BE KIND, REVIEW!

Une énorme purge, ni plus ni moins. Certes, il n'y avait pas grand chose à attendre de ce cinquième opus de Die Hard, surtout depuis que le nom de John Moore (l'homme qui n'a rien compris à Max Payne) était confirmé au poste de réalisateur, mais on était quand même en droit d'espérer un minimum de qualité. Mais non, ce Die Hard est tout simplement le pire épisode de la saga, en plus d'être l'un des blockbusters les plus détestables de ces dernières années. Avec une idée de script aussi débile qu'inexploitée (McClane doit retrouver son fils perdu de vue depuis des années en Russie), Moore livre un film insipide au possible, aux séquences d'actions rares et mal shootées (shaky-cam à gogo et montage ultra-cut) et qui ne comprend absolument rien à l'essence même de Die Hard (on fait croire durant l'épilogue que Die Hard est une grande saga d'action sur l'accomplissement familial). Même Bruce Willis ne croit plus à l'entreprise puisqu'il donne ici à peine le strict minimum, se contentant de punchlines répétitives et pas drôles. Pire encore, on a le droit à des séquences proches du nanar (en témoigne la scène finale avec l'hélicoptère) et la Fox a cru bon de remonter le film en l'édulcorant à mort, donc peu de violence et surtout des dialogues qui ne décollent jamais. Voilà, Die Hard est bel et bien enterré, reste à savoir si la Fox et Willis sont capables de faire pire par la suite.

Seconde vision et sans trop de surprise c'est aussi bien que dans mes souvenirs. Malgré tout, j'ai quand même eu tendance depuis la découverte du film à le porter en très haute estime, et du coup je le revois un poil à la baisse vu que c'est moins ultime que dans mes souvenirs, pour des raisons que j'évoquerais plus bas. On est ici en face de ce qui est encore aujourd'hui comme le meilleur film de Michel Gondry, et de très loin. Force est de constater que si la mise en scène du bonhomme a toujours été inventive depuis ses premiers clips, mais c'est véritablement sa collaboration avec Charlie Kaufman qui permet au film d'atteindre un degré de qualité jamais égalé depuis par Gondry. Avec un pitch simple, mais complexifié par le montage et surtout par l'incompréhension du spectateur face à cette entrée discrète dans le fantastique, Eternal sunshine of the spotless mind se révèle être un grand moment d'émotion, une revisite du film de couple qui prend là des dimensions inédites et puissantes. En plongeant au cœur de l'esprit humain, le film arrive à atteindre un degré d'humanité et de sincérité vraiment touchant et qui frôle souvent le tragique puisque la fin de tout commence avec la fin des souvenirs auxquels on tient.

Néanmoins, le film aurait clairement gagné en puissance sans des personnages secondaires qui envahissent trop le fil conducteur du récit. Certes, l'arc narratif autour du personnage de Kirsten Dunst développe un peu plus la thématique autour du souvenir oublié, mais le fait est que les interludes du réel empêchent vraiment à la partie fantastique d'être aussi percutante qu'elle aurait dû l'être, et le film aurait vraiment pu être plus pertinent en se concentrant sur le couple principal et sa fuite. Hormis ce défaut gênant, le film vieillit merveilleusement bien et supporte aisément la revision. La mise en scène de Gondry regorge de petites idées qui font toute la différence (et notamment la façon d'éclairer les souvenirs que l'on efface peu à peu ou sur les petits trucages comme la séquence de la salle à manger), le travail sur le son d'ambiance est remarquable et le casting est un véritable sans faute, mention spéciale à Kate Winslet touchante et surtout un Jim Carrey qui prouvait pour la troisième fois après The Truman Show et Man on the Moon son énorme potentiel de jeu dramatique. Un excellent film qui s'impose comme l'une des plus belles romances cinématographiques vues ces dernières années. En espérant que Gondry retrouve un jour un tel niveau de qualité.