[Dunandan] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Dim 23 Fév 2014, 22:29

dunandan a écrit:et au pire mieux comprendre pourquoi on n'apprécie pas un film plus que ça en dépit de sa réput).


Oh une fois peut suffire. Faut pas que ça devienne un boulot non plus.
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Blood Diamond - 8/10

Messagepar Dunandan » Lun 24 Fév 2014, 01:50

Image
Blood diamond, Edward Zwick (2006)

Edward Zwick est un réalisateur que j'apprécie beaucoup. Quatre films seulement (avec Glory, et surtout Légendes d'Automne et Le dernier samouraï), suffisent pour se tailler une place de choix dans le ciné d'aventures digne des fresques historiques de David Lean, avec une photo qui capture de magnifiques paysages, un souffle romantique et épique qui s'en dégage, et une très bonne direction d'acteurs. On le lui reproche souvent d'ailleurs ce sentimentalisme, mais il n'oublie pas pour autant de souligner la contradiction de ses personnages qui vivent eux-mêmes dans un monde complexe gouverné essentiellement par les intérêts.

Il nous offre ici son récit le plus riche et le plus ample, surtout dans sa première partie où on nous bombarde d'informations sur la réalité géo-politique de l'Afrique autour de ce trafic de diamants, avec des habitants qui en paient le prix, et un cercle vicieux qui conscientise le rôle de chacun, de la base (les rebelles africains) jusqu'à son point d'arrivée (le consommateur), en passant par les distributeurs. Certes, les personnages paraissent souvent archétypaux avec le bon Africain qui souhaite seulement protéger sa famille, le mercenaire/trafiquant qui ne vise que son propre intérêt, la journaliste qui est une idéaliste en conflit avec son pragmatisme (il faut bien vivre), ou encore les chefs militaires qui sont tous mauvais, peu importe leur bord. Mais il s'agit d'un sujet rare au ciné, difficile à traiter, et Zwick s'en tire plutôt bien, malgré des incohérences et facilités narratives, pour offrir un bel équilibre entre film à visée politique et récit d'aventures au fond humaniste.

Une autre grande réussite, à part la densité de cette histoire et son ambiance (avec une générosité de détails sur la vie des africains et leur environnement, et une superbe musique de James Howard qui mêle rythmes éthniques et souffle romanesque), c'est la performance des acteurs. Di Caprio s'éloigne pour la première fois de ses rôles de jeune adulte, et apporte une véritable profondeur à son personnage torturé par ses contradictions, à la fois cynique, utilitariste, et dangereux (on y croit durant ses scènes d'action, très efficace et sans chichi), mais aussi finalement une victime du monde et de son passé traumatique. Bien que son évolution soit un peu abrupte, il parvient à la rendre touchante (ce final c'est vraiment du Zwick, on aime ou pas, mais il est très fort pour souligner les sentiments, l'émotion du moment). Au fond, la raison d'être du film est toute simple, symbolisée par ce maître d'école utopiste tiraillé entre son coeur (en principe, les hommes sont intrinsèquement bons) et sa raison (son expérience lui enseigne le contraire).

Deux autres belles prestations. D'abord celle de Jennifer Connely, toujours aussi charmante en journaliste qui use d'ailleurs de ses atouts pour parvenir à ses fins, avide d'un sujet en or, mais qui se révèlera plus complexe en brisant cette superficialité apparente par son engagement envers la cause africaine. Puis celle de Djimon Hounsou (son meilleur rôle avec Gladiator) qui livre un beau contrepoint à Di Caprio en incarnant ce père de famille qui garde sa simplicité, sa droiture, et sa naïveté jusqu'au bout, peu importent les horreurs qu'il affronte avec son fils (permettant une plongée dans la réalité de ces enfants-soldats, de leur manipulation psychologique). Beau final d'ailleurs avec ce qui devient un buddy-movie à mi-parcours, sacrifiant légèrement la complexité de l'intrigue au profit d'un récit d'aventure de dimension avant tout humaine, où l'émotion et les sentiments prennent peu à peu le dessus sur les intérêts égoïstes (de toute beauté ce plan symbolique sur le rachat du trafiquant).

J'ai toujours eu du mal à départager les films de Zwick tant je les j'apprécie pour différentes raisons, mais en me basant sur les mêmes qualités (casting, musique, contexte, photo, place des sentiments, etc.). Et avec Peter Weir, je trouve qu'il représente un peu ce qu'il s'est fait de mieux dans le genre historique/épopée humaine/romanesque depuis ces deux dernières décennies. En bref, une belle oeuvre au contexte fort et engagée.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 24 Fév 2014, 02:27

Mark Chopper a écrit:
dunandan a écrit:et au pire mieux comprendre pourquoi on n'apprécie pas un film plus que ça en dépit de sa réput).


