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Du sang sur la Tamise - 8/10

MessagePosté: Sam 02 Avr 2016, 17:54
par osorojo
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DU SANG SUR LA TAMISE

John Mackenzie | 1979 | 8/10
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« Du bacon pour Big Ben »

V’là une petite bobine relativement oubliée qui mérite un peu d’attention, un polar mafieux à la british qui n’a rien à envier aux films auxquels il emprunte certains gimmicks. Entre interrogatoires musclés, personnages ambivalents sympathiquement détestables, femme fatale distinguée, jeunes loups aux dents longues et règlements de compte radicaux, tout est réuni pour un somptueux ballet de pourris particulièrement réjouissant. Le genre de petit film qui ne paye pas de mine mais illumine le visage de tous les aigris fatigués par un cinéma moderne qui tourne en rond.

A aucun moment, les quelques approximations dont souffre indéniablement Du sang sur la Tamise ne parviennent en effet à annihiler l’énergie qui le caractérise. Une réussite qui doit beaucoup à la prestation envolée de Bob Hoskins, bien loin de la jovialité qui l’a fait connaître alors qu’il hurlait sur un pauvre lapin numérique. Il trouve ici l’un de ses rôles les plus marquants, pour ne pas dire le meilleur, servi par un personnage particulièrement dense, symbolisant le paradoxe d’une Europe qui se veut progressiste tout en étant bien engoncée dans un traditionalisme particulièrement infect lorsqu’il se teinte de racisme : le retour du parrain anglais dans les ruelles de son enfance est assez saisissant.

Une écriture sans bout de gras qui rappelle l’insolence des années 70 : sans artifice, ni égarement, John Mackenzie se tient à son histoire, y insère quelques brebis galeuses et laisse dérouler son ambiance malfamée de guerre des gangs. Aucun personnage n’y est blanc ou noir, chacun cherche à faire grossir son tas de biftons sans trop regarder à la dépense. S’il faut occire de l’huile bien grasse pour asseoir un peu plus sa position sociale, et bien soit. Les flics se laissent corrompre sans broncher, les truands truandent et les victimes pleurent, que demander de plus.

Un petit soupçon de finesse, peut-être, dans la caractérisation de la brebis galeuse de la bande. C’est peut-être le point noir de cette histoire de gangster, ce maillon faible dont on devine la nature alors qu’on le rencontre pour la première fois. Une maladresse, peut-être volontaire, qui se fait pardonner en fin de film, lorsque tous les mystères sont levés à coups de tessons irlandais comme pour confirmer le changement de statut du grand Bob : le padrino remet le smoking sur son cintre et renoue avec une violence qu’il pensait reléguée au passé.

Ses 5 dernières minutes d’antenne terminent le voyage avec panache et finissent d’ancrer définitivement Du sang sur la tamise dans son époque. Noire, sans issue, et pourtant si pertinente, elle nous laisse avec notre sourire, bercés par le thème so eighties qui nous a accompagnés pendant près de 2 heures, désireux d’en découdre à nouveau. On reprendrait bien du rab.


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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Sam 02 Avr 2016, 18:05
par Jed_Trigado
Il déglingue ce film, j'oublierais jamais sa conclusion pour le coup, quel moment.

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Sam 02 Avr 2016, 20:16
par osorojo
Yep, gros kiff, je me suis fait cueillir, j'ai vraiment beaucoup apprécié ! :love:

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Sam 02 Avr 2016, 22:39
par Mr Jack
Je note :super:

Engrenages - 7/10

MessagePosté: Mar 05 Avr 2016, 19:07
par osorojo
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ENGRENAGES

David Mamet | 1988 | 7/10
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« Oiseau à la grise robe »


Paré d’un titre qui annonce la couleur, Engrenages est un film malicieux qui se repose essentiellement sur un script à tiroirs favorisant la manière dont les événements s’enchaînent à l’action à proprement parler. Mamet se repose entièrement sur ses personnages et leurs traits de caractère : un truand mielleux, une psychologue bien sure d’elle, des seconds couteaux difficiles à cerner sont autant d’ingrédients à manier sans ménagement pour mettre sur pied un jeu de fausses pistes efficace même s’il manque peut-être un peu de fougue.

