[Val] Mes Critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Rockatanski » Ven 10 Oct 2014, 10:42

Ca me donne sérieusement envie d'aller voir le film.

Excellente critique, Val ! :super:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Kakemono » Dim 12 Oct 2014, 14:57

Très belle analyse et critique Val. :super:
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Blue Collar - 7/10

Messagepar Val » Lun 13 Oct 2014, 21:02

BLUE COLLAR
Id.
- Paul Schrader - 1978

Image



Découverte très sympathique que la première réalisation de Paul Schrader, cinéaste que l'on connaît beaucoup pour ses scénarios pour Scorsese ou De Palma et auteur d'un œuvre étrange, entre fascination pour la contre culture et relents conservateurs hérités de ses origines calvinistes. Dans Blue Collar, on suit trois ouvriers de l'automobile qui vont tenter de faire bouger les choses à leur modeste niveau face à la corruption et l'inefficacité du syndicat. Mais, ils vont vite découvrir que l'on ne plaisante pas avec ces gens-là et le film montre comment ils vont tenter de se dépêtrer de la situation dans laquelle ils se sont embourbé eux-même. Certains décideront de résister tandis que d'autres collaboreront pour devenir les successeurs de ceux qu'ils fustigeaient hier.

Film complexe, refusant les compromis et les facilités idéologiques (ce qui lui vaudra d'être accusé d'être un film réactionnaire, à une époque où l'on ne pouvait concevoir qu'un syndicat, sensé protéger les petits, puisse être corrompu et pactiser avec les forts), Blue Collar s'inscrit parfaitement dans le mouvement du Nouvel Hollywood qui connaît alors ses derniers feux. Restituant avec précision le quotidien des milieux sociaux travailleurs qui tentent de trouver une voie pour améliorer leur condition, le film a un aspect documentaire très marqué dans la reconstitution du quotidien de cette usine de voiture.

Mais, n'oubliant pas sa volonté d'offrir un divertissement de qualité, le scénario sait se montrer captivant en nous rendant immédiatement sympathique ces trois bras cassés plein de bonne volonté (campés par les excellents Harvey Keitel, Richard Pryor et Yaphet Kotto) et grâce à la mise en scène inspirée de Schrader, dont on retient deux scènes haletantes : celle avec Yaphet Kotto pris au piège et la course poursuite nocturne finale.

Profondément nihiliste dans son constat d'une organisation du travail corrompue et sclérosée ou rien ne change et ou chacun est prêt à écraser son prochain pour tenter de s'élever un minimum et où les conflits sociaux sont orchestrés par les patrons et syndicats pour conserver leur place dominante. Un film très surprenant donc, à la limite du socialisme et à réhabiliter dans le cinéma US des années 70.


7/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 13 Oct 2014, 21:30

Il a l'air bien sympa ! Je me le note dans un coin :super:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Val » Lun 13 Oct 2014, 21:33

Découvert à l'occasion de sa reprise en salle depuis mercredi dernier. J'avais souvenir que Thoret en avait dit du bien dans le numéro consacré à Schrader de "Pendant les travaux...", émission où l'on apprenait aussi qu'il s'agit du film préféré de James Cameron^^.
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Horns - 5/10

Messagepar Val » Ven 17 Oct 2014, 19:29

HORNS
Id.
- Alexandre Aja - 2014

Image


Après son jouissif et déviant Piranha 3D, Alexandre Aja continue la période américaine de sa carrière avec l'adaptation d'un livre à succès signé par le fils de Stephen King. Projet plus populaire sans doute sur le papier, d'autant que le personnage principal est confié à un Daniel Radcliffe soucieux de casser l'image lisse qui lui colle à la peau depuis qu'il a remisé baguette magique et sortilèges. L'histoire est celle d'un jeune adulte qui se retrouve accusé du meurtre de sa petite amie et qui va devenir le bouc émissaire de la ville. C'est alors qu'il se réveille un matin affublé de deux cornes diablesques ainsi que du pouvoir de faire dire aux gens ce qu'ils pensent réellement et de lire leur souvenir. Il va donc se servir de cette nouvelle faculté pour mettre la main sur l'assassin.

