[Velvet] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Before sunset - 8/10

Messagepar Velvet » Jeu 04 Déc 2014, 10:46

Before Sunset de Richard Linklater (2003) - 8/10


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Avec Before Sunset, les souvenirs amers se sont emparés des doux rêves et la naïveté romantique a pris le chemin d’une réalité mélancolique. Quelques années plus tard, Richard Linklater retrouve Céline et Jesse, pour une mise au point existentielle. Une sorte de deuxième chance à prendre ou à laisser en forme de retrouvaille passagère et sans doute inéluctable. Les deux s’étaient quittés sur le quai d’une gare viennoise avec la promesse de se retrouver, mais il n’en fut rien. C’est alors dans la ville de Paris que cette destinée va reprendre vie. Physiquement ils n’ont presque pas changé, l’alchimie fonctionne toujours entre les deux.

Le sourire de Julie Delpy est toujours aussi rayonnant, et Ethan Hawke se cache derrière son assurance timide. Mais leurs chemins prirent des voies différentes, professionnellement et sentimentalement parlant. Lui est écrivain, elle activiste. Richard Linklater, à travers son faux couple, ne parle que d’une chose : le temps qui passe. Quel regarde a-t-on sur lui et comment le vit-on ? Les dialogues incessants sonnent comme une longue et douce mélodie, passant du rire aux larmes, dévoilent une fragilité touchante. Alors que faire de cette suite qui n’en est pas une, que raconter de plus ?

Tout. Il reste encore tout à vivre, tout à expliquer, à définir. Before Sunset reprend la mécanique de Before Sunrise, avec une caméra qui engouffre son duo dans une bulle, dans une atmosphère restreinte. Comme si rien ne pouvait les atteindre, comme s’ils étaient seuls au monde. Ils ne symbolisent alors que de simples illusions. Alors que leur première rencontre incongrue, dans Before Sunrise, était faite de joie, d’une insouciance juvénile pleine d’espoir, le ton s’est plus ou moins assagi ou assombri. Le passé est fait de joie mais aussi de rancœur et de désillusions. Derrière les sourires et la joie de se retrouver, de renouer un contact aussi fort, il sera alors question de l’un et l’autre puis de l’un avec l’autre.

Au fil de cette longue discussion, presque construite en temps réelle, la narration va évoluer, passant du je au nous. La simplicité du trait est toujours aussi véritable, Before Sunset a une variété d’émotions que n’avait pas forcément Before Sunrise, et c’est là, toute la force magnétique de cette deuxième rencontre. Sur une péniche ou dans un taxi, dans un café ou dans un parc, les remords reviennent faire surface malgré les circonstances. Un désespoir qui cache une envie de retrouver cette flamme. A l’image de cette magnifique dernière séquence qui fait miroiter tout un tas de sentiments en si peu de mots. Scène somptueuse de finesse, avec le regard d’un homme qui se laisse bercer par la danse minaudée de la femme de sa vie.
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Ligne rouge (La) - 10/10

Messagepar Velvet » Ven 05 Déc 2014, 16:06

La ligne rouge de Terrence Malick (1998) - 10/10


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Du haut de la colline, bien heureux celui qui décèlera le bien du mal. Dans les hautes herbes souillées par l’appas du gain de l’homme, les tirs sont fuyants, les pleurs commencent à jaillir, les cris s’écharpent dans un fracas se décomposant comme les cadavres laissés au gré des fumées. La nature est là, ne bouge pas, ne juge pas, est impuissance devant l’horreur conquise par une humanité désintégrée par la chair et le sang. Qui sommes-nous pour prendre la vie ou la propriété d’une antre paradisiaque quelconque? Où est le but de tout cela ? Pourquoi ne pas profiter de ce que la nature nous apporte ? Notre sentence ne serait-elle pas la pénitence ?

Terrence Malick, au vague à l’âme dépressif, signe là un testament, un chant du cygne du marasme de l’humanité. Avec sa science de l’image naturaliste éblouissante de beauté et ses confessions en voix off, sa volonté n’est pas de dénoncer la guerre. La ligne rouge est un long métrage sur le doute qui nous habite, qui nous consume, qui ne sait pas où nous guider. Malgré son casting de haut standing, Terrence Malick ne tombe pas dans la surenchère spectaculaire. L’enjeu ne se trouve pas dans la conquête ni dans la victoire, ni dans la dévotion à cette violence accablante, il se cache dans l’intimité du cœur de chacun de nous.

