BE KIND, REVIEW!

On va faire vite, Nos Pires Voisins est une énième variante de la comédie US à la sauce trashy/graveleuse/ultra-référencée (faîtes votre choix). Ce qui n'est pas incompatible avec quelques moments de poilade mais il faut avouer que la recette commence sérieusement à sentir le réchauffé. L'omniprésent Seth Rogen nous ressort encore une fois le même personnage de trentenaire un peu largué par les événements (ici, le choc des cultures avec des étudiants déjantés) mais pas trop, car il fait partie de cette génération X à même de se frotter avec les branleurs d'aujourd'hui. Son petit couple pépère avec Rose Byrne, jeunes parents qui plus est, qui cherche à faire la nique à la confrérie d'étudiants qui vient de s'installer à côté de chez eux, ça amuse 5 minutes. La morale du film va à l'encontre des mécanismes de comédie employés. En gros, filez dans le droit chemin sales jeunes, et vive le monopole de la famille modèle américaine. C'est un peu le discours que l'on pourrait tenir à toute cette frange d'auteurs post Appatow/Very Bad Trip & cie. Rigolez tant qu'il en est encore temps car la confiance des spectateurs commence sérieusement à s'étioler.

Un petit cru du père Woody, rehaussé par l'excellente interprétation de Cate Blanchett. En décidant de suivre le parcours de ce personnage né avec une cuillère en or dans la bouche, Blue Jasmine est le portrait d'une femme qui vit avec des œillères, tourmentée et névrosée qu'elle est. Le contraste entre sa descente aux enfers (toute proportion gardée, c'est juste que son riche mari volage est un vrai filou dans les affaires) et son altercation avec le monde du prolétariat (elle séjourne chez sa frangine à San Francisco faute de solution alternative) est assez convenu et pose un problème d'éthique. Difficile de s'apitoyer sur le sort de Jasmine, son caractère hautain et individualiste prend constamment le dessus sur sa volonté de se repentir. La toile de fond sociale du film est un simple reflet de notre réalité et les esprits moqueurs et désintéressés se diront simplement qu'elle n'a que ce qu'elle mérite. Le réalisateur arrive tout de même à maintenir un rythme alerte, les dialogues fusent comme à son habitude mais l'impact émotionnel, qu'il voudrait sûrement faire passer pour de la noirceur sonne plutôt comme un retour de bâton un peu trop gentillet. En s'enfermant dans sa prison dorée artificielle, Jasmine est simplement passée à côté de sa vie.

C'est pas aussi catastrophique que ce que je pensais mais c'est tout de même du bon gros boulot de fainéant. La mode du reboot à tout va, typique des années 2000, atteint son apogée sous l'égide des studios Marvel. Raimi ne veut pas faire de quatrième film? C'est pas grave, on efface tout et on recommence! En moins bien... Je n'ai pas d'affection particulière pour le premier volet de la trilogie par le réalisateur d'Evil Dead, il y a des trucs bien moisis comme le Bouffon Vert ou le côté niais de la love story mais dans l'ensemble, ça reste un divertissement honnête et qui servit principalement de rampe de lancement au très bon deuxième épisode. Mark Webb, yes man en puissance sur ce nouveau projet, n'aura pas l'occasion de nous montrer sa personnalité. Les trois premiers quart d'heure de son film pompent allègrement l'opus de Raimi. Un bis repetita assez embarrassant qu'on suit d'un oeil distrait.

Techniquement, je trouve le film correct. Ça dégueule de CGI à la moindre scène d'action mais c'est relativement fluide. Les partis pris esthétiques sont en revanche plus discutables, et on peut retrouver à dire concernant le rendu visuel du Lézard, vraiment aseptisé au regard de certaines planches du comics. Au niveau du casting, c'est un peu bonnet blanc et blanc bonnet. Le duo Garfiel/Stone est assez lisse mais nous épargne les errements cucul la praline de leurs prédecesseurs Maguire/Dunst (lesquels étaient tout de même plus justes dans leur jeu). En mode brainless, cet Amazing Spiderman se suit sans trop d'ennui et réussit à faire mieux que les étrons Thor, c'est déjà un moindre mal.