Modérateur: Dunandan


Premier film de Ridley Scott, The Duellists est un pur film d'époque où la reconstitution de l'époque Napoléonienne reste un des sommets du genre. Pourtant, à travers cette histoire improbable et très décousue de deux hussards qu'une querelle mineure oppose , Scott décide de rester trop sobre pour permettre une film d'avoir une âme, un rythme et une dramaturgie efficace. Sa première œuvre est un peu fade et , comme la plupart des premiers long-métrages, c'est avant tout sur la technique que le film est irréprochable : photographie efficace (encore une fois le format 1:85 permet des plans sublimes qui permettent à Scott de dresser de purs tableaux : on sent vraiment que le cinéaste s'est inspiré de toiles de peinture de l'époque) où les intérieurs souvent monotones reflètent parfaitement les intérieurs trop vastes et trop haut des châteaux de l'époque contemporaine.
Souvent éclairé par de simples bougies et tout le film parait shooté en lumière naturelle sauf bien sur les plans d'ensembles ou larges utilisant le polarisant (ou le filtre gris). La réalisation parait bien pensée, les cadrages toujours très précis. Le scénario peu refroidir : les multiples ellipses et les multiples scénettes ne donnent pas impression de regarder une histoire complète où tout se relie. D'un côté Keith Carradine est très présent , de l'autre Keitel est à peine développé. Jamais nous n'entrons dans son intimité à lui mais heureusement, le charisme de l'acteur crève l'écran. On le sent très investit malgré un personnage au contours peu tracés.Mal équilibré l'intrigue n'est pas très prenante, le film peut même ennuyé les plus fainéants surtout à cause d'une passivité glaciale où tout parait seulement survolé , effleuré sans jamais prendre d'envergure. Heureusement, Scott impose un film historique sans batailles et ne concentre bel et bien que -vaguement- sur le thème de l'honneur, du combat et de la violence.
On ne reprochera rien à la toile de fond historique (bien que sous-exploitée) ni au message du film mais l'ambition du projet demeurait sans doute trop visuelle et picturale pour permettre de dresser un film plus "juste" et moins bancal où les protagonistes vont et viennent au rythme de l’évolution de la civilisation des armes mais jamais de l'Honneur, qui reste la même valeur, inaltérable, faux prétexte à la rivalité et aux duels inutiles. Le climax final est un sommet de la photographie, du découpage et d'ambiance: il ne passe pourtant rien. Jamais palpitant ni prenant, The duellists parvient tout de même à se forger un vrai statut culte , bourré d'ambition et de virtuosité. Formellement au point, Scott n'en a que mieux réaliser ses plus grands films : Alien et Blade Runner. Niveau influence on peut penser que Christophe Gans s'est inspiré de certaines ambiances du film de Scott pour le Pacte des Loups.
| Film: Duellistes (Les) Note: 8/10 Auteur: Jed_Trigado |
Film: Duellistes (Les) Note: 8/10 Auteur: Scalp |
Film: Duellistes (Les) Note: 8,5/10 Auteur: Milkshake |
Film: Duellistes (Les) Note: 9/10 Auteur: Nulladies |
Film: Duellistes (Les) Note: 7,5/10 Auteur: Dunandan |