Le propos se dévisage de lui-même, et derrière une humilité spirituelle désarmante, Terrence Malick convoque la réflexion sur la place de notre espèce et la petitesse de l’homme dans son universalité grandissante. Il touche au plus profond de l’homme pour essayer de recueillir les émois du démon qui sommeille en nous et prend place sans que l’on sache pourquoi. Il donne la parole à ses hommes qui se dévouent pour la gloire ou la solidarité, pour la paix ou la guerre. Entre l’étourdissement des uns et la haine des autres, pourquoi avancer dans le peur et l’indécision, pourquoi se cacher dans une nature qui pourrait nous appartenir à tous.

La ligne rouge est un film de genre : celui de la guerre, avec ses séquences épiques explosives, son rythme sans relâche, ses tactiques militaires et ces hommes munis d’un casque et d’une arme affrontant la mort, loin de chez eux, loin de l’être aimé. Au lieu de tenir la main de leur famille, ses hommes tiennent le visage ensanglanté de leurs frères d’armes. Alors où est la reconnaissance, la bravoure dans tout ce chaos ? La guerre du Pacifique, les américains contre les japonais. La main sur le cœur et les yeux tournés vers le ciel, le réalisateur fait parler les âmes qui s’éclaboussent contre les vagues bouleversantes. Qu’est-ce que la ligne rouge ? Une frontière étroite entre la vie et la mort, la conscience et la morale, la chair et l’esprit, le sang et les larmes, l’âme et le corps.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar elpingos » Ven 05 Déc 2014, 16:12

:super: :super:

Pour moi le plus grand film sur la guerre (mais pas que).
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Ven 05 Déc 2014, 23:20

J'aime bien ce film, sûrement le plus supportable des Malick mais comme le reste je le trouve terriblement surcoté. C'est pas Apocalypse Now, quoi.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Ven 05 Déc 2014, 23:28

Belle critique Velvet :super: Je ne suis pas un gros fan des derniers Malick, mais ses premiers films m'ont marqué, et celui là plus que les autres. J'y adore le perso de Jim Caviezel (tout ce passage fantastique avec les "indigènes", magique) ainsi que l'approche que propose Malick de la guerre et ses ravages.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Sam 06 Déc 2014, 11:36

Pareil, j'aime beaucoup le traitement de son personnage.

Mr Jack a écrit:J'aime bien ce film, sûrement le plus supportable des Malick mais comme le reste je le trouve terriblement surcoté. C'est pas Apocalypse Now, quoi.


Les deux films amènent des dimensions différentes aux films de guerre. Apocalypse Now est plus psychédélique quand le Malick est plus bien humaniste (voire naîf ou mièvre pour certains).
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Creeps » Dim 07 Déc 2014, 00:21

Voire chiant :mrgreen:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar comICS-soon » Dim 07 Déc 2014, 01:19

Velvet a écrit:Les deux films amènent des dimensions différentes aux films de guerre. Apocalypse Now est plus psychédélique quand le Malick est plus bien humaniste (voire naîf ou mièvre pour certains).


Totalement d'accord. Et j'ai beaucoup plus d'attirance pour le Malick, top 5 facile. Belle critique :super:
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Hunger - 9/10

Messagepar Velvet » Mer 10 Déc 2014, 12:49

Hunger de Steve Mcqueen (2008) - 9/10


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Un seul mot : Hunger. Une claque visuelle qui laisse coi devant une telle maitrise déshumanisée, et pour laquelle, Michael Fassbender s’abandonnera corps et âmes comme il le fera pour Shame. Steve Mcqueen nous embarque dans un environnement cloisonné, où les corps et les esprits sont enchainés et dans l’incapacité de s’exprimer. Des détenus politiques (IRA) voient leurs revendications pugnaces s’éclabousser contre les murs repeints d’excréments, s’effriter contre le bruit des matraques qui résonnent contre les barreaux. L’homme est devenu un bourreau. Les révoltes vont alors éclatées et non sans conséquences. Derrière cette réalité politique difficile tant dans la prison qu’à l’extérieur de celle-ci où le terrorisme fait rage, Hunger dévoile avec minutie un visage à plusieurs facettes : à la fois terriblement plastique puis littéralement humain.

Steve Mcqueen ne prend pas parti, livre alors un film engagé sans l’être réellement, détournant son sujet pour composer une œuvre corporelle jusqu’au boutiste. Dans sa première partie, Steve Mcqueen préfère matérialiser sa construction autour de son esthétisme méticuleux pour nous faire rentrer de plus près dans cet univers carcéral violent où les coups pleuvent avec les forces de l’ordre devenant des passages à tabac filmés sans esquive. Les personnages ne sont alors qu’un prétexte pour codifier des thèmes narratifs. Proche de la démonstration cinématographique, avec ces peintures visuelles voyant les sols jonchés d’urine, Hunger est avant tout le film d’un esthète graphique, un penseur de la réalité cadré, mais qui a le sens de la narration avec une caméra qui sait prendre le sens de l’espace et faire vivre une panoplie d’émotions.

