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Sanctuaire - 7,5/10

MessagePosté: Ven 08 Juin 2018, 18:34
par Jed_Trigado
Sanctuaire - Michele Soavi (1989)


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J'avoue que la réputation de Michele Soavi m'a toujours quelque peu surpris, en grand fan de bis italien et de Dario Argento, je n'avais que très peu goûté a ses films (excepté Bloody Bird et surtout Arriverderci Amore Ciao où il arrivait a reprendre des ficelles du Maestro en les fondant dans un genre radicalement opposé a ses délires), Sanctuaire son second film s'avère un film plutôt audacieux a cet instant du cinéma italien : toujours teinté d'une certaine forme d'opportunisme (puisqu'il s'agit au départ de ce qui devait être la suite des Démons de Lamberto Bava), le jeune réalisateur réécrit le film pour lui donner une aura plus consistante et sérieuse, n'hésitant pas a adopter un rythme en sous-régime pendant la première heure avant de nous balancer le huis-clos tant attendu.

En effet, si vous vous attendiez a retrouver le fun des opus de Bava, c'est peine perdue, c'est lent, sombre et même on peut le dire carrément désespéré (j'ai senti une forte influence du Prince des Ténèbres de Carpenter). Derrière certaines outrances Z pas toujours heureuses (les effets visuels de Stivaletti ont bien pris dans la gueule, ainsi que certains raccords ou situations inexpliquées), Soavi imprime une vraie exigence visuelle, très inspirée par le gothique, qui fait plaisir a une époque où on devait se démerder avec des bouts de ficelles pour faire du cinoche, c'est d'ailleurs là où le bât blesse, dès que la partie huis-clos s'amorce, a vouloir mettre trop de personnages, Sanctuaire perd quelque peu de son interêt mais ne nous y trompons pas, ça reste excellent et ça enterre surtout facilement le travail des vieux briscards qui commençaient a saturer sans forcément oublier d'où il vient (les vues subjectives chères a Argento sont bien employées). Le travail de Soavi en fin de compte, c'est un passage de relai qui ne se fera que dans un sens puisque aujourd’hui - en Italie du moins - la relève ne semble pas prête d'être assurée.

7,5/10

Secte (La) - 3/10

MessagePosté: Lun 11 Juin 2018, 12:49
par Jed_Trigado
La Secte - Michele Soavi (1991)


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Après deux films sous le signe du huis-clos a forte tendance baroque, Soavi change de registre avec la Secte qui se rapproche plus de l'horreur polanskienne et surtout de l'ésoterisme cher a son mentor Dario Argento pendant le doublé Suspiria/Inferno. Un choix courageux d'autant qu'il prend très vite ses distances avec la folie colorée des films précités pour quelque chose de moins ostentatoire symboliquement (la photo est très sobre, quand bien même il réemploye ses vues subjectives assez souvent) tout en misant pas mal de billes sur son script, qui joue la carte du slowburn. Mais qui dit slowburn, demande une sacrée exigence d'écriture et/où qu'il sait où il embarque le spectateur, hélas ce n'est pas le cas ici, Soavi a tellement voulu jouer la carte de l'originalité en refusant de donner au public ne serait-ce qu'une petite avance sur ses personnages, qu'on ne sait jamais où il veut en venir. On passe sans cesse du coq a l'âne, a l'image de cette longue intro montrant une bande de hippies qui vont subir un funeste destin, paf la scène d'après, on débarque 20 ans plus tard en Allemagne sans aucune explication, on nous présente de nouveaux personnages que l'on imagine être les protagonistes de l'histoire et là encore, il vrille le truc. Au final, il faudra attendre les 3/4 du film pour avoir droit un semblant d'explication, mais le mal est fait et votre serviteur avoue avoir complètement perdu le fil depuis longtemps.

