BE KIND, REVIEW!

Un excellent film qui ne fait pas mentir sa réputation élogieuse, à savoir le top du top du film d'investigation en plus d'être un véritable tournant du genre. Pourtant, All The President's Men est clairement un film extrême dans sa forme, puisqu'on est en face d'une œuvre tellement respectueuse de son sujet (à savoir l'enquête journalistique autour du scandale du Watergate) qu'elle ne fait aucune concession concernant son récit. Résultat, le film n'a absolument aucune scène d'action, les péripéties les plus mouvementées étant des scènes dialoguées dans un parking sombre avec une source d'information anonyme, et au final le résultat passe tout seul. C'était d'autant plus dangereux que le scénario est très minutieux concernant le déroulement de sa trame, et le film avance au même rythme que les deux journalistes suivis, et notamment dans la frustration de ne pas avancer dans l'enquête. Et pourtant, le film a beau durer plus de deux heures, le tout reste captivant jusqu'au bout, jusqu'à une conclusion qui n'a rien besoin de dire et où toute l'information passe par l'image. Malgré la volonté de ne pas chercher à développer psychologiquement le duo principal, celui-ci est très attachant puisque le spectateur veut tout autant qu'eux voir l'intrigue évoluer, le charisme de Dustin Hoffman et de Robert Redord faisant le reste dans des séquences de dialogue magistralement écrites. Enfin, la mise en scène de Pakula est d'une efficacité étonnante, avec quelques morceaux de bravoure comme ce long plan fixe en double focale qui veut tout dire. Une œuvre indispensable pour quiconque apprécie un tant soit peu le genre.

Pas revu depuis un bon moment (sûrement sa sortie vidéo) et cette troisième vision me permet de réévaluer le film clairement à la hausse au point de le placer parmi ce qui a pu arriver de mieux au cinéma français ces dernières années. Film à l'époque sorti de nulle part et qui avait eu le droit à un bouche à oreille des plus efficaces, Le premier jour du reste de ta vie est autant un vent de fraîcheur appréciable qu'une œuvre très complète dans ce qu'elle propose en terme de thématiques. Bien que jouant sur plusieurs tableaux (on est à la fois devant une comédie et un drame se jouant sur de nombreux niveaux), cette diversité est finalement salutaire tant elle permet au métrage de se distinguer des films sur la famille que l'on a l'habitude de voir au cinéma en France. En terme de rythmique et d'originalité du concept, on est bien plus proche du cinéma américain, mais l'influence s'arrête là et le film a vraiment le mérite d'exister de façon totalement indépendante et de toucher un grand public via ses thèmes universels (même s'il est certain qu'il parlera beaucoup plus à ceux qui ont eu leur enfance/adolescence pendant les années 90).

Le côté film à segments aurait pu être préjudiciable et au final, le fait que tout se concentre pour raconter la même histoire fait que le film dans sa globalité est captivant à suivre, d'autant que l'écriture paraît évidemment très personnelle au point d'en devenir très touchante dans certaines parties (notamment tout ce qui touche au grand-père). Porté par un casting d'excellents acteurs qu'on ne voit hélas que trop peu sur grand écran (Gamblin évidemment, mais aussi Pio Marmaï et Déborah François qui sont les véritables révélations du film), par une mise en scène très surprenante dans sa façon d'envisager les raccords et par une bande-son des plus inspirées, Le premier jour du reste de ta vie s'impose aisément comme l'un des plus beaux films que le cinéma français ait pu offrir durant la dernière décennie, un film qui gagne beaucoup à être revu et qui conserve toujours ses qualités attachantes.