De la pénombre à la lumière, c’est une mise en scène au service de son propos car quand vient la deuxième partie du film, Hunger se désagrège, s’illumine dans l’obscurité, se réchauffe dans sa froideur, met un genou à terre où le combat ne situe plus dans l’affrontement physique mais dans le recueillement psychologique. Bobbie Sands, leader de l’IRA, présenté tel un martyr christique, est prêt à se sacrifier pour donner vie à son idéal. Hunger est une œuvre qui se dévoue pour le corps alimenté par l’envie d’en découdre servant alors d’arme par la même occasion. Mais pas que.

Comme dans ses deux œuvres suivantes, Steve Mcqueen étudiera avec brio la notion de liberté et d’enfermement corporel. Dans Shame, la destruction psychique et dépendante de Brandon automatisait l’utilisation de son corps par une addiction dévorante. Avec Bobbie Sands, le revers est différent, où l’esprit libre se détache de son enveloppe et lui permet de détruite son corps pour une cause qui le dépasse. Quelles sont les limites d’un homme face aux privations qu’on lui impose ? Il s’en impose de nouvelles pour dépasser sa propre condition d’humain.

La gravité est là, le dolorisme visuel l’accentue, quelques plans suffisent pour faire naître l’effroi où les sévices, les cicatrices deviennent des trophées d’humanisation. . C’est alors à travers un coup de force narratif éreintant, un plan fixe d’une vingtaine de minutes, Steve Mcqueen ne fait plus parler l’image mais laisse les mots faire rejaillir toute leur pureté et noblesse. Hunger, est un grand film sur la maltraitance d’un corps ayant comme conséquence l’élévation d’un esprit et de ce fait, fait de Steve Mcqueen, le réalisateur le plus fascinant découvert en ce début de 21ème siècle.
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Naked - 8/10

Messagepar Velvet » Ven 12 Déc 2014, 13:59

Naked de Mike Leigh (1993) - 8/10


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Johnny est l’homme qui murmurait aux oreilles des âmes déchues. Un parolier de la mélancolie, un poète macabre de l’apocalypse. Il est la petite voix qui se fraie un chemin dans votre esprit pour se questionner sur la douleur des plus faibles, pour se demander : pourquoi, à quoi bon ? Il s’incruste sans rien ne demander à personne. Mike Leigh est anglais, et même s’il fait parler les plus démunis dans son film comme peut le faire un Ken Loach, l’univers fréquenté par Naked est bien plus sombre, miséreux, balloté entre une mélancolie cynique et un désespoir bringuebalant. Le réalisateur ne laisse aucune place à une lumière guillerette. Naked, c’est tout simplement le périple urbain et nocturne de Johnny, qui va de rencontres en connaissances, sans aucun but précis outre celui de vivre parce qu’il le faut bien. Putain de vie.

Il traine son spleen philosophique et rigolard à travers sa caboche abimée par le destin. Mike Leigh crée là un monstre fantomatique, un être vagabond aussi pathétique qu’effronté. Un nihiliste parfumé par la crasse d’un Londres cauchemardesque. Cette ville de Londres, cette réalisation sensible et sublimement photographiée est le deuxième personnage d’un long métrage dont Johnny est le récit à lui tout seul : cette une existence qui tance ses nouvelles comme un oiseau de mauvais augure. La démarche de Johnny, sa capacité à se cacher derrière une verve incessante et grinçante fait penser à celle de Franck de « Série Noire » d’Alain Corneau.

On y retrouve ce même environnement austère et grimé par une misère des bas quartiers avec ces rues faiblement allumées et tristement crades. Même dans ces antres critiques, il y trouve une onde, une ombre qui le suit à chacun de ses pas. Mais Johnny n’est qu’un dialogue éthéré, pas qu’un simple affabulateur névrosé, il est aussi, un physique, une carcasse longiligne, morbide et violente, malmenant physiquement et sexuellement les femmes qui croisent sa route, comme si la psychopathie du personnage de Jean du film de Philippe Grandrieux (« Sombre ») planait sur sa tête.

