savoureuse du flashback sur la formation de Pai Mei, une autre de ces scènes géniales, entre hommage et parodie, dont Tarantino a le secret.
Enfin l'affrontement final, inattendu car verbeux, sera le temps des ultimes réponses et du règlement final. Tarantino se permet alors de ralentir son récit et de verser un peu dans le sentimentalisme. Mais si la conclusion de ce diptyque détonne, la beauté du final n'en est que renforcée, à la hauteur de la mort digne de Bill et du sourire de cette mère et de sa fille réunies, comme un accomplissement.