[Dunandan] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 11 Mar 2012, 18:13

Ben moi (je parle du coffret), à part les deux diptyques auxquels j'ai mis 4.5 et 6, ça va de 6.5 à 9. Sinon pareil que pour toi pour les meilleurs, mais ça ce n'était pas difficile, rien qu'au niveau de la forme, ce sont les plus aboutis.

Mort ou Vif, j'ai du mal aussi, pourtant quand t'as vu comme moi les films d'avant, c'est un épisode charnière assez important, portant sur la remise en question du "héros" (le seul vrai héros, le yakuza-robin des bois, est mis à l'amende par la justice et par ceux qu'ils aident). A part le thème et l'intro, c'est vrai que c'est un peu chiant.
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Zatoïchi : Darkness is his ally - 7,75/10

Messagepar Dunandan » Lun 12 Mar 2012, 07:48

Rétrospective Chambaras/films historiques japonais :




Lien avec les autres films

Zatoïchi : Darkness is his ally

Réalisé par Shintaro Katsu

Avec Shintarô Katsu, Kanako Higuchi et Takanori Jinnai

Chambara, Japon, 1h55 - 1989

7.75/10


Résumé :
Tout juste sorti de prison, Zatoïchi est de retour, vieillissant et prisonnier des fantômes de son passé. Il est toujours en recherche de quiétude, qui sera perturbée par la violence de deux clans yakuzas faisant la loi dans le village.


Seize ans après, Shintaro Katsu a voulu revenir sur le personnage qui l'a rendu célèbre, véritable double du cinéaste. Mais il ne s'agit pas vraiment d'un point final à la saga, arrêtée définitivement à la suite d'un accident pendant le tournage : son fils a tué un cascadeur avec un vrai sabre. Il faudra donc se contenter de ce Zatoïchi 26, qui est à la fois une suite assez logique des épisodes précédents, et un retour rétrospectif sur toute la saga, par le biais de plusieurs de ses personnages récurrents. Il s'agit donc de l'un des films les plus riches de la saga, dont le sens ne se laisse pas capturer au premier venu.


Zatoïchi : insensible au monde ... ?

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A l'instar de Zatoïchi and the doomed man, notre héros commence son aventure en prison, vieilli et usé par la vie, même plus capable de répondre aux humiliations de ses camarades. Il agit en autiste, image qu'il traîne depuis Le voyage à Shiobara : nous revoyons ainsi plus tard la scène de la feuille que le masseur aveugle essaie de coincer avec son bâton, image de son passé qu'il essaie d'isoler du reste, le laissant à l'écart du monde extérieur. En effet, celui-ci ne l'atteint plus directement, à l'image de la prison dans laquelle il a vécu qui a épaissit sa coquille. Seules quelques personnes lui font quelque effet, mirages de sa vie passée, qui éveillent des choses importantes qu'il a vécues au cours de sa vie d'errance.

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Cependant, le monde continue à tourner autour de lui, dont le pouvoir, lieu-commun de la série, est tenu entre les mains des yakuzas, orientés vers deux directions complètement opposées, le passé et le présent, et finiront ainsi par s'affronter dans une guerre sanglante. Le fusil est le symbole de cette passation de pouvoir : « Un fusil antique est toujours ce qu’il est. Un homme lui ne fait que vieillir ». Le monde appartient donc à ceux qui possèdent la technologie moderne, et perdent en retour le véritable sens du code d'honneur de leur caste, qui consiste à ne pas faire alliance avec les officiels. Le jeu de pouvoir qui s'y prête renvoie bien évidemment à la condition vieillissante de Zatoïchi, dont les valeurs sont en train de mourir avec lui.


