BE KIND, REVIEW!

LA FILLE DU 14 JUILLET
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Antonin Peretjatko | 2013 | 7/10

En ces temps de grise mine et de déprime économique, qu'il est bon de découvrir une telle comédie régressive, mi-vacances de Mr Hulot, mi-Benny Hill, à l'opposée des canons habituels, et qui plus est datant de cette année.

La loufoquerie est de mise dans ce pamphlet populo-anarcho-libertaire, qui conjugue le temps d'un été réduit pour cause de rentrée avancée d'un mois (crise oblige), une love-story désuète comme il ne se fait plus. Ça ne vole pas très haut mais l'avalanche de gags, les persos burlesques gentiment frappés et le caractère iconoclaste de l'ensemble (du 16mm à 21-23 images par seconde) est revigorant pour les zygomatiques. Franchement.

La palme de cette jovialité revenant au professeur foldingue Placenta qui sous ses faux airs de Lionel Jospin nous convie à un souper qui restera dans les annales. Pour preuve notamment, qu'après sa sortie majestueuse, la comédie connaît un net ralentissement. Il y a bien un léger clin d’œil à la Party de Sellers, mais le soufflé est tombé, dommage.

Néanmoins le délire concocté par Antonin Peretjatko est de ces 1ers films au ton unique et à l'originalité salvatrice (il était en lice pour la caméra d'or). Il ne brille peut-être pas par son intelligence (quoi que les petits piques socio-économiques sont bien vues) mais sa folie est par contre assez unique et ses acteurs efficaces (dont cette petite "pépé" Truquette - Vimala Pons - qu'on n'oubliera pas, ne serait-ce que pour ses formes harmonieuses).

Ça faisait longtemps en tout cas qu'on n'avait pas vu aussi jovial et populaire; et un tel vent de liberté, aussi con et anachronique soit-il, fait plaisir à voir. Comme un bon vieux jazz qui craque... Roulez jeunesse !

JEAN DE FLORETTE
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Claude Berri | 1986 | 9,5/10

Un film qui a bercé mon enfance et un drame qui me refait toujours le même effet émotionnel. La leçon de vie et de méchanceté humaine vues par Pagnol est sublimée à l'écran par un Claude Berri appliqué, esthète et inspiré par l'esprit des collines de la Provence. C'est à la fois magnifique, douloureux, triste, et l'histoire cruelle du bossu de la ville est de celles qui ne s'oublient pas.

Car elle est portée par des acteurs géniaux; Depardieu en tête, dans l'un de ses rôles les plus iconiques, est extraordinaire et incarne cet homme bon et passionné, investi jusqu'à la folie dans un sacerdoce de terrien. Et les nuisibles Soubeyran, les salauds, les pourris, sont à la fois terribles et duaux, entre jalousie, attirance et conservatisme méfiant. La xénophobie prend l'accent chantant du Midi et les noms d'Ugolin et du Papet, à l'unisson, ont les traits des monstres magnifiques Auteuil et Montand. Avec ce trio exceptionnel d'acteurs de génie, Berri signe un film puissant, sage et appliqué, qui trouvera dans son 2e volet "Manon des Sources", tout aussi grand, toute l'ironie d'une conclusion acerbe et acérée.

Si quelques instants quasi fantastiques viennent ponctuer son récit (le sirocco, l'orage et tout l'aspect naturaliste qui impose sa loi terrible), c'est la sagesse et le respect qui prédominent : sagesse d'une histoire simple et grave, et respect du caractère classique de cette grande histoire, à la fois saga familiale de terroir et tragédie Shakespearienne. Et la justesse de ton, la beauté des images, de la musique, le sens aigu du rythme, lancinant et intense, parachèvent un ensemble quasi parfait.

Pour moi un de ces chefs d’œuvre et très très grands classiques du cinéma français. Un film bouleversant, pudique et magnifique.

SUNSHINE
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Danny Boyle | 2007 | 8/10

2e vision et clairement Sunshine s'impose comme l'un des tout meilleurs films de l'espace. Une grande oeuvre de SF, avec une mission de la dernière chance spectaculaire, complexe avec une team scientifique de personnages efficaces, car esseulés et mis sous pression et superbement interprétés. La beauté du métrage y est aussi pour beaucoup, entre ses peintures solaires magnifiques, sa très juste précision dans l'architecture et les mouvements d'amplitude spatiale, et une musique fascinante. Jusqu'à la dernière demie heure le film de Danny Boyle touche à la perfection, avec plusieurs très grandes scènes; mais c'est alors seulement que la mécanique s'enraye. Car en mélangeant slasher et fantastique, empressement à jouer la carte du thriller, la justesse précédente laisse place à une conclusion décevante, bien en deçà alors du modèle Solaris et de ses apparitions. Cependant pour tout amateur de SF sérieuse et de cinéma sensoriel et/ou de catastrophe, Sunshine reste un incontournable, et une œuvre intelligente sur les derniers espoirs d'une espèce humaine perdue dans l'espace.