[Olrik] Mes critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Ne Vous Retournez pas - 8/10

Messagepar Olrik » Lun 27 Avr 2015, 10:52

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Don't look now (aka Ne vous retournez pas)
Nicolas Roeg - 1973


La vie de Laura et John Baxter bascule le jour où leur petite fille se noie accidentellement. Néanmoins, bien que hantés par ce souvenir, ils poursuivent leur vie et se rendent à Venise où John doit s’occuper de restaurer une église. Mais très vite des événements étranges viennent bouleverser leur séjour. Une medium aveugle affirme à Laura qu’elle a vu la petite fille et lui annonce qu’un grave danger menace John. Celui-ci, sceptique, tournant en dérision ce spiritisme auquel croit sa femme, poursuit la restauration de son église sans se poser de questions. Mais un jour, il aperçoit de loin une enfant portant le même ciré rouge que celui de sa fille…


Depuis Mort à Venise de Thomas Mann (puis de Visconti), on savait que Venise pouvait être violemment putride. On retrouve cet aspect dans ce qui constitue certainement le chef d’œuvre de Nicolas Roeg, modèle de film fantastique misant avant tout sur la suggestion et l’atmosphère des lieux. Tout est malade dans ce film. Les personnages d’abord, Laura dont on apprend qu’elle est guettée par la dépression, mais aussi John dont la persistance à guetter et suivre l’enfant au ciré rouge témoigne de son obsession à refuser de faire son deuil du passé. « Don’t look now » c’est-à-dire ne regardez pas ces images que vous voyez maintenant et qui vous détournent d’un avenir plus serein (le titre français rejoint cette idée en insistant sur le refus de se retourner vers le passé). L’une des scènes les plus fameuses du film est celle où John et Laura font l’amour. Scène magnifiquement jouée (des rumeurs prétendaient à l’époque que Sutherland et Christie avaient fait plus que de la « jouer »), entrecoupée d’inserts montrant le couple au quotidien et accompagnée d’une musique donnant à leur acte une belle aura naturelle. Après, la scène dure et n’est pas sans susciter le malaise chez le spectateur qui se dit que ce bonheur est peut-être trop appuyé pour être honnête, comme si la mort de la petite fille avait flingué un je ne sais quoi dans la relation conjugale, relation qui essaye de faire « comme avant » mais avec un soupçon d’artifice, justement à l’encontre de cette naturalité de l’acte sexuel montré à l’écran.

Relation en apparence simple mais en réalité tortueuse. Tout comme Venise qui se donne parfois à montrer par des plans de cartes postales donnant une familiarité visuelle au spectateur, puis par des scènes durant lesquelles John se perd dans des méandres cloaqueuses de ruelles qui sont autant de représentations de l’esprit de John. Tout au fond de lui-même, il y a cette vision d’une petite fille en ciré rouge dont il n’arrive pas à se débarrasser. Il arrivera cependant à coincer la petite fugitive qui le ballade dans les rues de Venise. La rencontre sera terrible. Don’t look now, effectivement.

Bref Don’t look now est un beau film malade qui va moins chercher à terrifier qu’à distiller dans l’esprit du spectateur un malaise lié à tous les éléments du film (personnages principaux, secondaires, l’histoire, le lieu), le tout porté par un sens du cadrage et un montage rendant crédibles les phénomènes paranormaux. Un grand film fantastique et un beau film sur le thème du deuil.

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8/10


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- Une Venise de cauchemar
- Une réalisation au cordeau
- Le couple Sutherland / Christie
- L’ambiance.
- Une scène érotique audacieuse pour l’époque.


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- Peut-être quelques longueurs dans la deuxième moitié.
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West Side Story - 9/10

Messagepar Olrik » Mer 29 Avr 2015, 19:35

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West Side Story
Robert Wise & jerome Robbins - 1961


Version moderne de Roméo et Juliette se déroulant à Manhattan, d’après l’œuvre de Leonard Bernstein. Les Jets, menés par Riff, défendent leur territoire contre les Sharks, bande d’immigrés portoricains menés par Bernardo. Un jour, Tony, le meilleur ami de Riff, rencontre et tombe amoureux de Maria, la sœur de Bernardo…

