[Olrik] Mes critiques en 2015

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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Val » Mer 21 Oct 2015, 18:44

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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 21 Oct 2015, 20:59

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Moebius - 6,5/10

Messagepar Olrik » Ven 23 Oct 2015, 13:17

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Moebius
(Kim Ki-duk - 2013)

Un père de famille trompe son ennui conjugal avec une amante, sa femme trompe le sien dans l’alcool, le fils ado se masturbe. Une famille coréenne comme une autre quoi ! Tout dérape le jour où la mère découvre les infidélités de son mari. Profitant de son sommeil, elle se saisit un soir d’un couteau pour tenter de l’émasculer mais rate son coup. Elle se rabat alors sur son fils et cette fois-ci réussit. C’est le début des fascinantes aventures de cette fascinante famille coréenne…

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Le Kimchisthan a toujours été un pourvoyeur sûr de films tuage-de-gueule. Avec deux variantes : d’un côté les pelloches avec un « shibal » (fuck) toutes les minutes, de l’autre des films sans dialogue, en fait ceux de Kim Ki-duk. Merveilleux Kim Ki-duk qui, sous couvert de films à l’apparence léchée et rassurante, semble toujours apprécier balancer à la frite du spectateur des scènes que ne cautionnent sûrement pas le ministère du tourisme coréen. Et dans le cas de ce Moebius, Kim semble s’être surpassé. C’est bien simple, tout se joue dès les dix premières minutes du film. Je précise ici que je n’ai pas tout dit dans le résumé, une petite surprise vous attend ! A la fin de ces minutes, trois réactions sont à envisager :

- Le spectateur dégueule, appuie sur la touche stop de sa télécommande et raye le nom de Kim Ki-duk de sa liste des réalisateurs à suivre.
- Il éclate de rire, appuie sur stop tout en se demandant qui peut bien être ce con de Kim Ki-duk (qu’il raye au passage de sa liste de réal’ à suivre).
- Médusé, il poursuit malgré tout le visionnage tout en se disant qu’il risque d’arrêter à tout moment

Il faut en effet avoir l’âme bien trempée pour suivre jusqu’au bout. Moi-même qui en ai vu des vertes et des pas mûres dans ma chienne de vie, je dois dire que j’ai été à deux doigts d’arrêter à cette scène où l’on découvre que le fils s’adonne, en secret, dans sa chambre, à cette dégoûtante pratique :

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La lecture de mangas de Naoki Urasawa ! Pouerk !


Et il faut aussi dire que parmi les multiples interprétations du ruban de Moebius éponyme, cette surface dont l’unique face est à la fois son envers et son endroit, tragédie et rire semblent être indissociables. On veut bien y mettre toute la bonne volonté du monde, trouver que la direction d’acteurs de Ki-duk est franchement bonne dans son genre (créer du sens en leur demandant de rester muets et sans qu’ils utilisent les gestes appuyés du cinéma muet, gestes qui ruineraient le sérieux des scènes, tout cela Ki-duk y parvient assez bien, il est vrai qu’il est rôdé dans cette pratique) mais parfois, trop c’est trop. Attendez de voir ce que l’on peut faire avec un couteau planté dans une épaule et vous comprendrez ce que je veux dire (vous aurez même sans doute compris avant cette scène, avec le pauvre père et ses recherches sur internet, je n’en dis pas plus).

Avec cet alliage de sérieux et de grotesque, il y a du romantique chez Ki-duk. Et si l’on pousse plus loin la filiation à ce double registre, on se trouve devant ses films un peu comme face à une pièce de Shakespeare, Titus Andronicus notamment, cette pièce qui commence avec une vingtaine de personnages et qui se termine avec une poignée. Sumum de mauvais goût et de ridicule pour les uns, quintessence extrême de l’esthétique shakespearienne pour les autres, Titus ne laisse jamais indifférent et le spectateur est soi tenté d’aller jusqu’au bout pour voir dans quels méandres tortueux l’imagination du dramaturge va le mener, soit d’appuyer sur la fameuse touche « stop ».