Deux visions du monde

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Face à ce monde en mutation, Zatoïchi rencontre un prisonnier qui a été enfermé à cause de ses idées réformatrices, réminiscence du yakuza dans Le Justicier. En écho à son discours, une femme yakuza, chef de son clan, et qui a protégé Zatoïchi lors d'une rixe, affirme ironiquement que la justice existera vraiment seulement lorsque le juge et le bandit pourront s'asseoir à la même table. Le masseur aveugle préfère visiblement cette dernière version. En effet, elle incarne pour lui la femme idéale : elle est d'abord en adoration de son fameux discours prononcé à Lioka dans le Masseur aveugle, véritable leitmotiv de la saga, qu'il lance en pleine face des yakuzas pour leur rappeler leur condition de bandits qui leur interdit tout compromission avec le pouvoir, et la sienne propre qui le pousse à l'errance. D'autre part, elle agit en femme d'honneur comme l'a prouvé son action précédente. Ensuite, elle lui rappelle sa mère : elle a le même âge que cette dernière lorsqu'il a perdu la vue. Enfin, on pourrait rajouter qu'elle n'a besoin d'aucune aide : elle ne représente pas la figure de victime que Zatoïchi protège habituellement pendant ses errances, et qui semblait jusqu'à lors rattachée principalement aux femmes. Bref, elle est la seule avec qui Zatoïchi peut accepter de se mélanger, concentrant toutes les qualités précitées.


Zatoïchi essayant de maîtriser son passé, et donc son destin

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Il rencontre une autre femme, qui non seulement lui rappelle sa mère, mais également sa nourrice qui élevait des orphelins dans Le voyage à Shiobara. Ainsi, Zatoïchi devient comme l'un d'eux, dans un véritable cocon familial auquel il participe aux tâches ménagères. Probablement sa scène la plus heureuse du film. Elle lui affirme une phrase très importante, faisant écho à la feuille qu'il essayait de figer et donc à son destin : "une feuille doit haïr le vent". Autrement dit, il doit prendre en main son destin.

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Ainsi, il est logique qu'il réponde à l'horreur dont fait l'objet cette femme qui incarne la fragilité et l'innocence à ses yeux, et qui sera témoin d'une scène d'exécution ignoble par un yakuza dont le pouvoir lui est monté à la tête. S'ensuit un climax qui explose dans une violence et une bestialité jamais atteintes depuis le tout début. La légende reprend le dessus, juste le temps que les clans des yakuzas soit anéantis, pour laisser place à la joie en liesse des villageois qui peuvent enfin vivre à leur guise, sans avoir peur de leurs oppresseurs.

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D'autre part, Zatoïchi rencontre un samouraï, à la solde de l'un des clans, qui évoque l'amitié de courte durée rencontrée dans Le masseur aveugle. Il est le premier à s'intéresser réellement à son handicap, en l'interrogeant sur ses difficultés, et en en capturant la beauté en lui peignant un portrait.

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La fin du film, ouverte, sonne de manière heureuse comme une fin de saga sans l'être véritablement en fait. Deux figures optimistes se mettent en travers de l'enfermement de Zatoïchi dans son passé : l'idéaliste réformateur rencontré au début qui au lieu de révolutionner le monde, se contente d'agir à son niveau en s'occupant d'un cortège d'aveugles comme lui, et la femme yakuza qui marche dignement sur le chemin tout en restant discrète, modèle d'une caste dont l'avenir est encore incertain. Au milieu, Zatoïchi accepte son destin contre le samouraï. Quelle sera la voie du masseur aveugle, en avant ou en arrière de sa vie ?

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Réalisation

Shintaro Katsu reprend la charte esthétique qu'il avait élaboré dans sa précédente participation à la saga, La blessure, en accentuant encore davantage le réalisme du film, tout en conférant une violence encore plus saisissante lors des combats, avec mutilations et geysers de sang à gogo.

La force de la narration peut aussi être paradoxalement sa faiblesse : en multipliant les références aux épisodes précédents, ce film ne s'adresse absolument pas aux néophytes de la saga, mais à ceux qui la connaissent bien. Ainsi, les apparentes errances du masseur aveugle acquiert tout leur sens, en reconquête de son passé et donc de son futur.

Tous les personnages, sans exception, sont bien développés. La durée du film, inhabituelle pour la saga, est ainsi tirée à profit.

La musique est assez particulière, mixte du thème de la série avec des morceaux reflétant la pop de l'époque. Personnellement, elle ne fait pas partie de mes favorites, trop moderne par rapport à ce type de film.

