[alinoé] Mes Critiques en 2012

[Dunandan]

Il me donne envie ce film (grâce à tes captures bien choisies). J'ai le "narcisse noir" dans ma liste d'attente du même réalisateur, que je verrai très bientôt.

[Alegas]

L'Exorciste

Réalisé par William Friedkin et scénarisé par William Peter Blatty Avec Linda Blair, Ellen Burstyn, Max Von Sydow, Jason Miller, Lee J. Cobb Fantastique, USA, 2h12- 1973

8,5/10

Un classique du film d’horreur qui parvient à capter l’attention du spectateur, dès les premières minutes et réussit à ne plus la lâcher jusqu’à la fin. L’Exorciste distille un climat malsain et dérangeant à travers le combat contre un démon universel et intemporel corrupteur de l’Innocence. L’ombre menaçante de Pazuzu/du Diable plane sur le monde, des plaines arides de l’Irak aux paysages urbains de Georgetown et se joue des failles et des faiblesses des hommes.

L’exorciste appartient à cette catégorie de films, dont les images restent à tout jamais gravées dans la mémoire collective. A la première vision du film, comment ne pas être perturbé et choqué par la déchéance physique de cette adolescente, par son visage et son corps ravagés par les affres de la possession, par le flot de haine et d’obscénités qui sortent de sa bouche, par les scarifications et les mutilations et en particulier par cette scène de masturbation avec un crucifix. Autant d’images crues qui frappent le spectateur au cœur, car le Mal s’acharne sans raisons sur une enfant. On s’identifie aisément à cette mère ou à ces médecins et scientifiques en plein désarroi face à la douleur et à la descente aux enfers de Regan. Friedkin et Blatty jouent avec beaucoup de réussite sur notre angoisse de l’impuissance face à l’inconnu et à l’inexplicable.

L’Exorciste est bien plus un drame oppressant nimbé de fantastique qu’un film d’horreur effrayant. Par certains aspects, le film peut être vu comme une métaphore volontairement traumatisante et excessive sur les bouleversements du passage de l’enfance à l’adolescence. Il est surtout un drame humain dans lequel il est question de foi, de culpabilité et de rédemption. Les deux prêtres qui vont pratiquer le rituel de l’exorcisme sur Regan pour la libérer du Mal, luttent chacun intérieurement contre leurs propres démons. Le père Merrin est trahi par son corps, le père Karras est rongé par les remords et le poids du malheur de ses congénères, il a perdu ses convictions. Le questionnement sur la foi est au cœur de l’intrigue, sans pour autant faire de L’Exorciste un film sur la religion. Toute la scène de l’exorcisme, point d’orgue du film, est à la fois puissante, émouvante et éprouvante.

Le film bénéficie d’un scénario solide, d’une mise en scène réaliste, sans fioritures et efficace (superbe travail sur les bruitages et sur les éclairages), d’une composition envoutante, saisissante et inoubliable, ainsi que de maquillages qui impressionnent toujours autant près de 40 ans plus tard.

La première fois que j’ai vu L’Exorciste, j’avais l’âge de Linda Blair dans le film. Sa prestation m’a bouleversé et je me suis dit qu’il fallait être inconscient pour laisser une fille de 12 ans endosser un tel rôle. Car même s’il s’agit de maquillage et de SFX, il est impossible pour une enfant de cet âge de sortir psychologiquement totalement indemne d’un tel tournage. Ellen Burstyn est excellente dans le rôle de la mère, à la fois forte et fragile. Jason Miller est tout simplement parfait dans le rôle de Damien Karras, tout comme Max Von Sydow, dans le rôle du père Merrin, sorte de « preux chevalier vieillissant ». Par contre, je n’ai jamais vraiment apprécié la prestation de Lee J. Cobb dans le rôle du Lieutenant Kinderman. Un personnage beaucoup trop dans le registre de la parodie, sorte de cliché de « Columbo » qui ne colle pas à l’atmosphère inquiétante du film. Ses petites boutades humoristiques sur sa passion du cinéma, lui donne un côté « geek » avant l’heure qui semble totalement incongru et sans intérêt.

Un film incontournable du cinéma d’horreur, tant il y a eu un avant et un après L’Exorciste.

[alinoe]

Le Marquis

Réalisé par Dominique Farrugia Avec Richard Berry, Franck Dubosc, Jean-Hughes Anglade, Luisa Ranieri, Sara Martins Comédie, France, 1h28- 2011

1/10

Résumé : Thomas Gardesse, VRP en système d’alarme, est arrêté pour un fait mineur et envoyé en prison pour 6 mois. Afin de gagner le respect des détenus il se fait passer pour Le Marquis, un génie du casse dont personne ne connaît le visage…