Finalement, même s’il ne semble pas être voulu, peut-être faudrait-il prendre le rire comme un atout, comme un élément salvateur face au désespoir de cette humanité qui ne parle pas, qui, lorsqu’elle émet des sons, le fait pour crier ou grogner lors d’un viol, ricaner sur les malheurs d’autrui ou hurler de douleur. Au milieu de cette douleur universelle, un élément apparaît clairement comme son moteur et le moyen de l’oublier un peu :


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Le sexe
(on apprécie ici les pastèq... enfin, la douce Lee Eun-woo, vue récemment dans Kabukicho Love Hotel
).


Récapitulons : le père trompe madame avec la vendeuse d’une épicerie, madame castre son fils, et le fils, qui se branlait en cachette, eh bien ne peut plus et va donc chercher de quoi y suppléer, par exemple en violant collectivement la maîtresse de son père, maîtresse qui ressemble d’ailleurs étrangement… à sa mère (c’est normal, les deux personnages sont joués par Lee Eun-woo). Adultère, castration, complexe d’Œdipe, on baigne dans des motifs psychanalytiques qui là aussi prêteraient à rire mais qui, associés à l’esthétique minimaliste de Kim Ki-duk, apparaissent aussi parfaitement cohérents, donnant à son histoire des allures de tragédie antique, avec cette Médée qui va castrer son fils pour punir son mari d’un adultère, et ce fils qui semble être voué à sauter sa mère à un moment ou à un autre. Tiens ! Cela pour être ça, aussi, le ruban de Moebius : l’impossibilité de dissocier l’image de la mère à celle de la maîtresse.

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Côté pichte, pas une pour rattraper l'autre.


Dernière interprétation possible du titre, et c’est une chose déjà aperçu dans les précédents films de Ki-duk (notamment dans Printemps, été, automne, hiver… et printemps) : l’imbrication entre sensuel et spirituel, entre idole charnelle (Lee et ses boobs) et idole religieuse (Bouddha dans le film). Ici difficile de dire si le film se finit bien avec ce plan fixe
du fils regardant le spectateur et esquissant un fin sourire. Si l’on est taquin, on dira que c’est le sourire narquois de Ki-duk qui se paye la fiole de son spectateur pour s’être farci jusqu’au bout un bon gros tas d’inepties. Sinon, on peut y revoir, tel le ruban de Moebius, le retour à un point départ après un passage spiritualiste. Le fils, malgré son absence de pénis, n’en a pas fini avec sa libido (éternel retour là aussi vu dans Printemps, été…)…


Voilà donc pour Moebius. Je gage que les amateurs de « cul glauque » (genre estimable s’il en est) sauront y trouver leur bonheur. Pour les autres, prévoir quand même une poche à vomi à proximité. Perso je suis mitigé devant le film. Même effet que les pièces de Sarah Kane (décidément, le théâtre…). D’un côté dérouté par l’outrance du propos et des moyens, de l’autre l’impression que tout cela n’est pas totalement vain, qu’il y a quelque chose qui s’en dégage, que derrière un vernis suspect de glauque tape-à-l’œil se trouve un véritable artiste. Si en tout cas être artiste suppose être capable de faire connaître au spectateur une expérience des limites, Kane et Ki-duk le sont, indéniablement.


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6,5/10

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– La photographie de Ki-duk.
– Lee Eun-woo en mode Russ Meyer.
– Du crapoteux à fond les manettes.

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– Pas très sain quand même, hein !
– Le rire : allié ou ennemi du film ?
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 23 Oct 2015, 15:19

Pabel, au rapport nichons !

Mark, nouveau sondage !

:mrgreen:
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar pabelbaba » Ven 23 Oct 2015, 19:16

Il font un peu fake là... Trop bien moulés, c'est louche. :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Olrik » Ven 23 Oct 2015, 19:38

Lee a été nourrie dès ses deux ans exclusivement au kimchi, à la saengchae et au jeongol. Là est l'explication. :seins:
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Black Coal - 9/10

Messagepar Olrik » Lun 26 Oct 2015, 12:04

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Black Coal, Thin Ice (aka Bai Ri Yan Huo, soit Feux d’artifice en plein jour)
(Diao Yinan – 2014)


L’année 1999 est une année noire pour l’inspecteur Zhang Zili : lourdée par sa femme qui demande le divorce, il est peu après éjecté de la police à cause d’une enquête sur un cadavre retrouvé découpé en morceaux. Après une interpellation de suspects qui se passe pour ainsi dire mal (elle se termine dans un bain de sang), il est en effet contraint de quitter la police.

