[alinoé] Mes Critiques en 2011

Modérateur: Dunandan

Memories of Murder - 9,5/10

Messagepar alinoe » Jeu 24 Fév 2011, 20:58

Memories of Murder

Réalisé par Bong Joon-Ho

Avec Sung Kan-Ho, Kim Sang-Kyung, Byun Hee-Bong

Thriller, Corée du Sud, 2h10 - 2004

9,5/10


Résumé : En 1986, dans la campagne au sud de Seoul, des femmes vêtues de rouge sont violées et assassinées, les soirs de pluies.

Ma deuxième incursion dans le thriller coréen après The Chaser. Deux films chocs à propos d’un sérial killer mais différents dans leur approche. Memories of Murder est un polar aux allures de comédie noire, dans lequel Bong Joon-Ho mêle avec subtilité le macabre, la violence, la satire, l’absurde et le burlesque.

Basé sur un fait divers réel, celui du premier tueur en série de la Corée du Sud qui sévit entre 1986 et 1991, le film se feuillète comme une chronique de la vie ordinaire avec ses maux du quotidien bouleversée par l’intrusion d’un fait divers horribles.

Derrière une enquête chaotique se profile une critique de la société coréenne au temps de la dictature. Le film distille une atmosphère nimbée de paranoïa avec une population qui vit au rythme des exercices de sécurité et de la répression des mouvements socio-contestataires. Le bazar qui règne sur les scènes de crimes, les méthodes désuètes et souvent violentes de la police locale, l’incompétence généralisée sont autant de miroirs qui reflètent sur le ton de la dérision, les travers d’un système dictatorial archaïque, violent et usé qui ne parvient pas à se remettre en question pour résoudre les problèmes de société. Alors qu’un tueur en série sévit, toutes les unités de la police sont monopolisées pour le service d’ordre d’un ministre !


L’histoire progresse lentement au rythme des meurtres, oscillant entre les investigations aux méthodes musclées d’un duo de flics de la campagne et les investigations aux méthodes scientifiques d’un flic de la capitale.
    D’un côté, un détective quelque peu oisif, peu dégourdi qui croit disposer d’un don intuitif pour débusquer les criminels et les meurtriers, un brin égocentrique et pas mauvais dans le fond, qui symbolise l’incompétence d’une police mal formée et disposant de peu de moyens. Il a bien consciences des limites d un système archaïque, lorsqu’il tente vainement de conserver intact les scènes de crimes. Persuadé de tenir à chaque fois le coupable, il use de tous les moyens, avec l’aide de son coéquipier porté sur la violence pour les faire avouer : fabrication de preuves, interrogatoires musclés, aveux forcés… S’ensuivent une série de scènes insolites, telle la dégustation de nouilles ou les commentaires du générique d’un feuilleton TV après des interrogatoires plus que musclés où malgré la violence des situations, on se prend à rire du comique de la situation. Le réalisateur réussit à dynamiter la violence par l’absurde. Et l’on rit franchement de cette scène totalement burlesque où Park Doo-Man mènent l’enquête dans les bains publiques à la recherche d’un suspect sans poil.

    De l’autre côté un inspecteur venu de Séoul qui suit des pistes, étudie les faibles indices, réfléchit et mène son enquête en s’appuyant sur une méthode scientifique venue des USA. Le film repose en partie sur l’opposition de style entre les deux enquêteurs et sur leur affrontement sur le terrain, notamment lors d’une fabuleuse course poursuite nocturne . On pourrait croire que l’enquête va progresser, grâce aux méthodes nouvelles venues de la ville et lorsque les deux détectives s’associent, mais si cela semble être le cas un temps, il n’en est rien en définitif. Lorsque les preuves scientifiques viennent contredire les indices réunis par les enquêteurs, l’inspecteur de Séoul sombre dans la violence.


