[Velvet] Mes critiques en 2014

[zack_]

Ouh tu m'intrigues là. Faudra que je me le fasse alors.

[Dunandan]

Ben moi faut que je me fasse tous les Kon (c'est vrai hein ^^)

[Velvet]

Wrong Cops de Quentin Dupieux (2014) - 6/10

Le dernier film en date de Quentin Dupieux, récite sa leçon avec une aisance visuelle et sonore reconnaissable, mais sans malheureusement arriver à se détourner de sa gentillette trajectoire, forçant autant l’admiration que la déception. On sait où on met les pieds dans l’univers du réalisateur français, avec cet esprit grinçant s’amusant d’un flic à la dégaine peu recommandable et voyeuriste sur les bords, abusant de son autorité pour voir des paires de nibards. Wrong Cops nous fait suivre à coups de saynètes WTF, une tripotée de flics bizarres en patrouille, complétement borderline, qui ne se donnent aucune limite, qui usent et abusent des travers d’un microcosme complétement lourdingue dans une ville fantôme, presque intemporelle où l’abus de pouvoir est le maitre mot. Comme dans Rubber ou Steak, la direction d’acteur est exemplaire avec un écrasant Mark Burnham, un génial Marilyn Manson démaquillé jouant un adolescent attardé, ou une hilarante Arden Myrin. Sur les routes ensoleillées de Los Angeles sous fond de musique techno, les punchlines fusent sans jamais s’arrêter, dans un récit plus accessible et linéaire que Rubber ou Wrong. C’est lourd, vulgaire mais complétement assumé, avec un coté freak haut perché où la gratuité est no reason. Un flic deal de la drogue qu’il dissimule dans des rats ou du poisson puant, un flic essaye d’échapper à un chantage faite sur sa personne quand l’une de ses collèges découvre qu’il est acteur de porno gay... Mais chez Quentin Dupieux, il y a toujours ce je ne sais quoi qui ne fonctionne pas, avec cet humour corrosif un brin factice. A trop vouloir jouer les réalisateurs « regardez comme je fais un truc super hype qui va à contrecourant », il se fait prendre à son propre piège, et délivre là, un film presque formaté, à l’ambiance quasiment inexistante mis à part le fait qu’on assiste à un accumulation de private joke plutôt bien branlée, s’accoudant par la même occasion, sur les épaules charismatiques de cette bande flic abruti ou psychopathe aux tronches perverses invraisemblables (le regard déviant de Mark Burnham qui danse sur des samples électro dans sa chambre en caleçon). A certains moments, le film prend son envol avec un touche à la fois drolatique et incarnée, avec le rôle donné à Eric Judor, jouant un flic mélomane, qui rêve que d’une seule chose, faire produire sa musique, que tout le monde trouve à chier mis à part une sorte de mort vivant passant le reste du film dans le coffre d’une bagnole de police. Wrong Cops ne ressemble à rien, est une oeuvre personnelle à défaut d’être originale, instaure ses propres codes comportementaux, expérimente sans réellement s’aventurer dans des contrées subversives, et est la représentation même des compositions musicales de Mr Oizo : entêtant et additif dès les premiers beats, le film semble s’évaporer minute après minute pour laisser un gout amer, sans saveur aucune.

[Velvet]

Bilan de Mars:

Films vus:

49) Mon pire cauchemar de Anne Fontaine (2011) - 4/10
50) Les Prédateurs de Tony Scott (1983) - 7,5/10 - CRITIQUE
51) Le Vilain de Albert Dupontel (2008) - 7/10
52) Time Out de Andrew Niccol (2011) - 5,5/10
53) Un homme exception de Ron Howard (2001) - 6/10
54) Le Miroir de Andrei Tarkovski (1974) - 9,5/10 - CRITIQUE
55) Sex & Fury de Norifumi Suzuki (1973) - 7/10 - CRITIQUE
56) Un cœur en hiver de Claude Sautet (1992) - 9/10 - CRITIQUE
57) Nelly et monsieur Arnaud de Claude Sautet (1995) - 8/10 - CRITIQUE
58) Un été à Osage County de John Wells (2014) - 7/10 - CRITIQUE
59) La Pianiste de Michael Haneke (2001) - 8,5/10 - CRITIQUE
60) Caché de Michael Haneke (2005) - 8/10 - CRITIQUE
61) Funny Games US de Michael Haneke (2008) - 9/10 - CRITIQUE
62) La Grande Aventure Lego de Phil Lord & Chris Miller (2014) - 8/10 - CRITIQUE
63) The Canyons de Paul Schrader (2014) - 0/10 - CRITIQUE
64) Perfect Blue de Satoshi Kon (1997) - 10/10 - CRITIQUE
65) Angel Heart de Alan Parker (1987) - 8/10
66) Elle s'appelle Ruby de Jonathan Dayton (2012) - 7,5/10
67) Perfect Mothers de Anne Fontaine - 6/10
68) Steak de Quentin Dupieux (2006) - 6/10
69) La Chasse de Thomas Vinterberg (2012) - 7/10
70) Her de Spike Jonze (2014) - 9/10 - CRITIQUE
71) Rubber de Quentin Dupieux (2010) - 7/10 - CRITIQUE
72) Terminator de James Cameron (1985) - 9,5/10
73) Paprika de Satoshi Kon (2006) - 9/10 - CRITIQUE
74) Millennium Actress de Satoshi Kon (2001) - 9,5/10 - CRITIQUE
75) Wrong Cops de Quentin Dupieux (2014) - 6/10 - CRITIQUE
76) Incendies de Denis Villeneuve (2011) - 8,5/10
77) Dream Home de Pang Ho-cheung (2011) - 6/10

Films 2014 du mois

Découvertes du mois

Bouse du mois

Actrices du mois

margarita terekhova

Emmanuelle Béart

lubna azabal

[Alegas]

Irréversible de Gaspar Noé (2002) - 9,5/10

Avec Irréversible, Gaspar Noe, affiche ses intentions, et livre une œuvre intransigeante qui en laissera plus d’un sur le carreau. La subtilité n’est pas la qualité première du film, mais cette générosité dans la proposition de cinéma, cette volonté de montrer l’insoutenable et de toucher du bout des doigts un jusqu’au boutisme malsain, rend l’expérience encore plus fascinante. Cette opacité vertigineuse accentue cette force viscérale qui se dégage du long métrage. Irréversible est un film organique, charnel, profitant à la fois d’un montage à reculons parfait où chaque scène se répond et d’un travail sonore sidérant démultipliant cette plongée cauchemardesque dans un chaos infini, et mettant en exergue une réalisation brillante. L’utilisation de la caméra est impressionnante de maitrise, avec cette accumulation de plan séquences fixes ou complétement volatiles qui partent dans les tous sens. Mais malgré cette liberté visuelle dominatrice, ce mouvement perpétuel qui peut sembler vain au premier abord, Gaspar Noe enchante, bouleverse, nous laisse pantois devant cette maestria esthétique, à la fois onirique et anarchique, montée de telle sorte que l’on navigue entre clair/obscur, ou le flou s’accommode d’une lisibilité parfaite pour nous faire profiter d’un spectacle coup de poing, à l’image de l’une des premières scènes du film montrant Marcus, inconsolable, tentant de retrouver un certain Le Ténia pour en découdre avec lui dans une boite de nuit gay dénommée le Rectum. L’affrontement entre les deux hommes n’aura pas lieu, mais cela n’arrête pas le réalisateur dans ses intentions puisqu’il achèvera sa séquence, en plan fixe rapproché, dans le fracas le plus strident par un cassage de bras et un meurtre à la violence abominable. Ces couleurs rougeâtres, ces lumières abscons, ces couloirs labyrinthiques dépravés à la morbidité sexuelle déplaisante tétanisent le sang et les sens.

[Alegas]

Comment elle fait plaisir à lire ta critique, d'autant que le film est jugé un peu trop hâtivement et facilement par beaucoup. Pour moi, c'est clairement l'une des expériences cinématographiques les plus scotchantes que le France a pu livrer.

Pour la peine :

[Velvet]

Ça me fait chier de pas avoir eu la chance de le voir en salles celui là, ça doit sacrément amplifier la profondeur de toute la maîtrise technique.

[Mark Chopper]

Pas trop, en salle tu es très emmerdé par toutes les personnes qui se lèvent et se barrent en claquant la porte.

Plusieurs dizaines pendant ma séance.

[Velvet]

Ça me rappelle ma séance d'Enter the Void où j'ai fini la séance à deux dans la salle alors qu'on était une cinquantaine au début avec pas mal de vieux qui commençaient à grogner au vu du générique

[Alegas]

Pas trop, en salle tu es très emmerdé par toutes les personnes qui se lèvent et se barrent en claquant la porte.

