BE KIND, REVIEW!

La comédie est, en Corée du Sud, un genre où la grande majorité des réalisateurs ont pu s'essayer, notamment à leurs débuts, il suffit pour s'en convaincre d'examiner les carrières respectives de cinéastes comme Bong Joon-ho ou Kim Jee-woon pour ne citer que les plus connus. Pourtant, Park Chan-wook avait toujours évité le genre jusqu'en 2006, année où il décide de passer à autre chose après la conclusion de sa trilogie de la vengeance. Au final, on se retrouve avec ce qui est bien plus un drame rempli de folie plus qu'autre chose, la preuve étant que les éléments comiques sont finalement presque tous placés en début de métrage, la dernière moitié prenant une tournure presque dramatique malgré une distance créée par la mise en scène. Le film aurait pu être véritablement intéressant s'il s'était doté d'un scénario un peu plus consistant, car on est en face d'une œuvre de plus de deux heures qui n'a en son sein qu'un seul enjeu : celui de faire retrouver l'appétit à une patiente persuadée d'être un cyborg de destruction. Du coup, on a réellement l'impression que le film dure longtemps pour pas grand chose, et cela donne des séquences étirées au possible comme les fameuses scènes où, pendant près de dix minutes, on voit la jeune femme-robot annihiler son environnement pour se rendre compte au final que tout est fantasmé, ce qui ne fait donc jamais avancer le récit en lui-même. C'est d'autant plus dommage que le film est intéressant visuellement, mais le fait est qu'on est clairement devant un film terriblement mineur comparé à la plupart des autres films de son auteur.

L'un des meilleurs films de Park Chan-wook, et très certainement son œuvre la plus humaine et authentique à l'heure d'aujourd'hui. Réalisé dans un contexte assez particulier où le cinéma coréen tentait d'apporter sa contribution à un élan pacifique entre les deux Corée, Joint Security Area est aussi l'un des premiers gros blockbusters de la péninsule avec Shiri, fort d'un budget de trois millions qui lui permettra de dépasser les frontières de son pays. L’œuvre est clairement l'un des films qui a permis le lancement de la fameuse nouvelle vague coréenne, et non seulement il aura permis le lancement définitif de la carrière de Park Chan-wook mais il a aussi permis au public de découvrir des grands acteurs comme Song Kang-ho (qui trouve là son premier grand rôle), Lee Byung-hun ou Shin Ha-kyun. Construit scénaristiquement comme un certain Usual Suspects sorti cinq ans plus tôt, Joint Security Area est, avant d'être un film sur les tensions entre les deux Corée, un formidable film sur les relations humaines entre des personnages que les convictions ont séparées. Forcément, le traitement de l'amitié rappelle certains films de John Woo (et notamment Bullet in the Head) mais on atteint ici une sincérité beaucoup plus authentique, presque universelle dans sa façon de dépeindre les espoirs d'hommes qui souhaitent la réconciliation, mais qui se refusent à changer de camp et d'idéologie.

Côté mise en scène, on est face à ce qui est encore aujourd'hui l'un des films (si ce n'est le film) les plus sobre de son auteur. Si l'esthétique visuelle léchée n'était pas encore totalement là, il y a tout de même cette recherche du plan qui fait toute la différence lorsqu'il est bien placé dans une séquence, mais c'est véritablement du côté du montage que Joint Security Area est indéniablement réussi, arrivant à perdre puis à reprendre la compréhension du spectateur dès que le récit le souhaite. Ni plus ni moins qu'un très beau film donc, sur le même thème, hormis le film de guerre The Frontline, on a toujours pas fait mieux, et c'est clairement un film que je conseille pour bien débuter l'apprentissage du cinéma coréen.

Malgré l'intérêt que je porte à certains films de Tim Burton, je n'ai jamais été un grand fan de ce Edward Scissorhands, et cela se vérifie de nouveau avec cette seconde vision. Alors autant je suis le premier à voir les qualités du film et a être charmé par le conte, autant je n'adhère pas du tout à l'imagerie visuelle qui a clairement mal vieilli et qui donne un aspect terriblement cheap à l'ensemble, notamment toute la partie en banlieue. Tout ce qui touche au château en revanche est bien réussi, avec une ambiance tout droit sorti de l’impressionnisme allemand qui a durablement marqué la carrière de Burton, et finalement presque toutes les meilleures scènes du métrages s'y déroulent avec la découverte d'Edward et surtout le final qui fait forcément penser à une étrange fusion entre Beauty and the Beast et King Kong. Pour le reste, le côté satire de l'Amérique banlieusarde manque clairement de subtilité et même si l'aspect autobiographique du métrage fonctionne (Edward étant clairement une façon pour Burton de raconter son enfance ressentie en tant que paria) le fait est que ça manque d'enjeux pour captiver totalement.

Néanmoins, le script ne cède pas à la facilité, Burton étant à l'époque où il savait encore signer des histoires qui ne visent pas le marketing à tout prix, et on a donc une fin à la limite du tragique mais qui ne l'empêche pas d'être d'une beauté hallucinante puisqu'elle fait référence à la plus belle scène du métrage (celle où Edward crée de la neige donc). En terme de mise en scène, c'est tout de même assez plan-plan et rien ne ressort vraiment, l'émotion se dégageant bien plus de la superbe composition de Danny Elfman que des images. Enfin, Johnny Depp, malgré un personnage pas évident, s'en sort à merveille est c'est vraiment dommage qu'il se soit enfermé avec le temps dans une image de lui-même qui est loin d'égaler ses plus belles performances. Bref, clairement pas un Burton qui trouve grâce à mes yeux malgré toutes ses qualités, je lui préfère largement des œuvres moins reconnues comme Big Fish.