L'orphelinat |
Réalisé par Juan Antonio Bayona |
5/10 |
Laura a passé son enfance dans un orphelinat entourée d'autres enfants qu'elle aimait comme ses frères et soeurs. Adulte, elle retourne sur les lieux avec son mari et son fils de sept ans, Simon, avec l'intention de restaurer la vieille maison. La demeure réveille l'imagination de Simon, qui commence à se livrer à d'étranges jeux avec "ses amis"... Troublée, Laura se laisse alors aspirer dans l'univers de Simon, convaincue qu'un mystère longtemps refoulé est tapi dans l'orphelinat...
Critique
Étiqueté "produit par Guillermo Del Toro", l'orphelinat promettait un film hors du commun, après "les autres" qui a un peu ouvert à la voie à ce genre de films fantastique impliquant les enfants qui communiquent avec les morts.
Depuis, on a eu droit une multitude de films similaires aux recettes usées. Mis à part son esthétisme qui fait que l'orphelinat se démarque de ses rejetons des années 2000 (insidious, paranormal activity, the conjuring...), on tourne un peu en rond.
Juan Antonio Bayona arrive à donner une âme à cette inquiétante bâtisse hitchcockienne qui est presque un personnage à part entière, qui a toujours un recoin inexploré ou un couloir interminable mis en valeur par un long travelling. Heureusement, le métrage ne se limite pas à un huis-clos et on arrive à explorer quelques lieux extérieurs de façon brève mais intense.
Les grincements, claquement de portes, jeux d'ombres et de lumières, Bayona use des ficelles vieilles comme le monde avec en bonus des références cinématographiques (psychose, shining, l'échine du diable, les autres, le 6eme sens...) et les contes pour enfants. Le cinéaste s’emploie aussi à mettre en scène la maladie, le handicap pour mieux expliquer pourquoi les atrocités reliées à l'orphelinat ont pu avoir lieu. La thématique des non-dits du passé et du présent ainsi que des secrets de famille sont à la base du scénario.
L'intrigue sort de l'ordinaire axée sur l’héroïne féminine principale qui possède un lien unique avec les habitants de la demeure, ce qui fait que cette histoire tient la route et que c'est la seule à pouvoir rassembler les pièces du puzzle pour découvrir l'énigme que cache la maison. Bayonna ajoute de nombreux éléments liés à l'enfance et à la nostalgie pour que son film soit comme un jeu de pistes pour le spectateur, sauf que le gestion du suspense n'est pas au top niveau et que l’héroïne s’égare et s’apitoie longtemps sur son sort pour pas mal de séquences superflues alors que les moments de découverte de la vérité sont précipités. On a clairement un fort déséquilibre narratif à ce niveau.
Quand on décortique le film, on voit nettement que tous ses successeurs s'en sont largement inspiré avec la phase de trauma lors de l'enfance, la disparition ou un drame familial, le recours à des méthodes paranormales pour découvrir où se cachent les esprits et le dénouement. Et oui, dans presque tous les films acteurs, les mediums et autres chercheurs de fantômes sont de la même trempe avec un trait plus ou moins forcé.
Bayonna se démarque un peu en apportant une once de poésie avec ses décors de bord de mer, les éléments vintage mais émotionnellement je trouve que le lien mère-fils n'a pas été assez développé pour s'attacher profondément aux personnages et est trop académique, malgré la belle performance de Belén Rueda en mère déterminée.
Les rôles secondaires sont quasi inexistants, celui du père est juste minable et un acteur plus charismatique pour faire le poids face à son épouse aurait été le bienvenu.
L'orphelinat offre de belles images dans cette maison gigantesque mais manque clairement de personnalité en voulant ajouter des références un peu partout et ne surprendra pas le spectateur. Quelques passages oppressants, pas trop de jump scares, beaucoup de platitude à cause de son rythme bancal, sauvé par la mise en scène méticuleuse du cinéaste. Une mécanique un peu trop bien huilée si bien qu'on anticipe aisément les apparitions spectrales et le dénouement tragique.