David Thewlis délivre par la même occasion une prestation assez impressionnante de justesse avec une théâtralité que n’aurait pas reniée le cinéma de Patrice Chéreau (« Intimité »). Naked, c’est un homme nu de toute pensée positive, qui ne pense pas au début de la vie mais qui se tue à réfléchir de façon acerbe à sa finalité où l’ombre d’une fin du monde bénéfique pour l’humanité fait sa place dans son esprit. Il traine sa carcasse, affublé d’un long manteau noir. Johnny, c’est le mal être qui prend ses distances avec l’espérance.
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Brutal Hopelessness of Love (The) - 8/10

Messagepar Velvet » Lun 15 Déc 2014, 13:05

The Brutal Hopelessness of love (2007) de Takashi Ishii - 8/10


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Envolée cinématographique lynchienne sur l’introspection psychique d’une actrice au sentiment de culpabilité enfoui dans les limbes (Mulholland Drive, Inland Empire), The Brutal Hopelessness of love est une déclaration d’amour a une actrice. Mai Kitajima. Je ne connaissais pas ce doux nom, mais sans nul doute que ces syllabes me tarauderont l’esprit encore bien longtemps. Faisant un peu le même effet que Millennium mambo avec Shu Qi. Mais cette fois ci, c’est beaucoup plus dark, le dépassement de soi n’est pas juste esthétique, il est fusionnel, électrique si l’on puit dire. De ce fait, il livre un poème aventureux, fétichiste et masochiste, non sans sacrifice, qui demandera alors à la jeune femme de se mettre à nu sans retenu, pour qu’elle s’abandonne sans mesure à la caméra et faire corps avec l’image.

Pour qu’elle soit l’image, pour qu’elle soit le film. Elle a une emprise tentaculaire sur une œuvre à la complexité fortuite sur les souffrances féminines. Elle est l’objet du fantasme, son corps fantasmagorique est adulé ou maltraité, présenté comme un simple jouet de la domination des hommes ou comme une arme féminine qui s’amuse des pulsions de la société. Takashi Ishii en fait une icône martyre face à l’oppression masculine d’une société japonaise dont les fêlures sentimentales sont toujours aussi malades et désinhibées. Il est aisé de faire le pont entre cette œuvre et celle de Sono Sion, Guilty of romance, avec cette étude acerbe et charnelle de la place de la femme et de ses désirs dans une société gouvernée par l’autoritarisme sentimental et sexuel de l’homme.

Dans un visuel fait de néons sombres et translucides qui font éclater l’aspect glauque d’un film fort en tensions sexuelles, The Brutal Hopelessness of love est un écrin érotique violent et alambiqué qui rappelle fortement les œuvres de ses compatriotes Satoshi Kon, où les courbes avantageuses de Mai Kitajima se télescoperont avec percussion et délectation contre la mise en scène acérée et vindicative de Takashi Ishii. Le film de Takashi Ishii voit Nami (interprétée par Mai Kitajima), actrice japonaise en vogue, faire une interview pour parler de sa vie et des films dans lesquels elle joue (« Left Alone »).

La vie de Nami ayant de forte ressemblance avec la vie de son personnage dans (« Left Alone »), Takashi décide alors de prendre le même fil conducteur que Millenium Actress, c’est-à-dire une mise en abime entre la vie et la réalité où le cinéma se transforme en miroir de sa propre existence. Il sera au fil des minutes, difficile de lier le vrai du faux, le réel de la fiction, la sincérité de la folie. Que se passe-t-il devant nos yeux ? Un film dans le film, où une existence dans une fiction ? A l’instar d’un Perfect Blue, Takashi Ishii y délivre une critique acerbe sur la dualité du métier d’acteur où ce monde de starification incarne les déboires schizophréniques d’une artiste s’enfermant dans un fantasme identitaire destructeur et meurtrier.
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Ghost world - 7/10

Messagepar Velvet » Jeu 18 Déc 2014, 21:31

Ghost World de Terry Zwigoff (2001) - 7/10


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Ce film fait penser à la série animée Daria. Irrémédiablement. On entend par là que Ghost World s’inscrit comme une sorte d’ersatz du genre teenage movie où l’on ressent le même cynisme juvénile et cette désinvolture caustique et oisive chez son personnage féminin. Un portrait aigre doux de marginaux qui se voient laisser sur le bas-côté de la route de la norme sociétale, à l’image de cette prof d’arts plastiques intellectuellement ridicule, ou ce quidam dégainant à tour de bras ses nunchakus à la Chuck Norris. Se cachant derrière ses petites lunettes noires et sa coupe de cheveux au carré, Enid porte son regard affranchi sur un monde des adultes qui bringuebale avec facétie sa morosité solitaire que cela soit dans des soirées pour paumés ou dans l’industrie du travail.