Memories of Murder raconte bien plus la progression de la colère, de la fatigue, la déstabilisation, l’obsession qui gagne et l’abîme de désarroi dans lesquels plongent les trois personnages principaux à la poursuite de ce tueur insaisissable. Nul ne peut en sortir indemne, ni le flic qui ne vit son métier que par la violence, ni celui qui est obsédé par la quête de la vérité, pas même non plus celui qui se contente de faire son travail sans s’impliquer. Ce tueur sans nom, sans visage et sans motivations les hante à tout jamais. Le désenchantement perdure bien après avoir refermé la dernière page de ce carnet de souvenirs qui s’achève là ou il avait commencé, dans un fossé au milieu des champs.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Ven 25 Fév 2011, 14:22

Superbe critique pour un super film, tu vois que t'as bien fait de galérer à le trouver.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar Eikichi Onizuka » Ven 25 Fév 2011, 14:55

très intéressant comme film, je l'ai cherché mais je ne le trouve pas a moins de 15 euros neuf ou alors 8.8 en occaz.
je vais peut être me le prendre tout comme A Bittersweet Life qu'il faudra que je vois.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar alinoe » Sam 26 Fév 2011, 10:46

Scalp a écrit:Superbe critique pour un super film, tu vois que t'as bien fait de galérer à le trouver.

C'est sur, je ne regrette pas l'achat.
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Nick joue et gagne - 7/10

Messagepar alinoe » Sam 26 Fév 2011, 12:59

Nick joue et gagne

Réalisé par W. S. Van Dyke

Avec Myrna Loy, William Powell, Virginia Grey, Otto Kruger, Nat Pendleton, Patrick Knowles, Tom Neal

Comédie policière, USA, 1h43 - 1939

7/10



Cette série de comédies familiales drôles et sophistiquées, agrémentées d’un zest de « whodunit » se suit toujours avec autant de plaisir. Dans ce troisième épisode toujours adapté d’un roman de Dashiell Hammett « The Farewell Murder », Nick et Nora accompagnés cette fois de leur bébé mènent l’enquête pour découvrir le meurtrier du Colonel MacFay, l’ancien associé du père de Nora.

Le scénario plus complexe qu’à l’accoutumé qui enchaîne les retournements de situations, les menaces de mort et la photographie aux éclairages très contrastés donnent à ce troisième épisode un petit côté film-noir. La galerie de suspects est cette fois plus inquiétante que farfelue, entre une fille adoptive moins ingénue qu’il n’y paraît, des associés qui lorgnent sur la fortune de la demoiselle, une nourrice qui disparaît, une gouvernante intrigante, des gangs de malfrats aux mines patibulaires, quelques détectives corrompus, des policiers à la gâchette facile et un ancien associé qui réclame vengeance, accompagné d’une jolie plante vénéneuse. Pour une fois, on se surprend à s’intéresser à la résolution du mystère, plutôt qu’aux tribulations satiriques de la vie de couple de Nick et Nora. Peut-être que le retour au cinéma de William Powell après bien des vicissitudes (combat contre la maladie, décès de son fils et de sa femme) n’est pas étranger à cette ambiance légèrement plus sombre.

Pour autant, le ton de la comédie n’est pas abandonné. Nick et Nora désormais parents n’ont pas laissé tomber leur goût immodéré pour les cocktails en tout genre. Le chien Asta, à l’instar de Nana dans Peter Pan quelques décennies plus tard, est une véritable « nounou » pour Nick Jr., ce qui donne lieu à quelques scènes loufoques. Le comique de situation l’emporte également lors de la scène du Night club qui s’inscrit dans la digne tradition des comédies des années 30 et lors de la mémorable scène de l’anniversaire de Nick Jr., où certaines relations « du Milieu » de Nick, louent des bébés, pour pouvoir assister à la fête. C’est d’ailleurs au cours de cette Birthday Party que se dénouera le fil de l’intrigue au son de la douce mélodie des cris de nourrissons.

Nick joue et gagne oscille avec succès entre suspens, meurtres, salsa et cocktails.