5 ans plus tard, devenu alcoolo et travaillant pour une entreprise de sécurité, il est recontacté par d’anciens collègues flics : deux nouveaux meurtres viennent d’être commis de la même manière et cette fois-ci, c’est l’énigmatique Wu Zhizhen, blanchisseuse et ancienne épouse de la première victime, qui est soupçonnée…


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Après la Corée, direction la Chine. Et après les obus de Lee Eun-woo, direction…


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euh, ben pas grand-chose en fait.


Bon, tout au plus Gwei Lun-Mei et son doux visage mais il ne faut pas s’attendre à la voir dénudée car il fait froid dans Black Coal Thin Ice, très froid même. Dans les cœurs, dans les intérieurs des maisons et à l'extérieur. Black Coal, c’est du polar prolo, avec des petites gens qui ont du mal à joindre les deux bouts et pour lesquels la limite qui les sépare d’actions répréhensibles est fragile, aussi fragile que cette « thin ice » du titre. Du coup on est baladés derrière les pas de Zhang à travers différents quartiers de cette ville au nord de la Chine, dans des rues recouvertes de neige et bariolées des éclairages des lampadaires et des néons criards.

Lorsqu’au générique le film fait une ellipse et reprend l’histoire de Zhang en 2004, on voit celui-ci affalé sur le bord d’une route en train de cuver son alcool (et se faire faucher au passage sa moto par un quidam qui a la bonté de lui laisser en échange son misérable solex).


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Sans doute plongé dans un grand mal affectif depuis son divorce, l’alcool apparaît comme ce qui va l’aider à tenir, ce qui va lui procurer un peu de chaleur. Dès qu’il ne l’a plus (à partir du moment où il reprend l’enquête, il est sevré), cette chaleur semble intervenir de manière différente mais tout aussi dérisoire, par ces lumières artificielles qui accompagnent l’essentiel des scènes nocturnes (les scènes diurnes sont beaucoup plus rares). On ne compte pas les plans où les personnages, Zhang ou Wu Zhizhen, sont environnés ou ont une partie du corps « réchauffés » par ces éclairages. Les rues deviennent autant de sapins de noël insignifiants, comme des tentatives d’enchanter la relation entre les deux êtres (on comprend que Zhang en pince pour la blanchisseuse), d’y instiller une chaleur, un bonheur que l’on aura du mal à trouver dans un univers symbolisé lui par le « Black Coal » du titre.


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Traduction de l’enseigne : « Feux d’artifice en plein jour »


Bref, on aura compris que de toute la palanquée d’affiches qui illustrent le film, ce n’est sûrement pas celle-ci (et encore moins la lamentable bande-annonce) qui restitue le mieux l’atmosphère du film. Donnant l’impression d’un thriller violent mettant aux prises trois personnages, elle est très loin de ce qui est montré à l’écran. On n’est clairement pas dans un polar coup de poing made in HK. Malicieusement, Diaio Yinan tord le cou à ce style d’attente lors de la scène chez les coiffeurs suspects au début. On y voit un des flics faire un bond grotesque pour mettre le grappin sur un des coiffeurs, geste caricatural qui fait sentir que ce n’est évidemment pas ce qui intéresse Yinan. Chez lui, il y aura des poursuites, mais ce sera avec des personnages qui courent de manière pataude sur la neige pour ne pas se viander. A priori pas très cinégénique et pourtant, ces quelques scènes (notamment celles se passant aux abords de la patinoire) contribuent à donner au film une empreinte visuelle très marquante.

