[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 16 Oct 2015, 21:45

En checkant sa (très courte) filmo, je vois qu'il a débuté dans le dernier WKW. Le style pompier du film flingue complètement sa puissance :

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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Ven 16 Oct 2015, 21:49

:shock:

Ah ouais là tu m'apprends un truc, comme quoi un talent quand il est mal exploité on ne le remarque pas. Quel gâchis.
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 16 Oct 2015, 21:54

Le combat contre Donnie, je vais juter dans mon calbut :chut:

Quelques secondes dans le teaser :

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Omega Doom - 2,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Mer 21 Oct 2015, 18:55

Omega Doom - Albert Pyun (1996)


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Albert Pyun rend hommage a ses deux maitres a penser, Sergio Leone et Akira Kurosawa (dont il fut l'assistant d'ailleurs) en remakant a sa sauce Yojimbo : une unité de lieu, un décor post-apocalyptique qui est en réalité un village des pays de l'est (qui avait également servi au tournage du pourri Nemesis 4 et du sympa Adrénaline, eux aussi tournés la même année), deux clans de 3 cyborgs, une auberge et un vagabond solitaire, voilà le tour est joué. Oui mais non en fait, Pyun est un naif et pense qu'il suffit d'une photographie de premier ordre, de dialogues pourvus d'une philosophie de comptoir qui peine a tutoyer les thèmes de Blade Runner ainsi que quelques cadres léchés pour nous faire croire a un univers futuriste, sauf que le manque de moyens prend le pas sur toutes ses qualités. Si encore l'ambiance avait assumé ses défauts en allant vers du second degré total (quoi que les rares tentatives de punchlines sont pitoyables...) ou mieux de l'action bien foutue (chaque duel, j'avais envie de me facepalmer), j'aurais pu être plus indulgent devant ce cinéma fait avec foi et deux bouts de ficelles, mais réussir a rendre chiant un film qui dure 1h10 en dilatant façon Leone chaque confrontation sans la science du montage et de la tension qui caractérisait le maitre du western, je peux vous dire qu'on le sent passer le temps....

Même le casting pue méchamment, Norbert Weisser qui tente de faire de l'humour, les trois meufs cyborgs lookées a la Mireille Mathieu ou le cyborg black qui en fait des caisses (il se déplace comme un breakdancer, bruitages bionique des articulations a l'appui :mrgreen:) et Rutger dans tout ça...il se contente d'être là. Malgré ses intentions louables et ses rares éclairs formels fascinants de beauté au vu du budget (je doute qu'on ait dépassé les 500,000$ et la semaine de tournage :chut: ), Omega Doom fait partie des plus gros ratages du père Pyun car il a eu les yeux plus gros que le ventre, heureusement qu'après il enchainera le trio magique Mean Guns/Crazy Six/Postmortem qui sera son sommet artistique.

2,5/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar angel.heart » Mer 21 Oct 2015, 19:14

Ouais, bien faiblard celui-là.

Jed_Trigado a écrit:heureusement qu'après il enchainera le trio magique Mean Guns/Crazy Six/Postmortem qui sera son sommet artistique.


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Dernier dragon (Le) - 6,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 23 Oct 2015, 19:45

Le Dernier Dragon - Michael Schultz (1985)