Oh une fois peut suffire. Faut pas que ça devienne un boulot non plus.

En principe oui, mais parfois je sens que je n'ai pas tiré toute la substance d'un film et ça me frustre un peu (surtout que normalement ce genre de film ça me parle, mais peut-être que le nihilisme à la Fukasaku + ambiance eighties gay friendly ce n'est pas pour moi :mrgreen: ) ...

Cependant, je vois ce que tu veux dire :wink:.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar lvri » Lun 24 Fév 2014, 17:44

dunandan a écrit:L'image est un peu sombre, mais reste très correcte, les captures peuvent en témoigner :wink: (qui viennent du DVD vendu avec le BR)


Merci pour ton retour sur le bluray de The Crow !
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Condition de l'homme I, Il n'y a pas de plus grand amour (La) - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Mer 26 Fév 2014, 20:54

Image
La condition de l'homme I, il n'y a pas de plus grand amour, Masaki Kobayashi (1959)

Pour des raisons pratiques et humaines, j'ai rédigé cette critique en trois fois, ce qui en explique les légères contradictions. J'ai préféré laisser cela en l'état au lieu de les harmoniser, ce qui permet de montrer à quel point j'ai été conquis peu à peu par cette fresque gargantuesque (mais étonnamment, toujours fluide à suivre) dont la richesse et la densité pourrait seulement se comparer à des romans tels que ceux de Victor Hugo ou de Dostoïevski. Malgré la longueur de cette critique et dans l'optique d'un crash-test, j'ai essayé d'éviter de trop révéler le contenu du film pour parler surtout du traitement de ses thèmes et de mes impressions personnelles. Dernière remarque, il serait bien dommage d'abdiquer après la fin de ce premier opus (le plus difficile d'accès) tant la suite devient de plus en plus intéressante.

Image


La condition de l'homme, récit-fleuve à la durée monstrueuse de 9h30 divisé en trois parties, s'inscrit parfaitement dans la filmographie de Kobayashi, connu pour son humanisme et son anti-militarisme encore plus poussés que chez Akira Kurosawa. Ce film incarne à la perfection cette position politique aux extrêmes. Mais alors, que c'est long et pénible à suivre, le problème étant que ce cinéaste est un perfectionniste, et reprend le bouquin dans ses moindres détails. Sans avoir lu ce dernier, inscrit au patrimoine japonais (comme le film d'ailleurs), cette adaptation transpire en effet la transposition littérale, comme en témoignent l'hyper-théâtralité des dialogues et de l'interprétation, et la caméra statique, qui laissent assez peu de place à l'émotion dont ce film aurait bien besoin, en dépit de la gravité du sujet et de l'implication (variable) des acteurs. Dommage, car au fond, elle est bien cette intrigue qui met en scène Kaji, un jeune homme idéaliste et pacifiste envoyé en Mandchourie durant la seconde guerre mondiale avec sa femme, pour diriger une mine de charbon. Sa destinée d'homme va se jouer là-bas, tiraillée d'une part entre la théorie et son humanisme, et d'autre part la réalité du terrain avec l'exigence de ses supérieurs d'augmenter les taux de production au nom de l'effort de guerre. Se joue aussi l'établissement de son autorité.

ImageImageImage


Les enjeux et dilemmes moraux sont donc clairs, et ce film s'évertue à les opposer (de manière trop répétitive à mon goût) à travers différents protagonistes qu'on ne perd jamais de vue, notamment les prisonniers chinois et les prostituées. La posture anti-militariste du réalisateur est transparente, les soldats incarnant le recours ultime à la force, et le personnage principal, à l'image de l'allemand de La liste de Schindler, fera tout son possible pour éviter leur présence. Or, ce qui m'a fasciné, c'est de voir à quel point il est facile pour l'âme de se corrompre au contact d'un environnement donné, qui en est aussi la mesure, et peu importent les meilleures intentions du monde pour concilier les contradictions, notre humanité profonde exige parfois une décision tranchée. Un radicalisme d'ailleurs un peu trop appuyé qui pointe vers un certain misérabilisme (à la fin, on peut vraiment se demander ce qui peut arriver de pire au personnage principal), mais sans sombrer dans le manichéisme pour autant.