West Side Story est composé de deux parties : le prologue… et le reste. Regarder WSS c’est l’assurance de se prendre en pleine face, dès le début, un générique de Saul Bass (mais c’est surtout celui de fin qui a de la gueule) et la plus grande ouverture de l’histoire des comédies musicales. Quasiment intégralement muette, la séquence de neuf minutes met en place la rivalité entre les Jets et les Sharks en offrant un spectacle total. Musicalement, chorégraphiquement et photographiquement, le film atteint d’emblée des hauteurs qui suffisent à la rendre légendaire. Normalement, des loubards qui font des pas de danse sur le bitume, cela aurait tout pour être ridicule. Ça ne l’est pas : à moins d’avoir passé des années dans une grotte à s’être maté Barbarians, Ironman VII ou Super Nichons contre mafia, on l’accepte tant les images s’impose avec l’évidence de leur classe. Et l’on se prend alors à rêver : le film va-t-il être tout le temps comme ça ? Eh bien non, hélas, il ne le sera pas. Mais le « hélas » n’a rien d’une fatalité. Dans cette version moderne de Roméo et Juliette, il faut accepter d’avoir une structure dramatique typique de l’opéra. Après l’ouverture, les actes qui alterneront les récitatifs et les moments musicaux. Plus classique donc, et ce sera l’essentiel du travail de Wise, l’homme de glace du duo qu’il formera avec Jerome Robbins, ce dernier laissant parler son tempérament volcanique pour composer des chorégraphies inoubliables avec cette multitude de silhouettes jeunes et racées en diable. Le film est long (2H30) mais difficile de se plaindre tant l’éclectisme des numéros permet une variété et une progression harmonieuse de l’intrigue.
50 ans plus tard, WSS n’a donc rien perdu de sa superbe, de son audace, de sa perfection et de sa noirceur. Amour et racisme, vie et mort, folie et sagesse, on brasse à pleines mains des concepts universels mais sans jamais ressentir le moindre effet de banalité. WSS reste une tragédie musicale étonnamment jeune et foutrement supérieure à ce qui a pu se faire par la suite, Dancer in the dark en tête.


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9/10


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- Les chorégraphies de Jerome Robbins.
- La zique de Bernstein.
- Eternellement jeune.
- On ne remerciera jamais assez le colonel Parker d’avoir dissuadé Elvis d’endosser le rôle de Tony. Avec tout le respect que j’ai pour le King, ça ne l’aurait pas fait.


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- Si l’on a évité Presley, il faut reconnaître que Beymer dans le rôle de Tony est un poil fade.
- On ne peut que rêver sur ce qu’aurait pu donner le film avec plus de pouvoir à Jerome Robbins (viré en cours de tournage). Mais peut-être que cela n’aurait rien donné...
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Alegas » Mer 29 Avr 2015, 21:34

Depuis le temps que je l'ai en BR celui-là, il faudrait vraiment que je le revois. Hormis la séquence d'ouverture, je n'en garde aucun souvenir.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Olrik » Mer 29 Avr 2015, 22:41

C'est aussi ce que je me suis dit avant de le revoir mais certains numéros ("Mambo", "America", "Cool") ne s'oublient pas comme ça.
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Maximum Overdrive - 2/10

Messagepar Olrik » Ven 01 Mai 2015, 10:41

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Maximum Overdrive
Stephen King - 1986


Lors du passage d’une comète dans le sillon de la terre, cette dernière se trouve entourée de radiations qui ont pour effet de donner vie aux machines et de se révolter contre leurs maîtres.

« Du sang et AC/DC, yeah ! » brament les thuriféraires du maître de l’horreur, l’absolvant par là sous prétexte d’un nanar réjouissant un objet filmique assez gênant, réalisé à une époque où King ressentait le besoin de casser une routine.

