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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Dim 26 Jan 2014, 11:40
par nicofromtheblock
T'attaques une rétrospective Jim Jarmusch ?
J'en avais fait une il y a 6 ans mais malheureusement, je n'avais pas fait de critiques.
Stranger than paradise et Down by law ne sont pas mal non plus. :wink:

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Dim 26 Jan 2014, 12:58
par Velvet
Avant la sortie de Only lovers left alive, je vais essayer de me faire une rétrospective Jarmusch, ouai. Cette semaine je pense me faire Dead man, Night on earth et Broken flowers si j'ai le temps. Mais je note les deux que tu viens de me proposer.

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Dim 26 Jan 2014, 16:14
par Val
Ah bah tient, Mystery Train, c'est mon film de ce soir normalement. Je vais aussi me mettre en mode Jarmusch, j'ai récupéré Mystery Train, Dead Man et Permanent Vacation pour 5€ chacun, j'espère pouvoir trouver les autres aux mêmes tarifs. J'avais adoré Ghost Dog mais la déception Coffee and Cigarettes fait que je l'avais laissé tombé depuis quelques années, j'espère que j'aimerais donc le reste.

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Dim 26 Jan 2014, 20:00
par Dunandan
Moi aussi je voulais m'y mettre mais le coffret BR (français) que j'ai pris n'était pas dézoné comme annoncé :x (le distributeur BAC est très mauvais dans ce sens).

Eraserhead - 10/10

MessagePosté: Mar 28 Jan 2014, 10:29
par Velvet
Eraserhead de David Lynch (1977) - 10/10


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« In Heaven, everything is fine ». Premier pas dans le monde névrotique de David Lynch, Eraserhead est une odyssée vertigineuse dans un cauchemar éveillé dévisageant une humanité des plus sordides. Tout n’est pas forcément compréhensible au premier regard, le visage d'un homme divague comme dans l'espace ou dans son inconscient. La force du film est d’hypnotiser par ce travail sur le son bourdonnant comme si l’on s’engouffrait dans les bas-fonds de l’enfer, par cette imagination visuelle débordante faisant hommage au cinéma muet. Visuellement impressionnant de maîtrise pour un premier film, au noir et blanc crasseux, au jeu de lumière impeccable, au montage à la classe fulgurante, Eraserhead est une œuvre profonde qui ne laisse pas de marbre, nous insérant dans un long métrage hallucinatoire. Par moments, on se croirait devant des peintures expressionnistes nous happant pour faire d’Eraserhead l’œuvre radical d’un réalisateur, d’un homme qui filme ses propres démons, ses propres angoisses, ses propres turpitudes face au monde, les matérialisant de façon abstraite, symbolique, pour en faire une œuvre inclassable mais jamais fumeuse. Les scènes s’enchainent devant nos yeux ébahis, horrifiés par tant de démences à l’image du dîner avec la belle famille et le découpage des poulets, obnubilés par cette osmose contradictoire entre élégance burlesque et obscénité malsaine. C’est ahurissant de noirceur, c’est asphyxiant, devenant presque irrespirable. Eraserhead met tout de suite mal à l’aise, on est sur le qui-vive, quasi hypnotisé par la folie douce qui s’émerge avec cet homme au regard balbutiant, à la démarche pataude, au costard un peu désuet, à la tignasse foisonnante, devant élever un bébé monstre avec une belle famille névrosée. Difficile de comprendre tout ce que veut nous raconter le réalisateur mais on y voit clairement une peur de la paternité, l’angoisse de la cellule familiale, où l’imagerie de la famille et de l’enfant est terrible de cruauté. On se demande comment David Lynch a eu l’idée de créer ce bébé au visuel aussi ragoutant. Eraserhead ne se raconte pas, mais se vie, c’est un ovni cinématographique, aux scènes sidérantes mettant irrévocablement mal à l’aise, laissant s’insérer un effroi palpable comme cette scène incroyable où une jeune danseuse au visage tuméfié danse sur un plancher en damier alors que des spermatozoïdes tombent du ciel. Eraserhead est une œuvre qui fait appel au sens, à l’intuitif et non à la rationalité. C’est le genre de films surréalistes, où l’on doit laisser nos aprioris au coin de la porte pour se laisser subjuguer par tant de générosités créatrices.