Inutile de m’éterniser sur ce film complètement loupé qui reprend deux des thèmes privilégiés de la comédie française : le quiproquo et le duo emmerdeur/emmerdé déjà vu dans l'Emmerdeur, la Chèvre ou les Fugitifs. Il n’y a rien à sauver dans cette soi-disant comédie d’action, ni le scénario sans aucune originalité, ni les dialogues ineptes, ni les gags qui ne parviennent pas une seule seconde à faire rire, ni la mise en scène sans inspiration, sans rebondissements et sans rythme, et surtout pas les interprétations. Qu’est donc venu faire Richard Berry dans cette galère où il se montre totalement transparent. Franck Dubosc est nullissime et insupportable. Il n’a pas le talent nécessaire pour jouer dans le registre du burlesque. Jean-Hughes Anglade est horripilant en caricature de gangster et la prestation de Luisa Ranieri en gourde de service est totalement pathétique. Je me demande encore quel est l’intérêt de situer l’intrique à Manille, aux Philippines alors qu’il n’y a pas un seul plan large dans le film qui nous rappelle ce pays. Même si vous avez apprécié Camping, cette fois-ci la recette vous paraîtra totalement indigeste ! J’avoue que pour une fois, j'ai un peu utilisé la touche avance rapide de Canal + à la demande pour réussir à atteindre la fin de cette comédie sans intérêt qui s’éternisait bien trop. Dominique Farrugia mais où donc est passé ton humour ?

[Kareem Said]

Le Marquis a tout de même des passages rigolos. Vous êtes 2 à mettre 1. Perso je m'attendais à du crottin mais il livre la marchandise malgré tout, c'est poussif mais ça se consomme sans mal.

[alinoe]

Même avec la meilleure volonté du monde, je n'ai pas souri une seule fois. Même si j'admets que Franck Dubosc m'horripile, j'avais tout de même ri avec Camping, mais avec Le Marquis pas moyen.

[Dunandan]

Black Death

Réalisé par Christopher Smith Avec Eddie Redmayne, Sean Bean, Carice Van Houten, Johnny Harris, David Warner Médieval, UK & Allemagne, 1h37- 2010

6/10

Résumé : Alors qu'une épidémie de peste bubonique ravage l’Angleterre, Osmund, un jeune moine, accompagne un groupe de chevaliers mercenaires jusqu’à un village épargné par la peste où officierait une sorcière nécromancienne…

Ce sont les critiques positives lues sur le forum qui m’ont incité à voir ce film. Quelle ne fut pas ma déception de constater que la seule comparaison possible avec Le 13ème guerrier, le chef d’œuvre de Mc Tiernan était son ambiance faussement nimbée de fantastique.

Certes, Black Death bénéficie d’une reconstitution très inspirée d’un Moyen Age sombre ravagé par la peste, la désolation, la mort, la violence, la cruauté, les superstitions et l’injustice. En ce temps de désespoir, christianisme et paganisme se disputent le pouvoir de façonner les croyances et les esprits de populations apeurées. Le fanatisme est au cœur d’un film profondément pessimiste quant à la nature humaine, montrant la lente progression de son personnage principal de la foi vers la folie inquisitrice. Pour souligner son propos et distiller une ambiance inquiétante, Black Death peut s’appuyer sur une photographie sublime qui lui confère une froideur esthétique.

Malheureusement, je n’ai pas été convaincue par un scénario quelque peu bancal à partir de l’arrivée dans le village, plutôt avare en scènes d’action et surtout par des personnages qui manquent d’intérêt. Je n’ai jamais réussi à me sentir concerner par le destin d’Osmund, la faute incombe à Eddie Redmayne qui joue vraiment mal. Les différents mercenaires obéissent aux stéréotypes du genre, ce qui n’est pas forcément un problème, mais ils sont trop peu présents à l’écran. Le seul qui sorte du lot est Johnny Harris. Sean Bean est bon dans le rôle d’Ulrich mais son personnage est trop peu développé. En fait, le film m’aurait certainement plus passionné, s’il s’était centré sur l’histoire d’Ulrich plutôt que sur celle d’Osmund. Mention spéciale, néanmoins, à Carice Van Houten excellente dans le rôle de la nécromancienne. Côté réalisation, je me serais bien passée des passages en caméra à l’épaule qui bouge dans tous les sens et qui rendent illisibles certaines scènes.

En somme, voila un film qui se contemple mais dans lequel il n’y a pas moyen de s’impliquer, du coup l’ennui pointe légèrement. A voir, mais pas inoubliable.

[Alegas]

la faute incombe à Eddie Redmayne qui joue vraiment mal.

[alinoe]

Je le trouve totalement hermétique.

[Dunandan]

On a relevé les mêmes défauts (à part l'interprétation) et qualités, sauf que le sujet, l'ambiance, et la surprise du script, n'ont pas transcendé pour toi ces défauts.

[Milkshake]

la faute incombe à Eddie Redmayne qui joue vraiment mal.

Tu mérites la potence pour un tel jugement

[Dunandan]

Je viens juste de voir qu'il joue Jack dans la série "les piliers de la terre", pour ceux qui connaissent ce fabuleux roman !

[alinoe]

la faute incombe à Eddie Redmayne qui joue vraiment mal.