Pour le coup, la routine va être bien cassée. King se met en mode sale gosse entre les mains duquel tombe un beau jouet qu’il va mettre en pièces avec délectation. Ça peut être jubilatoire pour le spectateur, mais aussi risqué. Des machines qui se révoltent contre les humains, pourquoi pas ? Ça pourrait faire un chouette épisode de la Quatrième Dimension (« Allez vous-en, Finchley ! », dans la saison 2), mais un film d’une heure quarante, c’est plus problématique, surtout avec des acteurs aussi expressifs que de la mortadelle, des scènes répétitives et une subversion en peau de lapin qui ne va pas plus loin qu’un distributeur de billets qui traite son client de « asshole ». Par un juste retour des choses, le client en question est joué par King qui a beau jeu maintenant d’évoquer l’expérience Maximum Overdrive avec humour (lu dans une interview quelque chose comme « j’ai le droit de parler des nanars des autres puisque j’ai fait Maximum Overdrive »). Reste que le film peut se voir comme la bouse d’un trou du cul qui joue avec un langage cinématographique qui n’est pas le sien. Tout ce qui peut faire la force de ses romans (quand le père King est en forme) est ici évacué pour une pantalonnade qui peut certes faire sourire parfois (la cuisinière qui se fait agresser par son couteau électrique, c’est assez bon, du pur Benny Hill), mais qui fait surtout bâiller la plupart du temps.

Si Maximum Overdrive donne le droit à King de descendre les nanars des autres, il lui donne aussi celui de se taire sur les œuvres réussies des autres. Ainsi (évidemment), Shining dont il n’a de cesse d’évoquer de manière absurde la « fin froide » alors que lui avait imaginé une « fin chaude » (et après ?). Film chaud, MO en est un avec son quota d’explosions et sa grosse bande son qui vient tuer tout sentiment qui pourrait s’approcher de la peur. Moyen pratique de jouer la carte de la déconne (enfin, pas toujours car lorsqu’il s’agit de mettre en place la lutte d’une petite communauté, c’est plus sérieux mais tout aussi navrant) et de s’affranchir de toute critique, un peu comme si King nous disait « mais non, faut pas prendre ce film au sérieux, c’est une bouse faite par un trouduc hein ! d’ailleurs regardez la scène du distributeur Ha ! Ha ! ». Mouais, et si tu retournais plutôt à ta machine à écrire, Stevie ?

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2/10 (soit moins que l'Étalon Italien !)

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- Bien pour ceux qui aiment les gros camions
- Bien pour ceux qui aiment AC/DC
- Bien pour ceux qui aiment les morts crades etgrotesques

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- Affligeant surtout lors des scènes sérieuses.
- Humour cool à deux balles dans les dialogues (malheureusement pas si éloigné de celui que l’on trouve dans ses romans).
- La romance foireuse entre le héros et l’auto-stoppeuse.
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Jed_Trigado » Ven 01 Mai 2015, 10:47

Dans les +, t'aurais pu ajouter la scène d'intro quand même, elle est drôle. :mrgreen:
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris

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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Olrik » Ven 01 Mai 2015, 10:56

Tu veux dire la scène avec King devant le distributeur ? Mouais, c'est amusant mais tu vois, tant qu'à faire j'aurais aimé voir King dans un rôle plus consistant. Souvenir amusé de sa prestation dans Creepshow.
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Fantômas (1913) - 8/10

Messagepar Olrik » Jeu 07 Mai 2015, 09:50

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Fantômas
Louis Feuillade - 1913

Vol de bijoux chez la princesse Danidoff ! L'inspecteur Juve, mis sur l'affaire, ne tarde pas à suivre la piste de Fantômas. Quelque temps plus tard, elle le mène chez Lady Beltham, sous la coupe de l'étrange Gurn qui pourrait bien être Fantômas lui-même...

Belle initiative d’Arte d’avoir rédiffusé il y a quelques mois l’intégrale des Fantômas de Louis Feuillade restaurés en 4K. Après des décennies de rediffusions des films d’Hunnebelle on pouvait enfin voir les originaux dans des versions leur rendant pleinement justice. Surtout, ça faisait du bien de voir Fantômas, comprenez le vrai Fantômas, celui de Souvestre et d’Allain et pas les habituelles defunèseries. Car Fantômas, ce n’est pas ça. Le sang doit couler, les morts atroces doivent être enfilées comme des perles et Juve, loin d’être un bouffon, est le prototype du flic tenace et intelligent. Il faut bien ça pour tenir tête au génie du crime qui, lui aussi loin d’être à l’image du personnage des films d’Hunnebelle, apparait souvent comme un grand malade sur le plan des nerfs.