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Un film que je n'aurais sûrement jamais vu s'il n'avait pas eu un statut aussi culte dans le monde du hip-hop, sans le porter aux nues, ce Dernier Dragon est pour moi une tentative amusante de faire renaitre la blaxploitation tout en s'assumant comme une vitrine promotionnelle pour la Motown (le film est produit par Berry Gordy himself, excusez du peu). Peu importe cette contrainte qui pourrait m'insupporter ailleurs, je kiffe ce label et cette musique, donc c'est plus du bonus qu'autre chose car ça donne un cachet 80's bien sympa avec une ambiance de vidéo clip où les cultures black et asiatique se mélangent (la scène du cinoche new yorkais où les mecs matent de manière collégiale Opération Dragon :love:) et une BO fun. Niveau histoire, le ton a le mérite d'être super léger, dès la scène d'intro avec le maitre chinois qui s'autoparodie, on a compris que le film ne serait pas un vrai kung fu pian, d'ailleurs excepté l'acteur principal, aucun comédien ne sait se battre et la réalisation est a l'avenant, c'est du bourre-pif bien classique a 10 contre 1 qui rappelle les beat em'up old school comme Double Dragon. On pourrait croire que la castagne est l'élément majeur du film, bien au contraire, je vois davantage Le Dernier Dragon comme une comédie pas très finaude mais quand même drôle grâce a ses personnages pittoresques qui en font des caisses comme le trio de chinois qui se prennent pour des blacks, la chanteuse pop rousse avec ses clips ringards et surtout LE bad guy du film, qui fait le grand écart entre classe et ridicule, Sho Nuff le Shogun de Harlem qui se paye des mimiques et des tenues pas possibles alors qu'il dégage derrière un véritable charisme de méchant.

A noter que des types comme WIlliam H Macy et Chazz Palminteri y apparaissent encore débutants dans des looks impayables (veste multicolore pour l'un et moustache fournie pour l'autre). :eheh:

6,5/10


En cadeau, un passage pabel approved :

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Bataille d'Alger (La) - 8/10

Messagepar Jed_Trigado » Dim 25 Oct 2015, 20:44

La Bataille d'Alger - Gillo Pontecorvo (1966)


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La Guerre d'Algérie reste un tabou typiquement français, ce qui explique le nombre faible de films ou de documentaires traitant de ce sujet, le fait de voir que la Bataille d'Alger est un film italo-algérien n'a finalement rien d'étonnant car celui ci, non content de raconter l'ascension et la chute du groupuscule terroriste FLN, il invite Yacef Saadi l'un de ses membres a donner sa version des faits et même a jouer son propre rôle ! Il n'en faut pas plus pour être convaincu de la démarche adoptée, qui sera forcément pas a l'avantage de la France, sachant également garder une certaine objectivité (le traitement du chef des paras français par exemple, qui reste un mec qui se contente d'obéir aux ordres quand bien même il pense que les algériens ne sont pas des ennemis) et un réalisme a toute épreuve avec une mise en scène très documentaire étonnante pour l'époque, où Pontecorvo arrive a simuler l'urgence de la situation. J'ai d'ailleurs pas mal pensé a un brouillon de l'Etat de Siège de Costa-Gavras, Solinas reprend son écriture où l'issue du récit nous dévoilée d'emblée et par l'absence véritable de personnage central, chose qui rassure sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une apologie du terrorisme mais une oeuvre anti-colonialiste où les deux camps utilisent la violence dans leur intérêt sans forcément l'approuver (les fameuses interrogatoires-tortures commises par l'armée française y sont abordées sans fard), surtout du côté du FLN qui montrent bien que c'est le seul moyen de se faire entendre face a un colon qui considère l’algérien comme un citoyen de seconde zone dans son propre pays, en fin de compte, la moralité du film est claire : pour les opprimés la liberté se paye toujours par le sang.

Malgré le manque de recul historique qui pourrait être préjudiciable au traitement du film, La Bataille d'Alger reste a mon sens le film le plus riche et authentique sur le sujet grâce a son scénario dense qui s'apparente a un cours d'histoire express sur les méfaits du colonialisme et la naissance des mouvements terroristes (tout le passage où le chef des paras explique le fonctionnement triangulaire de l'organisation FLN et les raisons qui font qu'ils sont très difficiles a capturer est juste passionnant), sur ce fait je vous conseille vivement la première partie du documentaire de Barbet Schroeder consacré a Jacques Vergès, L'Avocat de la Terreur, racontant tout le procès du triple attentat a la bombe des membres du FLN en 1957, qui est le seul "manque" objectif du film, histoire d'avoir une vision honnête et globale du sujet. :super:

8/10
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Train (Le) - 7/10

Messagepar Jed_Trigado » Dim 01 Nov 2015, 22:42

Le Train - John Frankenheimer (1964)