En effet, si les multiples retournements de situations sont cohérents, ils sont aussi relativement prévisibles. La fin mise à part, qui pourrait orner le plus dépressif des polars 70’s par sa violence sourde, engrenages fait l’effet d’être trop didactique, il lui manque un poil d’aspérités, ce soupçon de folie qui ferait de cette séance sympathique un grand film. Rappelons tout de même qu’il s’agit du premier film de Mamet et que sa cohérence à elle seule en fait un véritable tour de force. L’homme ne se laisse pas dévorer par ses envies et maîtrise son sujet, là où il est fréquent de voir les cinéastes vouloir tout donner dès leur premier essai, quitte à pêcher un peu d’orgueil.

Sa direction d’acteurs est également remarquable. Qui dit film d’arnaque, dit mécanique huilée, et précision des timings. Mamet est solide, il déroule ses séquences les unes après les autres sans les précipiter, donnant le temps d’antenne suffisant à ses acteurs pour rendre lisible chaque situation.

Sans rien révolutionner, Mamet imposait tout de même son style dès son premier film : un script peaufiné, des situations pensées dans leurs moindres détails avec en ligne de mire le retournement de cervelet d’un public friand de twists. Et même s’il lui manque le petit ingrédient mystère qui lui aurait permis de crever l’écran, une protagoniste plus charismatique, une mise en scène plus expressive ou une once de folie supplémentaire dans les temps morts précédant chaque arnaque peut-être, Engrenages est un premier essai maîtrisé qui donne envie d’en voir plus.

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Mar 05 Avr 2016, 19:40
par Pave-man-t
Plusieurs sacrés scénars d'Hollywood à son actif, le bonhomme... (Le Verdict <3)
ça donne envie malgré tout.

Butch Cassidy et le Kid - 5/10

MessagePosté: Ven 15 Avr 2016, 21:27
par osorojo
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BUTCH CASSIDY ET LE KID

George Roy Hill | 1969| 5/10
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« Mé liamo Butch e yo braquos dé bancas »


Années 70, on m’annonce un mix de biopic, film policier et western : je me pourlèche alors les babines, à moi les duels énervés, les attaques de banque brutales et les duels de testostérone en plein soleil. Redford et Newman en tête d’affiche, c’est avec confiance que j’insère la galette dans le lecteur et un me sers un petit cidre frais bien décidé à en découdre.

Mais il y a tromperie sur la marchandise, et bien vite il faut se rendre à l’évidence. Entre les trois échanges de bastos qui mettent en danger les célèbres blondinets, ça roucoule, ça rigole, ça pinaille, entre blagues vaseuses, petits clins d’œil de beaux gosses et apprentissage d’espagnol en mode « Bryan iz in ze kitchen ». Alors les minutes s’égrainent sans que rien ne se passe, les deux virtuoses du vol à main armée n’en peuvent plus de se carapater, heureusement ils sont servis par des acteurs qui n’ont pas leur pareil pour rendre passionnant le vide, d’autant plus qu’ils sont tout deux sublimés par une photographie qui en impose, alors on se raccroche aux branches.

Et les vingt dernières minutes récompensent quelque peu l’attente, seventies en diable, poisseuses et radicales. Mais c’est trop tard, le mal est fait, à aucun moment Butch et son collègue, tout droit échappés des plages californiennes, n’ont réussi à réellement emmener, dans les terres que j’espérais, cette petite comédie romantique pantouflarde qui fait la part belle à l’amitié pure et dure, celle qui se rit de la mort.

Alors oui, c’est mignon, c’est surement touchant, mais à la vue du matos qu’il y avait sur la table, on pouvait s’attendre à un film autrement plus corsé. En l’état, s’il est très réussi d’un point de vue formel, niveau mise en scène, il est autrement plus discutable. Quid des ralentis langoureux qui empruntent le seul tic de mise en scène qu’il ne fallait pas emprunter à la horde sauvage, de la bande son en mode Looney Toons et surtout du triangle amoureux pompeux dont le seul intérêt potentiel n’est jamais exploité. Katharine Ross n’est qu’un faire valoir aux deux esthètes qu’elle couve de son amour maternel, sans réelle consistance, sans réelle intention le crayon à son origine manquait de mine. Comme si George Roy Hill s’était dit que ce serait sympa de réunir Rob et Paul, sans apporter autre chose à l’écran qu’une amitié sans concession bâtie autour d’un intérêt commun : le braquage comique (faut les voir plaisanter avec un employé qu’il s’apprête à faire exploser).