Il ne faut donc pas attendre des émotion fortes avec Black Coal. Mais plutôt une sorte de confusion des sentiments avec un arrière-plan criminel. A ce titre est un vrai personnage de polar, un personnage taraudé d’un côté par l’idée de résoudre cette affaire synonyme d’échec aussi bien professionnel qu’affectif (Le seul plan « chaleureux » du film : quand il fait l’amour à sa femme mais on apprend par la suite que c’est pour la dernière fois avant le divorce), de l’autre par l’idée de se reconstruire sur un plan affectif, ici en associant sa vie à celle de Wu Zhizhen. Chose qui, on le comprendra à la fin, sera impossible. Peu d’actions, des sentiments aussi emmitouflés que la large silhouette de Zhang dans la rue, et malgré tout, on reste saisi devant le déroulement de cette enquête dont la conclusion douce amère navrera autant qu’elle réchauffera (un peu) le cœur.


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9/10

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– Les deux acteurs principaux.
– Le travail sur l’atmosphère urbaine nocturne.
– Une lenteur qui fascine.
– Le regard réaliste.

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– On pourra tiquer sur la manière d’apporter des éléments tout cuits à l’enquêteur mais cela importe peu tant c’est avant tout la restitution d’une atmosphère qui prime.
Black Coal est seulement le troisième film de Yinan en 11 ans.
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Petite fille de la terre noire (La) - 8/10

Messagepar Olrik » Jeu 29 Oct 2015, 18:00

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La Petite Fille de la Terre Noire
(Jeon Soo-il – 2008)

Hye-Geon, mineur de son état, a passé sa vie à broyer du noir au sens propre à plusieurs centaines de mètres sous terre. Il s’apprête maintenant à en broyer au sens figuré puisque, non content d’avoir perdu son travail à cause d’une restructuration de personnel, il apprend qu’il a contracté au passage une grave maladie pulmonaire. Ajoutons à cela qu’il doit s’occuper d’un fils attardé et que l’indemnité liée à sa maladie tarde, tarde vraiment à venir. Au milieu de ce désastre, il y a Yeong-lim, sa petite fille de neuf ans qui se débrouille pour que la famille suive une meilleure route. Mais c’est loin d’être gagné…

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Après Black Coal, Thin Ice, on reste dans le charbon et la neige avec cette terrifiante histoire qui m’a fait penser à une sorte de double dramatique de Jarinko Chie, le film d’animation de Takahata. Dans les deux cas, on a une petite fille qui va occuper le rôle de mère de famille pour suppléer aux défaillances d’un père catastrophique. Après, la comparaison ne va pas plus loin car on comprend assez vite que l’avenir s’avère être méchamment bouché pour une petite fille née sur une terre maudite où chômage et misère sont le lot des habitants de cette ville minière. Le père a beau chercher, son avenir est inextricablement lié à sa condition de mineur.
Quant à Yeong-Lim, un plan nous la montre traçant les contours d’une fleur dont les racines sont rattachées à du charbon :
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Le motif de la transformation en fleur est évoqué par ailleurs lors des deux scènes où apparaît une jeune femme dans un manteau bleu. Contrastant avec la petite fille en rouge, on se dit que cette femme évoque évidemment une mère idéale qui permettrait d’améliorer considérablement la situation familiale. Elle peut aussi être vue comme la femme de la ville (le départ pour la ville est un des thèmes du film) que Yeong-lim que désirerait être plus tard, si les aléas de son existence le lui permettent.
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Car comment s’épanouir sur cette terre où l’on annonce du jour au lendemain à des habitants qu’ils doivent déguerpir de leur maison car elle va être détruite ? Il n’y a pas trente-six solutions, il faut commencer par ne pas faire comme le père, à savoir sombrer peu à peu dans l’inaction et l’alcool. La petite-fille va agir. Impertubable, elle va s’occuper de Dong-gu, son frère attardé qu’elle protège contre ses camarades de classe puis de son père qui va devenir peu à peu violent envers lui. Peu à peu les sourires disparaîtront de son visage et une certaine saleté va émailler sa personne. Elle va malgré tout tenir mais lorsqu’il ne sera plus possible pour elle de faire face au naufrage de sa famille à cause de l’irresponsabilité paternelle, elle commettra deux actes terribles qui lui permettront de couper radicalement les ponts avec la terre noire. Ces actes lui permettront-ils d’éclore et de devenir cette fleur tracée sur la neige ? On l’espère mais on en doute. Le dernier plan où on la voit attendre à la station du bus pour quitter définitivement son milieu est très pessimiste. Le bus passe, s’arrête à la station, puis repart en nous laissant face à la fillette qui finalement n’est pas partie.