Ce Zatoïchi, sans réellement conclure la saga, offre tout de même une belle rétrospective à travers des scènes ou des personnages typiques, et qui font écho au passé du masseur aveugle. Ainsi, il est nécessaire, pour pleinement apprécier cet épisode, d'avoir parfaitement en tête les films fondateurs de la série (le premier, et tous les films à partir du Justicier, spin-off mis à part, sont suffisants pour en faire le tour).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 12 Mar 2012, 08:56

Petit bilan de la saga sur Zatoïchi


1-3 + 4 : épisodes fondateurs, insistant sur les faiblesses et les doutes du personnage, sur sa double condition existentielle (yakuza ET masseur aveugle), puis enfin de sa maîtrise de soi.
6, 16 : réflexion sur la justice.
8, 17 : paternité, éducation.
11-15 : plongée dans le trouble identitaire du personnage, et approfondissement de ses faiblesses, de ses doutes (utilisation ou non de la violence en cas de conflit, conséquence de ses actes, ...).
7, 16, 18 : Zatoïchi, demi dieu de la mort (au moins le climax).
19 : démystification par l'humour.
21 : synthèse "romantique" du personnage.
23-24, 26 : autisme de Zatoïchi.
25-26 : plongée dans le passé.
(23-26 sont aussi les épisodes réalistes)


5, 9, 10, 20, 22 sont mineurs, n'apportent rien à la saga.

Meilleurs climax (selon mes souvenirs) : 7, 17-19, 21, 24, 26
Meilleurs films (TOP 10) : 21 (le plus romantique) & 24 (le plus vénère, moderne, et réaliste) de loin, puis j'aime beaucoup les 7 (déroulement non classique avec un fond classique), 8 (le plus touchant, Zatoïchi-père et mari), 12-13-14 (les plus sensibles), 16 (le plus politique), 19 (le plus démystificateur), et le 26 (le plus nostalgique, oeuvre-somme qui suppose avoir vu pas mal d'épisodes précédents pour le savourer entièrement).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Kakemono » Lun 12 Mar 2012, 22:13

Belle série de critiques sur Zatoichi, chapeau! Ca me sera utile quand je me lancerais dans la saga mais je préfère avoir vu plus de chambaras avant de m'y mettre. :super:
Tu va conclure par la version de Kitano? J'avoue que c'est le seul Zato que j'ai vu et il y'a fort longtemps, ce serait intéressant de comparer sa version et ses apports ou trahisons par rapport a la saga originelle.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 12 Mar 2012, 23:04

Thks :super:

Oui, c'est prévu, mais pas tout de suite. Je voudrais voir d'autres films avant (je frise l'overdose là :mrgreen:), et aussi le choper en DVD. Dans une semaine je pense.

D'après ce que je sais déjà, Kitano s'est beaucoup éloigné de la saga et n'a pas voulu trop se baser dessus, mais je soulignerai bien sûr les différences pour faire le point.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Lun 12 Mar 2012, 23:31

Evite Zatoichi the last, par contre.
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Horde sauvage (La) - 9/10

Messagepar Dunandan » Mar 13 Mar 2012, 06:18

La horde sauvage

Réalisé par Sam Peckinpah

Avec William Holden, Ernest Borgnine, Robert Ryan, Edmond O'Brien, Warren Oates, Ben Johnson, Jaime Sanchez, Emilio Fernandez

Western, USA, 2h17 - 1969

9/10

Résumé :
Au sud du Texas, Pike Bishop et ses hommes s'apprêtent à attaquer les bureaux de la compagnie de chemin de fer. Mais Duke Thornton et ses chasseurs de primes les attendent au tournant. Un bain de sang se prépare.

C'est le deuxième film de Peckinpah que je découvre cette année, avec Coups de feu dans la Sierra. C'est fou comme ce dernier possédait déjà tous les thèmes du réalisateur en germe : choc des générations et des époques, amitié virile, déliquescence des valeurs d'antan, réflexion sur la violence. Ainsi, La horde sauvage est son direct rejeton. Cependant, au niveau de la forme et de la narration, mise à part la traditionnelle quête d'or et l'envie d'organiser un dernier coup avant de se retirer, il y a peu de choses en commun entre ces deux films. Un grand film qui changea la donne dans le genre du western par son traitement sec et sans concessions de la société et la réponse qui en résulte.