Plusieurs dizaines pendant ma séance.

Tu m'étonnes.

Moi pour Enter The Void, je m'étais pas fais chier : j'avais pris la séance le plus tard possible, comme ça j'étais entouré que de mecs qui avaient vraiment envie de voir le film et qui savaient à quoi s'attendre.

[Mr Jack]

Pureté émotionnelle, c'est vrai. Après, j'aime pas trop ce truc de vouloir prouver un argument/être efficace en étant extrême. Le plan de Bellucci dans le tunnel ça me marque plus que de la voir se faire violer pendant un quart d'heure. Ce côté trash me dérange mais ça reste un film important dans mon histoire perso avec le ciné.

[Alegas]

Le viol en intégralité découle du parti-pris du film : des plans-séquences qui ne quittent jamais les personnages, et puis il est là pour changer totalement le point de vue du spectateur quand aux actes fait par Cassel et Dupontel en début de film (qui paraissaient purement gratuits jusque là).
Clairement, le film n'aurait pas eu le même impact avec juste le plan du tunnel et Bellucci de dos, il fallait un gros choc pour bouleverser la vision purement subjective que l'on au début du récit.

[Mr Jack]

J'aime pas le parti-pris alors

[Dunandan]

Hannibal de Ridley Scott (2001) - BOM Challenge - 4/10

Avec Hannibal, Ridley Scott n’offre malheureusement pas un film de sérial killer digne de ce nom mais arrive laborieusement à créer un simple petit polar mal fagoté, souvent boursouflé, jamais nerveux et qui à l’inverse du surcoté Le Silence des Agneaux, n’arrive pas à se sauver de ce naufrage apathique par la force de sa direction d’acteur, notamment à travers Anthony Hopkins. L’acteur, est enfermé dans son personnage, en roue en libre, dans cette ville florentine cheap et faussement baroque, pas aidé par un script paresseux, et se lance souvent dans des tirades artistiques pantouflardes, qui ont comme inconvénient de lisser toute la personnalité monstrueuse et psychopathe du meurtrier cannibale. Il est difficile de ne pas faire le lien avec son prédécesseur réalisé par Jonathan Demme. Dans ce dernier, Hopkins apparaissait peu mais transgressait le film de toute son aura. Avec Hannibal, c’est l’effet inverse. Tout le film est dédié à sa personne pas «si dangereuse que cela » et à son mode de vie raffiné, sans que l’on ressente sa présence mortifère. Après une mission complétement ratée, l’agent Clarice Starling est mise à contribution pour retrouver le fantomatique et introuvable Hannibal Lecter, psychopathe inscrit dans la liste des « dix hommes les plus dangereux du monde » mais qui se balade en Italie, tranquillement, comme si de rien n’était. Alors que le Silence des Agneaux instaurait une relation malsaine entre les deux personnes, le film de Ridley Scott est une sorte de jeu du chat et la souris platonique en version géographiquement géante, avec comme fil rouge, la vengeance espérée d’un riche milliardaire défigurée à vie par Hannibal. Le rôle joué par un méconnaissable Gary Oldman, sous cette couche de maquillage impressionnante d’horreur due aux lacérations qu’il s’est lui-même infligées sous les ordres de Hannibal, est l’un des seuls points positifs du film, apportant un minimum d’âpreté à un film manquant clairement de singularité. Comprenant que son œuvre ne diffuse aucune ambiance électrisante malgré une réalisation notable offrant quelques moments de classe poétique et romantique, Ridley Scott s’insère dans une direction que n’avait pas voulu prendre Demme, celle du gore. Mais encore une fois, le réalisateur se trompe sur toute la ligne en étant assez timide, avec un aspect sanglant qui n’a pas l’effet escompté, faisant parfois à son insu, plus rire qu’autre chose notamment durant cette séquence de scalp grand-guignolesque ou lorsqu’on se croirait dans une mauvaise série Z avec cette brochette de gros cochons tueurs et mangeurs d’hommes. Ces décalages gore grassouillets peu convaincants dénotent avec la volonté de Scott de mettre en place un thriller soigné et presque glamour comme en dispose ce climax final avec le décolleté plongeur d’une Julianne Moore qui malgré cela, s’en sort avec les honneurs. Jamais tranchant, Ridley Scott pond avec Hannibal, une sorte de version avariée et cannibale de la Belle et la Bête.

[dagokhiouma]

bon je ne tape pas, mais as-tu lu le bouquin ?