Premier véritable film de Steven Spielberg qui avait tout de même à son compteur le superbe" Duel", The Sugarland express est un pur road movie où les personnages principaux forment un couple de marginaux traités ici comme des enfants et des héros incompris d'une Amérique encore parano mobilisant des forces surdimensionnées afin attraper deux êtres à la fois électriques, niais, gentils et simplets, freaks/hippis ne voulant qu'une chose: leur enfant. Spielberg rend clairement homme à Bonnie and Clyd à travers son film bien plus léger, beaucoup moins violent et plus "humain". Le rythme, la dramaturgie, les personnages et l'ambiance sont véritablement rafraichissantes sans pour autant oublier que le fond du scénario côtoie une matière plus sérieuse et plus lucide qu'il n'y parait sur les États reculés des USA. Les redneck du Texas, les rangers, le côté un peu far west (le shérif, son chapeau de cow-boy...).
Spielberg prend à sa façon tout un pan de la cutlure des US et la retranscrit sans appuyé un quelconque message ou critique du système. Les placements de produits et les plans sur des marques étaient déjà un peu présentes dans Sugarland Express, comme des insignes posées là pour que les spectateurs reconnaissent leur univers, leur monde et que la crédibilité de cette histoire apparemment vraie soit plus fluide. La scène au drive-in, Bip-Bip et le Coyote, Coca, l'ancêtre de KFC...Les références du cinéaste sont encrés dans l'époque du moment et la toile de fond soulève évidemment bien plus de questions que les musiques et le ton du film. Le passage avec les rednecks qui allument des dizaines de bagnoles et tirent partout, les journalistes qui poursuivent le couple en fuite et d'autres qui veulent interviewer un bébé de 2 ans , on peut même y voir les premiers pas vers la TV réalité et la fausse solidarité des fanatiques : voir ce couple à la masse mais franchement attachant se faire offrir des tas de cadeaux par des habitants du coin qui ont foi en leur fuite et leur combat où le bébé devient un leitmotiv suffisant pour excuser toute cette course poursuite totalement inégale, surprenante presque amusante durant laquelle deux grands enfants,; adultes cas sociaux, se glorifient de tenir en respect 200 bagnoles de flics qui n’arrivent jamais à les arrêter, allant même jusqu’à leur autoriser..des WC mobiles. 
Loin de dresser un pur drame solennel et profond, Spielberg reste lui-même et signait déjà avec ce premier film un portait social désabusé et iconoclaste où ses "héros" étaient des américains moyens, ici même vraiment pauvres, à côté de la plaque mais touchant par cette fragilité et cette naïveté qu'ils dégagent malgré une course poursuite qui joue ne leur faveur (parfois involontairement). Le but de leur fuite est tout simplement justifié et compréhensible malgré leur statut empêchant à un enfant de se construire avec équilibre. Le fait est que ces deux faux-criminels tentent de reprendre leur bébé avec gaucherie et de fils en aiguilles, leurs erreurs les mèneront à une fin tragique inéluctable pendant laquelle , comme le jeune policier qui finissait par les aimer et les comprendre, les spectateurs s'attristent de ce sort injuste où l'enfance future du bébé est annoncé déchirée et incomplète par des plans-symboles et la colère ultime de la mère hystérique qui jette tous les jouets et cadeaux offerts par leurs "fans". 

Techniquement bah c'est précis et très efficace avec des gimmick du réalisateur très sobres mais qui reviennent assez souvent dans sa filmo comme des personnages qui voient l'action à travers une vitre par exemple où le spectateur qui voient l'action non pas plein champ mais subtilement avec du hors champ exploitant les reflets dans les vitres ou rétro etc..Sugarland n'en possède que très peu mais plusieurs autres films du cinéastes ne regorgent. Surtout War of the Worlds. On retrouve aussi son génie du placement de figurants, de la composition des plans et des travellings ou zoom-dézoom souvent assez lents qui montrent petit à petit l'action ou les personnages au public. Vilmos Zsigmond à la photo c'est déjà gage d'une grande qualité visuelle.Les caméras embarqués dans des voitures et le rythme de certaines courses poursuites permettent largement de hisser Spielberg dans les réalisateurs de l'époque les plus prometteurs.
| Film: Sugarland Express Note: 7,5/10 Auteur: Milkshake |
Film: Sugarland Express Note: 8/10 Auteur: Godfather |
Film: Sugarland Express Note: 7/10 Auteur: Nulladies |
Film: Sugarland Express Note: 7,5/10 Auteur: Alegas |