Bref, Fantômas par Feuillade, sans aller aussi loin que les romans (je parle en tout cas pour le premier épisode), c’est l’assurance de baigner dans une atmosphère crapuleuse faite de vol de bijoux, d’assassinat, d’usurpation d’identité et de condamnation à mort par guillotine. Ajoutons à cela le magnétisme enjôleur de Fantômas qui séduit Lady Beltham jusqu’à la faire aider l’assassin de son mari et l’on a un fidèle portrait de Fantômas. Voilà pour la restitution de l’esprit des romans.

Pour la réalisation, il est étonnant encore aujourd’hui de voir comment Feuillade, le maître ès spectacles cinématographiques de l’époque, dans la succession de Méliès, vise à l’efficacité narrative pour capter l’attention du spectateur. Structuré en trois parties et trente tableaux, le film condense en 54 minutes le roman de Souvestre/Allain et en utilisant pour chaque partie le minimum de pancartes. Les expressions faciales et les gestes des acteurs sont étonnamment précises et suffisent à rendre clair ce qui se passe à l’écran. Et l’on peut comprendre pourquoi Fantômas, roman ou film, a été à l’époque un succès fulgurant. A la fois prenant et inquiétant (l’utilisation des éléments de décors derrière lesquels sa cache Fantômas : la menace semble toujours rôder), le film met en place non pas des personnages mais l’idée du crime, chose délicieuse à une époque où mélodrame et théâtre du Grand-Guignol fonctionnaient à plein rendement.

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8/10

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- La musique de Tim Hecker, ambient inquiétante et atmosphérique à souhait.
- La mise en scène minimaliste mais totalement efficace.
- Le jeu précis des acteurs.
- Le vrai Fantômas.
- « Mais les films de Louis Feuillade, c’est toujours tout nouveau, tout beau, comme avant. » (Jacques Prévert)

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- Déception : on n’a pas la décapitation de Valgrand. Quitte à mettre en scène la crapulerie de Fantômas, autant aller jusqu’au bout.
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Mr Jack » Jeu 07 Mai 2015, 19:42

Putaing ça donne envie :super:
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You have to believe.
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Olrik » Jeu 07 Mai 2015, 20:02

Pas impossible que je m'enquille les quatre autres films. Et "les Vampires" du même Feuillade m'a tout l'air du même calibre, je verrai cela après...
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Fille de D'Artagnan (La) - 6/10

Messagepar Olrik » Lun 11 Mai 2015, 16:53

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La Fille de d’Artagnan
Bertrand Tavernier - 1994

Stupeur au couvent où se trouve Eloïse d’Artagnan, fille de l’ancien capitaine des mousquetaires du roi : un esclave noir y a été pourchassé et la mère supérieure qui tentait d’aider le pauvre hère a été froidement abattu. Eloïse a mis son nez rien moins que dans un trafic d’esclaves et de café, mais aussi dans un complot visant à destabiliser le roi. Elle quitte aussitôt son couvent pour aller prévenir son père…

Film historique, film de cape et d’épée, film hommage, film utilisant des personnages littéraires archi connus, cela faisait peut-être un peu beaucoup pour Tavernier. Certes, le projet n’a peut-être pas été exécuté dans les meilleures conditions puisque mis dans les mains de Riccardo Freda, vieux baroudeur du cinéma de genre, ce dernier, âgé de 84 ans, eut tôt fait de refiler le bébé à Tavernier pour cause d’ennuis de santé. Reprenant le projet au pied levé, Tavernier s’acquitta rondement de la tâche mais le résultat à de quoi laisser perplexe. C’est le souci du film hommage qui va jouer avec les codes d’un type de film, qui va les exhiber jusqu’à plus soif pour susciter la complicité amusée du spectateur. C’est sympa cinq minutes mais cela peut vite tourner à vide surtout lorsque l’on n’a pas une empathie particulière avec les personnages.

Et là, on arrive au deuxième écueil. On n’ira pas jusqu’à dire que le casting est foireux mais fatalement, lorsque l’on veut jouer sur le côté personnage vieillissant tout en leur faisant jouer des scènes d’action pour lesquels les vieux acteurs sont assez peu crédibles, ça fait tiquer (la scène de l’escalade). Ajoutons à cela des caractères qui, one more time, ne correspondent pas vraiment aux personnages originaux (soupir de lassitude). Pourtant, la situation de l’intrigue au début du règne de Louis XIV avait tout d’une bonne idée. On se trouve quelques années avant le début du Vicomte de Bragelonne, troisième et dernier volet de la trilogie des Mousquetaires de Dumas, roman dans lequel les quatre mousquetaires acquièrent une savoureuse épaisseur, notamment d’Artagnan dont Stevenson disait dans ce roman que l’homme tout entier « sonne comme une bonne vieille pièce d’or ». Une nouvelle fois, l’amateur de Dumas en sera pour ses frais et n’aura qu’à constater l’écart entre les acteurs (à la rigueur je sauverais Samy Frey en Aramis) et les personnages. Mention spéciale du n’importe quoi à Jean-Luc Bideau qui campe un Athos totalement dénué de classe, limite pouilleux...