Il y avait donc matière à offrir un spectacle original et généreux, ce que le film fait parfois mais, force est de constater que le résultat souffre d'un excès de styles, d'envies et de références. Horns est un film protéiforme, constamment sur la brèche, ce qui finit par le desservir. En effet, il semble que Alexandre Aja n'ait pas su quel ton il souhaitait donner à son film, passant d'une seconde à l'autre de la bluette adolescente lorgnant vers le pire que peux offrir le comédie romantique pour ados et le film fantastique décomplexé. A ce titre, les scènes où Ig fait l'apprentissage de son nouveau pouvoir son souvent drôles et surprenantes dans un film américain. Mais, à peine le film semble décoller que tout est arrêté net par un changement de ton au profit d'une idée kitsch (Juno Temple dansant sur Heroes de Bowie) ou vaguement conformiste. Les dialogues sont par ailleurs globalement très mauvais (la scène avec David Morse où il se « réconcilie » avec Ig : au secours!). On sent, l'espace de quelques minutes, l'influence de John Carpenter, et nul doute que le cinéaste ait voulu retrouver l'esprit des films du maître qui savaient critiquer la société américaine par le prisme de l'horreur. Aja avait d'ailleurs réussit en parti cela dans son précédent opus, mais ne parvient pas à renouveler l'essai.

Ainsi, il apparaît de plus en plus difficile de se raccrocher à quelque chose tant les passages mielleux viennent gâcher l'ensemble. Et ce n'est pas l'interprétation qui changera quelque chose à ce mélange foutraque qui finit par ne ressembler à rien à défaut d'être original. Reste quelques idées où Aja se rappel l'amour qu'il a pour le genre mais l'ensemble est beaucoup trop bancal pour susciter l'adhésion.


5/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar osorojo » Ven 17 Oct 2014, 19:37

Erf fait chier, j'aime bien Aja :( Mais bon, pour le coup j'avais aucune envie de voir celui là vu son sujet casse tronche, et tu confirmes :/
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Sidewalk Stories - 7,5/10

Messagepar Val » Lun 20 Oct 2014, 19:28

SIDEWALK STORIES
Id.
- Charles Lane - 1989

Image


Dans les rues de New-York, la foule passe sans remarquer les quelques vagabonds tentants de faire l'artiste, histoire de récupérer quelques billets. Parmi eux, un peintre dressant des portraits des passants voulant bien prendre le temps de s'asseoir à ses côtés. Le soir, il est le témoin du meurtre d'un homme accompagné de sa fillette. L'artiste recueille l'enfant et tente de retrouver sa famille mais le temps passe et il va devoir vivre avec elle quelques jours. S'ensuit une déambulation dans le New-York des sans abris, des désaxés, paumés et laissés pour compte. Ainsi, le film est plus une succession de « moments » qu'une histoire au sens classique.

Dans un noir et blanc empli de poésie et de mélancolie, Charles Lane signe un film profondément original. On pense évidemment au Kid de Chaplin pour la relation imprévue entre un vagabond et un enfant, mais on se rappel aussi le très beau Alice dans le villes de Wim Wenders. Entièrement muet à l'exception de la toute fin (il n'y a même pas de cartons pour faciliter la narration), le film recherche constamment à reproduire la magie du cinéma des origines : celle d'un cinéma maîtrisant complètement son langage, l'image, pour exprimer des choses profondes. Comme un poète exprimerait de grandes choses avec des mots simples, Charles Lane dresse un portrait fin et sensible de l'époque avec une simplicité confondante. Il alterne scènes humoristiques et tristes avec une réelle inventivité pour donner un cachet unique à son film et réussit à offrir son regard sur le monde tout en conservant une économie de moyen.

