9/10
To Live and Die in LA de William Friedkin - 1985
Spoiler
Des fois quand on a pas revu un film depuis un moment (là près de 15 ans) on a tendance à oublier à quel point ça peut être un grand film, alors je savais que j'aimais ce film de Friedkin mais j'avais oublié à tel point, au point que je le considère comme mon film préféré du mec aujourd'hui.
Alors ici on est vraimetn devant le polar emblématique des 80's (bien plus que
L'Année du Dragon ou le 2 Mann mais si je préfère Thief), un film qui ressemble d'ailleurs quasiment a aucun autre film des 80's, on croit que ça surfe sur la mode via l'esthétisme 80's poussé à l'extrême ou le coté buddy movie qui ici prononce méchamment le gay friendly et là dessus le film va très loin en jouant pas mal sur les faux semblant d'ailleurs le plan où Dafoe embrasse sa copine de dos bein c'est un mec et non pas une fille ensuite quand la caméra tourne on voit que c'est une femme, et donc Friedkin est bien plus malin que ça et il fait son film en faisant tout valdinguer au fur et à mesure que ça avance, c'est un film sur les 80's et pas un film des 80's (loin des standards Reaganiste de l'époque donc).
Alors oui clairement l'intrigue globale est très mince d'ailleurs la première fois que j'ai vu le film ça m'avait un peu gêné et je l'avais pas trouvé si ultime que ça au vue de sa réputation (ça pourrait servir de script pour Miami Vice, Mann a d'ailleurs crié au plagiat, Arme Fatale ou n'importe quel polar pas trop écrit quoi), on sent que c'est pas ce qui intéresse le plus Friedkin, genre on nous colle une monstrueuse course poursuite et franchement dans le script ça justifie pas des masses (alors oui y a l'astuce pour trouver la thune mais c'est surtout là pour souligner que Chance c'est une tête brulée rentre dedans enfin c'est même plus que ça car rarement une course poursuite en voiture aura autant souligné de chose via des plans toujours bien pensé on ressent vraiment l'état d'âme des 2 perso lors de cette séquence)
On a rarement vu un héros de polar aussi "méchant" alors méchant est ptet pas le terme exact mais il a un coté plutôt antipathique (et c'est pas que parce qu'il est impulsif) notamment la façon dont il traite son indic (en fait c'est pas un héros c'est un gros boeuf), ça c'est la Friedkin Touch, la frontière entre la légalité et la criminalité est très mince et c'est facile de tomber du mauvais côté pour arriver à ses fins et ça renvoi finalement bien au titre : vivre ou mourrir. Et puis il y a cette fin complétement géniale et toujours aussi inattendue car on a vraiment pas l'habitude de voir le héros se faire abattre comme une merde sans avoir tuer le bad guy, ça renvoi au meurtre de son coéquipier ( en général avant de mourir on a une ligne de dialogue où un truc où le gars comprend qu'il va mourir bein pas chez Friedkin, en plus la scène est d'une telle banalité, coup de shotgun dans la tronche en tout la scène dure 3 secondes, en fait y a pas d'autre exemple de film (car il meurt même pas à mi film et on switch de héros) et puis la fin avec le coéquipier qui devient Chance j'adore.
Ce film c'est aussi toute la classe de la police, y a pas un seul personnage pour rattraper l'autre, on est en plein Far West ça tire à vue et sans sommation mais en plus de ça on se fait enculer comme des bleus, Chance il accumule dans le film entre Turturo, son indic et la fin c'est pas une question de chance ici, c'est juste un gros nul comme flic qui poursuit un pauvre petit truand et Friedkin nous le montre bien, Dafoe dans le film à part Chance tout le monde s'en branle en fait (et ça c'est vraiment un détail que j'adore) et puis Chance ne veut pas l'attraper pour faire justice mais pour venger la mort de son coéquipier.
Un monde de pourri dans une ville pourri par le fric. Et le film a un coté très De Palma à savoir qu'on ne sait finalement ce qui est vrai, ce qui est faux, tout est toujours faux semblant et les personnages passent leur temps à se faire avoir.
Après avoir filmé New York à merveille dans
French Connection et
Cruising (même si le film est pas bon il a une sacré ambiance), Friedkin est aussi bon pour LA ( d'ailleurs là comme ça je sais pas si un autre réalisateur à fait 2 polars aussi différents et réussis dans les 2 grandes villes ricaines, 2 villes tellement différentes à l'écran ), Friedkin a rarement été aussi fétichiste et ce film est vraiment un des ses plus visuels mais c'est toujours dans son style très direct sans plan qui dure ( ici on a pas de spleen urbain on est pas chez Mann ). Sa course poursuite reste une des plus marquantes de l'histoire du cinéma, alors c'est pas que parce que c'est Friedkin et LA, c'est aussi car elle raconte des choses, car elle est vraiment impressionnante et immersive et franchement depuis on en a eu très peu de ce niveau, les courses poursuites réussis (sans CGI en gros) sont devenus un truc très rare.
William Petersen je suis pas fan de lui (je l'aime pas dans Manhunter) et là je trouve il trouve vraiment son meilleur rôle (et de loin) dans un rôle de pauvre flic vraiment borderline (il est même ridicule avec son flingue à la main et il fait des petits sauts de cabris) , Willem Dafoe dans un rôle de méchant où en plus il cabotine pas ça se savoure et ici il est génial (et c'est aussi le seul personnage droit du film, le seul qui a une vraie ligne de conduite, il fait toujours ce qu'il dit) dans le rôle de ce personnage à l'aura vénéneux (il dégage un putain de truc sans en faire des tonnes et pour moi c'est top 3 de sa filmo cette performance) et j'aime bien que son personnage ne soit pas omniscient ou tout puissant non il lui arrive aussi de se faire avoir, l'inconnu John Pankow est très bien et son physique passe partout colle bien avec le personnage, Dean Stockwell en avocat sans scrupule fait le job et je me souvenais pas qu'il y avait Steve James le pote de Dudikoff (ça lui fait un bon film dans sa filmo, bon je suis méchant il a aussi Vigilante), j'aime bien les 2 actrices aussi qui sont superbement filmée par Friedkin.
La BO de Wang Chung forcément très 80's j'ai longtemps eu du mal avec ( elle m'a plombé le film la première fois) et finalement j'irais pas jusqu'à dire que j'aime bien et que je l'écouterais en boucle mais finalement ça passe bien et ça colle parfaitement à l'ambiance voulue par Friedkin ( et c'est bien ça le plus important), enfin le thème du générique par contre je le kiffe bien quand ça part avec les guitares (et puis le générique tue avec cette police de caractère).
J'ai longtemps (toujours) préféré French Connection et aujourd'hui je préfère celui là, c'est du polar comme on en voit plus et le polar US qui fait le plus penser à du Ellroy (ça c'est pas rien) : un film où on règle ses comptes à gros coup de shotgun quoi (même si ce dernier aime pas trop le film mais bon lui il a vraiment des goûts chelou) dans les 70's on a eu French Connection, dans les 90's Heat, et bein dans les 80's on a Live and Die to LA.
Et puis ce titre quoi, c'est ptet bien le meilleur titre de film ever (merci Tupac de l'avoir fait passer à la postérité).