Tu mérites la potence pour un tel jugement

Franchement il ne transmet rien au spectateur, son interprétation est lisse. Pendant tout le film, j'ai eu l'impression d'être en face d'une coquille vide, du coup impossible de s'attacher ou de s'intéresser au sort du personnage. La part de subjectivité est très importante pour moi dans un film et si le personnage principal ne fonctionne pas et si de surcroît je n'adhère pas à son interprétation, il n'y a aucune chance pour que le film me plaise.
Des personnages comme Mold, Ulrich ou Langiva, pourtant particulièrement sombres et peu attachants sont bien interprétés, je parviens donc à me sentir concerner par leur destin.

Je viens juste de voir qu'il joue Jack dans la série "les piliers de la terre", pour ceux qui connaissent ce fabuleux roman !

Déjà dans les Piliers de la Terre, je ne le trouvais pas particulièrement bon.

[Dunandan]

Le Samouraï

Réalisé par Jean-Pierre Melville Avec Alain Delon, Nathalie Delon, François Périer, Cathy Rosier Polarl, France, 1h45- 1967

9/10

Résumé : Jeff Costello est un tueur à gages dont le dernier contrat ne s’est pas exactement déroulé comme il l’avait planifié, ce qui lui vaut d’être suspecté par le commissaire chargé de l’enquête…

Le Samouraï est une excellente série noire dans laquelle Jean-Pierre Melville, maître du cinéma policier cristallise toutes ses thématiques favorites : une dimension stylistique, un fatalisme et un pessimisme hérités du film noir, un personnage solitaire dont la vie est régie par un code d’honneur hérité du chanbara et son sens de l’épure visuelle et narrative.

Le cinéma de Melville est marqué par un sens du dépouillement de la mise en scène dans laquelle l’action ne doit pas être parasitée par les décors ou le spectaculaire. Dans le Samouraï, seuls importent, la précision des gestes, le souci des habitudes et du détail, ainsi que le professionnalisme méthodique du tueur dont la mécanique se dérègle peu à peu. Cette codification des habitudes est symbolisée notamment, par des scènes doubles : scènes du changement des plaques d’immatriculation, scènes du trousseau de clés et du vol de voiture. Comme un contre-point aux codes et aux règles qui déterminent le rythme de vie du tueur, Melville nous plonge également dans l’organisation qui guide les enquêtes de l’autre coté de la loi : arrestations, tapissage, interrogatoires, filatures. Melville base son œuvre sur un concept simple et efficace : un décor minimaliste, une histoire basique, un personnage emblématique. Cinéaste presque existentialiste qui utilise la mobilité de la caméra pour s’accrocher aux pas de son personnage, maître de ses actes et de son destin.

Tuer une femme est une mission inacceptable, contraire au sens de l’honneur de Jeff qui préfère choisir la mort (le seppuku) que le déshonneur.

Jeff Costello est l’archétype même de l’anti héros « melvillien », tigre solitaire, taciturne, indifférent face à la réussite ou à l’échec. Personnage méthodique dans son quotidien, précis dans ses gestes. Homme traqué, engagé dans un jeu du chat et de la souris avec la police et ses commanditaires. Ses errances sans fin pour « échapper » aux filatures, dans les rues et les couloirs du métro d’un Paris nimbé de grisaille, prennent des allures de « flâneries » mélancoliques qui le conduisent inexorablement vers un destin funeste. Typiquement « melvillien » jusque dans son code vestimentaire : chapeau mou, pistolet automatique, imperméable ou dans son quasi mutisme. Car Melville est l’antithèse d’Audiard, pas d’envolées verbales, juste des dialogues directs et secs sans superflus. Autant dire que dans le visage impassible et le regard glacial d’Alain Delon, Melville a trouvé la représentation idéale et parfaite de son Samouraï. A noter que le petit oiseau dans sa cage apporte une touche d’humanité à l’environnement ascétique du tueur. Cet oiseau solitaire est littéralement le reflet de Jeff, car comme tout oiseau en cage, dès que ses habitudes sont contrariées par une présence étrangère, il s’agite. François Périer, Nathalie Delon et Cathy Rosier sont également excellents dans les rôles respectifs du commissaire, de la maîtresse de Jeff et de la pianiste.

Enfin, Melville diffuse une tension lancinante qui s’appuie sur de discrets accords de saxophone, sur le souffle d’une respiration haletante, sur le cliquetis d’un trousseau de clés ou sur le pépiement inquiet d’un oiseau. Nul besoin de musique stridente ou envahissante pour marquer le suspense.

Le Samouraï est un polar fascinant et l’une des œuvres les plus abouties et emblématiques du cinéma de Jean-Pierre Melville.

[Scalp]

Alegas, tocard, t'aurais fait ta critique le film serait dans le top.

Sinon critique une nouvelle fois très bonne

[Val]

Ah bah j'ai l'intention de le voir dans la semaine celui-là. (j'avais déjà dit ça la semaine dernière ceci dit).