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mar 28 Jan 2014, 12:38
par Val
Impressionnant celui-là, j'ai adoré. :super:

Nymphomaniac - 8/10

MessagePosté: Mer 29 Jan 2014, 20:09
par Velvet
Nymphomaniac - Volume 2 de Lars von Trier (2014) - 8/10


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Nymphomaniac volume 2 continue de nous plonger dans la vie tumultueuse de Joe, jeune femme nymphomane racontant l’histoire de sa vie à l’énigmatique et érudit Seligman. Nous avions quitté la première partie au moment où Joe s’était mise en couple avec Jérôme mais à ce moment précis, elle venait de perdre toute sensation vis-à-vis du plaisir charnel. A la vue de cette deuxième partie, on comprend mieux pourquoi le film tout entier a été coupé en deux, tant les deux parties sont réellement différentes. Le volume 1 parlait surtout de cette envie pulsionnelle donnant naissance à tout un tas de ressentiment adolescent entre culpabilité et besoin de jouissance. Avec ce deuxième volet, Lars Von Trier prend une tangente presque diamétralement opposée, faisant de Nymphomaniac un combat universel pessimiste d’une femme contre la société et de ses normes préconçues sur ce que l’on doit faire ou ne pas faire (à l’image de cette discussion sur la démocratie et l’utilisation des mots comme celui de nègre).

Joe a grandi, elle est devenue adulte, et a donné vie à un jeune garçon, Marcel. Tout une amertume s’installe en elle, entre le désir de sauver son couple, d’être une mère aimante, mais aussi ce choix cornélien d’assouvir tous les pulsions qui sont en elles. Le réalisateur nous pique au vif, garde son humour et son ironie grâce et grinçante engouffrant son film dans une diatribe plus que sordide, faisant ressortir les plus bas instincts de l’homme (« l’homme est né pour tuer »). Charlotte Gainsbourg prend une place de plus en plus importante et le danois prend un malin plaisir à maltraiter son actrice fétiche, complètement conquise à son « cinéaste ». Nymphomaniac volume 2 est beaucoup plus dur, radical, d’une cruauté à la fois grotesque et lyrique, tant dans les thèmes éculés que dans la forme jouant toujours les équilibristes entre provocation racoleuse et fulgurance graphique somptueuse. Joe expérimente, n’arrive pas à se détacher de cette addiction, cherche la jouissance dans la souffrance, dépasse ses limites corporelles et psychologiques, elle vit une bataille personnelle pour essayer de faire disparaître cette envie ou pour la faire revenir. Ça parle de la place du corps et de ce qu’on en fait, de comment on le traite ou le maltraite.

D’ailleurs, Nymphomaniac est comme un film somme de son réalisateur, qui rappelle à de nombreuses reprises ses films précédents. Jérôme ne peut plus combler toutes les envies de sa femme et lui demandera de coucher avec d’autres hommes (Breaking the waves), Joe laissera son enfant seul chez elle alors qu’elle assouvira ses fantasmes sadomasochistes (Antichrist), et petite, elle connaîtra le plaisir de l’orgasme instantané en pleine nature (Melancholia). Comme dans la première partie, il y a ces conversations incessantes entre Joe et Seligman, mettant en scène des digressions symboliques, presque métaphysiques, mathématiques sur cette nymphomanie (Religion orientale et occidentale). Dans cette deuxième partie, il est surtout question de haine de soi, vrillant presque à la misanthropie, sur le mal être, sur les bas instincts de l’humain (à l’image de cette scène effroyable montrant un homme en érection alors qu’on lui raconte un fantasme pédophile ou cette scène de triolisme avec des hommes noirs au pénis protubérants).

L’ambiance est tout sauf érotique, elle est névrotique, au plus près du corps, au plus près du mal avec ses distorsions de l’enveloppe corporelle notamment lors de ces longues séances de sadomasochistes avec le froid Jamie Bell. Mais comme souvent, Lars Von Trier mélange laideur et beauté avec talent, à l’image du magnifique chapitre sur P. Dans la première partie, on avait eu droit à la révélation Stacy Martin (aussi présente dans le volume 2), là c’est la jeune Mia Goth qui hypnotise et devient même le symbole de tout ce que voulait être ou voulait avoir Joe. P va lui succéder dans son affaire d’extorsion de fonds mené par L. Elle est la fille qu’elle voulait avoir, elle est l’amante lui faisant connaitre ce sentiment de jalousie, elle est même son alter ego (scène de dépucelage quasiment identique). Transgressif, maladif, sombrant dans une quête existentialiste morbide et pointant du doigt une des névroses symboles de notre société, Nymphomaniac volume 1 et 2, est un brûlot féministe sous acide, est une œuvre sexuée qui ne donne pas de réponse mais ne cesse de confronter les idées et de poser des questions sur l'existence de nos fantasmes les plus inconscients et les plus triviaux, se finissant avec un plan en voix off jouissif où la femme garde sa liberté et la maîtrise de son corps.

