J'ai bien aimé ce troisième opus en dépit des retours mitigés que j'ai lu ici et là. Je comprends la déception selon laquelle ça ne colle pas à l'ambition qui se profilait à la fin des
Chroniques de Riddick, mais finalement ce retour aux sources, puisqu'on se rapproche davantage de
Pitch Black, est peut-être profitable à cette franchise au lieu de s'écraser en plein vol. Pourtant je prévoyais le pire en voyant les CGI surexposés produisant un résultat parfois trop lisse et superficiel, mais la direction artistique compense énormément ce défaut de finition, et une fois dedans, j'ai même trouvé que c'était le plus beau à ce niveau-là avec des plans graphiques parfois dignes d'un
comic book, sans oublier un rab' de
boobs (ce qui est toujours bon à souligner).
Le
pitch est très épuré et détend les neurones, mais ça ne nous prend pas pour autant pour des cons, avec globalement peu de facilités narratives. Certes, on commence avec une petite pirouette scénaristique, prétexte pour se retrouver dans du pur
survival durant quarante bonnes minutes, avant d'enchaîner avec une chasse à l'homme opposant Riddick à des mercenaires peu scrupuleux où l'ennemi ne vient pas forcément de là où le croit. Du déjà vu, mais la mayo prend pour le peu qu'on apprécie le personnage encore ici le noyau du film.
L'ambiance mixant Conan au Space Opéra qui est surtout présente au début, est du plus effet avec une planète infestée de bestioles pas très commodes, où Riddick aura à retrouver son instinct animal pour s'en sortir, se servant au passage de ce qu'il trouve pour se confiner un arsenal (peut-être les meilleures séquences du film). Ce qui donne lieu à des affrontements jouissifs où rien se semble joué d'avance (là aussi on retrouve la tension du premier). Le fait d'entendre avec parcimonie la bonne voix rocailleuse de Diesel de plus en plus bad-ass au fur et à mesure qu'il se retrouve, c'est vraiment la classe. Pas de chi-chi, on va droit à l'essentiel avec de la testostérone brute et suintante. Certes, un petit intermède Disney en mode couillu avec un chien extra-terrestre vient faire son apparition (petit clin d'oeil au second), mais cette petite touche d'humour passe bien à l'écran et crée même un chouïa d'émotion et d'empathie par la suite.
On m'a rabâché que ça se gâte dans la seconde partie, mais à part cette ligne narrative téléphonée opposant bons et mauvais mercenaires, et cette motivation bidon de l'un d'eux, j'ai pris mon pied dans ce jeu de cache-cache burné où Riddick montre combien il en a toujours dans le pantalon en se rapprochant au plus près d'eux sans qu'on l'aperçoive, sauf pour les narguer, comme un prédateur jouant avec sa proie. Oui, rien de bien original dans le fond, c'est du
Pitch Black 2.0, mais ça reste cool. On retrouve donc des personnages bad-ass bien caractérisés et stéréotypés - dans le bon sens du terme - (l'ordure misogyne, la brute épaisse, la salope, le petit jeune naïf...), qui jouent à qui a la plus grosse, s'échangent des répliques sympathiques qui respirent leur amour mutuel, se font des coups de putes où on retrouve le Riddick qu'on apprécie même s'il devient un peu trop gentil vers la fin. C'est mon petit bémol personnel, mais c'est aussi ce qui le rend intéressant et différent par rapport aux autres films, puisqu'on sait encore moins ce qu'il est capable de faire moralement pour arriver à ses fins, même s'il y a malgré tout des exécutions qui font bien mal dans la lignée des deux précédents (en gros "n'essaye pas de me baiser, et je te rendrais peut-être la pareille").
Bref, en dépit de quelques CGI faisandés (surtout au tout début), une seconde partie balisée et recyclée, et un Riddick un poil trop gentil se dirigeant vers une fin trop sèche et limite bisounours à mon goût, c'est du tout bon pour peu qu'on ne cherche pas un divertissement prise de tête et qu'on souhaite retrouver un peu le meilleur des deux précédents, sans arriver forcément à leur niveau en faisant les comptes. Une suite certes sans prise de risque, mais qui au moins livre globalement la marchandise et ne trahit pas (trop) l'esprit de la saga. Je serais bien partant pour un quatrième.