Pour leur premier film, les Wachowski ont réunis des artistes talentueux dont l'alchimie provoqua pas moins d'un pur chef d'oeuvre du cinéma de genre : The Matrix. Une équipe soudée et expérimentée qui , bien évidemment, sont à l'origine de la réussite visuelle de l’œuvre des Wachos.
en garçon manqué ultra crédible. Toute la séduction et les scènes intimes sont bluffantes, surtout ce fameux plan-séquence qui tourne autour des deux corps sur le lit :
Une fois passé le montage alterné où la voix-off de Corky raconte ce qu'on voit à l'écran façon ellipse intelligent vu et revu dans de ombreux films, l'intrigue et l"intérêt principal du film est gâché par le début du coup monté et cet enfermement où , sclérosé, Pantoliano et Tilly restent au centre d u film tandis que Corky n'apparait que furtivement lors de plans servant juste à indiquer qu’elle fait toujours partie du film. Dommage pour l'actrice. Le reste du film tape dans le haut du panier avec un Joe Pantoliano habité par son rôle et les tueries sont poignantes (superbe ambiance , sons en sourdines ou sélectionnés (les coups de feu) pour rendre le tout plus percutant : effet de style loin d'être gratuit vu , ralentis bien pensés, gimmicks Wachos sobre mais très efficaces où la tension magistralement dosée/contrôlée par les dialogues , le découpage et l'atmosphère sonore se décharge d'un seul coup). Par contre je ne suis pas fan du 1:85 sur un tel film. Les Coen maitrisent parfaitement ce format sur du néo noir mais là, du scope aurait été judicieux pour exploiter les décors (bien qu'au final les Wachos arrivent à extraire des appartements du film quelque chose d'organique et même si ce n'est pas par le cadrage lui-même qu'ils tirent le meilleur de leur film, la fluidité des mouvements permet de développer autrement et de manière assez originale leur environnement). Don Davis signe une excellente bande originale qui , elle aussi, annonçait son masterpiece : Matrix.

Le plan qui suit la ligne téléphonique, le rapport même à l'objet du téléphone , les plongées zénithales sur certains lieux et personnages, le déplacement en studio de la caméra au-dessus du mur qui marque la frontière symbolique séparant les deux femmes du film , les nombreux mouvements de caméra qui immergent dans le film et transcende la mise en scène assez sobre...tout est digne d'un grand film noir jusque dans les mafieux (un peu lichés et trop survolés, sans importance, trop creux) qui se la font mettre profonde par deux lesbiennes : la femme fatale,l'homme qui se fait avoir etc..on s'attendait presque à voir Corky se faire arnaquer à la fin mais non les Wachowski préfèrent la happy-end style les homos/femmes remportent la partie (le film est un hymne à l'amour assez flagrant).
Le gros reproche que je fais au film c'est de ne pas avoir été plus loin dans l'érotisme et le trio est finalement pas traité du tout alors que ça aurait pu donner un triangle amoureux du tonnerre avec des protagonistes plus profond et une écriture plus ambitieuse. Comme beaucoup de premiers film, c'est la technique qui prime et on ne s'en plaindra pas. Pour info le dvd est très moche, honteux et forcément que ça peut décevoir mais le bluray a l'air sublime.











Bien avant Terrence Malick et peu de temps après 2001 a space odyssey, Tarkovski signait une adaptation du roman de SF "Solaris" en réponse au film de Kubrick. La Guerre Froide pénétrait même l'univers cinématographique. Les deux films ont plusieurs rapports évidents mais la forme et l’ambition sont tout autre. D'un côté Kubrick instaurait une ambiance psychédélique visuellement riche avec tout un tas de SFX, maquettes et utilisation de musiques classiques : son film précurseur d'un style de sf métaphysique à la longue durée et à la lenteur hypnotique ne pouvait que préfigurer un genre de films ésotériques et hermétiques que peu de spectateurs apprécieraient. Tarkovski n'a pas eu les moyens de créer une œuvre aussi ambitieuse sur que 2001 et son Solaris hautement dépressif, bavard et à la fois silencieux, métaphysique, introspectif et apathique se concentre bien plus sur l'Homme, la psyché et la Vie que son prédécesseur qui délaissait l'émotion et la partie substantielle de notre quête existentielle pour surtout offrir des images incroyables d'un univers froid, noir et insonore pour se clore en un maelström de visions épileptiques et un message que les fans tente encore de percer à jour.
Solaris reste plus terre à terre, moins tape à l’œil, plus ennuyeux aussi mais plus humaniste et philosophique. Les personnages ne sont pas à l'arrière-plan comme 2001 et les protagonistes sont bel et bien au centre de l'histoire. L'ouverture du film fait largement penser à un réalisateur d'aujourd'hui : Terrence Malick dont le Tree of Life épouse des thèmes bien plus similaires au film de Tarkovski qu'à celui de Kubrick auquel tout le monde le compare bêtement. Même si Tarkovski pose des bases très lentes et déprimantes, le fond de son film met la barre assez haute : l'intellectualisation est nécessaire mais peut déstabiliser tant les dialogues bénéficient d’une écriture souvent pompeuse et tortueuse. Presque réservé à une élite de penseurs, Solaris n'en est pas moins universel et à disposition de tous : que ferions-nous face à une entité consciente et apparemment intelligente dont la forme et le langage nous est à la fois inconnu et impossible à relier à quelque chose de familier ? Solaris est une planète océan en activité en constante activité, elle-même à la recherche d'un contact. Créatrice, elle peut faire émerger de son liquide des formes et des souvenirs enfouis venant des hommes proches d'elle. Porche du roman concernant la planète en elle-même et la complexité des rapports humains , l’adaptation est tout de même éloignée du roman beaucoup plus court, plus rythmé et plus poétique (le film de Soderbergh respecte bien plus le ton du livre). Trop désincarné pour transporter son spectateur et livrer avec justesse et sans prétention son message, Solaris demeure néanmoins un film-monde solide dont les quelques plans symboliques et/ou métaphoriques restent à déchiffrer. Les plans du retour de Kelvin sur terre (enfin... 