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Hidden - 7/10

Messagepar alinoe » Dim 27 Fév 2011, 12:27

Hidden

Réalisé par Jack Sholder

Avec Michael Nouri, Kyle MacLachlan, Claudia Christian

Fantastique, USA, 1h33 - 1987

7/10


Résumé : A Los Angeles, un citoyen ordinaire bascule brutalement dans la folie criminelle. Thomas Beck, l’un des meilleurs inspecteurs de la ville est chargé de l’enquête. Lloyd Gallagher, un agent fédéral semble en savoir plus sur ces actes de violence qui se propagent à un rythme alarmant. Ils s’associent pour tenter de vaincre un adversaire particulièrement retors…

On est propulsé dans le vif du sujet, dès l’introduction, avec une course poursuite qui donne le ton d’un film pas « politiquement correct » dans lequel un bolide renverse un petit vieux en fauteuil roulant.
Hidden est une série B fantastique plutôt bien rythmée ; un petit cocktail de violence et d’action saupoudré d’une dose d’humour qui a malheureusement assez mal vieilli, tant ses décors et son ambiance sont trop typés années 80. Il ravit le « Grand Prix » du Festival d’Avoriaz à Robocop en 1988, pourtant ce dernier est toujours aujourd’hui considéré comme un film phare d’anticipation, véritable réflexion sur l’obsession de l’ordre et de la sécurité, alors qu’Hidden est simplement devenu un divertissement sympathique. Néanmoins, on ne boude pas son plaisir devant cet enchaînement de courses poursuites, de fusillades et de meurtres perpétrés par des citoyens ordinaires qui se transforment sans raisons apparentes en meurtriers implacables.

Toute l’originalité du film repose sur son pitch : un extra-terrestre belliqueux, accros au Hard Rock et aux Ferrari qui passent de corps en corps et sèment la terreur dans la ville, sans autre motivation que le plaisir de détruire et de s’approprier tout ce qu’il désire. Le thème du changement d’hôte, une trouvaille originale, qui depuis a été copiée mais pas égalée et qui donne lieu à quelques scènes bien poisseuses et baveuses, ainsi qu’à des moments assez savoureux de découvertes d’un nouveau corps (gargouillements, atouts féminins, crocs…). Le film joue sur les apparences révélant que tout ce que l’on voit, n’est pas toujours ce qu’il parait, tel cet honnête citoyen qui est en fait un trafiquant d’armes.


Côté interprétation, les personnages ne sont pas particulièrement fouillés, juste un petit background rapide lors d’un dîner en famille ou lors de brèves discussions entre deux courses poursuites ou dans une cellule, le but étant de ne pas ralentir le rythme du film. On retrouve Michael Nouri dans le rôle type du flic émérite qui lui va comme un gant et Kyle MacLachlan dans le rôle d’un agent fédéral bien mystérieux et inexpressif. On notera la présence au générique de Claudia Christian qui a du laisser à certains un très bon souvenir.

Hidden, c’est aussi un final plutôt gonflé qui commence par une fusillade meurtrière dans un commissariat, se poursuit au lance-flamme dans un meeting politique et s’achève dans une chambre d’hôpital sur un twist que chacun est libre d’interpréter à sa manière.
Un film à petit budget doté d’un scénario original, aux effets spéciaux réussis, qui a quelque peu mal vieilli, mais qui reste un divertissement plaisant à voir et à revoir.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Dim 27 Fév 2011, 12:45

Pas revu depuis une éternité mais j'en garde un bon souvenir.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar Heatmann » Dim 27 Fév 2011, 12:50

:super: Rho ouai pareil , pas revue depuis la jour ou j ai acheter le dvd, mais j ai toujour adorer, ca viellit tres bien pour ceux qui on aimer , a deconseiller a tous ceux qui n'aime pas les 80's et ce reconnaitront 8)
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar jean-michel » Dim 27 Fév 2011, 13:01

:eheh: moi j'aime les 80 et j'aime ce film! :super:
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar alinoe » Mar 01 Mar 2011, 11:32

Bilan février 2011

Films vus : 21 dont 10 découvertes.

