[Mr Jack] Mes critiques en 2015

[Alegas]

[Mr Jack]

C'est pas toujours facile de dégager une analyse, aussi limitée soit-elle, quand à la fin d'un film t'es scotché.

[Alegas]

⌲ GOLDFINGER (1964)
de Guy Hamilton avec Sean Connery, Gert Fröbe, Honor Blackman.

Histoire: L'agent secret 007 est chargé d'enquéter sur les revenus d'Auric Goldfinger. La banque d'Angleterre a découvert qu'il entreposait d'énormes quantités d'or, mais s'inquiète de ne pas savoir dans quel but. Quelques verres, parties de golf, poursuites et autres aventures galantes plus loin, James Bond découvre en réalité les préparatifs du "crime du siècle", dont les retombées pourraient amener le chaos économique sur les pays développés du bloc Ouest...

Bein merde alors, c'était bof.
Pourtant ça commence bien, le plan de la femme peinte en or est culte, on sent que le mythe Bond commence à bien se poser : le générique envoie du pâté, plus la chanson que le clip mais quand même ; et puis l'Aston Martin bourrée de gadget, elle est culte. Le méchant semble d'abord pas terrible puis s'avère plus intéressant jusqu'au coup du laser, lui aussi culte, et puis après...plus grand chose. On se rend compte que le méchant est vraiment pas terrible voir carrément bidon, l'enjeu ne tient pas et se délite dans un faux suspense étiré maladroitement uniquement rythmé par la baston avec le japonais et son chapeau tueur qui ne vaut en fait pas celle dans le train de l'opus précédent. Plus de Spectre, juste une ombre de menace qui ne sait même pas articuler un plan jusqu'au bout. Et puis Connery force pas trop son talent dans celui ci, il triche au golf et manque de violer une lesbienne juste pour le plaisir de la faire changer de bord. Ça sort en 2015 la scène dans la grange fait le scandale de l'année. A part pour ça Bond n'a pas vraiment à s'employer, c'est quand même assez plat. Je préférais l'exotisme de Dr No et le côté espionnage pur de Bons baisers...Déçu mais bon, le prochain peut être que mieux -il y a Claudine Auger.

5.5/10

[maltese]

Suis en train de tous les revoir aussi depuis quelques mois, j'en suis arrivé à Permis de Tuer et pour moi, Goldfinger reste tout de même le meilleur (avec Bons baisers de Russie et Permis de Tuer). C'est vrai que le film perd en intérêt après la scène du laser, mais perso rien à faire, ce film incarne tout le mythe James Bond. D'ailleurs, en revoyant tous les films, je réalise que le plaisir qu'on peut prendre devant un film de cette saga provient surtout des ingrédients de ce mythe, des personnages marquants, de la classe de Bond, des chansons, de la musique de John Barry (c'est tout de suite moins bon quand il n'est pas là), des petites scènes avec Moneypenny et M, etc... Pour l'intrigue ou la mise en scène, faut pas être trop exigeant (bon courage pour quand tu arriveras aux Roger Moore!).

[Mr Jack]

Nan mais c'est même pas une question de mise en scène ou de force de l'intrigue, je sais très bien ce que je regarde quoi ( ) mais c'est surtout au niveau de l'action et puis de la tension, je sais pas moi même les Brosnan je les trouve pas top mais il se passe beaucoup plus de trucs, ne parlons pas des Craig parce que c'est une autre dimension. Mais là bon après le laser c'est quand même l'autre moitié du film où c'est mou du genou et où le méchant est plus que bidon. Dans les Moore j'en ai vu que un ou deux ça vole pas haut c'est kitsch mais au moins je sais pas t'as le requin, t'as des fights dans l'espace, quelque chose quoi. Celui ci est censé représenter comme tu dis, le mythe Bond, il a une réputation de fou et franchement c'était un peu pété du genou.