Sidewalk Stories, c'est l'histoire des laissés pour compte, de ceux que l'on ne voit pas dans les rues et qui tentent de s'en sortir avec leurs moyens, de ceux qui fuient la police par réflexe, de ceux que l'on rejette dans les lieux publics sous des prétextes fallacieux. C'est aussi un film sur les inadaptés à l'image de cette scène où l'artiste refuse de profiter de l'hospitalité que lui offre la jeune femme dont il vient de tomber amoureux parcequ'il ne s'estime pas à sa hauteur, lui que l'on a plus souvent rabaissé et rejeté qu'aimé. C'est aussi un film qui croit que tout est possible, que l'amour peut s'affranchir des différences et que la solitude n'est jamais une fatalité. Sans doute le résultat est-il parfois maladroit, tant dans son discours que dans son exécution, mais il est d'une si grande sincérité et humanité que cela rajoute au côté instantané, « dans l'urgence » du film et le rend extrêmement attachant.


7,5/10
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Sue perdue dans Manhattan - 9/10

Messagepar Val » Mar 21 Oct 2014, 19:07

SUE PERDUE DANS MANHATTAN
Sue
- Amos Kollek - 1998

Image


Nombreux sont les films a avoir traité de la solitude, de l'errance propre aux grandes métropoles. Mais peu arrivent à trouver le chemin pour traiter ce sujet avec toute l'élégance, la délicatesse et la sensibilité nécessaire. Sue perdue dans Manhattan, aujourd'hui injustement oublié après avoir remporté un joli succès d'estime a sa sortie, fait partie de ceux là. Amos Kollek parvient à saisir avec précision les sentiments de son héroïne pour livrer un bijou noir sur la difficulté d'être adulte et de vivre.

Sue n'est plus toute jeune, les années ont passées et son corps a subi les affres du temps. Cela ne l'empêche pas de l'offrir a la vue de quelques badauds un brin pervers en l'échange d'une modeste somme d'argent. Besoin d'argent ou ennui ? Sans doute un peu des deux. Le temps a tout emporté, sa jeunesse, ses rêves, ses amis. Elle s'est prise la réalité en plein visage et à du essuyer les plâtres de son retour à la réalité. On ne sait finalement que peu de choses de son passé. Elle a commencé des études de psychologie, s'est perdue et ne s'est jamais retrouvée. Les petits boulots se sont enchaînés, elle a quitté sa famille, ses amis sont partis vivre leur vie. Elle a sans doute été aimée des hommes mais comme tout ce qui a fait un jour partie de sa vie, ils ont fini par l'abandonner a leur tour. Et nous voilà face à Sue, ayant bien dépassé la quarantaine et se retrouvant seule dans Manhattan sans personne a qui parler ou avec qui échanger ses sentiments, ses peines et ses joies. Sur le point d'être expulsée de son appartement après plusieurs mois d'impayés, elle part à la recherche d'un emploi quel qu'il soit, n'hésitant pas à mentir sur ses compétences et son passé. Partout, elle doit affronter le regard de personnes hautaines se permettant de la juger parcequ'elle n'a pas vécue la vie qu'il fallait et qu'elle n'est pas rentrée dans les cases qu'il fallait au moment où il le fallait. Rien n'y fait, le monde n'a plus besoin d'elle et le lui fait clairement comprendre.

Sue tente alors de compenser sa tristesse en recherchant le contact avec les autres. Mais, cela est presque toujours voué à l'échec. Ses approches sont maladroites et le contact est souvent forcé, ce qui a pour effet de fermer instantanément ses interlocuteurs. Sans doute est-elle restée seule trop longtemps ou as-t-elle trop peur d'être rejetée une fois de plus. Toujours est-il qu'en faisant trop ressentir aux passants qu'elle croise sa détresse émotionnelle, elle en devient pathétique et accentue le rejet qu'elle ressent chez les autres et s'enferme un peu plus dans sa solitude. Alors pour tenter de changer la donne quelques instants, elle couche avec des inconnus, sa « façon de s'exprimer » selon elle.