Considérant la bonne réputation du film, je concède que j’ai certainement commencé la séance avec en tête une envie bien précise. Du western seventies craspec, sanguinolent et énervé. En tout et pour tout, 20 minutes remplissent ces critères, l’heure et demie restante est davantage orientée cœur tendre, ce qui n’est décidément pas pour moi, affadir la violence d’un sujet potentiellement radical, par des sourires en coin peu inspirés et une romance qui piétine, c’est un paradoxe qui, certes, se défend mais auquel je ne parviens pas à adhérer.

Ardennes (Les) - 7/10

MessagePosté: Sam 16 Avr 2016, 15:40
par osorojo
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LES ARDENNES

Robin Pront | 2016| 7/10
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« La charge du Marcassin »

Même s’il souffre des excès caractéristiques d’un premier film, à savoir une mise en scène parfois poseuse et une écriture qui se laisse aller à la surenchère, Les Ardennes est une belle surprise. Polar noir désespéré, ce premier fait d’arme est emprunt d’un amour certain pour le cinéma dans toute sa diversité. Empruntant autant aux pragmatiques faiseurs de drames sociaux qu’aux allumés du cinéma de genre, Robin Pront met sur pied un uppercut rageur qui témoigne de son ambition, celle de se faire une place dans les esprits, de manière marquante et sans complexe. L’objectif est réussi, qu’il fascine ou laisse dubitatif, Les Ardennes est un film qui ne s’oublie pas.

Parce qu’il est porté, d’une part, par une galerie d’acteurs d’un naturel saisissant qui parviennent à transporter dans le réel des personnages exagérés parfois jusqu’à l’extrême : qu’apporte à l’histoire ce travesti à la voix suave sinon une pincée de singularité qui peut être discutée. Qu’on y adhère ou non, la forme du trio de tête que composent activement le charme de Veerle Baetens (qui avait déjà fait battre à tout rompre les cœurs dans le touchant Alabama Monroe), la retenue de Jeroen Perceval et l’intensité de Kevin Janssens ne saurait être remis en question : les trois acteurs délivrent une partition exemplaire, Robin Pront réussit dès son premier essai à diriger avec poigne des comédiens de talent.

Mais si Les Ardennes reste aussi en tête, c’est pour ses dernières minutes, éprouvantes en diable. Alors que le doute s’est installé en rapport à un script qui joue facilement avec les limites d’une réalité trop flexible, l’intrigue se remet sur les rails d’une vérité malsaine. Un dernier twist nécessaire qui remet tout en perspective et efface les quelques errances d’écriture qui donnaient l’impression jusque là d’une approximation inopportune. Un dénouement que n’auraient pas renié les acteurs majeurs des dépressives seventies : en cette année 2016, c’est à prendre, et sans broncher.

Alors certes, Robin Pront joue avec les codes d’une époque un peu tape à l’œil, en saturant les basses d’une bande son électro massive autant qu’il ouvre au maximum ses objectifs pour composer une photographie flatteuse qui divisera l’audience. Arty pour les uns, maladroitement ambitieux pour les autres, une chose est sure, avec Les Ardennes, Robin Pront prouve qu’il dispose d’un potentiel prêt à laisser exprimer tout son savoir-faire.

De quoi passer, en tout cas, en tête de liste des nouveaux venus dont j’attends les prochains films tant la séance fut stimulante.


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Master (2012) (The) - 6,5/10

MessagePosté: Dim 24 Avr 2016, 18:49
par osorojo
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THE MASTER

Paul Thomas Anderson | 2013 | 6.5/10
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« Minus et Cortex »


Adversité, confrontation, domination, soumission, chaque parcelle de The Master s’annonce comme la dissection clinique de la notion même du couple, qu’il soit façonné par l’amour, la complicité intellectuelle ou bien la souffrance. Quoi de plus naturel alors qu’un duel au sommet, le combat mental que se livrent deux acteurs ayant déjà prouvé, à maintes reprises, leurs capacités à faire corps avec leurs personnages, pour illustrer les différentes facettes de cette caractéristique complexe chère à l’être humain : cette connexion parfois presque mystique qu’il peut partager avec l’un de ses semblables.