Moyenne : 7,2

Découvertes :

Le Retour des tomates tueuses (DVD) : 0/10
Memories of Murder (DVD) : 9,5/10
Nick joue et gagne - Collection The Thin Man (DVD) : 7/10
True Grit (Ciné) : 9/10
The Town (Blu Ray) : 8/10
Sherlock Holmes : Mission à Alger (DVD) : 5/10
Sukiyaki Western Django (DVD) : :?:
Sherlock Holmes : La femme en vert (DVD) : 6,5/10
Unstoppable (DVD) : 7/10
Les Chroniques du dragons (Blu Ray) : 3/10


Films revus :


Total Recall (Blu Ray) : 9,5/10
Hidden (DVD) : 7/10
Psychose (Blu Ray) : 10/10
Le Secret de la pyramide (DVD) : 8/10
Les Dents de la mer (DVD) : 10/10
Le Bon, la brute et le truand (Blu Ray) : 10/10
Conan le Barbare (DVD) : 9,5/10
Baby Cart - vol. 1 : le sabre de la vengeance (DVD) : 8,5/10
Tarzan, l'homme-singe (DVD) : 6,5/10
The Shadow (DVD) : 5/10
L'Inspecteur ne renonce jamais (Blu Ray) : 7/10


Coup de coeur découvertes du mois
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Chefs-d'oeuvre du mois
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17 critiques de retard
J'ai à peine commencé les critiques de février qu'on arrive déjà en mars :oops:
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Psychose - 10/10

Messagepar alinoe » Mer 02 Mar 2011, 22:12

Psychose

Réalisé par Alfred Hitchcock

Avec Janet Leigh, Anthony Perkins, Vera Miles, John Gavin, Martin Balsam

Crime-Horreur, USA, 1h49 - 1960

10/10


Résumé : En fuite après avoir dérobé une importante somme d'argent, Marion Crane prend la route pour rejoindre son amant. Une pluie diluvienne la contraint à s'arrêter dans un motel isolé où elle sympathise avec le propriétaire, un jeune homme réservé, ce qui provoque le mécontentement de sa mère…

Pour ceux qui ne l'auraient jamais vu

ATTENTION SPOILERS


Psychose est une adaptation fidèle, du roman éponyme de Robert Bloch, qui s’inspirait d’un fait divers sordide survenu dans le Wisconsin en 1957. Cependant, le scénariste Joseph Stefano choisit de modifier la physionomie des personnages principaux afin d’apporter cette touche d’élégance et de glamour qui caractérise le cinéma d’Alfred Hitchcock. Cette volonté de rendre Norman et Marion plus séduisants que dans l’œuvre original avait également pour objectif de susciter la sympathie du public et d’accentuer le choc du premier twist du film.

Avec Psychose, Alfred Hitchcock nous propose une véritable leçon de cinéma sur l’art et la manière de créer un suspens crescendo, de surprendre le spectateur et de le placer face à ses angoisses les plus profondes.

    • S’appuyant sur une idée novatrice qui consiste à faire disparaître l’héroïne lors du premier tiers du film, il déstabilise le public qui s’était identifié à cette femme tourmentée qui n’était finalement qu’un leurre. Pour que ce subterfuge fonctionne il fallait une actrice reconnue et non une parfaite inconnue, sinon le spectateur ne se serait pas fait piéger. La fin tragique de Marion (Janet Leigh) déroute le public qui pense désormais que tout est possible et qui ne sait plus à quel personnage se raccrocher. C’est là que survient Lila (Vera Miles), la sœur de Marion incarnée elle aussi par une actrice renommée et le spectateur saisi la perche tendue par le réalisateur pour s’attacher aux pas de cette femme angoissée qui enquête sur la disparition de sa sœur. Deux intrigues imbriquées qui permettent un renouvellement constant du rythme maintenant de manière magistrale le suspens et la tension pour faire converger tous les regards vers le motel Bates. Car Norman Bates, ce gérant attentionné et réservé est le véritable personnage principal du film et même lui n’est finalement pas ce qu’il paraît être. Le maître multiplie les fausses pistes et les faux semblants pour désorienter le spectateur jusqu’au twist final et le laisser complètement ébahi. Car le coup de génie d’Hitchcock fut de choisir Anthony Perkins, un acteur réputé pour ses rôles de gentleman, de personnages charmants et serviables, une sorte de gendre idéal, dès lors le spectateur le considère à tord, comme la première victime de cette mère tyrannique. Même après plusieurs visionnages, on ne parvient toujours pas à trouver une faille dans ce scénario ingénieux.