C’est pas vraiment la joie donc, encore moins que dans Black Coal dont la chute permettait d’esquisser un sourire. Après, on ne peut que louer Jeon Soo-Il pour avoir su échapper à tout misérabilisme. Il aurait pu en faire des tonnes dans le détail malsain et la musique larmoyante, au lieu de cela, il reste dans un regard d’une grande neutralité et dans une grand économie de moyens qui fait merveille. Pas besoin de forcer le trait : le belle lumière hivernale qui inonde le paysage suffit à rendre poignante par effet de contraste les difficultés de Yeong-Lim à s’occuper de son frère et de son père. Sordide, l’histoire l’est certainement mais sans que cela s’accompagne d’une laideur crapoteuse, d’une sorte de naturalisme zolien qui aurait pu être gênant. Une très belle scène nous montre ainsi le père en train de boire un verre dans un bar occupé par ses anciens collègues mineurs. Il chante une chanson évoquant les difficultés de leur métier et le fatalisme qui en découle. On les écoute respectueusement, presque charmé. Et il n’en va pas autrement envers ce père dont on réprouve la fuite vis-à-vis de ses enfants mais que l’on ne saurait blâmer totalement. De même pour la petite fille qui, malgré la dureté de son acte à la fin, nous donne l’impression d’être une figure moderne de l’enfance perdue à la Oliver Twist. Face à ce monde qui « broie » des êtres aussi vulnérables que des bouts de charbon, il faut lutter, quitte à perdre son innocence, chose qu’Oliver a la chance de préserver.

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8/10

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– Le regard réaliste mêlé à une narration qui va à l’essentiel. Pas besoin de s’appesantir : chaque scène présente un détail signifiant et qui fait évoluer l’histoire de la famille.
– La petite fille jouant Yeong-lim, confondante de naturel.
– L’absence de pathos appuyé.

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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar francesco34 » Ven 30 Oct 2015, 11:48

tu l'as trouvé où celui-là? j'ai jamais réussi à mettre la main dessus :cry:
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar lvri » Ven 30 Oct 2015, 12:19

Je ne connaissais pas, mais ce film attise ma curiosité. Preneur d'une piste pour achat ! :super:
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Olrik » Ven 30 Oct 2015, 14:20

@ Ivri et Francesco : Le film avait eu les honneurs de nos écrans à l'époque (j'avais eu la chance de le voir à cette occasion d'ailleurs). C'était une production franco-coréenne, Michel Ciment avait même reçu le réal à son émission sur France Cul. Mais pour ce qui est d'une sortie DVD en France, nada. La seule édition est la coréenne avec sous-titres anglais (encore éditée ? à voir). On le trouve sinon facilement sur le net (KG) sous son titre international.
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar lvri » Sam 31 Oct 2015, 16:45

Merci pour les infos Olrik !
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Idiot à Paris (Un) - 5/10

Messagepar Olrik » Dim 01 Nov 2015, 12:02

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Un Idiot à Paris
Serge Kolber - 1967

Goubi, imbécile heureux de son village, a un rêve : voir un jour Paris et la tour Eiffel. Ça tombe bien, deux amis à lui doivent faire une livraison aux Halles et lui proposent de les accompagner. Malheureusement, aussitôt arrivé, aussitôt perdu. Goubi erre dans les rues de la capitale et va faire des rencontres, notamment celle de Madame La Fleur, putain nostalgique de la campagne…

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Je suis ancien combattant, militant socialiste, et bistrot. C’est dire si, dans ma vie, j’en ai entendu, des conneries !


Les dialogues d’Audiard, ça en jette toujours sur le papier mais après, dans la bouche d’un acteur c’est pile ou face. Avec ce célebrissime trait d’humour prononcé par Robert Dalban, ça fonctionne. Mais pour le dialogue entre Dany Carrel et Micheline Luccioni sur les méfaits de la TV sur leurs michetons, ça rappelle non seulement un peu trop la célèbre tirade de Madame Mado dans les Tontons Flingueurs, mais ça paraît aussi terriblement téléphoné, comme si chaque formule avait une fonction gyrophare indiquant « attention ! formule drôle ! riez ! ». Le spectateur peut être de bonne composition et rire malgré tout mais pour celui qui ne se laisse pas facilement berner par des mots, ça peut sembler tout de suite daté et artificiel, comme ce langage argotique qu’Audiard utilise parfois avec certains de ses personnages.