Malgré cela elle finit parfois pas noué quelques liens avec des gens qu'elle croise. Mais elle est trop inadaptée, trop maladroite et ne s'est plus comment réagir quand arrive la chaleur humaine tant recherchée. Tout les passages où Sue tergiverse, ne sait pas comment réagir face à ces nouvelles connaissances dont la gentillesse la surprenne, sont bouleversant tant on sent qu'elle est sur le point de toucher à son but, qu'il lui suffirait de saisir la main tendue pour s'en sortir et refaire surface. Mais la peur de l'inconnu est sans doute trop importante pour oser se lancer et surtout pour oser aller mieux. Le film arrive en effet à décrire de façon très juste cette tentation de l'abîme, cette forme de complaisance que l'on peut avoir à rester dans un état qui nous rend malheureux, tout simplement car on ne sait pas faire autrement qu'être malheureux. Ainsi, même quand l'amour entrera dans sa vie, Sue ne parviendra pas à le saisir malgré les innombrables relances de son nouvel amant. Non pas qu'elle ne désire pas profondément être heureuse avec l'homme qu'elle a rencontré, c'est juste qu'elle n'arrive pas à croire que l'on puisse être sincère avec elle, que l'on puisse s'intéresser sérieusement à elle, autrement que pour son corps ou par politesse.

Le constat du film est donc très amère sur l'impossibilité de se sortir de cette mélancolie et de cette solitude dans lesquelles Sue a sombrer il y a trop longtemps. Anna Thomson illumine le film de sa présence, parvenant à exprimer une profonde tristesse sur son visage et n'hésitant pas à s'enlaidir au fur et à mesure du dépérissement de Sue. Elle parvient aussi à donner une forme de grâce, d'élégance à son personnage. Désespérée et perdue, Sue n'en garde pas moins une forme d'élégance du désespoir. Elle sombre avec panache en quelques sorte. Sue perdue dans Manhattan est donc un film profondément déprimant, un joyau noir qui nous interroge sur notre propre rapport à l'autre, sur notre solitude et sur notre incapacité à saisir les opportunités que la vie nous présente. C'est aussi un film sur la difficulté de trouver sa place dans une société normalisée où l'on ne veut pas des gens qui n'ont pas trouver la leur quand il le fallait.


9/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Kakemono » Mar 21 Oct 2014, 23:11

Un beau film effectivement, assez noir, porté par une magnifique Anna Thompson avec un jeu complètement hors du temps. J'en garde un souvenir assez fort et aussi très sombre. Je ne serais pas aussi dithyrambique que toi mais c'est un film à voir, assurément. :super:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar puta madre » Mer 22 Oct 2014, 07:26

Pareil que Kakemono: un très bon film, j'avais beaucoup aimé sans pour autant adorer. J'avais vu plusieurs films du même réal à leur sortie il y a une quinzaine d'années, tous avec Anna Thomson, mais plus rien depuis...
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Kakemono » Mer 22 Oct 2014, 23:20

En suivant j'avais vu Fast Food, Fast Woan, toujours d'Amos Kollek et avec Anna Thomson, et là encore j'avais été séduit. Un peu plus axé comédie mais assez sympa aussi. Mais j'ai pas pas continué à découvrir le cinéma de Kollek par la suite.
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Val » Jeu 23 Oct 2014, 00:00

Je note pour Fast Food, Fast Woan :super:
Je ne connaissais pas Amos Kollek, ni Anna Thomson mais j'ai très envie de poursuivre l'expérience après Sue. Pour ce qui est du côté dithyrambique de mon avis, j'avoue que j'ai tendance à m'emporter un peu et à être peut-être trop lyrique quand un film m'a touché, surtout sur ce style de thème.
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Priscilla, folle du désert - 9/10

Messagepar Val » Lun 27 Oct 2014, 20:42

PRISCILLA, FOLLE DU DÉSERT
The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert
- Stephan Elliot - 1994