    • Classique de l’horreur, dans lequel l’ambiance et le jeu des personnages suffisent à générer le suspens, sans avoir besoin de noyer l’histoire sous des tonnes d’hémoglobine qui confinent soit au ridicule, soit au malsain. Il y a bien plus de puissance émotionnelle qui se dégage des coups de couteau plantés hors champ dans le corps de Marion avec quelques giclées de sang que dans n’importe quel film qui en montre trop et qui procure simplement du dégoût plutôt que de la peur. La musique crescendo qui fusionne avec les cris de la victime et les lacérations porte l’adrénaline et l’angoisse qui nous saisissent à son paroxysme. Une technique qui sera beaucoup copiée et qui ne sera égalée que par Spielberg et Williams avec Les Dents de la mer. Psychose à en quelque sorte ouvert la voie aux Slashers avec cette petite musique de l’angoisse et cette « mythification » des monstres qui s’ébauche avec Norman Bates, psychopathe sublimé par le réalisateur. Dans l’imaginaire collectif et l’imagerie du cinéma, les motels isolés au milieu de nul part sont devenus forcément des lieux privilégiés pour les massacres en tout genre et les meurtres sauvages sous la douche se sont multipliés.


Psychose est un film placé sous le triple signe du voyeurisme, de la paranoïa et de la schizophrénie.

    • Voyeurisme du spectateur, dont le regard se substitue à celui de la caméra et qui plonge littéralement dès la scène d’ouverture dans l’intimité de Marion. On s’introduit, furtivement par la fenêtre, on observe ce couple d’amants étendu sur le lit et cette femme en sous-vêtements. Cette scène peut paraître anodine aujourd’hui, mais à l’époque, Janet Leigh en soutien-gorge fit scandale auprès des ligues ultra conservatrices.
    Voyeurisme de Norman Bates qui observe Marion depuis un trou ménagé dans le mur, mais aussi du public qui suit Marion dans la salle de bain où elle prend sa douche. Hitchcock ou l’art de suggérer la nudité en multipliant les angles de prises de vues pour éviter la censure.

    • La paranoïa qui gagne Marion domine le premier quart du film. Dès qu’elle croise par hasard son patron qui traverse devant sa voiture, elle commence à se sentir traquée et son imagination prend le dessus, atteignant son paroxysme dans cette scène où elle imagine tous les scénarios possibles après la découverte du vol et dans cette partie de cache-cache qu’elle engage avec ce policier qui lui trouve un comportement plus que suspect. Cette paranoïa grandissante est le fruit de sa culpabilité et de ses remords. Le titre « psychose » renvoie autant à la schizophrénie de Bates qu’à la paranoïa de Marion. Janet Leigh était le choix idéal pour incarner Marion. Sa beauté froide convient tout aussi bien au rôle de cette femme désabusée, enfermée dans une liaison sans avenir qui saisit l’occasion qui s’offre à elle de fuir avec une somme qui lui permettra de rejoindre son amant et de réaliser son rêve, qu’au rôle de cette femme traquée, qui s’enfonce dans la paranoïa, tourmentée par les remords et dont la vie s’achève si tragiquement dans un motel géré par un dément.
    Avec l’arrivée du détective privé Arbogast qui enquête sur la disparition de Marion, le spectateur à l’impression que la paranoïa gagne peu à peu Norman. Il nous donne le sentiment d’être un animal traqué. Ce gérant timide, serviable, un peu réservé qui semble étouffé par une mère tyrannique et puritaine, attire tout d’abord la sympathie. Tout juste peut-on trouver un peu excentrique son goût pour les animaux empaillés. On s’apitoie presque sur son sort et on se surprend à espérer qu’il réussira à se libérer de l’aura maléfique de sa mère, qui l’oblige à dissimuler ses crimes. A la première vision du film, lorsque que l’on découvre le cadavre momifié de Mme Bates, le choc est indescriptible. La révélation finale nous frappe de plein fouet et nous comprenons peu à peu qu’Hitchcock nous a dupés tout le long de son film.

