BE KIND, REVIEW!

Quand bien même je ne suis pas fan de Zoolander, premier du nom, je lui reconnais un certain charme humoristique qui fonctionne plutôt bien sur moi. Étant client du grand n'importe quoi humoristique, le personnage créé par Ben Stiller sied parfaitement à ce que je peux attendre d'une comédie sur le milieu de la mode, et l'annonce d'une suite me laissait espérer que l'acteur/réalisateur s'attaquerait de nouveau au milieu pour mieux critiquer son évolution à travers les délires non-sensiques de Zoolander. Malheureusement, Zoolander 2 est un film que je trouve pénible à bien des égards. Certes, l'humour fonctionne toujours bien à partir du moment où il est bien dosé, et le repositionnement de Zoolander dans un milieu professionnel qui le considère désormais comme une antiquité fait mouche (pour le peu que l'on en voit) mais le reste fait peine à voir. Déjà, le fait de vouloir transformer le film en comédie d'espionnage donne le résultat que je craignais, à savoir une fausse évolution du concept du premier film qui se révèle être un aveu d'échec, Stiller ne sachant pas comment donner une véritable suite à son personnage.

Ensuite, Zoolander 2 en fait des tonnes. Je n'ai rien contre l'humour nawak, mais c'est véritablement un type d'humour qui se doit d'être bien dosé sous peine d'être vite agaçant, et le climax final est particulièrement représentatif de ce trop plein. Enfin, Zoolander 2 n'est rien d'autre qu'un carnet de contacts bien rempli. Stiller donne l'impression d'avoir appelé chacun de ses amis connus pour lui faire tourner quelques plans. L'idée fonctionne à partir du moment où le personnage sert à quelque chose (Sting a une véritable utilité humoristique, Benedict Cumberbatch est très bien utilisé et le délire autour de Kiefer Sutherland fonctionne vraiment bien ) mais lorsque l'on voit Katy Perry, John Malkovich ou d'autres apparaître quelques secondes juste histoire de dire "hey, tu as vu, je suis là !", cela décrédibilise l'ensemble du métrage. Reste quelques gags donc (l'accident de voiture, que je n'avais pas vu venir ) et Penelope Cruz en combinaison moulante , mais le reste fait peine à voir.

Rares sont les comédies que je trouve indéniablement réussies, encore plus rares sont les comédies que je trouve toujours aussi efficaces à la revision, et enfin clairement très rares sont les comédies françaises réussies que je peux revoir sans aucun problème. Ces trois objectifs, Mission Cléopâtre les réussit sans problème, lui qui est à mes yeux le seul bon film Astérix et Obélix à ce jour, ce qui n'est pas très compliqué vu la médiocre concurrence. Pourtant, ce n'était pas gagné quand on revoit le premier film live consacré aux héros gaulois. Si la direction artistique était de qualité (en partie en tout cas, le film d'époque a rarement été une spécialité en France), et que le budget se voyait à l'écran, le film de Zidi ratait tout simplement l'objectif de faire rire, et de retranscrire le feeling de la bande-dessiné, et ce à cause d'une orientation bien trop sérieuse. Au final, c'est donc Alain Chabat qui aura réussi le mieux à transposer l’œuvre de Underzo et Goscinny au cinéma, avec un pari pourtant risqué : celui de mixer l'humour de la bande-dessinée originale avec celui de Chabat lui-même, et plus précisément des Nuls.

A l'arrivée, le risque est payant tant le film est un gros morceau de franche rigolade où les références et blagues pleuvent à la minute (tous les mentionner tiendrait de l'impossible, mais j'ai une véritable tendresse pour le passage en animation dans la pyramide et celui du documentaire sur la langouste ), et ce de façon parfois subtile vu que Chabat utilise parfois des gags en arrière-plan, voir des gags faisant référence à un micro-détail vu plusieurs minutes avant. A l'heure où les comédies en France coûte cher pour pas grand chose, il est bon de revoir un tel film, où Chabat utilise très bien son budget à hauteur de 50 millions pour retranscrire visuellement l'ambiance égyptienne sans jamais que cela ne fasse cheap, même du côté des effets visuels. Enfin, la grosse réussite du métrage tient dans son casting, où tout le monde semble être content de participer à la conception du film, même du côté des seconds rôles improbables. Bref, une comédie comme on en fait trop peu, et c'est bien dommage, d'autant que le public avait bien répondu présent devant une telle qualité.

Hillcoat qui fait un film sur la Prohibition, ça donne forcément envie, surtout après une œuvre comme The Road qui démontrait la capacité du bonhomme à s'attaquer à un sujet aussi fort visuellement que thématiquement. Si Lawless est indéniablement un bon film, qui fonctionne globalement bien et pourvu de qualités indéniable, il reste une légère déception vis à vis de son ampleur. Après la présentation réussie des trois frères, de la menace et des enjeux, Lawless fait monter la sauce avec un crescendo dramatique qui laisse à penser que le film se terminera sur un violent baroud d'honneur pour conclure sur une période pas joyeuse des États-Unis. Malheureusement, il n'en est rien, ou presque, car le film a beau avoir ses violences soudaines (l’exécution du boiteux), il est quelque peu déstabilisant de voir que le climax final consiste en un gunfight court et sans réelle ampleur, où les protagonistes s'en sortent tous indemnes.

Alors certes, cela amène sur une conclusion douce/amère qui évoque la mort dans sa forme la plus banale possible, mais c'est tout de même une déception de la part d'un film sur lequel on attend un minimum de livraison de marchandise. Heureusement, pour le reste, le film est hautement recommandable, que ce soit dans sa forme visuelle (la mise en scène est classe et efficace, à l'image de la première rencontre entre Hardy et Pearce), dans sa façon de raconter son récit (belle idée de se concentrer sur le frère le moins charismatique) ou encore dans son casting nickel en tout point (jusque dans les seconds rôles, Oldman malgré sa présence limitée est exemplaire), mention spéciale à Guy Pearce, qui incarne l'un des bad-guy les plus glaçants de ces dernières années. Bref, un bon petit film qui aurait pu néanmoins devenir bien plus.