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Le début du film plante le décor par le biais d'un montage alterné. Il ne se contente pas d'introduire les "héros", mais présente différents aspects de la ville : jeux cruels d'enfants (annonçant leur implication dans la bataille finale) qui ressemblent déjà à des adultes, manifestation moraliste contre l'alcool faite par des chrétiens moroses, et groupe à l'identité anonyme qui guette le premier. Nous ne savons pas d'emblée qui sont du côté du bien et qui sont du côté du mal, signe que jamais le film ne sera manichéen. La fusillade qui suit après est l'une des plus belles, radicales, et chaotiques que j'ai pu voir dans un western (à l'opposé de l'esthétique de la violence chez Sergio Leone qui est posée, chorégraphiée comme une danse, et construite à partir de silences jusqu'à l'explosion finale), qui marquera nombreux réalisateurs tels que John Woo ou Michael Mann : montage sec et alterné, ralentis, angles recherchés, nous procurent un spectacle de la mort et de la violence paradoxalement réjouissant, n'épargnant personne a priori. Or, cette violence n'est jamais gratuite dans ce film : en soi, elle tente de refléter cette époque de manière non édulcorée, et après-coup, chacune de ces séquences sera toujours contrastée soit par un discours (basé sur des principes et non sur la loi ou une morale) condamnant cela, soit par le décès d'amis proches. Très ironiquement, les braqueurs de banque vont pouvoir s'enfuir grâce à la procession contre l'alcool, alors que ce sont tous de bons amateurs de whisky, ayant pratiquement toujours une bouteille à la main. En résumé, de bons vivants.

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Or, les protagonistes du début, les braqueurs de banque, sont poursuivis par d'autres hors-la-loi : la justice, impuissante (le coup d'après sera vite expédié, car les militaires ne font littéralement pas le poids) face à cette violence, utilise machinalement la violence contre elle, en offrant la liberté en échange. Mais les deux groupes suivent des "codes" complètement opposés. D'un côté, l'amitié et la recherche professionnelle de l'or cimentent la relation des traqués, tandis que de l'autre, les poursuivants agissent comme des brutes, animés par l'or également, mais sans principes ni loi (par exemples, ils tuent dans le tas sans réfléchir, alors que leur "proie" vise toujours à dessein). Ces derniers sont guidés par un homme qui appartenaient anciennement à l'autre monde, partagé entre la liberté et la rédemption (il a une histoire de vengeance avec le chef du groupe) qu'on lui offre et le désir d'exprimer sa véritable nature (qui mène finalement à la "vraie" liberté).

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Ainsi, l'amitié occupe une place essentielle dans ce film, qui sera la dynamique des trois quarts du film, tandis que le reste sera occupé par la quête d'or et les fusillades qui les accompagnent. Un vrai film d'hommes en somme, qui prend son temps à développer les relations, les tensions, les divergences de points de vue, avec les clivages ancien/moderne, famille-convictions/or-fêtes. Près de la frontière mexicaine, la musique, guerrière lorsque les batailles fusent, prend le pli de la culture lors des haltes pour le plaisir de nos oreilles et de notre coeur, développant des torrents d'émotions différentes. A l'arrière-plan se déroule la révolution mexicaine (qui sera avortée prématurément ...), qui est le cadre rêvé pour les "héros" de faire leur dernier coup, dernier coin de l'Ouest où son esprit semble encore exister (mais la présence de l'automobile indiquera le contraire). Or, l'or qui était la motivation principale des hommes, sera peu à peu remplacée par l'amitié, au péril de leurs propres vies. La fin m'a fait beaucoup pensé aux réalisateurs que j'ai cités plus haut.