Ce genre de narration foutraque ne me dérange pas en soi, mais derrière on est en droit d'attendre une rétribution en termes visuels, ici pas de grandes scènes qui sortent du lot et pire, on tombe régulièrement dans le nanar, la serviette tueuse et l’héroïne qui se fait violer par une cigogne mécanique, c'est pas mal :eheh: Bref, a part le fait d'avoir été invisible pendant des années, La Secte est certainement le plus faible des films de Soavi, a force de trop d'ambition, le bonhomme s'est perdu dans ses délires et nous laisse perpétuellement sur le bord de la route.

3/10

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Lun 11 Juin 2018, 13:03
par Val
Merci pour ces retours :super:

Du coup, je me tâte pour Sanctuaire...

Robocop 2 - 7/10

MessagePosté: Mer 20 Juin 2018, 21:01
par Jed_Trigado
Robocop 2 - Irvin Kershner (1990)


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Un Robocop sans Paul Verhoeven aux commandes avait tout de l'entreprise vaine, pourtant ce n'était pas faute de l'avoir aguiché pour rempiler. Mais bon, on connait Hollywood surtout a cette époque....Au moins, quand on voulait pondre une suite, on s'appuyait sur de solides noms pour rallonger correctement la sauce : le vétéran Kershner aux commandes, mais aussi le combo Walon Green/Frank Miller au script et là, on se dit qu'il y a de l'espoir.

Effectivement, cette séquelle ne fait en aucun cas déshonneur a son ainé, puisqu'elle respecte a la fois l'aspect comic-book du récit (Cain et sa bande sont franchement iconiques) mais aussi son caractère politico-satirique (le traitement de l'OCP toujours aussi réussi et les spots de pub bien marrants), mais y ajoute une petite nouveauté pour le coup que j'aurais aimé voir plus exploitée, celle d'un Robocop qui suite a une grosse torture, se fait reprogrammer et devient littéralement un donneur de leçons, allant réprimander des enfants ou un fumeur au cours de séquences hilarantes, mais ça représente que moins de dix minutes de métrage a tout casser. Derrière le staff préfère jouer la sécurité, en réemployant la même production design, le même genre de bad guy et un récit quasi-similaire dans sa trajectoire, de fait l'impression de surprise se perd quelque peu, néanmoins l'ensemble garde suffisamment de corrosion pour valoir le détour.

7/10

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Mer 20 Juin 2018, 21:10
par Mark Chopper
Jed_Trigado a écrit:obocop qui suite a une grosse torture, se fait reprogrammer et devient littéralement un donneur de leçons, allant réprimander des enfants ou un fumeur au cours de séquences hilarantes, mais ça représente que moins de dix minutes de métrage a tout casser.


Pierre qui roule vaut deux hommes avertis :mrgreen:

Charlie Bravo - 6/10

MessagePosté: Mar 03 Juil 2018, 08:46
par Jed_Trigado
Charlie Bravo - Claude Bernard-Aubert (1980)


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Un film assez déroutant issu de notre patrimoine a propos d'un sujet pas des plus jouasses, rien que ça fait que ça mérite qu'on y jette un œil, quand en plus le réalisateur nous la joue "engagé" avec un propos anti-Etat Français qui n'est pas sans rappeler les œuvres d'Yves Boisset, tout devrait y être pour nous assurer la pépite cachée.

Sur le terrain de l'intention en effet ça démoule : un pur survival centré sur les dernières heures du conflit d'Indochine où une bande de paras sont envoyés a la rescousse d'une infirmière retenue prisionnière, avec pour consigne principale de ne laisser aucun vietnamien vivant, qu'il soit soldat ou civil avant de se faire pourchasser a leur tour. Là dessus, on est pas lésé, les victimes innocentes sont bien nombreuses et nos troufions n'expriment aucun remords. Mais le réal opte pour un parti-pris qui demande une certaine habileté, ancien journaliste et aux premières loges du conflit, il essaye de se raccrocher au style documentaire de Sam Fuller en ne racontant rien d'autre que des moments de répit entre deux assauts, les dialogues sont corrects mais pas oufs (au moins, ça nous évite un discours indigné sur la guerre, là le ton est beaucoup plus cynique que la moyenne), hélas c'est surtout la réalisation qui s'avère assez mollassonne et ne tire jamais vers le haut certains choix (le fait de montrer l'armée viet comme un ennemi invisible, on avait déjà vu ça, mais là, le montage et les décors donnent l'impression de pauvres types qui passent leur temps a tirer sur des buissons). :|

Charlie Bravo est interessant dans son jusqu’au-boutisme donc, mais le grand film de guerre cradingue made in France reste encore a faire.