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Frankenheimer réalise avec le Train, une œuvre intéressante et assez éloignée de mes attentes, j'imaginais un pur film de résistant/commando qui miserait ses billes sur le fun et l'action, en réalité on est dans une forme de célébration de la résistance et de la France en général (il nous rappelle bien que John est un vrai connaisseur de notre culture), le film prend son temps pour installer ses enjeux et montrer de façon quasi-documentaire les techniques de sabotage employées avec l'emploi de longs plans séquences notamment. On suit donc le perso de Lancaster qui accepte une mission de sauvetage assez ardue nécessitant le détournement d'un train rempli d’œuvres d'art, en devant jouer sur deux tableaux, il risque a tout moment sa peau et celui de ses soutiens. Toute la longue séquence où il conduit le train est pas mal avec de bonnes idées de chacal pour narguer les nazis (les fausses gares) et un putain de bombardement en dur filmé en plan large, mais dans l'ensemble j'ai trouvé que Frankenheimer multipliait les personnages annexes pas forcément utiles a l'histoire (le perso de Michel Simon, montré comme un perso important et dont le sort est torché a la va-vite) alourdissant un récit qui aurait gagné a se faire plus resserré, a l'image de sa dernière partie qui transcende littéralement ce qui a précédé avec un Burt Lancaster en guerrier solitaire qui revient de tout (sa gueule dans sa dernière scène m'a mis sur les rotules :shock:), le montage alterné avec une réalisation ample est juste bluffant de tension dramatique.

Dernier léger regret, le choix de tourner l'intégralité du film en anglais est assez gênante en termes d'implication même si je pense bien que Burt ne causait pas un mot de notre langue. :eheh:

7/10
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Lobster (The) - 6/10

Messagepar Jed_Trigado » Dim 01 Nov 2015, 23:05

The Lobster - Yorgos Lanthimos (2015)


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Il fallait que je mette par écrit mon ressenti sur cet OVNI filmique insaisissable, au vu de la BA je savais que je n'allais pas tomber sur un truc sain d'esprit malgré quelques trucs qui m'ont gonflés et qui sont inhérent au style de film exploré par Lanthimos, j'ai trouvé sa proposition de cinéma assez amusante, comme si le bonhomme avait essayé de vriller a sa manière le film d'auteur en parodiant ses tics les plus évidents : les plans fixes interminables, la musique stridente au violon qui fout bien le cafard, les ralentis gratuits pour faire genre "je fais de la mise en scène" et les jeux d'acteurs outrés (mais dignes a ma grande surprise, excepté Léa Seydoux qui me désespère avec sa tronche de défoncée). Alors je reste partagé, foutage de gueule ou pas ? Au fond j'en sais rien et je m'en fiche, car derrière tout le délire de l'ensemble, je me suis retrouvé dans cette vision du monde déprimante où les relations amoureuses seraient vues comme du fascisme social, peu importe de ne pas aimer la personne avec laquelle on partage sa vie, il faut se conformer au moule avant tout. J'ai d'ailleurs préféré la première moitié du film qui m'a fait penser a un décalque de l'ambiance de Youth en mille fois plus barré (la scène de chasse des Solitaires filmée au ralenti :eheh:), la seconde s'enlisant parfois un peu trop dans le contemplatif chiant même si je trouve la fin très belle pour le coup. C’était pas ma came sur le papier donc, je reste mitigé pour vraiment pleinement kiffer mais je comprends aisément les amateurs du film et ça me donne confiance dans la découverte des autres films de Lanthimos s'ils restent dans la même veine comique assumée.