ImageImageImage


Cette première partie est donc riche en détails, dotée de personnages mis en valeur par des dialogues et des situations morales auxquels ils sont confrontés, où par exemple le troupeau de prisonniers chinois qu'on fait venir pour gonfler les effectifs de la mine finit par acquérir des visages humains différenciés, et où les prostituées (toutes les femmes en fait) montrent une force de caractère intéressante face au défaitisme des hommes, peu importe leur pays d'origine. Dommage que le déroulement soit si pompeux et redondant (plusieurs situations qui reviennent en boucle jusqu'à la rupture), sans presque aucune musique de fond, avec une réalisation austère qui donne parfois envie de se tirer une balle (par contre il y a un véritable boulot de composition de l'image, et un talent pour capter l'humanité ou l'abomination des moments-clés), et des séquences qui n'évitent pas toujours le ridicule involontaire (la drôle de prononciation des chinois, une révolution en mousse, ou cette foutue femme à la fin qui poursuit l'idéaliste avec son caillou). Dommage, car le sujet est au fond très beau, sur une époque peu traitée au cinéma de manière aussi profonde et ambitieuse, mais Kobayashi en fait juste un peu trop (encore une fois, la finalité m'a tué, qui peut se résumer ainsi : "ton humanité ou ton bonheur, fais ton choix").

A suivre ...

Premier film de la trilogie, qui porte sur les réalités sociales et politiques d'une mine de charbon. Un sujet pas toujours passionnant, un drame bien chargé au rythme parfois tendu, mais qui a le mérite de très bien développer les dilemmes moraux et humains auxquels le personnage principal est confronté.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mer 26 Fév 2014, 21:00

A la fin de ce film, si je voulais quelque chose ?

Image
ça ne s'invente pas :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar angel.heart » Mer 26 Fév 2014, 21:03

:eheh:

Ce que tu en dis associé à tes captures me conforte dans l'idée que ce doit être très beau mais très chiant.

En tout cas cas belle critique. :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mer 26 Fév 2014, 21:06

Oui c'est chiant, mais c'est de mieux en mieux. J'étais au début à 6.5-7, et à la fin (épisode final), j'étais à 8+ en termes de ressenti. Beau, chiant, mais finalement touchant et puissant. Objectivement ce serait le meilleur film de Kobayashi avec Hara-kiri, dommage qu'il dure 9h30 ...

Et merci pour ton retour :wink:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mer 26 Fév 2014, 21:21

Chouette texte Dun', avec de jolies captures (il a l'air fort ce Kobayashi), merci pour le retour :super:

J'ai bien envie de m'y frotter, je vais essayer de me motiver un de ces quatre pour la découvrir. Est-ce qu'il vaut mieux enquiller les 3 volets d'un coup ou on peut les espacer un peu ? J'imagine que ça doit être plus puissant quand on est enchaîne.

Dans tous les cas, ça va me pousser à découvrir l'oeuvre de ce réal, j'ai Kwaydan sur mes étagères, je n'ai pas encore eu la motivation de le regarder ^^
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mer 26 Fév 2014, 21:29

Merci Oso, ça fait plaisir :super:

Alors ce que j'ai oublié de signaler dans ma critique, c'est que les trois parties qui constituent ce film se suivent mais forment en même temps des chapitres bien à part. Ainsi tu peux très bien les espacer, mais effectivement la force d'impact (et la compréhension des enjeux) sera d'autant plus grande si tu te les enchaînes assez vite amha. Mais bon moi, si je l'ai fait, c'est parce que j'avais du temps, mais c'est quand même costaud ^^.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mer 26 Fév 2014, 21:34

Ok, merci pour la précision :chinese: Ça a l'air costaud effectivement, mais formellement il semble que ça envoie bien comme il faut :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mer 26 Fév 2014, 21:39

D'ailleurs j'ai vidé la moitié de mon pot de Nutella pour pouvoir tenir jusqu'au bout (surtout le premier film) :oops:.

Mais voilà je pense que ma comparaison avec les gros "monstres" de la littérature mondiale peut aider pour situer ce film aux ambitions non moins démesurées (sans que ça te décourage car l'histoire se suit sans trop de soucis, le rythme c'est une autre paire de manches).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Creeps » Jeu 27 Fév 2014, 00:15

Pour un film de 9 heures tu t'es pas foulé, chuis pas sûr que ce soit référençable :chut:
Je lirais ça demain :D
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar zack_ » Jeu 27 Fév 2014, 00:23

J'allais la faire :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Jeu 27 Fév 2014, 02:35

:eheh:

(et encore, je me suis retenu dans le nombre de caractères :oops:)
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