6/10

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Mar 03 Juil 2018, 08:49
par pabelbaba
Jed_Trigado a écrit:le montage et les décors donnent l'impression de pauvres types qui passent leur temps a tirer sur des buissons.

Tu donnes envie. :eheh:

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Mar 03 Juil 2018, 08:51
par Jed_Trigado
J'ai immédiatement repensé a Robowar a cause de ça. :eheh:

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Mar 03 Juil 2018, 08:53
par pabelbaba
En tout cas je passe mon tour. Merci pour le crashtest. :super:

Addiction (The) - 9/10

MessagePosté: Ven 13 Juil 2018, 13:24
par Jed_Trigado
The Addiction - Abel Ferrara (1995)


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The Addiction est une œuvre plus qu’intéressante quand on connait le travail de Ferrara, sorti du bordel qu'a été son unique incursion pour les majors (Body Snatchers, où il est allé jusqu'a foutre en procès la Warner pour sauver sa version du film) et surtout après une fulgurante ascension critique, voilà qu'il décide de faire machine arrière en tournant un petit projet pas cher, dans son New York adoré, une variation moderne et un tantinet philosophique du mythe du vampire. Sauf que le bonhomme a quelque peu changé et commence s'éloigner du film de genre qui avait fait jusque là sa renommée, n’espérez pas des hectolitres de sang ou des massacres graphiques, The Addiction joue beaucoup sur la frontière entre "genre" et arty en fait.

Ça bavarde beaucoup, on y parle de condition humaine, on cite Kiekergaard et Nietszche sans forcément faire passer le spectateur pour un inculte total dans ses dialogues, formellement on est entre la ruguosité habituelle de son auteur qui filme la Grosse Pomme avec toujours autant d'authenticité mais aussi des influences plus étonnantes comme l'expressionnisme allemand clairement cité dans le choix du noir et blanc (vraie redécouverte visuellement pour ma part en blu-ray, les contrastes sont immenses et les plans d'une composition dingue). Mais c'est aussi, je le pense, le film le plus personnel de Ferrara, en effet quoi de plus logique que de traiter la soif de sang comme une métaphore pour causer de la drogue (le titre prend dès lors tout sens), le perso de Lily Taylor allant même a s'enfiler des seringues remplies de sang tout en errant dans la faune nocturne de NY en cela je trouve qu'il évite promptement le piège de l’œuvre prétentieuse ou trop abstraite pour être honnête. Au final, il revient a ses fondamentaux de filmmaker a petit budget mais en s'octroyant désormais une "ambition" qui lui causera pas de tort par la suite hélas...

9/10

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Ven 13 Juil 2018, 13:48
par Val
Tu donnes encore plus envie de le découvrir. Pas impossible que j'importe le BR UK d'ci peu.

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Ven 13 Juil 2018, 13:56
par pabelbaba
De mon côté, cette critique me fait très peur. :chut:

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Ven 13 Juil 2018, 13:58
par Jed_Trigado
Franchement, le disque Arrow est une bénédiction, surtout quand j'avais découvert le film en p2p il y a presque dix berges (je crois même avoir souvenir d'une copie en 1.33). Bon, après comme tu l'as jamais vu, attends les soldes bi-annuelles de l'éditeur pour te lancer quand même, tu paieras moitié moins cher.

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Ven 13 Juil 2018, 14:00
par Mark Chopper
pabelbaba a écrit:De mon côté, cette critique me fait très peur. :chut:


Tu seras dans ma team.

Re: [Jed_Trigado] Mes torchons de 2018

MessagePosté: Ven 13 Juil 2018, 14:02
par pabelbaba
De toute façon pour Ferrara, je pense que je vais arrêter les frais.