[maltese]

Heu...le simple fait qu'il se passe des choses dans Moonraker ne suffit pas quoi, ce film c'est juste n'importe quoi du début à la fin

Perso dans Goldfinger, toute la première partie jusqu'à la scène du laser, j'aime vraiment beaucoup; le reste est moins intéressant comme dit précédemment, mais le fait qu'il n'y ait pas de grosse scène marquante n'est pas si problématique que ça (et puis quasi tous les films suivant se terminent avec l'assaut de la base du méchant et cette partie m'endort à chaque fois...). Il reste les répliques de Bond, Goldfinger et Oddjob, l'évasion de Bond du repère de Goldfinger... Je ne sais pas, dur à expliquer mais ça a son charme je trouve, sans jamais tomber dans le ridicule qu'on aura dans certains films suivants, ou trop se prendre au sérieux en mode torturé façon Casino Royale (et je rajoute que Quantum of Solace, c'est un des trucs les plus mal fichus de toute la série ).

[Alegas]

:| Suis en train de tous les revoir aussi depuis quelques mois, j'en suis arrivé à Permis de Tuer et pour moi, Goldfinger reste tout de même le meilleur (avec Bons baisers de Russie et Permis de Tuer).

ET LES CRITIQUES ???????

[maltese]

Ben je ne vois jamais trop ce que je pourrais rajouter, les critiques "sérieuses" de la Base sont assez complètes, et celles de Scalp m'explosent à chaque fois J'aurais peut-être dû me motiver par contre pour dire tout le mal que je pense de Rien que pour vos yeux, qui est relativement bien considéré ici (le pré-générique est dantesque! ).

[Mr Jack]

⌲ LA DUCHESSE DE VARSOVIE (2015)
De Joseph Morder avec Alexandra Stewart, Andy Gillet, Rosette.

Histoire: Valentin est un jeune peintre qui vit dans le monde imaginaire de ses tableaux. Lorsqu'il retrouve sa grand-mère Nina, une émigrée juive polonaise dont il se sent très proche, il lui confie son manque d'inspiration et sa solitude. Au fil de ces quelques jours passés ensemble dans un Paris rêvé, Valentin exprime de plus en plus le besoin de connaitre le passé que Nina a toujours cherché à dissimuler...

Ça m'apprendra à ne pas regarder la bande annonce avant d'aller voir un film.
Franchement je ne comprends pas pourquoi ni comment ce film a pu être distribué dans des salles de cinéma. Sans mesquinerie aucune, ça ressemble à tout sauf à un film : à une pièce de théâtre, à une exposition ou surtout à de l'art scénique filmé. Quand l'acteur se retrouve au milieu d'une boite de nuit artificielle et emballe un mec en carton on se croit en pleine nuit sur Arte. Le concept de faire bouger des acteurs dans des décors peints à la main est original, à défaut d'être passionnant à suivre/vivre, mais la caméra est trop posée pendant une heure et demie, uniquement animée par des mouvements latéraux -sinon c'est juste plan large/gros plan/champ contre champ. Et si encore c'était pas dicté à la virgule près, ou ultra machinal dans le placement au sein des plans...Non franchement même avec la plus grande volonté du monde c'est très dur de supporter un film aussi plat. Et là je ne parle pas de la gêne face aux situations forcées et pas naturelles que les acteurs ont du mal à sublimer. De l'intellectuel pour les artistes, ou bien l'inverse, en tout cas une heure et demie bien fade rythmée par bien trop de moments embarrassants et une trop grande rigidité du concept.

2/10

[Mr Jack]

⌲ CORTO MALTESE, LA COUR SECRETE DES ARCANES (2002)
De Pascal Morelli avec Richard Berry, Patrick Bouchitey, Marie Trintignant

Histoire: En 1919, l'Asie est plongée dans le chaos.
De fabuleux trains blindés sillonnent la Russie, la Sibérie et la Mandchourie. Parmi eux, celui de l'amiral Kolchak transporte l'or du gouvernement contre-révolutionnaire et attire toutes les convoitises. Dans cette impitoyable chasse au trésor, Corto Maltese apporte son aide aux Lanternes Rouges, qui lui ont sauvé la vie.Avec Raspoutine, son ami-ennemi de toujours, ils croiseront des sociétés secrètes chinoises, une duchesse russe aussi charmante que perverse, un avatar de Gengis-Khan, un aviateur américain et plusieurs généraux partagés entre la nostalgie de leur grandeur passée et le souci de leur avenir.

