[Dunandan] Mes Critiques en 2017

Modérateur: Dunandan

Dragon gate inn - 5,5/10

Messagepar Dunandan » Mer 19 Avr 2017, 17:33

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Dragon Gate Inn, King Hu (1967)

Fruit du divorce consommé entre King Hu et la Shaw Brothers, c'est l'occasion pour le cinéaste de tourner dans la nature, ce qui offre à Dragon Inn l'une de ses plus grosses qualités. La réalisation est à ce titre très maîtrisée, nourrie de compositions de plan fignolées et dignes de citation (on dirait un western par moments malgré la remarque WTF du préfacier que King Hu cherchait à faire ici un James Bond). Nop, le problème est ailleurs, à commencer par le manque d'implication que j'ai eu avec les chevaliers qui auront à botter le cul de ces méchants eunuques venus attendre sournoisement un groupe de prisonniers dans une auberge. Ils sont pourtant bien charismatiques, iconisés et tout, surtout le premier d'entre d'eux lorsqu'il arrive l'auberge, d'où il ressort une tension palpable. Mais il ne se dégage simplement presque aucune émotion d'eux, ce que ne vient pas aider le motif de leur mission qui consiste platement à préserver une certaine droiture face à l'injustice représentée par ces eunuques, sans oublier les victimes dont on finit par se contreficher tellement ils sont transparents.

Autre soucis, les combats. Contrairement à ceux de Chang Cheh, ils sont plutôt bien découpés, mais alors en général les coups viennent à deux à l'heure, les échanges à l'épée sont bien trop courts, et l'action est souvent stoppée en plein élan (ça fonctionne mieux étrangement pour les prises plus fantastiques). C'était déjà présent ce genre de défaut dans Hirondelle d'or, mais là c'est d'autant plus voyant et dommage que la forme, ici, est encore plus travaillée. Au moins, il y a une certaine volonté de réalisme derrière avec aucun câble utilisé, du moins jusqu'au duel final (d'ailleurs assez bizarre ce cinq contre un qui prend une tournure quasi psychédélique avec le badguy qui a des hallucinations, mais au moins, comparé aux autres, il est assez long), mais le tout manque cruellement de naturel. Bref, la mise en scène manque clairement de patate de ce côté là, ce qui, en outre, vient alourdir le rythme de la seconde partie, la course-poursuite à la montagne (déjà pas fameuse à la base, ils se contentent de marcher et de se battre avec ceux qui se trouvent sur leur chemin, et ce, jusqu'au boss du fin), ce qui est vraiment dommage vu la beauté du cadre par moments superbement mis en valeur.

Dragon gate inn est donc quand même une belle déception au vu de ses intentions formelles, mais King Hu n'a pas su allier selon moi d'une part le réalisme dans le découpage de l'action (ce qui est, certes, une bonne idée en soi) au mouvement lui-même, et de l'autre une intrigue suffisamment accrocheuse (et pourtant, encore une fois, toute la séquence autour du vin à l'auberge était bien trouvée et amenée) à la forme, qui constitue l'intérêt premier de ce WXP (qui a été remaké je ne sais combien de fois par la nouvelle vague du genre), en avance sur ses contemporains concernant ce point précis, sachant qu'à ma connaissance les tournages en extérieurs étaient rares, voire inexistants. Reste à espérer que Touch of Zen, plus réputé encore que ce film (qui semble être plus une oeuvre de transition qu'autre chose), constituera une expérience plus concluante.

Note: 5.5/10
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Sword (The) - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 20 Avr 2017, 01:43

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The Sword, Patrick Tam (1980)
Mon intérêt pour The Sword est d'abord né de son statut, réputé pour avoir renouvelé le genre du Wu Xia Pian, bien plus encore que la modeste première tentative de Tsui Hark, Butterfly Murderers. L'histoire de The Sword se révèle, elle, plutôt classique, et ce n'est pas un mal tant elle s'inspire brillamment des tragédies grecques avec le motif du double, symbolisé principalement par l'existence de deux épées antagonistes que deux spécialistes recherchent ardemment et révélent les dilemmes humains les plus profonds sur la quête de l'amour, du bonheur, de l'accomplissement.

Pour comprendre le statut de The Sword, il faut donc surtout se tourner ailleurs, à savoir du côté du chambara par lequel il fut en effet contaminé à plusieurs niveaux, donnant lieu à une esthétique plus travaillée que jamais avec des cadres précis et tranchants comme un rasoir, une tournure nihiliste qui fait plus précisément penser aux films de Kenji Misumi et tout particulièrement le fiévreux Sabre du mal, et enfin une expérimentation intermittente sur les couleurs à la manière de Suzuki.