Paul Thomas Anderson prend le temps d’aller au bout de son sujet en illustrant son propos dans les moindres détails. Des origines du mal-être partagé par ses deux protagonistes à leurs relations amoureuses particulières —le premier fuit un bonheur potentiel, l’autre choisit de la rationnaliser à l’extrême, quitte à l’épurer de toute passion—, un chemin de vie se dessine, l’occasion d’écorner, au passage, quelques facettes peu reluisantes d’une Amérique controversée.

Où comment pointer du doigt, tout en développant un sujet bien plus universel, l’emprise que peut avoir un esprit sournois sur l’autre lorsque ce dernier ne s’accroche plus qu’à l’infime espoir d’expliquer sa condition : une vie qui peine à faire sens parce qu’elle se résume à un travail étouffant, une routine tenace ou des échos d’une guerre lointaine qui suce la vitalité d’amis, connaissances, amants, envoyés au front.
Une mise en situation de l’esprit sectaire poussé à son paroxysme, entre violence psychique et art de la manipulation, certaines scènes font froid dans le dos, à l’image des techniques quasiment militaires qui inspirent les examens d’entrée, première phase de vampirisation des futurs membres de la « famille ».

Philip Seymour Hoffman, Joaquin Phoenix et Amy Adams servent les trois forces majeures qui permettent à PTA d’énoncer, de manière très didactique, cette notion de domination mentale. Si les deux premiers s’échangent tour à tour le masque de dominant, Amy Adams semble être sans égal. Choix particulièrement intéressant que de faire de ce personnage tapis dans l’ombre l’incarnation de la vraie menace : la certitude du bien fondé de ses agissements est tellement forte qu’il n’est jamais question de se remettre cause. D’attitude égale, avec les pauvres bougres qui peuplent son espace immédiat comme avec les élus de sa sphère intime, faussement attentionnée mais férocement autoritaire, son personnage fait frissonner.

Dommage que ce contexte particulièrement inspiré finisse par piétiner dans le dernier acte. Si PTA réussit à introduire efficacement ses personnages et à mettre en exergue leurs différentes fonctions, il peine un peu plus à les mouvoir une fois levés les mystères qui les entourent. Et ce, même si la fin parvient à surprendre parce qu’elle déjoue la plupart des pronostics nés lors d’une première heure particulièrement noire.

Hermétique, peu flatteur, parfois radical, The Master est un film complexe et délicat à appréhender. Son rythme lancinant fait, certes, la part belle à ses personnages importants, mais ces derniers y évoluent sans réelle aisance. Ils se contentent d’être là, de remplir leurs fonctions, d’habiter les belles images composées par leur metteur en scène. Un voyage intéressant mais aussi frustrant : si l’on comprend les intentions qui l’ont provoqué, il est par contre beaucoup plus délicat de se positionner quand à son véritable intérêt.

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Dim 24 Avr 2016, 22:09
par Alegas
C'est malin, je suis bien en retard maintenant. :eheh:

THE MASTER
Paul Thomas Anderson | 1969| 5/10


Le copier/coller c'est mal. :mrgreen:

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Dim 24 Avr 2016, 22:49
par osorojo
J'vais finir par ne mettre que le titre :mrgreen:

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Dim 01 Mai 2016, 13:57
par Chuck Chan
Merci pour ta critique du Transperceneige. J'hallucine devant les autres avis qui trouvent tant de positif dans le vide de ce film.

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Dim 01 Mai 2016, 13:59
par Alegas
:lol:

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Dim 01 Mai 2016, 14:53
par osorojo
Chuck Chan a écrit:Merci pour ta critique du Transperceneige. J'hallucine devant les autres avis qui trouvent tant de positif dans le vide de ce film.


Je pense qu'il faut nourrir un amour immodéré pour les trains pour kiffer ce film :eheh:

Sinon, je t'invite à poster une critique aussi, j'me sens seul sur celui là :mrgreen:

Re: [oso] Ma prose malade en 2016

MessagePosté: Dim 01 Mai 2016, 15:20
par Mark Chopper
On peut bien entendu ne pas aimer ce film. Mais pour le trouver vide, il faut vraiment être aveugle.