Bref, Audiard, c’est bien, mais à petite dose et surtout avec l’acteur et l’actrice qui restituera habilement la spontanéité du trait d’esprit. Et s’il n’y parvient pas totalement, alors il faut compter sur la gouaille, sur la gueule, sur le talent du comédien pour que ça passe. A ce petit jeu, Bernard Blier sort grand vainqueur d’Un Idiot à Paris. priori, une tirade comme celle-ci, ça n’a l’air de rien :

Monsieur Graffouillères, vous êtes un meneur !. Une grève-surprise ?… Bravo ! Trente tonnes de barbaque sur le carreau alors qu’on crève de faim à Chandernagor ?… Hourra ! Monsieur Graffouillères, vous êtes un meneur et vos p’tits camarades des inconscients ! Vous semblez oublier, en effet, mes amis, que vous n’êtes que des salariés, c’est-à-dire les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste !… Des chômeurs en puissance ! Le chômage… Le chômage et son cortège de misères… Y avez-vous pensé ? Finie, la p’tite auto, finies les vacances au Crotoy, fini l’tiercé… C’est pourquoi, mes amis, si vous avez des revendications d’salaire à formuler, vous m’adressez une note écrite et j’la fous au panier, et on n’en parle plus. Nous sommes bien d’accord ?


Mais prononcée par le personnage Blier, ça fait tilt !



Et le spectateur guette alors tout le long du film la moindre de ses apparitions, stratégiquement disséminées tous les quarts d’heure, comme pour donner un peu d’énergie à un film qui n’est pas mauvais mais gentillet, un peu mollasson. Bon, il faut dire que se farcir un film de 90 minutes avec pour personnage principal un Jean Lefebvre plus lent d’esprit que jamais, ce n’est pas du tout cuit.

Ça peut même faire peur, même s’il faut reconnaître qu’on préfère voir un Lefebvre jouant l’idiot du village qu’un père colérique comme dans Pas de problème ! Mais cela ne suffit pas pour tenir la distance et il faut bien accompagner les déambulations du personnage dans paris d’autres rencontres pour que l’histoire soit plus digeste. Ainsi la bienfaisante présence de Blier donc, ou encore celle d’Albert Rémy en patron de restaurant amateur de putains, Dalban en maire de village ou encore Préboist plus naze que jamais. Bienfaisante présence aussi de Dany Carrel et de ses mirifiques nichons qui ont le mérite de faire passer le temps quand arrivent les inévitables scènes cucul entre La Fleur et son amoureux Goupi.

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Voici ce qui tombe amoureux de Goubi. Osera-t-on dire que le vraisemblable en prend un coup ?


Bref on ne va pas s’éterniser. Un Idiot à Paris est un film sympathoche, ni plus, ni moins, à voir surtout pour ses personnages secondaires et des dialogues d’Audiard qui arrivent parfois à sonner juste et donner envie d’aller jusqu’au bout.

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5/10

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– Le personnage de Blier
– Des personnages secondaires dans l’ensemble réussis.
– Ce qu’il y a de bien avec Dany Carrel, c’est qu’il y a toujours du monde au balcon.
– Le trait de satire anti-jeune (et anti-Cahiers du cinéma) gentiment amusant.

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– Sachant que Lefebvre n’est pas Chaplin, c’est quand même chaud de le suivre une heure et demie durant.
– Les dialogues de Carel et Luccioni qui tombent à plat (contrairement aux seins de Dany)
– Les vingt dernières minutes avec les scènes à l’eau de rose entre Carrel et Lefebvre sont un peu douloureuses.
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar pabelbaba » Dim 01 Nov 2015, 14:21

Mais tu vas arrêter de taper sur Pas de Problème! :evil: :mrgreen: En plus Lefebvre a joué dans quantité de nanards bien pire! :chut:
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