« Ceux qui, comme toi Corto, savent vivre, sont à l'aise même en enfer.»

Une belle adaptation française, dont il faut être fier, d'un des personnages les plus forts de la BD. Un film pas difficile à suivre en soi mais il faut adhérer au style proposé : un mélange de lenteur calculée et de violence amère percutante mais soigneusement dosée.

La narration est libre, on peut passer d'un conteur à un autre sans que cela ne perturbe le fil conducteur, et Corto se déplace librement et habilement dessus, sort et rentre, part et revient, et avec son ami Raspoutine tue et pille mais pourtant garde cette beauté poétique, ce romantisme déchu, presque mort-vivant, qui génère de lui beaucoup d'empathie. Cette liberté là peut dérouter, par l'enchainement parfois un peu rapide de personnages qui apparaissent et disparaissent presque aussi vite, mais qui néanmoins prennent le temps (aussi minime soit-il) d'imposer leur force et d'attiser un rapport souvent brutal et parfois poétique avec Corto. L'aspect également très politique du sujet peut surprendre : on est en 1919, à la sortie de la première guerre mondiale et en pleine révolution russe (ou plutôt dans un contexte de guerre civile en interne mais ici on s'intéresse aux rapports avec la Chine et la Mongolie) et la place est donc faite, et bien faite, à beaucoup de dureté, de noirceur et de violence assez franche et directe. Ca peut être surprenant pour un DA français adapté d'une BD dite d'aventure mais le propos est cohérent et pas trop explicatif pour en devenir lourd donc là aussi le dosage est très bon.

C'est tout de même un récit d'aventure puisqu'on a le droit à toutes sortes de paysages et de batailles à travers une partie du monde. Les scènes d'action sont vraiment très réussies, finement montées. Ca se shoot sur un bateau, dans un train, ça prend d'assault et ça se fusille en avion. Il y a vraiment une grande variété d'ambiances, de décors ou plutôt de dessins ; dans les couleurs donc même si on reste dans une nuance plutôt froide. C'est vraiment beau à ce niveau là et même cinématographiquement parlant on a le droit à de nombreux très beaux plans, joliment posés sans esbroufe. Les personnages sont tous intéressants, Raspoutine est bien taré comme il faut et Corto c'est la grande classe à la Eastwood chez Leone. Le rôle des femmes est prépondérant et la force donnée aux personnages là est remarquable. Les voix françaises sont parfaites, Berry ça pouvait faire peur mais il colle très bien, pareil pour les autres. En bref un film digne, lent mais beau dont il faut être fier ne serait-ce que par la rareté d'une telle qualité dans la sphère des DA à la française.

8/10

[Alegas]

⌲ NIGHT AND THE CITY (1950)
de Jules Dassin avec Richard Widmark, Gene Tierney, Googie Withers.

Histoire: Suite à la rencontre de Gregorius, un champion de lutte, Harry Fabian décide d'organiser des combats. Ce dernier utilise toujours des combines louches ou compliquées pour mener à bien ses projets et cette fois-ci n'échappe pas à la règle... Il fait appel à des personnes peu recommandables auprès desquelles il doit rapidement en découdre.

