Bad lieutenant, escale à la nouvelle orléans 8/10Trop souvent présenté comme un dtv nanardesque, cette nouvelle mouture du bad lieutenant propose un ton décalé en rupture totale avec les canons du polar urbain. Tantôt lunaire, tantôt WTF, tantôt à l’image de son acteur principal, le film prend par surprise avec un traitement hors des sentiers balisés. Pas vraiment d’histoire, pas vraiment d’enjeu, Werner Herzog arrive, néanmoins, à capter l’attention avec un personnage aussi sordide qu’attachant. Loin du pavé ordurier d’Abel Ferrara (je déteste le film), cette escale à la nouvelle Orléans offre un climat poisseux traversé par des personnages limite fantomatiques errant dans une sphère nonsensique. Miraculeusement, la mayonnaise prend à l’image d’un Nicolas Cage très juste (avec quelques belles pointes de folie quand même !) portant le film sur ses épaules. Commencé comme une enquête policière ponctuée de délires sordides (la séquence de la sortie de boite), le film glisse vers un lent pétage de plomb ou Cage livre, à flots constants, un cabotinage maitrisé. Loin d’être gratuit, son jeu est au diapason. Les séquences animalières en vue subjective ou encore « une âme » qui danse encore participent à cette ambiance inimitable que beaucoup trouveront proche de la faute de gout. Moi je salue l’effort d’avoir bâti un spectacle « autre » ou l’on célèbre autant la folie que la crasse quotidienne d’un paysage lunaire limite post-apo. Une séquence capte à merveille l’état d’esprit. Nicolas Cage face à deux veilles dame éructant sa haine et n’hésitant plus à les menacer de mort. Et à y regarder de plus près, ce bad lieutenant ressemble, à s’y méprendre, à une énorme farce à l’image d’un happy end futé, bouée de sauvetage du « héros » que ce dernier s’empressera de balayer d’un revers de la main, préférant son quotidien de camé.
Barré par son prédécesseur, cette fausse suite n’aura pas su convaincre malgré des qualités atypiques indéniables. Dommage…
Et vas y que je baise les conventions hollywoodiennes!