6/10
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Too many ways to be No.1 - 7,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 13 Nov 2015, 17:01

Too Many Ways To Be No.1 - Wai Ka-Fai (1997)


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La Rétrocession aura eu un effet paradoxal sur le cinéma de Hong-Kong, alors que la plupart des cinéastes en place pensaient que cette date allait marquer la fin d'un vent de liberté, le cinéma n'aura jamais été aussi créatif et en dehors des sentiers battus, comme si il n'y avait plus rien a perdre. La Milkyway Image reste la boite majeure qui a émergé a cette époque, menée par un certain Johnnie To qu'il n'est plus besoin de présenter mais également un autre réalisateur moins connu dont le talent n'aura jamais réellement traversé les frontières, Wai Ka-Fai. Et ça tombe bien Too Many Ways... est l'un des ses rares films qu'il a tourné seul, laissant éclater sa patte artistique très éloignée de son confrère avec une obsession récurrente du grand angle et des récits traitant du karma. Ici, l'histoire part un canevas génial, celui d'un gangster looser joué par Lau Ching-Wan qui doit choisir entre deux options qui vont changer radicalement le cours de sa vie et ces deux options nous sont montrées a la suite. Naviguant entre humour non-sensique et violence cash, Wai réalise un joyeux bordel qui part a fond dans son trip, en se lâchant complètement sur la forme avec une caméra baladeuse qui peut se faufiler n'importe où, a tel point qu'on se demande parfois comment certaines scènes ont pu se faire. Non content d'être une tuerie visuelle, le film se pare d'un chouette casting qui arrive parfaitement a inverser les rôles d'une option a l'autre (c'est une excellente idée d'avoir inclus le fait que les traits de caractère des différents personnages varient selon l'option choisie, ça change complètement l'approche et ça évite l'aspect redite d'un passage a l'autre) et enfin, je le trouve très raccord avec l'univers du réalisateur, le fait qu'il filme des Triades ne l'empêche pas de livrer sa vision du Bouddhisme où finalement la vie n'est qu'un éternel recommencement, malgré nos erreurs.

Un putain d'OVNI qui fait bien plaisir a voir en ces temps moroses où tout n'est que formatage et rationalité....

7,5/10
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Sunchaser (The) - 10/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 13 Nov 2015, 22:05

The Sunchaser - Michael Cimino (1995)


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"May beauty be all around me"


Il est encore difficile aujourd'hui de considérer l'ampleur de la courte filmographie de Michael Cimino, 7 films en 30 ans de carrière, c'est peu mais pourtant mis bout à bout (en dehors de Desperate Hours qui reste à ses yeux qu'une simple commande alimentaire) chaque film se pose comme une pierre d'un édifice artistique incroyable racontant à chaque fois l'histoire de l'Amérique à travers ses mythes et ses réalités , se posant cette question "Qu'est ce que veut dire être Américain ?". Un cinéaste qui a toujours subi l'incompréhension des critiques et des majors qui n'y voient pour les uns, qu'un gourou de l'Amérique réactionnaire et pour les autres, une perte considérable de temps et d'argent, raison principale pour laquelle aujourd'hui Cimino n'est pas prêt à retourner derrière une caméra, trop fatigué de devoir se battre pour ses idéaux. Mais tout cela n'est pas grave, car son dernier long métrage sera l'occasion de boucler la boucle une bonne fois pour toutes et condenser en deux heures tout ce qu'il n'avait jamais pu faire jusque là, tout en restant dans les codes du cinéma populaire américain avec ce road movie sur fond de prise d'otages qui va prendre des allures mystiques. Difficile pour moi de surpasser ce qui s'annonce comme une oeuvre-somme, le film le plus important des années 90 avec Dead Presidents, rien que ça.

