BE KIND, REVIEW!

Un film oublié, malgré un casting sympathique... Les Moissons du printemps nous conte l'histoire de deux jeunes hommes qui s'apprêtent à quitter la petite ville californienne où ils ont toujours vécu afin de servir sous les drapeaux, en pleine Seconde Guerre mondiale. Ils vont donc vivre leurs dernières semaines de liberté, faire des conneries entre potes, vivre leur premier grand amour... En tentant de rester insouciants mais, le plus souvent, avec cette fichue épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes qui leur rappelle que le pire, sans doute, les attend... Notamment lorsque certains camarades, plus âgés, reviennent du front amputés ou, pire, entre quatre planches... Richard Benjamin, derrière la caméra, emballe le tout comme un vulgaire téléfilm mais, malgré tout, le charme opère. Parce que l'ambiance de cette petite ville ricaine paumée de l'époque semble bien rendue. Et, surtout, parce que tout le monde joue juste : Sean Penn dans le rôle principal, Elizabeth McGovern en love interest et Nicolas Cage en meilleur pote parfois relou... Jusqu'au plus petit rôle en fait, chacun est dans les clous (je pense notamment à Michael Madsen, en blessé de guerre, le temps d'une scène très touchante). En résumé : pas une pépite oubliée, mais un beau petit film sur le thème du passage à l'âge adulte.

Comment critiquer Volte/Face aujourd'hui, vingt-cinq ans jour pour jour après sa sortie (ce qui, putain, ne me rajeunit pas du tout) ? Je pourrais me la jouer vieux cinéphile aigri, grand consommateur à une époque de polars made in Hong Kong, un peu las a posteriori de voir John Woo recycler ses gimmicks, comme les colombes, les mexican standoffs ou les flingues à chargeurs illimités (comme si le cinéaste ne pratiquait pas, déjà, l'autocitation dans ses chefs-d'oeuvre hongkongais). Je pourrais, toujours en vieux cinéphile aigri, regretter l'époque où les blockbusters estivaux livraient totalement la marchandise, sans appeler de suite ou de spin-off, avec des acteurs qui semblaient réellement s'éclater (mais j'ai déjà joué cette partition dans ma critique des Ailes de l'enfer). Je pourrais pointer du doigt tout ce qui a mal vieilli : les doublures trop apparentes, les ellipses faciles (l'évasion de la prison) ou encore certaines nunucheries (ah, l'adoption du fils)... Ou je pourrais, tout simplement, arrêter de jouer au vieux con, juste le temps d'une critique, et reconnaître que ce film reste foutrement fun et que la redécouverte a été jouissive. L'histoire de cet agent du FBI et de ce criminel plus grand que nature qui échangent leurs visages, et donc leurs identités, avait tout, mais alors vraiment tout, pour virer au nanar premium. Et pourtant le film fonctionne. Il fallait bien un John Woo enfin libre d'agir à sa guise et deux acteurs prêts à livrer de grandes performances opératiques pour cela. Nicolas Cage a décidé de rejouer sa carte expressionniste d' Embrasse-moi, vampire dans un blockbuster et ça a marché... Le personnage de Castor Troy a été iconisé en quelques plans. Et John Travolta l'a imité. Et Nicolas Cage a imité John Travolta. Et Volte/Face reste l'un des plus grands blockbusters des années 1990. Et je ne vois pas ce que je pourrais ajouter.