Très déçu par ce film dont j'attendais peut-être un peu trop, surtout quand on sait qui est derrière la caméra. Alors le final laisse peu de doutes, il s'agit d'une farce macabre sur l'Amérique profonde via une famille de
rednecks qui concentre les tares (entre coups foireux du fils, la mère qui s'envoie en l'air avec tout le monde, ou encore le père je-m'en-foutiste mais clairement limité), et essaie d'avoir une seconde vie en engageant le tueur Joe pour buter la mère et choper la mise. Problème : à force de trop charger la barque, j'en avais rien à foutre de celle-ci tant tous ses membres m'ont paru insupportables, des perdants sans éclat.
Heureusement que Matthew McConaughey (dont j'aime beaucoup le parcours de ces dernières années) vient pimenter le film de sa présence magnétique et maléfique, grimé en flic
bad-ass tendancieux. Et quand il met le grappin sur la fille pour assouvir ses pulsions sexuelles (laquelle nous gave les mirettes de ses jolies formes, plaisir plus appréciable que la touffe velue de Gina Gershon), la jeune Juno Temple révèle son talent dans la peau de cette petite princesse paumée, dernier ilot d'innocence de la famille, qui m'a fait plus d'effets que son aîné pourtant impressionnant.
Mais bon à part quelques petits éclats éphémères de subversion (la petite scène
KFC risque de dégoûter certains du fast-food), qui ne sont jamais l'occasion de développer l'intrigue ou les caractères de façon intéressante, et qui ne sont là que pour mettre à nu la pourriture de la cellule familiale s'auto-détruisant au nom de l'égoïsme, j'ai trouvé la tournure assez vaine, limitée, et poussive.
Bref, du tout petit Friedkin, bien qu'on reconnaisse, ici et là, sa touche cynique envers la nature humaine à travers cette petite réunion familiale qui tourne au vinaigre, et une maîtrise du cadrage et des ambiances "noires", mais ça manque tout simplement de répartie en face du "monstre" McConaughey, et d'une intrigue un peu plus passionnante.