Ayant enfin acquis l'indépendance qu'il avait perdue lors de la débâcle de Heaven's Gate avec The Sunchaser, Cimino n'en oublie pas son passé avec Dino DeLaurentiis et garde une trame narrative extrêmement simple, accessible pour le public normal (il y a beaucoup de degrés de lecture qui s'entrecroisent dans ce film, c'est remarquable). Sa mise en scène classique prend sens dans la caractérisation des personnages et de leurs rapports sociaux dans l'Amérique d'aujourd'hui, d'un côté un médecin bourgeois amateur de belles bagnoles et vivant une classe huppée et de l'autre un jeune délinquant de 16 ans, inéduqué au premier abord, vivant dans un climat social trouble et peu enclin à suivre les règles imposées par la société vont être mis face à face dans leurs différences et se rendre compte malgré eux du problème qui ronge l'Amérique d'aujourd'hui : le fait que cette terre d'accueil préfère cultiver l'indifférence et les inégalités, dans des futilités d'usage (appât du gain, carriérisme, égoïsme), là où beaucoup de réalisateurs prendrait un film entier sur la chose, il ne faut que 30 minutes à Cimino pour poser un regard lucide, plein d’amertume mais quelque part optimiste sur un pays qui perd peu à peu ses idéaux.
Le film aurait pu s'en arrêter là, mais la subtilité de Cimino est telle qu'il va employer une narration à rebours, comme un oignon dont on ôterait progressivement ses nombreuses peaux pour arriver au cœur, la pureté absolue de l'âme humaine. Plus nos compères avancent vers leur eldorado plus les enjeux matériels s'amincissent : le docteur attaché à ses objets, va balancer tout ce qui lui appartient, devenir moins donneur de leçons, tandis que Blue, lui va montrer une intelligence, une grandeur d'âme que n'importe quel être humain n'aurait pu soupçonner. Ils représentent le yin et le yang, deux opposés mais qui réunis sont quelque part le juste milieu d'une société telle que l'imagine Michael Cimino : une société égalitaire qui ne regarderait pas la race, n’effectuerait aucun jugement moral et s'attacherait à montrer ce que chaque individu à de meilleur en lui (Blue le montrera à plusieurs reprises).

Comme je l'ai dit le film adopte une narration à rebours, à travers le motif du road-movie, Sunchaser demeure à mes yeux un voyage dans le temps, où l'on passe des grands espaces urbains sans charme et sans vie de Los Angeles, aux bourgades rétrogrades qui furent le chainon manquant entre le Far West et l'Amérique moderne, jusqu'au réserves indiennes qui restent le dernier vestige ce qui fut l'Amérique d'autrefois. Car contrairement à ses congénères auquel il est souvent comparé comme Eastwood ou Costner, Cimino insiste lourdement sur le fait que l'Amérique n'est pas née avec les cowboys et tient à rétablir la vérité sur les fondements de la pensée américaine censée s'ouvrir aux différentes cultures et non les détruire (rien d’étonnant à cela, puisque l'Amérique est une terre d'immigrés en tout genres). Sunchaser parle aussi de croyance, dans le sens le plus large du terme, la différence entre le médecin et le prisonnier, c'est que l'un est cynique par sa formation et ne croit donc pas au mysticisme, alors que Blue base tout ses espoirs dessus pour espérer guérir de sa maladie incurable par la médecine traditionnelle, par là le film sous-entend qu'il vaut parfois mieux croire en quelque chose jusqu'au bout même si cela ne se concrétise pas, plutôt de rester les bras et réfuter la moindre parcelle d'espoir, c'est probablement la plus grande leçon qu'il aura a lui offrir et à nous spectateurs par la même occasion.
Difficile de retenir ses larmes devant un voyage aussi beau, plein d'espoir et qui nous donne foi en ce pays aussi bordélique que l'Amérique. C'est l’œuvre d'un amoureux, qui serait prêt à tout pour défendre ses valeurs nobles, merci pour tout monsieur Cimino, si seulement un réalisateur parvenait à atteindre un centième de la pureté de votre film, qu'il en soit loué et vous pourrez mourir tranquille.

10/10
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Studio 54 (Director's Cut) - 6/10

Messagepar Jed_Trigado » Sam 14 Nov 2015, 19:48

Studio 54 (director's cut) - Mark Christopher (1998)