Et grâce à un canevas narratif encore une fois classique, The Sword ne ressemble jamais à un fourre-tout mais digère bien toutes ces influences. Sans oublier évidemment, le travail de Ching Siu-tung qui apportait lui aussi sa patte avec des chorégraphies à la fois nerveuses, aériennes, et raffinées, autrement dit investies d'un véritable sens du mouvement, constituant à mes yeux l'un des piliers esthétiques du nouveau cinéma hong-kongais. Bref, The Sword, bien qu'il ne surprendra pas les amateurs du genre outre mesure, faute d'une intrigue certes traitée de manière intéressante, mais encore une fois peu novatrice, demeure une expérience solide et tout à fait recommandable.

Note: 7.5/10
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 20 Avr 2017, 09:35

:super:

Patrick Tam, c'est un des réals les plus sous-estimés de l'ex-colonie britannique a mon sens.
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar Dunandan » Jeu 20 Avr 2017, 12:41

Je connaissais pas du tout ce réalisateur avant de voir ce film, il y a quoi d'autre de recommandable?
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar pabelbaba » Jeu 20 Avr 2017, 12:50

J'ai aucun souvenir de The Sword, alors que comme beaucoup je l'ai vu en même temps que Duel to the Death, qui m'a davantage marqué.

De lui je n'ai vu que The Sword, My Heart is that Eternal Rose et Final Victory et c'est pas foufou...
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 20 Avr 2017, 13:01

pabelbaba a écrit:De lui je n'ai vu que The Sword, My Heart is that Eternal Rose et Final Victory et c'est pas foufou...

Prends son message a revers dunandan. :super:
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar Dunandan » Jeu 20 Avr 2017, 13:07

Il y aurait The Nomad à rajouter à cette liste jusqu'à ce que je tombe sur ta critique :chut:.
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar angel.heart » Jeu 20 Avr 2017, 16:52

Jed_Trigado a écrit:
pabelbaba a écrit:De lui je n'ai vu que The Sword, My Heart is that Eternal Rose et Final Victory et c'est pas foufou...

Prends son message a revers dunandan. :super:


Pour le coup je me range du coté de Jed.
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar Dunandan » Jeu 20 Avr 2017, 17:24

Je tenterai alors ces deux là, merci pour vos retours :super:
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar pabelbaba » Jeu 20 Avr 2017, 19:30

De rien. 8) :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Messagepar Dunandan » Jeu 20 Avr 2017, 20:02

:mrgreen:
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Shanghai Blues - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 23 Avr 2017, 04:22

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Shanghai Blues, Tsui Hark (1984)

C'est la première fois que je découvre Tsui Hark dans une pure comédie de genre, et il réussit bien son coup. M'enfin, ce n'est pas tout à fait vrai, le ton est quand même globalement tragi-comique, même si finalement le comique prend le dessus, du moins jusqu'au final qui se révèle plutôt doux-amer, comme un certain The Lovers dont il reprend pas mal la logique narrative, en débutant par quelque chose de relativement léger pour ensuite nous achever émotionnellement, le sagouin.

On ne peut pas dire que Shanghai Blues soit le film le plus connu de Tsui Hark, et c'est bien dommage tant il traîne derrière lui un certain sentiment d'accomplissement, là où les précédents demeuraient assez bordéliques et expérimentaux. Et par delà ce sentiment de finition, ce qui m'a fasciné dans ce film, c'est qu'on y retrouve la fronde critique de L'enfer des armes (ça nous parle tout de même des difficultés de l'après-guerre de survivre à tous les niveaux, tant matériellement qu'affectivement), mais le tout transformé en comédie de moeurs. Le message n'en demeure pas moins puissant, surtout que c'est rythmé de bout en bout grâce à des comiques de situation gérées de main de maître, toujours parfaitement lisibles, percutantes, et drôles.

Au niveau de la réalisation, c'est aussi du beau, Tsui Hark nous offre tout simplement une magnifique fresque de l'époque des années 50-60, tant au niveau des couleurs, des décors, des costumes et des plans, très classes en termes de composition. Et encore une fois, les séquences comiques, à base de parties de cache-cache et de quiproquos, révèlent un sens de l'espace maîtrisé à la mécanique redoutable. Sans oublier les acteurs qui sonnent tous justes (et j'insiste sur ce point), aussi bons dans les séquences de drame que de comédie, avec des ruptures de ton qui nous font aisément passer des rires aux larmes (celles sur le toit et dans le train sont tous simplement magiques).

