BE KIND, REVIEW!

BLOW UP
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Michelangelo Antonioni (1966) | 8/10

Pas évident à cerner ce Blow Up tant il semble impalpable. Entre maîtrise formelle qui impressionne et déconstruction à outrance d'un récit qui ne semble aller nulle part mais qui a pourtant beaucoup de choses à dire, Blow up revêt des airs d'introspection d'un cinéaste qui se questionne. A travers les yeux de Thomas, photographe de mode à succès qui cherche à changer radicalement son style en essayant d'appréhender cet insaisissable ingrédient fait d'imaginaire et d'inspiration qui est la marque des grands artistes, Antonioni semble se questionner lui même sur son métier et ses aspirations. Il brosse d'ailleurs dans son film un portrait très coloré d'un milieu qu'il a sans doute côtoyé lui même, fait de rêve et d'apparence, d'inhibition et de spontanéité.


Si le film est une horlogerie parfaitement huilée d'un point de vue formel, il est beaucoup plus délicat d'appréhender son sens premier. Dès lors, soit on se laisse porter par la précision des images, par le côté fougueux des personnages, soit on se perd dans un labyrinthe où le temps est malmené, en essayant de recoller tous les morceaux. Ces derniers imposent d'ailleurs leurs réponses lorsque le cinéaste le décide, vouloir les anticiper semble être le meilleur moyen de se perdre davantage. Reste alors au spectateur ce sens inné de la mise en scène, cette beauté plastique qui habille le film qui le transporte de séquences en séquences, sans réel but jusqu'à la mise en place d'une intrigue légère, simple prétexte à poser encore plus de questions sans donner de réponse. Antonioni finira d'ailleurs le film dans cette même logique, sans apporter une quelconque explciation, mais en témoignant de l'évolution de son personnage principal. Ce dernier, complètement dans la maîtrise tout au long du film, se laissera aller à une partie de tennis simulée jusqu'à réussir à en entendre les bruits de balle, preuve que son imaginaire peut être aussi puissant que cette réalité qu'il semblait pouvoir dompter avec ses objectifs.


Blow Up est un film déroutant mais fascinant. Je me suis pour ma part laissé complètement porter par l'ambiance si particulière qu'y distille Antonioni, totalement subjugué par la justesse de l'ensemble. Image précise, bande son envoûtante, acteurs inspirés à l'image du possédé David Hemmings permettent de faire de cette bobine un moment à part, en tout cas, peu commun. Belle découverte.

INFERNAL AFFAIRS
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Alan Mak, Wai Keung Lau (2002) | 8.5/10

S'il fallait résumer cet infernal affairs en un seul mot, je choisirais sans hésiter celui de palpitant. On est en effet ici en présence de ce qui fait souvent le panache des films HK, c'est à dire un script énergique emballé dans un film au rythme trépident qui ne laisse jamais retomber la tension. En 1h30, tous les enjeux sont pliés et le script, dense et travaillé, a tout de même eu le temps de livrer son quota de surprises. C'est là la véritable fougue de cette splendide suite d'images, réussir le tour de force de se lancer dans une histoire passionnante sans en faire trop. On ressort du film pleinement conquis par cette harmonie qui se dégage entre la densité de son écriture et son tempo prestissimo qui ne nous laisse jamais souffler.

Et si la réalisation ne parvient jamais à égaler les maîtres virtuoses qui dominent le cinéma HK, elle est tout de même suffisamment carré pour enrober le film d'un joli manteau formel sublimé par une photographie aux petits oignons. Les séquences clés du film sont très soignées et fonctionnent à merveille, on pense notamment à cette scène où il est question de récupération de cokaïne lors de laquelle les deux taupes se livrent bataille à distance. On est happé par ce duel atypique et véritablement charmé par la justesse de son traitement même si l'on pourra cependant regretter que ces deux personnages soient tour à tour impliqués dans des histoires d'amour un peu insipides auxquelles on ne croit jamais.

Infernal affairs c'est également avant tout un film d'acteurs. Le chien fou Tony Leung est magnétique en diable tandis que le méticuleux Andy Lau fait parler tout son charisme naturel. La relation qui les unit, cette trame narrative qui leur est commune sont les fondations même du film. De leur première rencontre qui fait sourire à ce face à face final des plus noirs, impossible de ne pas se sentir impliqué dans leurs évolutions respectives. Du côté des seconds rôles, c'est également de haut niveau, avec un Anthony Wong qui s'impose à l'écran à chaque fois qu'il y apparaît.

C'est véritablement sous le charme que l'on finit ce premier opus d'une saga en trois volumes. Si ce dernier fut pour moi une révision on ne peut plus agréable, j'ai vraiment hâte de découvrir enfin la suite qui semble avoir bonne réputation. Une chose est sure, les bases sont plus que saines et laissent espérer de jolies choses.

INFERNAL AFFAIRS II
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Alan Mak, Wai Keung Lau (2003) | 7.5/10

Petite déception par cette suite qui à mon sens peine à égaler l'excellent premier opus qui avait mis la barre très haute en matière d'écriture et de gestion de rythme. Non pas que le film passe à côté de son sujet, mais il se perd à mon avis dans des pistes qui complexifient inutilement le script, ce qu'évitait Infernal Affairs premier du nom. Les deux réalisateurs illustrent en effet ici bien plus les rouages des triades, en s'intéressant à une globalité de personnage là où dans leur premier film ils s'étaient mis un point d'honneur à nous mettre en ligne de mire seulement deux fortes personnalités, ce qui valait à ces dernières une profondeur psychologique bien plus intéressante.

Pour le coup ici, sans se perdre dans l'histoire parce qu'elle reste tout de même assez limpide, on se laisse par moment endormir par le rythme inconstant de cette aventure mafieuse qui souffre parfois d'un manque de tension. Cette petite baisse d'intérêt, principalement du à certaines scènes qui s'étirent en longueur, est certainement également du à la perte des deux acteurs très charismatiques du premier film. Dans Infernal Affairs II, aucun acteur ne marque vraiment le film de son empreinte, et les réalisateurs en les mettant tous au même niveau ne nous permettent finalement pas de nous attacher à l'un d'eux en particulier. On ne s'implique donc pas forcément complètement dans l'histoire et même si on la suit avec beaucoup d'intérêt, parce qu'elle est tout de même bien menée, on perd véritablement dans ce film la fougue du père fondateur de la saga.

Néanmoins, ces quelques ressentis négatifs sont principalement du à la réussite du premier film parce qu'Infernal Affairs II reste un moment vraiment passionnant, dont les multiples enjeux parfois passionnants et les ambiances vraiment maîtrisées en font une oeuvre très agréable. Et même si les 2 réalisateurs manquent un peu de panache et d'inspiration dans leur mise en scène, ils nous proposent une nouvelle fois des images maîtrisées à la photographie très réussie. Il ne manque que la constance et ce petit soupçon indéfinissable qui font la marque des grands films. En l'état, Infernal Affairs II reste tout de même une bobine hautement recommandable, une jolie plongée au coeur des triades qui offre son lot de violence sans compromis et de petits coups de traîtres que l'on ne voit pas venir.