Le gros souci du film relève du rythme très lent, des acteurs engourdis, et de la torpeur globale qui se dégage du tout. Malgré tout, la formule est totalement cohérente avec son sujet mais l'abuse de certains plan-séquence qui paraissent durer une éternité nuisent au film (cf: voir la scène de la route en vue subjective de la voiture : presque 7-8 min à peine interrompus sporadiquement par quelques plans sur le personnage et l'enfant qui se trouve à l'intérieur). Le cinéma russe parait de toute façon très lancinant et correspond peut-être à la fonde de vivre et de penser du pays. toujours est-il que l'ennui pointe souvent malgré l'intérêt intrinsèque cosmique hypnotique alors qu'on voit pas un seul plan de la planète Solaris (sauf 5-6 plan très abstraits) ni de l'espace. Le long-métrage est un huit-clos spatial au design austère comme l'ensemble du film auquel on ne croit pas une seule seconde malheureusement (un psychologue en blouson cuir dans un vaisseau en orbite, pas d'appareils futuristes ni de commandes ni rien. Justes le même couloir qu'on revoit des dizaines de fois, des plans résurgents, des acteurs transcendés par la profondeur du film mais au jeu assez linéaire, assez retenu, figé et peu expressif : la vie est dépressive dès le début du film alors que la fin tend à démontrer qu'il vaut mieux revenir à l'essentiel, la Nature, la vie elle-même , l'Amour, les simplicités du foyer, de la famille, des proches plutôt que de tenter de pénétrer l'impénétrable, de comprendre l'incompréhensible, de saisir l’insaisissable, de se morfondre sur des souvenirs et un passé irréversible....
Le cinéaste russe ne transcende jamais son œuvre malgré la portée cérébrale. Heureusement, la technique rehausse l’ensemble avec une maitrise totale du plan-séquence intimiste , la caméra est mobile : lents travellings, l’objectif suit vraiment bien les comédiens, le réalisateur prend son temps, le film est très peu découpé. La narration est discutable : certaines ellipses ne sont pas très utiles alors que certaines scènes à rallonges auraient mérités d'être coupées. Ce qui me parait paradoxal c'est que l’atmosphère et le ton du film donne envie de se tirer une balle alors que les thèmes majeurs du film portent sur des émotions , des sujets et un constat final plutôt positif (quoique le plan final laisse songeur).
Pour marquer le coup et tenir la comparaison avec l’œuvre plus métaphysique et moins psychologique de Kubrick, Tarkovski utilise un morceau de Bach aux côtés d'un semblant de musique électronique plus en phase avec le scénario tortueux de Solaris. En complexifiant le message et la narration, Tarkovski ne délivre pas une œuvre sensitive ou émouvante ni visuellement léchée ou ambitieuse mais parfois volubile, pleine d’affliction, psychique et envoutante malgré une certaine pesanteur rebutante. Des décennies plus tard, la nouvelle génération auteurs de ce genre de films livreront des œuvres bien plus humaines, moins froides, moins raides, plus lyriques, plus enivrantes , plus spirituelles et artistiques : The Foutain, Solaris (2002), Enter the Void, The Tree of Life...| Film: Solaris (1972) Note: 9/10 Auteur: Val |
Film: Solaris (1972) Note: 7/10 Auteur: Olrik |
Film: Solaris (1972) Note: 5,5/10 Auteur: Alegas |
Film: Solaris (1972) Note: 8/10 Auteur: Velvet |

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