Certes, le coeur du film est relativement léger, reposant sur deux âmes soeurs qui avaient juré de se retrouver (ça se complique avec l'arrivée d'un second protagoniste amoureux, et franchement, il était pour moi impossible de les départager), et se retrouvent par hasard en se tournant autour comme des niais sans le savoir, mais ça fonctionne du tonnerre, avec une toile de fond toujours intéressante à suivre et riche en détails, où le pire est toujours évité de justesse mais du coup n'est pas moins montré du doigt. Selon moi, ce film est tout simplement ce que Tsui Hark a pu faire de mieux jusqu'à ses deux premiers films sur Wong Fei Hung, à la fois magnifique, drôle, et émouvant.

Note: 8.5/10
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Unchain - 7/10

Messagepar Dunandan » Dim 23 Avr 2017, 07:22

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Unchain, Toshiaki Toyoda (2000)

On retrouve tout de suite la patte de Toshiaki Toyoda dans ce documentaire où l'on suit une bande de losers s'essayant à la boxe qui y croient un max malgré les défaites encaissées. Ce qui peut surprendre lorsqu'on n'est pas habitué à ce genre de proposition proche de la réalité, c'est justement l'absence de success story qui en résulte. Certes, il n'y a pas que des bas, il y a aussi des hauts, mais le sentiment d'amertume prédomine quand même, en dépit des petites vagues de bonheur partagées qui vont droit au coeur. On y retrouve également de petites aventures bien tordues dans le genre (comme le running gag avec les selfies de fesses ou de parties génitales...), conduites par ce personnage à la fois hors-norme mais en même temps si commun à la nature humaine dans la description de ses contradictions, qui nous conduisent ainsi à quelques bouffées d'hilarité complices et bien légitimes.

Le fond est donc là, intéressant et captivant. Mais Toyoda ne s'arrête là en offrant un véritable travail de réalisateur derrière cet effort de reconstitution de tranches de vies tournant autour de l'échec de cette figure quasi anonyme de la boxe pourtant brûlante d'exister (comme l'attestent ces instants de grâce et de générosité satellisées autour de lui). Il ne se contente donc pas d'enchaîner les vidéos et les images d'archive en les intercalant avec des interviews comme il est coutume de faire, mais il se démarque du lot par des exercices de style, je pense surtout à cette compilation de photos d'où ressortent une impression de mouvement et une émotion perceptible.

Certes, si j'avais un gros défaut à soulever dans cette proposition somme toute modeste mais également terriblement authentique dans ses intentions, c'est l'impression, à mi-parcours, de perdre un peu le fil de l'intrigue, si on peut dire, qui se disperse au travers des nombreuses relations de boxe de Unchain (qui a donc donné son nom au titre du documentaire) que l'on arrête à un moment de suivre avant de le retrouver finalement en bout de bobine comme coach de ses poulains.

Néanmoins, malgré ses défauts et ses limites, Unchain est une oeuvre certes mineure de son auteur, mais transpirante de sincérité et d'amour pour ses personnages grandeur nature assoiffés d'une certaine reconnaissance jusqu'à toucher leurs propres limites dans la douleur et la déception, pour les redécouvrir ensuite dans toute leur humanité de manière rétrospective, comme lorsqu'on raconterait nos anciens faits et méfaits avec une certaine nostalgie habitée. Bref, voilà une petite perle dans le genre que je vous invite à découvrir, et pour le fan du bonhomme, il s'agit probablement du chaînant manquant entre Pornostar et Blue Spring, comme l'atteste cet aperçu d'espoirs certes brisés, mais intensément vécu et partagé.

Note : 7/10
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar osorojo » Dim 23 Avr 2017, 08:32

Cool, ça annonce du bon. J'ai le coffret aussi, commandé pour Unchain principalement, merci de me le rappeler :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2017

Messagepar Dunandan » Dim 23 Avr 2017, 08:43

Bon tu verras, la qualité de la vidéo n'est pas top (limite VHS par moments...), mais en ayant accroché à la plupart de ses autres films, ça devrait passer tout seul :super:.

Pour ma part grosse envie de me frotter à ses œuvres post 9 Souls, tout ticket est d'ailleurs la bienvenue ^^.
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