Image Image Image



Les visions successives ne semblent pas porter préjudice à l'enthousiasme que l'on ressent devant le génial film de Stephan Elliot. Pourtant, avec son exubérance et son overdose de musique disco, le pari était loin d'être gagné, de même qu'avec son sujet qui aurait facilement pu laisser place à un pensum larmoyant. Le cinéaste parvient à éviter tous les pièges qui jalonnent son chemin et livre une comédie pleine de charme, d'amour et d'humour. Prenant pour prétexte le voyage de deux drag-queens flanqués de leur amie transsexuelle pour rejoindre l'épouse de l'un deux à l'autre bout de l'Australie, le film est un road-movie qui s'amuse à perdre ses personnages dans le bush australien pour mieux les amener à se révéler tels qu'ils sont vraiment. Ainsi, nos héros/héroïnes croiseront sur leur chemin le rejet, l'amusement, l'amitié et même l'amour sans jamais tomber dans le pathos ou la critique facile. Bernadette, Mitzi et Felicia ne sont pas du genre à se laisser aller à pleurnicher sur leur condition, elles ont appris à encaisser et à se relever avec humour et panache de chaque chutes.

Le film ne perd pas de temps pour présenter ses personnages et le voyage démarre dès les premières minutes du film et c'est au cours de ce périple que les personnalités se dévoilent et que chacun des personnages laisse apparaître ses failles et ses blessures. Mitzi va donc rejoindre son ex-épouse et angoisse à l'idée de ces retrouvailles et surtout à l'idée de revoir son fils et de savoir quelle sera sa réaction face à la vie marginale de son père. Mitzi, elle, se remet difficilement de la mort de son jeune amant auprès de qui elle pensait avoir enfin trouvé le calme et la stabilité mérités après une vie de choix parfois difficiles à assumer. Felicia, la plus extravertie vient compléter le trio et se révèle au cours du voyage la plus fragile derrière ses excès, puisqu'elle n'est pas encore assez armée pour se défendre des attaques qu'elle ne soupçonnait pas rencontrer une fois la ville quittée.

Mais ces éléments ne sont qu'évoqués avec élégance et pudeur pour laisser place à ces fortes têtes qui laissent exprimer toute leur personnalité haute en couleur avec une énergie débordante. Ce sont des caractères entiers qui ne laisseront pas indifférents les individus qu'ils croiseront. Le film parvient à rendre attachant dès les premières minutes ces personnes pas comme les autres et qui, malgré les vacheries qu'elles se lancent à la figure à longueur de temps, font toujours preuve de solidarité et d'un grand amour les unes pour les autres. La partie dans le bush australien permet de mettre en valeur ce magnifique paysage presque fantastique et offre des scènes improbables mais très belles à l'image du bœuf improvisé entre nos drag-queens et des aborigènes réunis autour d'un feu de camp. L'interprétation est dominé par un Terence Stamp royal, visiblement content d'aller à contre sens de son image de sex-symbol du Swinging London et qui compose une Bernadette délicieusement cynique et pince sans-rire, adepte de la phrase qui tue. Stamp use à merveille de son accent et de sa stature aristocratique pour finir de rendre ce personnage mémorable. A ses côtés, les débutants Hugo Weaving et Guy Pearce démontrent qu'ils étaient déjà d'excellents acteurs, pour preuve : on oublie complètement leurs rôles postérieurs qui ont fait leur réputation.

Priscilla, folle du désert est donc l'exemple typique du feel-good movie, ce genre de bobine capable de vous redonner la pêche instantanément par son portrait plein d'élégance de trois individus en marge débordant d'humanité et souvent très drôle. Le film n'est probablement pas un chef d'oeuvre, d'ailleurs, il apparaît juste comme un film « sympa » à la première vision. Et pourtant, on se surprend à avoir régulièrement envie de le revoir, comme on rend visite a des amis que l'on n'aurait pas vu depuis longtemps, histoire de prendre une bouffée d'air revigorante.


9/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar elpingos » Mar 28 Oct 2014, 09:36

:super:

Ouaip, super film !
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