8/10
Canicule de Yves Boisset - 1984
"Nom d'une bite"
J'ai vraiment une tendresse particulière pour ce film, alors je pourrais pas le survendre (même si j'en ai bien envie) mais la rencontre du grand tough guy Lee Marvin et du cinéma franchouillard donne vraiment un bon petit polar et cette rencontre entre le polar ricain et la France profonde (nos rednecks à nous : la campagne rurale dégueulasse, peuplée de crétins consanguins et quand c'est Lanoux et Carmet sont absolument parfaits pour les rôles) est vraiment savoureuse (et je comprendrais jamais la réputation bof du film). C'est pas la première fois qu'une vedette ricaine venait donner la réplique au français mais souvent c'était quand même pas foufou (les Bronson par exemple sont vraiment très moyens), ici Marvin débarque avec son standing et il représente tout un pan du cinéma ricain, c'est un mythe à lui tout seul.
Boisset signait ici son dernier bon film (ce qui suivra c'est vraiment pas folichon) et il vient se ranger à coté des Juge Fayard, Condé et Dupont Lajoie (avec lequel il a pas mal de points communs sauf celui du film à message). C'est un cinéaste qui hésitait pas à aller loin et ici il le montre direct avec son hold up raté où on se croirait en plein poliziottesco avec du gamin mort plein cadre, alors Boisset c'est pas un virtuose et ici ça se voit vraiment entre les faux raccords et les flics qui tirent n'importe comment (on sent que la scène a été fait à l'arrache) mais bon c'est pas trop dramatique et puis la suite du film est bien meilleure sur la forme avec notamment un plan séquence qui commence sur Miou Miou en train de se caresser et le plan de grue monte pour nous dévoiler la mère de famille pendue au même moment.
On va donc suivre Lee Marvin après son hold up pas si raté (il a prit la thune) qui trouver refuge dans une ferme de la Beauce. Alors qu’il se croit à l’abri, ses ennuis ne font que commencer car il tombe sur une véritable famille de paysans dégénérés (et le terme est faible tant y en a pas un pour rattraper) qui en veulent à son butin. Et c'est là que le film a sa brillante, Lee Marvin le tough guy ultime du cinéma tombe dans une famille encore plus dangereuse que lui et au final c'est lui le truand qui passe pour le personnage le plus humain et le plus normal du film.
C'est violent et sans concession, bourré d'humour noir avec des dialogues bien crues signé Audiard (on sent qu'il s'est vraiment fait plaisir sur ce film), un Audiard qui s'est donc moins creusé la tête pour faire des grandes tirades, il se met au niveau de ses personnages.
La famille de paysans est une sacrée galerie de personnages tous très bien interprétés : Lanoux et Carmet en frères a moitié cinglés qui sont des pervers pitié (ça balance des grands coups de martinet sur le gosse) qui sont sans conteste plus bêtes méchants (ce qui les rend encore plus dangereux), Miou Miou en femme maltraitée qui rêve de se venger et au début on peut se dire que ce sera le seul personnage positif du film mais elle aussi elle va faire dans l'immorale, Lafont en nympho de service (complètement dégueulasse avec son look) qui casse bien son image d'égérie de la Nouvelle Vague ici, Kalfon dans le seul rôle qu'il connaît et David Bennet qui incarne un gamin carrément génial qui est clairement pas mieux que les autres membres de la famille (il a clairement sa place dans cette famille de dégénérés, première chose qu'il fait après avoir trouver la thune : il va aux putes du haut de ses 12 ans), Grace de Capitani pas très habillée comme souvent, et bien entendu Lee Marvin ( la raison qui m'a fait regarder ce film la première fois) qui manie aussi bien le shotgun que les poings.
Ca tue, ça viole, ça baise, ça insulte, c'est sale, y a des consanguins, de la veulerie, des persos complètement cons, y a des nichons, un polar unique. En fait ça me fait un peu penser à Affreux Sales et méchants mais en pas chiant, un ovni immoral et outrancier où la connerie humaine est reine qui n'est donc clairement pas pour les fragiles fan de Into the Wild (ouais je balance ce film comme ça sans aucun rapport, j'avais envie de taper dessus gratuitement) qui n'y verront surement qu'une caricature grossière.