


The Irresponsible Fool
Yôji Yamada - 1964
Je crois que mes gosses commencent un peu à être à l'agonie d'entendre à chaque repas la B.O. de Tora-san, mais rien à fout', je continue l'exploration de la galaxie Yôji Yamada...
Deuxième volet de la trilogie « baka ». On ne suit pas l’évolution d’un même personnage, mais plutôt d’un même type de personnage, à chaque fois avec une identité différente et un autre lieu (déjà ce besoin de Yamada de poser sa caméra aux quatre coins du Japon). Le film a eu un peu moins de succès que le précédent et pourtant, je le trouve plus intéressant par sa manière d’esquisser de nouveau une histoire et une atmosphère annonçant Tora-san.
D’abord par son personnage principal joué par Hana Hajime (leader du groupe The Crazy Cats). Massif, gaffeur et attachant, il ne lui manque que des accès de mauvaise humeur pour vraiment faire penser à Torajirô Kuruma. Lors des dernières scènes, le personnage principale féminin (jouée par Shima Iwashita, fort jolie donzelle
) tombe par hasard sur lui dans une rue, en train de faire… le camelot.Mais dans ce film Yamada met aussi fortement l’accent sur la notion de « furusato ». Avec son générique et sa comptine enfantine se terminant avec ce mot, Yamada fait comprendre (surtout si on a vu auparavant The Sunshine Girl) tout le prix qu’il accorde à l’idée d’un « village natal », lui qui, par sa jeunesse nomade l’ayant amené à suivre ses parents en Mandchourie, n’en a pas vraiment eu. On se trouve plongé dans une petite humanité sympathique et grouillante de vie, avec ses joies et ses psychodrames, bien entendu le fruit du canard boiteux de la communauté, le « baka » en question. Avec en filigrane (là aussi un aspect que l’on retrouvera dans la saga Tora-san) une capacité à pointer certains travers de monde moderne, ici le tourisme de masse.
Bref un épisode à mon sens supérieur au premier, notamment parce qu’il m’a semblé mieux dosé dans ses effets comiques. Ajoutons que Yamada a pu engager pour le deuxième fois consécutive Tetsuo Takaha pour la photographie (et ça s’en ressent, visuellement le film est agréable à suivre). Petit à petit, Yamada place ses pions, tisse des liens avec ceux qui seront de l’aventure Tora-san (petite surprise aussi de tomber sur Tatsuo Matsumura dans le rôle d’un écrivain). Mais il faudra attendre encore dix films avant d’avoir le premier opus. De quoi permettre à Yamada d’encore parfaire son art.