Ghost World, c’est un monde, une ville fantomatique peuplée de gens esseulés, trainant avec amertume l’effondrement de leurs doux rêves de grandeur. Comme toute adolescente se pensant un peu anticonformiste et s’amusant à s’habiller punk des années 70’s, elle souffle, sourcille avec mépris devant cette jeunesse qu’elle comprend peu, se moque de tout ce qui s’octroie une place fortuite devant elle comme ce vieux couple qui ouvre leurs parapluies en pleine journée d’été. Fini le temps de zoner sur les bancs du lycée, elle doit découvrir le monde des adultes avec sa meilleure amie Rebecca.

Mais difficile de le faire quand on ne sait pas qui l’on est réellement et qu’on ne veut pas rentrer dans le rang. L’université, elles n’en ont rien à foutre. Dans cette Amérique développée par Terry Zwigoff, avec ses losers et ses freaks inoffensifs, où l’on verra immerger une relation maladroite entre Enid et Seymour, un vieux garçon collectionneur de vinyle, Ghost World dégagera sa finesse grisâtre. Enid développe chez elle une sorte de mirage de l’auto défense des relations sociales, ce qui ne facilite pas son insertion dans le microcosme du travail.

Alors que la société n’était pas encore surconnectée par son doux narcissisme, Enid va tant bien que mal essayer de trouver une femme à Seymour. C’est alors que va naître chez elle, un sentiment de jalousie. A travers ces petites saynètes de moments de vie, de déambulations, de tranches de vie aléatoires, c’est surtout la rencontre d’un homme qui essaye de sortir de sa torpeur et une fille qui voudrait se libérer d’un poids insoupçonnable. Ghost World, film grinçant et doucement ironique sur son adolescence et sa société. C’est fin, vivement amusé et tristement vagabond.
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Freeze me - 7,5/10

Messagepar Velvet » Dim 21 Déc 2014, 16:08

Freeze me de Takashi Ishii (2000) - 7,5/10


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Dès ce premier plan fantomatique, les cris de désespoir semblent se napper d’une couche insurmontable de neiges. La quête de bienêtre sera sans doute rédhibitoire, funeste supercherie impossible à atteindre d’où une vengeance inéluctablement sans effet sur Chihiro. Les morts ne parlent plus et n’ont plus le temps de d’absoudre leurs méfaits. La chute est lancinante mais visiblement inscrite dans son destin. Porté par la prestation tourmentée d’Harumi Inoue, Freeze me se réapproprie le « rape and revenge ». Avec violence. Pourtant, au lieu d’en faire une œuvre purement horrifique malgré ses excès sanglants parmi cette vengeance mortifère, le réalisateur japonais y intègre une dimension psychologique et sociale perturbante. Et l’horreur se positionne à cet étage du récit. C’est la toute la particularité et toute la qualité du long métrage.

Dans le non-dit, dans la détresse refoulée d’une jeune femme ayant subi un viol cinq ans auparavant dont l’acte nous sera montré implicitement puis explicitement avec une cruauté désarmante. Dans ce genre cinématographique bien particulier, il est souvent d’usage de voir les bourreaux devenir des victimes et inversement, où la femme chasse ses agresseurs comme un animal traquerait ses proies. Même si Freeze suit cette mécanique de narration à peu de chose près, Takashi Ishii ne cache pas son pessimisme en ayant la très bonne idée de confronter l’homme et la femme en tant que tels. La victime est une victime, jusqu’à la fin de sa vie. Les trois hommes vont rendre visite à leur victime pour fêter en quelques sortes l’anniversaire de cet événement qui les unit malgré elle.

Takashi Ishii fait de ces trois « rendez-vous » une possibilité à Chihiro de se venger violemment mais aussi et surtout d’immerger avec intérêt son récit dans la hiérarchie sexuelle japonaise et dans l’exercice de la soumission physique et psychologique entre l’homme et la femme de cette société. Chacun des trois hommes présentera sa propre vision quant à cet acte vis-à-vis de cette femme, entre acte de domination et attachement psychologique déviant vis-à-vis d’elle, comme une sorte d’appartenance lointaine et inavouable. Cette réapparition du passé enfoncera Chihiro dans la folie, qui avec le temps, se cloitra dans son appartement, lieu comme son esprit torturé, de toutes les méandres glacés qui la hantent.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Dim 21 Déc 2014, 18:01

Tu as rompu la chaîne des 7,5. Harumi Inoue vaut mieux que ça :mrgreen:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Dim 21 Déc 2014, 18:12

Bon, c'est vrai que Harumi vaut bien son petit 0,5 de plus. :chut:
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