    • La schizophrénie s’impose dans le dernier quart d’heure. Norman Bates nous apparaît dans toute sa démence et sa folie meurtrière. Psychose nous propose le dédoublement de personnalité le plus fascinant du cinéma. Le thème de la perversion, du désir de Norman pour sa mère était plutôt novateur au cinéma. Une pulsion qui le pousse à fusionner avec elle. Un psychiatre, le docteur Richmond nous livre son analyse, expliquant à Lila et Sam, que Norman « n’existe » plus qu’il a été complètement étouffé par la personnalité dominante de sa mère, qu’il est plus victime que responsable. Mais le monologue intérieur de Norman qui clos le film, nous fait douter de cette analyse. Quelle personnalité à réellement pris le dessus ? Ne serait-ce pas là encore le dernier subterfuge du maître du suspens ?
    Anthony Perkins fut lui aussi, le choix parfait pour incarner Norman Bates. Acteur charismatique dont le regard sombre capte l’écran et subjugue le public. Tout à la fois fragile, intrigant et inquiétant, il parvient complètement à nous leurrer.

Psychose est donc un véritable chef d’œuvre tant sur le fond que sur la forme.

    • La scène de la douche, 45 secondes qui témoignent d’une maitrise parfaite de l’art du découpage. La scène la plus analysée et décryptée de toute l’histoire du cinéma.

    • La maison devient un personnage à part entière. Un manoir aux allures gothiques, dont les de prises de vues en contre plongées accentuent le côté étrange et inquiétant. Des caches noirs sont utilisés pour masquer la lune qui éclaire trop le tournage et gâche le sentiment d’insécurité que veut donner le réalisateur.
    • Pour conserver la surprise finale, Hitchcock multiplie les audaces techniques : Ombres chinoises, voix et meurtres hors champs, scène du meurtre dans l’escalier filmée en plongée pour abuser le spectateur sur l’identité de l’agresseur et donner l’impression que le meurtrier domine sa proie et fond littéralement dessus.


Psychose est une oeuvre intemporelle fondée sur la manipulation qui demeure à jamais gravée dans les mémoires bien après sa découverte.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar Kakemono » Mer 02 Mar 2011, 22:59

:super: Rien a redire, même si j'aurais du mal à lui mettre 10 quand même, y'a d'autre Hitchcock que je place devant (plus par affection d'ailleurs, ce psychose représente quand même la perfection hitchcockienne a l'état pur).

Les screens viennent du blu ray? Elles sont superbes niveau des nuances de noirs.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar alinoe » Mer 02 Mar 2011, 23:14

Les screens proviennent du Blu Ray, à l'exception de celles de la scène de la douche que j'ai récupéré sur internet. J'ai abandonné l'idée d'utiliser mes propres screens pour cette scène au 5ème plantage de suite de Total Media Extreme qui semble ne pas du tout aimer le Blu Ray de Psychose.
Ce n'est pas mon Hitchcock préféré, mais la maestria du scénario et de la mise en scène font qu'il m'est impossible de lui mettre une autre note que 10.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Jeu 03 Mar 2011, 14:17

Manque plus qu'une critique pour que le film soit dans le top.
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Re: [alinoé] Mes critiques en 2011

Messagepar Milkshake » Jeu 03 Mar 2011, 20:40

Le film est pas mal mais clairement ça vaut pas un 10, le twist c'est amené avec des sabots (dès le premier plan du manoir c cramé) vu que le film ne repose que là dessus ... pour l'époque la scène d'horreur a du choqué mais franchement moi ça m'a fait ni chaud ni froid.

Après je vois bien que c'est une pièce fondatrice du genre sérial killer mais si on prend du recul c'est quoi le film : une nana qui se casse avec l'argent de son patron pour se focaliser sur un petit motel étrange au bord du route ..... rien de palpitant vu que Anthony Perkins est bien trop gentil dès le départ pour pas paraitre suspect et vu que tout le film se concentre sur lui, le doute n'est pas permis une seconde.

Mais le monologue final est bien pensé :super:
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