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Bousillé par la critique a sa sortie, lui reprochant son ton consensuel inapproprié pour évoquer ce haut lieu de la décadence 70's, Studio 54 faisait partie de ces multiples projets sabotés par les Weinstein qui pensent savoir mieux que quiconque ce que voudrait voir le public. Pourtant, il est le director's cut tardif le plus étonnant de ces derniers temps, puisque non content de changer en grande partie le contenu du film au point de lui rendre son intégrité, il est soutenu et validé par les Weinstein ! Ces types là sont vraiment capables de tout....
Passé le préambule d'usage, Studio 54 explore les dessous de ce club mythique a travers le point de vue d'un jeune barman qui va gravir les échelons de la façon la moins classe qui soit, en plus de sombrer dans l'addiction sexuelle et la drogue. Narrativement, le film est assez classique, on est dans un rise and fall a la Scorsese avec de la BO disco en continu ce qui donne une ambiance sympa, même si la réalisation se fait vraiment très académique pour le coup (seule la scène où l'on découvre le club pour la première fois fait son petit effet) et que le casting est a la ramasse ce qui est emmerdant car on ne s'attache a aucun personnage et pire, on a du mal a croire a la déchéance de Ryan Philippe par exemple vu qu'il joue toujours de la même façon qu'il soit camé ou pas, seul Myers tire son épingle du jeu en patron de club escroc, pervers et manipulateur a qui tu confierais pas tes enfants (et pour ceux qui seraient tentés de l'accuser de cabotinage, je vous conseille de regarder des vidéos du vrai Steve Rubell, c'est vraiment lui :shock: ). D'ailleurs, je trouve regrettable ce choix de point de vue sur le perso de Philippe alors que le même film centré sur Rubell et ses magouilles avec la mafia, ça aurait été déjà plus interessant. Néanmoins, l'ambiance sex, drugs and disco est respectée et l'ensemble se laisse suivre sans déplaisir grâce a un rythme bien géré, même si on en sort avec l'impression que le vrai film sur cet univers reste à faire.

6/10
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Duellistes (Les) - 8/10

Messagepar Jed_Trigado » Mar 17 Nov 2015, 22:01

Les Duellistes - Ridley Scott (1977)


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Je vais encore me répéter mais le Ridley Scott des débuts n'a vraiment plus rien a voir avec celui d'aujourd'hui, ce pionnier du film publicitaire aura su intégrer ses codes au sein du 7ème Art avec brio grâce a ce souci de la belle image qui ne s'oppose jamais aux thématiques posées : ici, il prend des risques en allant tutoyer le grand Kubrick sur le terrain du film en costume et force est d'admettre que le monsieur savait parfaitement digérer ses influences pour mieux se les approprier. Les Duellistes est non seulement aussi beau visuellement que Barry Lyndon, mais il apporte quelque chose que Kubrick n'avait pas su faire, de la concision dans son récit. En 90 minutes, Les Duellistes pose tous ses enjeux sans qu'on ait l'impression qu'il manque quelque chose, c'est l'histoire d'une rancune éternelle qui va déchirer la vie de deux hommes a cause d'une broutille stupide, point. Loin d'être qu'un beau livre d'images, le film nous pose la question de l'honneur comme principe de vie absolu (Keitel en tête de mule est impérial) tout en développant un background interessant sur son fond historique avec une hiérarchie de l'Armée qui va évoluer au fil des années (notamment a travers les costumes portés, là encore la patte d'architecte de Scott résonne comme jamais, tout est dans les détails), ainsi qu'un regard assez dur les relations sentimentales des soldats qui demeurent vouées a l'échec de par leur statut instable (Carradine reste l'unique personnage vraiment attachant du film, car le seul qui agit de manière censé jusqu'au bout). Avec Amadeus découvert récemment, c'est clairement le meilleur film jamais tourné sur l'époque victorienne a mon sens.