A la décharge des acteurs, il faut reconnaître que les dialogues que leur fourgue Jean Cosmos ne les aident pas beaucoup. Certaines répliques fonctionnent, sont drôles, mais d’autres sont aussi franchement creuses (« M. d’Artagnan, je suis un de vos plus fervents admirateurs ! »), parfois trop relâchées, trop XXè siècle. On arguera que ce n’est pas si grave pour un film qui se veut un hommage au genre du cape et d’épée, le problème est aussi que parfois, on a l’impression que Tavernier louche aussi du côté d’un registre plus sérieux, celui qui viserait à restituer l’esprit d’une époque crépusculaire. Démarche intéressante mais qui ne va pas jusqu’au bout, polluée qu'elle est par des répliques balourdes. Bref on a l’impression d’un film gigogne qui n’a de cesse de changer la teneur du spectacle pour tromper les attentes du spectateur. A ce sujet il faut reconnaître que le titre est une splendeur. « La Fille de d’Artagnan » laisserait supposer que le fille en question va être le personnage principal. Or le titre peut aussi être compris de la même manière que si je disais « le chien de d’Artagnan », « le château de d’Artagnan », on évoque quelque chose qui lui appartient mais attention, le sujet principal c’est bien lui. A la rigueur ce n’est pas un mal tant je préfère un Noiret en d’Artagnan, aussi imparfait soit-il, à une Sophie Marceau dynamique mais un brin agaçante. Mais cela témoigne bien du brouillon d’un projet qui sur le papier était pourtant intéressant. On était dans la même lignée que Roger Nimier et son D’Artagnan amoureux, roman qui reprenait les personnages de Dumas, tentait d’en retrouver l’esprit tout en se laissant une part d’originalité. Voie qu’il faudra sans doute retenter un jour.


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6/10

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– le côté « french western » (western beaujolais diraient les américains ?)
– Les nibes à Sophie.
- La présence de Charlotte Kady pour les nostalgiques de Récré A2.
- Samy Frey en Aramis.
- Une photo soignée (notamment les scènes de chevauchée).
- Quelques répliques amusantes.

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- Des combats assez peu palpitants. Chose amusante, dans ses entretiens avec Noël Simsolo, Tavernier vante leur côté plus violent et plus physique que ceux dans les films d’Hunnebelle. Ça reste raté malgré tout.
- Le personnage de l’amoureux d’Eloïse.
- Des dialogues parfois foireux.
- Les nibes à Sophie (trop peu présents à l'écran)
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar pabelbaba » Lun 11 Mai 2015, 17:22

Je ne me rappelle pas de Bideau. :(

En revanche, les nibards de Marceau... :bluespit:

J'en garde quand même un souvenir sympathique avec de jolis décors et un paquet de trognes qui font plaiz à voir.
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Olrik » Lun 11 Mai 2015, 17:35

pabelbaba a écrit:J'en garde quand même un souvenir sympathique avec de jolis décors et un paquet de trognes qui font plaiz à voir.

Oui, en gros c'est ça. Tavernier l'évoque comme un pur divertissement qui manifestement lui a procuré un certain plaisir. Mais ce n'est pas un jalon important dans sa filmo. Dans un autre style mais pour rester dans le film à costumes, j'aimerais bien revoir un dimanche à la campagne...
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar pabelbaba » Lun 11 Mai 2015, 17:41

Là le cast est moins folklorique. :chut:
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Re: [Olrik] Mes critiques en 2015

Messagepar Olrik » Lun 11 Mai 2015, 19:11

C'est vrai, j'avais oublié, Sabine Azéma... et pas de caméo de Sophie montrant ses seins si je me souviens bien, hein ? Bon, à la réflexion je vais peut-être attendre...
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