Cours, Harry, fuis cette ville qui t'emprisonnes de ses griffes trop petites pour ton ambition démesurée. Cours, échappe toi de ta mère nourricière, celle qui t'a gardé en son sein jusqu'à ce que ta vraie nature ressurgisse de sous les bas-fonds. Tu es beau, mon fils, dirait-elle, la bouche grande ouverte et les dents acérées. Cours, il ne te reste plus assez de temps à vivre. Ta vie ne tient qu'à un fil car tu es trop brillant pour cette noirceur, les blanches colombes te cherchent partout et veulent faire plier tes ailes en déployant les leurs. Tu es pourtant si bon à ton jeu : tu possèdes toutes les cartes et tu as l'oeil, mon petit. Tu vois tout et quand tes yeux se crispent, que ton front devient humide et tes poings serrés tu mérites tout mon amour car je t'ai bien appris. Tu nous tiens tous dans le creux de ta main, Harry. Toi seul peut enfermer autant de noirceur car tes mains sont pures et agiles, dures et sales. Cours Harry, il ne te reste que trop peu de temps à vivre car je ne te mérite pas. Tu as tout mais tu es un homme mort. Mes griffes vont se refermer sur toi car tu as tout, mais tu es un homme mort. Regarde toi, tu as couru toute la nuit et tu ne sais même plus compter le nombre de dagues plantées dans ton dos ; tes jambes ne tiennent plus alors tombes car tu m'appartiens, Harry. Tu es mon fils, le fils de la ville, je t'ai construit et je te ramène à l'état de poussière car je ne suis que noirceur, et quand j'aurai fini de te bruler c'est tout ce qu'il restera de toi, une pincée de cendres dans le creux de ma main dont je me ferai un plaisir d'éparpiller dans le grand nullepart que j'appelle mes rues car tu n'es plus rien, Harry. Tu n'étais qu'un homme et maintenant tu n'es plus rien. La nuit, la ville, et plus rien.

Un film noir parfait. Tout ce que j'attends du genre.
Le contexte est dans le pur style Dashiel Hammett (pourtant aucun rapport). Hormis le perso principal, c'est tout à fait l'atmosphère oppressante, noire qui fait la force de l'univers de Hammett. C'est à dire une ville sombre, corrompue par l'argent et où tout tourne autour de la marchandise et de l'échange. On survit grâce à un pot de vin et on meurt à cause d'un détail, d'un "accident". Tout se joue en dessous de la table, tout le monde est pourri et finit avec une dague dans le dos s'il a pas su la jouer fine. Finalement à l'inverse des autres films noirs, la femme n'est pas le poison de l'homme mais l'opposé total, c'est la rédemptrice, celle qui soigne et croit au damné. Bien sur, il y a toujours une femme manipulatrice mais le message que veut donner le film est plus profond et puissant. Mais le film ne tient pas que sur son ambiance et son cadre, même si c'est formidable de prendre une ville comme Londres pour montrer la noirceur de l'homme dans la ville -à l'instar du Troisième Homme qui se passe à Vienne, on montre plus facilement l'horreur en dehors de son pays natal. Il tient surtout sur son énergie débordante (la musique, magnifique), sa malice et son rythme fou. A l'image du personnage principal, vraiment formidablement interprété par Richard Widmark que je ne connaissais pas du tout et qui est somptueux dans le rôle de l'homme qui a raté sa vie.

10/10

[Alegas]

Euh...comment dire...ton ancienne critique ressemblait bien plus à une critique.

[osorojo]

Je pense que les deux se complètent. Ton nouveau texte du coeur en intro et le reste ensuite ^^

[Mr Jack]

Et c'est moi la police du bon gout ? Bien, fais, c'est juste que mon ancienne était inachevée, j'avais vu le film trop tard je la trouvais trop bateau. Mais bon, c'est toi le boss.

Edit: Oso

[Alegas]

Et c'est moi la police du bon gout ?

Rien à voir, ça pose juste le problème qu'il y avait aussi sur l'une des critiques de Nulladies, à savoir que des critiques différentes sur la forme sont bienvenues, mais que là en l’occurrence, ton poème tout seul c'est clairement limite.

Comme dit Oso, on peut très bien mixer les deux critiques par contre.