8/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Mar 17 Nov 2015, 22:04

Je vais encore me répéter mais le Ridley Scott des débuts n'a vraiment plus rien a voir avec celui d'aujourd'hui


Qui aime bien châtie bien... Si je le tacle aussi souvent, c'est bien parce que ses derniers films sont honteux quand on voit le triplé de fou par lequel il a débuté sa carrière.
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Love - 7/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 20 Nov 2015, 22:53

Love - Gaspar Noé (2015)


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Ça devient une rengaine idiote a chaque fois, mais Gaspar Noé semble toujours réussir a faire frémir les cul-bénis de la presse ciné a base de polémiques sur les limites de ce qui est montrable ou non au cinéma, si jusque là j'avais toujours plus ou moins accordé le bénéfice du doute au bonhomme a cause du syndrome "scandale cannois" qu'on se farcit chaque année, Love lui a joué de manière un peu plus hypocrite sur ce statut pour faire parler de lui en criant a une forme de censure (ce qui est un non-sens puisque le montage disponible est bien celui validé par son metteur en scène), chose sur l'instant qui n'aide pas a vouloir aimer le film. Mais comme dirait l'adage, ne jugeons pas un livre a sa couverture et finalement bien m'en a pris d'avoir du recul sur ce bad buzz, car Love est dans la droite lignée de ce que Noé sait faire : un cinéma de l'extrême dans tous les sens du terme où la naïveté est le mot d'ordre, certes ça parle d'amour, mais c'est la conception de l'amour selon Noé, une vision qui ne plaira pas a tous puisqu'il confond allègrement amour sentimental et charnel.

Tout est dit avec le personnage principal dont on va vite comprendre qu'il s'agit de l'alter égo du cinéaste (en même temps c'est pas subtil, entre son métier de réalisateur et le fait qu'il porte exactement les mêmes fringues que lui :eheh: ), un gars qui en apparence semble avoir une vie normale avec femme et enfant et se retrouve par hasard replongé dans les souvenirs de sa plus belle aventure sexuelle, a la manière du cinéma de Nicolas Roeg, Love destructure le temps sans réel fil conducteur et laisse parler le plus possible les corps (car il faut être honnête l'une des plus grosses faiblesses réside dans le casting, loin d'être pro a qui on a demandé d'improviser la plupart du temps leurs répliques). Là dessus, c'est bel et bien le film que j'attendais, qui montrerait le sexe de manière belle la majeure partie du temps même si le film avançant en même temps que la relation destructrice entre Electra et Murphy, il ira crescendo dans la déviance entre baises sauvages dans des chiottes dégueulasses, des boites a partouzes ou une séquence assez malaisante avec un transsexuel, bref on est dans pas dans un pur truc masturbatoire au sens propre, bien qu'il est au sens figuré dans un sens puisque Noé s'est senti l'obligation de multiplier les auto-citations sur son œuvre et sur sa vie personnelle, chose qui a tendance a prendre le pas sur la pertinence du projet (Noé qui fait l'acteur c'est quelque chose et en plus il en profite pour bien peloter comme il faut son actrice principale :eheh:). D'ailleurs, il m'a semblé entendre quelque part que Love serait un film misogyne, si effectivement le point de vue est bien celui d'un homme et son regard sur les femmes qui va avec, je ne trouve pas que le personnage principal soit un parangon de vertu au contraire, il contribue réellement au caractère dépressif du film, celui d'un gars qui a fait la connerie de trop, consumé par son appétit sexuel inassouvi et en paye les conséquences, là dessus le film m'a vraiment surpris par sa noirceur totale. Après formellement, il n'y a pas grand chose a reprocher, Benoit Debie s'est surpassé en donnant une tonalité différente a chaque scène (le summum étant les lumières stroboscopiques de la boite a partouses. :love:), la réalisation a trouvé le juste milieu entre la mobilité et la fixité trouvant toujours le bon angle pour cadrer soit une émotion ou un acte sexuel, enfin la BO est probablement la meilleure jamais choisie par Noé, en compilant des BO insolites avec des titres psychédéliques et électro, si on m'avait dit un jour que le thème d'Assaut et la ritournelle des Frissons de l'Angoisse ferait des superbes musiques pour illustrer une scène de cul, je ne l'aurais pas cru !

Love a beau être agaçant par moment et bourré de défauts, il ne l'est pas plus que d'autres films de Noé et garde en fin de compte sa qualité première, celle d'une œuvre totalement sincère qui demande une certaine ouverture d'esprit pour vraiment l'apprécier.

7/10


Allez pour le plaisir des oreilles :

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