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La réalisation est vraiment magnifique, alternant un montage efficace, rapide, furieux lors des fusillades, et un scope de toute beauté lors du "road trip" et des longues haltes où les hommes se laissent vivre, exprimant leur nature d'homme, leur joie de vivre (tenant à presque rien : l'alcool, les femmes, l'amitié, et la liberté), mais aussi leur mélancolie causée par un passé parfois trouble (essentiellement des histoires d'amour qui ont mal tourné : la notion d'amour est très pessimiste, la femme ou l'homme trompant son partenaire à tout bout de champ, et les prostituées étant la seule valeur sûre). Ce film avait pour moi la réputation d'être super violent, ce qui est vrai (par exemple, il n'y a pas de limite concernant l'identité des victimes), mais les scènes d'action sont finalement assez peu nombreuses, et je me retrouve surtout devant l'un des plus beaux westerns que j'ai regardés sur l'amitié, dernière valeur-pivot dans cette société pourrie jusqu'à l'os. Parmi tous les personnages, tous saisissants de réalisme et de vitalité (La horde sauvage renvoie à la nature sauvage, vitale, authentique), trois m'ont réellement touchés dans leur traitement : le chef, mettant l'amitié au-dessus de tout et respectant certaines valeurs d'antan, le mexicain partagé entre son désir d'aider son village et de faire compagnie avec les autres pour l'or, et enfin, le chef de l'autre groupe, partagé entre les deux mondes, le monde soit-disant civilisé qui utilise les mêmes méthodes que ses adversaires, et celui de ces derniers, les hors-la-loi, qui sont probablement les hommes les plus libres et les plus dignes de vivre du film. Cependant, ce portrait est contrasté par la présence de quelques jeunes en conflit avec l'ancienne génération, qui passent leur temps à dépenser leur or pour les prostituées et à boire, véritables sangs chauds, frôlant fréquemment la ligne à ne pas dépasser même dans leur condition de bandits. J'adore aussi le fait que les poursuivants arrivent trop tard pour capturer leur proie qui a succombé à leur idéal le plus profond, et donc que leur chef ne puisse pas accomplir son désir, condamné à être ce qu'il est réellement. Enfin, il est remarquable d'apercevoir à quel point le réalisateur s'intéresse au destin de ces marginaux, ressemblant ainsi au traitement que Hideo Gosha réservait à ses samouraïs ronins, alors que les autres personnages (hommes de loi, hors-la-loi poursuivants - hormis leur chef -, militaires, mexicains, enfants, prostituées ...) apparaissent toujours au second plan, signalant leur moindre importance (plus narrative que factuelle).

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Un film profondément nihiliste, car finalement aucun espoir ne vient poindre son nez (les femmes ou les hommes infidèles, la cruauté quasi ontologique des enfants imitant le jeu adulte de la guerre, ...), et même les espoirs de rébellion (les mexicains) et de rédemption (du chef des poursuivants, ancien hors-la-loi, trouvant son "monde" finalement en marge de la société) sont brisés, avec dans la bouche le goût amer de l'amitié, unique valeur digne d'être défendue dans le cadre de l'Ouest finissant, mais venue terminer son existence sur le sol des mexicains, autres rejetés de la société américaine et substitut illusoire de la Grande Epoque.

Derrière la vitrine d'un monde extrêmement violent, La horde sauvage est surtout un hymne à l'amitié, alternant joie de vivre et mélancolie du passé, au milieu d'une société corrompue dès l'enfance.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Hannibal » Mar 13 Mar 2012, 09:13

Elle est mortelle ta critique :super:
Faut que je vois le film!
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 13 Mar 2012, 09:20

Thks :super: Belle découverte me concernant. Tu ne l'as pas vu ?
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Hannibal » Mar 13 Mar 2012, 09:21

non mais chut, j'ai honte...
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 13 Mar 2012, 09:40

Dans mon dernier EDIT, j'ai emprunté la toute dernière idée à Way (superbe analyse), qui renforce parfaitement mon opinion sur cette amitié mise au ban de la société :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mar 13 Mar 2012, 14:23

T'es un gars bien, certains devraient prendre exemple sur toi.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar comICS-soon » Mar 13 Mar 2012, 14:30

Très belle critique, ça me donne envie de le revoir tiens :mrgreen:

Tu as vu Pat Garett ?
See ya in another life brother !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Heatmann » Mar 13 Mar 2012, 14:58

je croit que a cette epoque , perso je me serait sentie super bien a vivre au rhytme chaotique , amical , violent et epicurier de la horde sauvage , jme sent bien devant ce film moi , total adequation :mrgreen: :love:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mar 13 Mar 2012, 15:03

Oue moi aussi, on aurait fait un gang et on serait aller tabasser Alegas et son crew de danseuses :mrgreen:
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