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 29 Jan 2014, 20:20
par caducia
Belle critique, je vais voir si j'ai le courage d'aller voir le Vol.2 mais ton avis donne envie. :super:

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 29 Jan 2014, 20:34
par Dionycos
Clair que ta prose donne vraiment envie. Mais bon, tu as aussi apprécié le vol.1, alors je me méfie :nono:
Est-ce qu'on retrouve dans ce volume 2 la même démarche d'illustrer visuellement toutes les métaphores ? J'avais trouvé ça totalement imbitable dans le vol.1 (le coup de la pêche, et celui de la symphonie, j'avais envie de me pendre tellement je me suis senti pris pour un con)

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 29 Jan 2014, 20:36
par caducia
et le 3+2 :eheh:

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 29 Jan 2014, 20:37
par nicofromtheblock
Perso, j'ai moins accroché à ce Volume 2. Les analogies sont un peu plus tirées par les cheveux et certaines situations sont un peu bancales. Et puis, le coup du gamin qui sort sur le balcon, j'ai vraiment cru que ça allait renvoyer à la scène d'Antichrist ...

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 29 Jan 2014, 20:50
par Velvet
Dionycos, si tu n'as pas aimé la première partie, il y a de fortes chances que tu détestes la deuxième. Il y a le même symbolisme récurrent ( on a le droit à l'alpinisme cette fois). :lol: :lol:

caducia a écrit:et le 3+2 :eheh:


Il te manque trois coups par derrière, c'est 3+5. Sacré Lars, tout en finesse. :eheh:

nicofromtheblock a écrit:Perso, j'ai moins accroché à ce Volume 2. Les analogies sont un peu plus tirées par les cheveux et certaines situations sont un peu bancales. Et puis, le coup du gamin qui sort sur le balcon, j'ai vraiment cru que ça allait renvoyer à la scène d'Antichrist ...


Je comprends ton point de vue, malgré le coté bancal et ultra too much de pas mal de situations, j'ai été happé par la truc. D'habitude je suis allergique à Gainsbourg mais là, elle est parfaite.

Vent se lève (Le) (2014) - 6/10

MessagePosté: Jeu 30 Jan 2014, 12:22
par Velvet
Le vent se lève de Hayao Miyazaki (2014) - 6/10


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Le vent se lève est une œuvre frustrante sur bon nombre d’aspects car malgré les innombrables qualités visuelles et thématiques du long métrage, je suis resté froid, en retrait de tout ce qui m’était raconté. La volonté d’imprégner un rythme quasiment léthargique, ce côté dépressif inscrit en pointillé, l’aspect monotone de l’écriture du personnage principal avec son aveuglement plus que maladroit sur les conséquences de ses créations, le manque de fougue et d’évasion tant dans les scènes de rêveries que dans cette histoire d’amour maladive n’aide pas à s’approprier une émotion qui ne viendra pas, même durant cette séquence finale débordante de bons sentiments. Ce n’est pas l’égocentrisme et le traitement de Jiro quant au sort de sa femme qui fera naitre une quelconque empathie ou compassion. Au contraire, c’est l’ennui qui guette fortement un long métrage qui a du mal à sortir de ses gonds, ne sachant jamais comment changer de tonalité narrative. Toute l’histoire porte sur le destin du jeune Jiro, homme absorbé par son rêve de construire des avions. Et ce n’est pas le dessin du film qui apportera cette touche de fantastique et d’énergie qui aurait été la bienvenue car visuellement, si Le Vent se lève reste une œuvre élégante notamment dans sa confrontation entre le monde réel et de rêve, le style graphique peut sembler jamais surprenant. Le vent se lève s’avère touchant quand il s’approche de près ou de loin à la vision de peur de la mort et de crash des avions dans les cauchemars de Jiro. Cette histoire de rêve aéronautique, qui touche de nombreux sujets tels que la guerre, l’histoire du japon, le fait que les avions, leur modernité, leur technologique soient en quelques sortes le symbole du chant du cygne de l’humanité et de notre innocence face à la mort est certes écrite de façon assez fine, peu manichéenne mais n’empêche pas Le Vent se lève de s’enfermer dans sa propre tristesse un brin fabriquée. Excepté toute la petite partie du film se déroulant dans l’hôtel où les personnages se mettent à nu et font briller leurs sentiments et leurs doutes au grand jour, on se retrouve en face d’une œuvre assez monolithique, qui peine réellement à trouver une liberté dramaturgique et lyrique digne de ce nom.

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Jeu 30 Jan 2014, 13:48
par Alegas
Référencé au mauvais titre.

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Jeu 30 Jan 2014, 13:56
par Dunandan
C'est réglé. Bon par contre il est sorti en 2013 au Japon, et vu que je suis un puriste de ce côté là ... :mrgreen: