[Nulladies] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal - 3/10

Messagepar Nulladies » Dim 24 Jan 2016, 06:48

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I had a dream.

A la sortie de ce quatrième volet, on aurait pu imaginer une brutale prise de conscience. Une réunion au sommet, entre les pontes du l’entertainment, qui auraient repris point par point tout ce que ce film a de raté pour repartir sur des bases saines.
On aurait pu imaginer une sorte de nouveau dogme appliqué aux blockbusters, qui préciserait que revenir des décennies après sur une franchise qui fit la gloire de son époque, c’est probablement une mauvaise idée.
Que les marmottes en CGI, c’est laid.
Que les falaises et la jungle en CGI, aussi.

Que le principe du « toujours plus » a ses limites, qu’on nomme le grotesque : trois chutes du Niagara successives, par exemple. Une bombe atomique et un frigo, par exemple. Un combat à l’épée entre deux jeeps. Une transformation en Tarzan. Etc., etc., etc.

Que le jeu sur la nouvelle génération, en plus d’occasionner une pâle copie, gêne fortement, d’autant qu’il fut déjà exploité avec talent dans La Dernière Croisade. Shia LaBeouf qui se peigne en toutes circonstances est aussi crédible sur sa Harley que Johnny face à un verre de Perrier, et les scènes de ménage entre les sexagénaires certes moins embarrassantes que le mariage final, mais tout de même bien dispensables.

Que l’idée de laisser intervenir Georges Lucas, qui après avoir souillé Star Wars vient essuyer ses mains grasses sur cette franchise, aurait dû être évitée comme la peste.
C’est la fête du slip : on mélange Eldorado et Roswell, canal parapsychique et crâne aux vertus proche de l’anneau, on fait remonter l’archéologie aux aliens et on finit comme un mauvais épisode de Stargate

On se serait flagellé un moment, on aurait juré qu’on ne s’y laisserait plus reprendre, et on aurait bossé des scénars originaux.
Mais non. Jurassic World et Terminator Genysis sont là pour le prouver : la dilution par le numérique paie. La nostalgie des parents et l’absence de goût de leur progéniture suffit au système pour se pérenniser. Alors pourquoi se priver ?
Reste à savoir quelle leçon aura tiré papy Spielberg de cette expérience, qui prouve tout de même avec la belle séquence d’ouverture qu’il sait tout à fait mettre en scène. S’il rempile comme prévu en 2018, il aura le choix entre cette recette et une autre, un brin plus séduisante, vintage et nostalgique, qui commence à pointer depuis Mad Max Fury Road et Le Réveil de la Force… que cette dernière soit avec lui.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Dunandan » Dim 24 Jan 2016, 09:09

Tu as oublié les balades en lianes avec les singes :mrgreen:. Sinon je devais être aussi consterné que toi lorsque je l'ai vu au ciné. A cause de la nostalgie, je risque de mettre un peu plus que toi, mais pas de beaucoup...
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César doit mourir - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 25 Jan 2016, 06:34

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Prison wake

César doit mourir repose sur un dispositif narratif assez complexe, à la croisée du documentaire et de la fiction. Les frères Taviani suivent les répétitions d’une pièce de théâtre en prison, dont on nous montre en préambule, - et en couleur, tout le reste du film étant en noir et blanc- la représentation triomphale à la suite de laquelle les comédiens retournent dans leurs cellules.
L’expérience est au départ réelle : ce sont bien des détenus qui jouent les rôles et répètent le Jules César de Shakespeare, mais se complique dans la mesure où il ne s’agit pas d’un strict documentaire. Les répétitions sont ainsi écrites, et les disputes entre les comédiens – pour qui les tensions de codétenus prennent parfois le dessus – sont elles aussi jouées, tout comme ces séances de répétitions dans les murs de la prison qui prend soudain des allures de décor antique.
Si la dimension cathartique du théâtre et la confusion que ce texte ancestral entretient avec la brulante actualité des individus est traitée avec un peu de didactisme, le film prend davantage son envol dans la gestion des espaces : les cinéastes donnent à voir la métamorphose d’un décor imposé, l’univers carcéral, par le texte qui s’y épanche. Les cadrages, la très belle photographie en noir et blanc, l’exploitation des cellules, des grilles, cours extérieures ou des corridors génère une symbolisation très pertinente, qui dit avec intelligence la capacité de la littérature à sublimer ou révéler les aspirations individuelles. Voir les détenus hurler, en citant Shakespeare, « Liberté » résonne ainsi avec une intensité singulière.
L’autre réussite du film tient à sa capacité à nous familiariser avec ses interprètes. Les mines patibulaires initiales deviennent rapidement des visages auxquels le spectateur s’attache, et l’évolution du prisonnier au personnage est tout à fait palpable. Le retour au réel, par l’enfermement final qui répète la séquence du prologue n’en sera que plus déchirant ; comme l’affirme un détenu : « Depuis que j’ai connu l’art, cette cellule est devenue une prison ».

Cette cohabitation entre le documentaire et l’esthétique volontairement factice aboutit à un équilibre tout à fait salvateur, qui permet la respiration aux détenus comme l’empathie de ceux qui les contemplent : rien que sur ce point névralgique, César doit mourir est une réussite.
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Naqoyqatsi - 2/10

Messagepar Nulladies » Mar 26 Jan 2016, 06:31

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Je zappe et je rate.

Il est particulièrement triste de constater la dégradation que peut subir un chef-d’œuvre lorsque son créateur ne parvient à en faire le deuil. Koyaanisqatsi était, en 1983, une indicible réussite, un montage bouleversant d’images du monde en alchimie avec la musique de Philipp Glass. Powaqqatsi, six ans plus tard, accusait déjà des signes de fatigue qui auraient clairement dû alerter Godfrey Reggio sur la nécessité d’en rester là. 20 ans après ses débuts, il réactive pourtant la machine, bien décidé à l’ancrer dans sa nouvelle ère, celle du numérique. Le principe ne change pas : un montage sans commentaire, toujours avec Glass, donnant à voir le monde tel qu’il se montre, mais désormais revisité par la magie arty du traitement de l’image.
Tout est raté ici. On ne s’attardera pas sur la laideur générale des effets, la beauté n’étant peut-être pas l’objectif premier du réalisateur. Il n’en demeure pas moins que cette visite de la modernité semble particulièrement désuète, nous rappelons ces génériques d’émissions des années 90, grossièrement recolorisés.
Sous l’égide d’un photoshop low cost, Reggio se paie en plus le luxe de perdre toute la prudence didactique qui avait marqué son travail initial : au milieu du grand n’importe quoi, sorte de zapping informe d’images d’archives et d’animations improbables (circuits imprimés, structures géométriques, en gros, des écrans de veille de nos premiers PC couleurs d’il y a vingt ans…), un téléscopage d’images nous véhicule un message d’une lourdeur sans nom. Défilés militaires à répétition, associés aux foules enthousiastes de concerts de musique ; jonction entre monde de la finance, casino, pièces de monnaie et médicaments ; alternances d’images documentaires sur des violences guerrières et de jeux vidéo…
La paresse est totale, qu’elle soit esthétique ou discursive. C’est d’autant plus triste qu’on en vient à se demander si l’on n’a pas été abusé par la première émotion qui nous fit découvrir son travail. Le plus sage consiste sans doute à oublier cet enlisement et rester dans le souvenir ému d’une œuvre qui fut, 20 ans auparavant, originale et marquante.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Olrik » Mar 26 Jan 2016, 12:55

Oui, assez juste. J'ai souvenir de quelques fulgurances mais aussi d'une tambouille symbolique assez indigeste. Et pas sûr effectivement que les effets numériques aient bien vieilli.
Reste la partition de Glass associé à Yo Yo Ma, moins percutante que celle de Koyaanisqatsi, mais à mon sens meilleure que pour Powaaqatsi.
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Pont des espions (Le) - 7/10

Messagepar Nulladies » Mer 27 Jan 2016, 13:06

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L’espion qui plaidait.

Les décennies passent et Spielberg, bientôt septuagénaire, doit désormais pleinement assumer sa place de patriarche. Il est loin, le temps des bricolages de génie à la Duel ou Jaws : il s’agit, depuis plusieurs années et autant de films, de conduire cette double trajectoire entre blockbusters et classicisme historique, alternance entre Tintin et Lincoln.
Le Pont des Espions était doté d’une bande annonce suffisamment formatée pour me faire renoncer à le voir en salle : tous les ingrédients de le la lourdeur inhérente au produit de grande consommation yankee s’y trouvait concentré, du faciès mi-patriarche mi-chien battu de Hanks à la musique patriotique, en passant par une intrigue cousue de fil blanc (le gentil avocat en assurance devenu héros national et discret) et un background de circonstance (maman en tablier et fifille qui pleure devant les explosions nucléaires).

Tout cela irrigue bien entendu le film, et reprend surtout ses droit dans les dix dernières minutes, assez insupportables, et sur lesquelles on fermera les yeux (ce didactisme, ce faux suspense, ce retour à la maison, la télévision et le retour avec les lecteurs de journal dans le métro pour bien refermer la boucle…) pour se concentrer sur tout ce qui fait sa réussite.

Le Pont des espions met presque une heure à parvenir au pitch qu’il nous avait annoncé, et c’est là la sa grande force. Toute la première partie, concentrée sur la défense de l’espion par l’avocat d’assurance, est aussi fine qu’efficace. Subtile dans le débat qu’elle instaure sur les idéaux d’un homme de loi résolu à offrir à l’ennemi public N°1 un procès en bonne et due forme, et les institutions partiales face à lui, de l’audience à la CIA en passant par le juge lui-même. Cette façon de destituer discrètement l’Amérique, de montrer comment l’hystérie collective d’une nation aux abois peut l’amener à se désavouer dans ses principes les plus fondamentaux est bien entendu d’une actualité universelle : c’est le Patriot act, la partialité de Fox News tout comme notre Etat d’Urgence. Dans Lincoln, déjà, Spielberg insistait sur l’héroïsme d’un homme qui ne représentait pas la majorité dans son propre camp, et révélait par-là les zones d’ombres de cette Amérique qui aime tant vendre son modèle.
En écrin à ce débat passionnant, Spielberg met en place une esthétique de la reconstitution flamboyante qui ne cesse de s’exhiber comme telle. Des rues initiales de Brooklyn à la pluie battante, de la neige berlinoise au splendide travelling le long du Mur en pleine construction, le cinéaste s’offre cadre glamour et classique qui contribue au plaisir du divertissement sans nier les enjeux discursifs, de la même façon que l’humour, savamment saupoudré, achève de monter un édifice parfaitement stable.

Bien sûr, le protagoniste restera le héros infaillible et dénué de toute part d’ombre, et son insistance pour faire plier la CIA à récupérer un jeune étudiant de l’âge de sa fille peut faire sourire – ou irriter. Mais cela est rapidement occulté par les enjeux bien plus fertiles de ce triple échange, faisant entrer dans la partie la RDA et ses intérêts contradictoires, pour un jeu d’échec mené avec fluidité et malice : entre ce qu’on ne dit pas, ce qu’on veut faire savoir et ce qu’on ignore, les négociations prennent une tournure où la tension ne faiblit presque jamais.

Embrasser l’Histoire réussit donc à Spielberg : en combinant le rythme du film d’espionnage, le chic de la reconstitution et le fond d’un débat patriotique qui n’a pas fini de nous hanter, il parvient à la synthèse efficace qu’on est en droit d’attendre d’un film grand public.
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Safe (1995) - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Jeu 28 Jan 2016, 06:33

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Inside Story

Tout au long de l’exposition de Safe, on se surprend à se dire que Todd Haynes est en train de faire une adaptation de Mme Bovary qui avancerait masquée. Ce portrait des desperate housewives, entre baby shower, salle de gym et salons aux teintes pastels est en tous points une transposition de l’univers normé et anxiogène d’Emma, où l’acidité du regard se fait par un silence d’une rare pertinence, par un cinéaste présent partout, mais visible nulle part.
Il suffit d’ajouter quelques nappes d’ambient electro, lorgnant du côté des ambiances de Lynch, et de travailler les dialogues au cordeau pour parfaire l’ensemble. Dans cet univers où tout est prévisible, inutile de terminer ses phrases : comme le dit une amie, « You don’t even wanna know ». Carol passe son temps à asséner « I’m fine » ou « Its just.. » « I’m just… » sans pouvoir poursuivre, à mesure que les symptômes peut-être psychosomatiques de son mal se répandent.
Ce personnage en perdition, ce milieu étouffant et les voies de rémission qu’elle va choisir, ambigües dans leur honnêteté ou leur déviance, sont les ingrédients qui font de ce récit un véritable et prenant film d’horreur, dans la lignée d’un Take Shelter, voire du barré Bugs de Friedkin.
Julian Moore prouve, mais était-ce encore nécessaire, qu’elle peut absolument tout interpréter. Femme d’intérieur qui se décharne et atteint la quasi transparence, elle exprime son mal de vivre par une incompatibilité avec l’air ambiant. On peut penser à ce personnage terrible de Merry écrit par Philipp Roth dans Pastorale Américaine, tombant dans les filets d’une secte et rompant avec le bon sens.
Mais c’est justement dans cette direction prise par la protagoniste que l’ambiguïté atteint des sommets. Rivé à ce point de vue, Haynes prend soin de ne point juger son personnage, et de ne pas grossir le trait, comme on s’y attend, de son inconscience. Certes, on constate son isolement croissant, son intégration dans une communauté pour le moins inquiétante, notamment par les propos du médecin en chef et son discours culpabilisant. Mais on assiste simultanément à une amélioration de ses symptômes, loin du cocon morbide qui les a générés. D’une aliénation à l’autre, aucun juste milieu ne semble possible. Répondant à l’injonction d’un personal achievement, Carol finira par dire « I love you » à son reflet dans le miroir, scène glaçante où l’on comprend bien qu’elle prend pour aboutissement d’une quête le fait de s’être définitivement enfermée face à elle-même : en sécurité (safe), mais prisonnière de son accès à l’extérieur.
Très grande réussite dans le portrait pathologique et modèle d’épure dans la mise en scène, Safe est un film d’une densité à la fois précieuse et pernicieuse.
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Loin du paradis (2002) - 8/10

Messagepar Nulladies » Ven 29 Jan 2016, 07:00

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Intolérance d’une nation

La continuité entre Safe et Loin du Paradis tient à une femme : celle dont on fait le portrait, abimée par le milieu étouffant dans lequel elle tente de survivre, et celle qui l’interprète, Julian Moore. C’est là le seul lien, tant les deux films sont dissemblables par ailleurs.
On connait la capacité de Todd Haynes à jouer au caméléon esthétique, du glam de Velvet Goldmine aux multiples facettes du biopic en kaléidoscope I’m not there. Dans Loin du Paradis, il se met en tête de revisiter le pur mélo des 50’s, esthétique et B.O signée Bernstein à l’appui, avec un soin de reconstitution aussi maniaque que les intérieurs impeccables des protagonistes.
Aux salons pastels de Safe répondent les codes esthétiques d’une autre époque, où les robes sont bouffantes et les hommes gominés, les domestiques et les jardiniers uniformément noirs. Haynes ne lésine sur aucun effet, générant un plaisir cinéphile d’esthète quant aux filtres bleus, aux plans obliques et au portrait d’une femme aux cheveux entourés d’un châle qu’on croirait tout droit sortie d’une séquence d’Hitchcock.
La caméra contemple avec ostentation ces figures de papier glacé, grimpe le long des façades ou des arbres dont les feuilles automnales semblent colorées pour épouser la teinte de la robe de madame. Une fois ce décorum rutilant posé, le cinéaste peut placer ses pions comme autant de coups de griffes dans le vernis. Le dilemme et les passions coupables se partageront entre les deux membres du couple comme la seule chose commune : l’homosexualité pour le mari, un amour interracial pour son épouse. Haynes joue clairement sur deux tableaux, au point de pouvoir déstabiliser : si les réactions outrées de la masse face à la question raciale sont plutôt emphatiques (visages dédaigneux en contre plongée, fuite de la piscine lorsqu’un enfant noir y a trempé le pied…), le cinéaste y superpose le contrepoint d’une intimité déchirante : celle d’un homme se battant pour guérir de sa « maladie », ou d’une femme portant à bout de bras un rêve domestique auquel elle ne croit plus.
Dès lors, l’image se complexifie : au lieu commun du châle lila volant dans les arbres répond une autre exploitation de la couleur : celle d’un homme « de couleur » esseulé dans une exposition d’art contemporain, ou d’une blanche dans un restaurant réservé aux noirs. Celle d’une brillance de plus en plus aveuglante, comme cette illusoire escapade à Miami ou la question raciale ou homosexuelle s’affirme avec d’autant plus d’éclat ; celle de de la nuit grandissante, des impasses ou l’on lapide et des portes donnant sur l’arrière-cour, jusqu’au sombre quai d’une gare : de plus en plus loin du paradis.
Car si le récit est celui d’une affirmation (celle, finalement très courageuse, du mari), elle révèle conjointement une profonde injustice dans l’inégalité des intolérances : si monsieur peut vivre caché, il n’en sera pas de même pour Cathy, contrainte d’emporter avec elle ses enfants, la fille de l’homme qu’elle aime… et surtout leur couleur, qui, même dans la grand ville voisine, ne fera que déplacer les raisons qu’ils avaient de fuir.
C’est donc dans la plus grande tradition du mélo lyrique que s’achève le film, sur un renoncement qui le rapproche de Sur la route de Madison : s’étouffer face à une époque, tenir son rang, briser ses élans passionnels : taire son enfer intime pour garantir la bonne marche de l’apparent paradis social.
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Visit (The) - 3/10

Messagepar Nulladies » Sam 30 Jan 2016, 06:35

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(Je me refuse au jeu de mot certes tentant mais trop facile avec footage)

Il est des missions dans lesquelles la persévérance a du bon. Sergent Pepper est toujours en quête du film qui lui ferait miroiter les richesses (très bien) cachées du cinéma de genre, ses implicites et sa malice.

Ce ne sera pas encore pour cette fois.
Donc : Le penaud Shyamachin nous fait le coup du retour en grâce par la petite porte, aka retour peinard par notre porte étroite. A savoir, un film d’horreur en found footage.

Déjà, le concept sent bon l’antimites, mais passons.

Que donc tentons-nous de nous vendre ?

Un film malin, bande de cinéphiles en chaleur, n’oublions pas qu’on a face à nous Shyamachin, le El Chapo du twist, qui réconcilie Bruce Willis et critique française, qui sait tenir une caméra et un clavier en même temps, je vous parle d’écriture, de réflexion, de gestion intelligente à la croisée du frisson primal et de l’érection cérébrale, de quoi huiler la masturbation à tous les étages.

Donc, disais-je.

Le found footage, c’est toujours assez irritant. Qu’une gamine continue de courir en filmant alors qu’elle est sur le point de ne plus contrôler ses sphincters m’a toujours laissé un peu dubitatif. Que la caméra tombe dans un angle parfait permettant de poursuivre la séquence aussi. Qu’elle fasse automatiquement la mise au point au deuxième plan itou. M’enfin, me direz-vous, facétieux afficionados que vous êtes, tout cela n’est que roupie de sansonnets.

Place aux sensations fortes : une remise étrange, une cave interdite, des jump scare, des bruits à la porte, mamie à poil, mamie à quatre pattes, papi qui suçote le double canon d’une carabine ou démonte la gueule d’une passant : en matière de retrouvailles, on a vu mieux. Certes, c’est la famille et tout, mais pour une première, on peut s’imposer certaines limites.

Vous me direz, la gamine aussi a raté pas mal d’occasion de fermer sa gueule. Sur le procédé à peu près aussi inattendu qu’un clash chez Ruquier, la pré-pubère qui tient la caméra se pique de « mise en scène » (en français dans le texte, sic) : t’as vu, voilà comment faut faire pour faire genre. Les plans, le cadrage, les petites scènes du quotidien, tout ça, l’angle des interviews.

Malin, je vous dis, le Shyamachin.

Comme c’est totalement vain et ennuyeux à mourir, on se prend à se demander dans quelle mesure ce serait pas une comédie. Mais on me fait signe dans l’oreillette qu’une comédie est censée générer le rire. Ah. Diantre. Pas moyen de cocher cette case, donc. Y’a bien une tentative de faire rapper un jeune blanc aussi ouaich que Trump est de gauche, mais, curieusement, l’effet escompté n’est pas vraiment atteint.

On parle du twist ? On spoile ?

Disons que le coup du « OH MON DIEU C’EST PAS VOS GRANDS PARENTS EN FAIT C’EST DES GUEDINS ECHAPPES D’UN HP PROCHE ET JUSTEMENT ON COMMENCAIT A SE DEMANDER QUAND MEME » m’a rappelé quand j’étais prof de collège et que je demandais à mes élèves d’écrire des nouvelles fantastiques. Ou les veillées de CM2, vous savez, avec les caïds qu’ont des histoires vraies qui te font tenir très fort ta carte Pokemon, celle qui te porte bonheur parce que tu l’as échangée contre une achment moins forte, putain, Kevin l’est vraiment trop con mais en même temps il s’en branle, sa mère elle lui achète tout ce qu’il veut alors pour lui c’est pas pareil, des EX il en a tous les jours dans son château en or massif.

Alors on se lâche pour un final cathartique qui te fera passer la scène du pilon de poulet dans Killer Joe pour un monologue de la Princesse de Clèves : Miss va à la cave en laissant son frère tout seul, (paie ta conception de la fratrie) et le frère en question va se retrouver va subir un double rituel initiatique : plaquer le méchant pour conjurer son trauma d’avoir fait rater son équipe de sport américain (je sais plus lequel, un truc avec des plaquages, donc) devant papa bien des années plus tôt (oui parce que je vous épargne la dimension psycho, mais c’est du lourd, avec thérapie familiale, papa nous a abandonnés, maman est fâchée avec ses parents, nous la next gen, on va remettre de l’ordre dans tout ça).

Et donc, deuxième complexe à dépasser : la mysophobie. Pour cela, rien de plus simple : une couche garnie de matière fécale en application faciale viendra à vous de vos réticences.

Alors voilà. Film intelligent, parodique, détricotant les codes du genre pour… oh, ta gueule. C’est vrai qu’il n’y a pas de surnaturel. Mais le fait qu’on puisse défendre ce genre de chose a pour moi des vertus proprement paranormales.
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Carol - 8/10

Messagepar Nulladies » Dim 31 Jan 2016, 07:00

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Very blossom girls.

Un lent mouvement de caméra le long des façades, de celles où se logent ceux qui observent et qui jugent, accompagnait le départ de Carol White qui s’éloignait Loin du Paradis. C’est un mouvement similaire qui ouvre Carol, qui partage un prénom et une époque avec ce beau film : depuis une bouche d’aération jusque dans la rue animée, il embrasse avec lenteur la frénésie d’une vie new-yorkaise des 50’s, celle qu’on assimile habituellement à un âge d’or de la comédie sentimentale.
Mais la sublime photographie nimbe tout ce glamour d’une obscurité à l’épaisseur inédite. Le premier échange visible à l’écran est celui d’un silence : interrompues, les femmes se regardent, une main se pose sur une épaule de Thérèse, de face, avant de laisser place à une autre, celle d’un homme, sur l’autre épaule et de dos : la normalité semble avoir, avec une violence et une rapidité terribles, repris ses droits.
De ce ballet programmatique, Carol est la lente partition à rebours : de la rencontre aux affrontements avec le monde extérieur, le couple de femme ne cessera de composer sur cette mélodie essentielle : je te regarde, je te touche, je soutiens ou non ton regard…et je décide ou non de rester.
Carol est clairement un film de la maturité : son écriture n’est plus aussi inféodée qu’auparavant au glorieux modèle (de Sirk, par exemple), et sa charge satirique en sourdine au profit d’une exploration plus complexe des individus. Le personnage éponyme, sous les traits de la grandiose Cate Blanchett, n’a pas grand-chose à voir avec la soumise femme au foyer : femme forte, elle apparait alors que tout semble déjà joué : assumant son homosexualité, en instance de divorce, elle porte avec elle des années d’apprentissage sur le personnage qu’elle s’est patiemment écrit ; pour donner le change, pour supporter, pour ménager celle qu’elle est. En résulte un personnage dur, souvent en représentation, au glamour trop souligné, carapace parfaite pour gommer les fêlures. Face à elle, la candeur juvénile de Rooney Mara n’est pas en reste : elle suit, elle accepte, elle étonne et abolit progressivement la différence d’âge ou de statut social.
L’une des grandes intelligences de Carol est de ne pas traiter de la découverte : on ne découvre par son homosexualité, on ne crée pas vraiment le scandale, qui reste toujours cantonné au domaine du foyer : quelques hommes révoltés, qui ne pourront rien contre l’évidence. Certes, l’intrigue tisse un piège empêchant les amantes d’avoir droit au bonheur, par un chantage à l’image, la mère qu’est Carol se voyant refuser la garde de sa fille pour « clause de moralité ».
Mais cette épreuve, bien plus que celle du regard intolérant de la société, vise avant tout à définir les individus. A travers toutes ces vitres embuées, ce road trip ou ces parois de verre, à travers la lentille d’un objectif qui aime ou qui espionne pour mieux rattraper, Todd Haynes effeuille progressivement les écrans pour atteindre la vérité des êtres. Son récit dissèque les trajets, d’un train électrique qui tourne en rond à un voyage interrompu, jusqu’à ce face à face qui ouvrait le film, anticipation vers laquelle convergent les deux femmes. Carol est la captation de deux épanouissements : celui d’une femme qui décide d’être elle-même pour mieux être mère, celui d’une jeune fille qui décide de choisir, de s’affirmer et non de suivre.

C’est donc à la lumière de cette révélation que ce double dénouement prend tout son sens : il ne s’agit pas à proprement parler d’un happy end comme l’âge d’or hollywoodien savait nous en concocter. C’est, après l’adversité et le silence, l’unisson de deux décisions, l’accord d’une femme qui s’assume et d’une autre qui se connait suffisamment pour décider de l’accompagner. Tout cela formulé dans les lumières ouatées d’une salle de restaurant, sous la splendide musique de Carter Burwell, par deux regards, et un sourire.
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Spotlight - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 01 Fév 2016, 06:41

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Trash investigation

Retraçant l’enquête journalistique au long cours sur la façon dont l’Eglise a étouffé les scandales de pédophilie sur la ville de Boston, Spotlight impressionne avant tout par son sujet. Méticuleux, presque documentaire, le récit déverrouille un à un les mécanismes bien rôdés par l’institution pour faire tomber dans l’oubli ce qu’on peut presque considérer comme un crime de masse tant les prédateurs sont nombreux et leurs victimes murées dans un silence organisé.
Les diverses enquêtes de l’équipe d’investigation mettent ainsi à jour les collusions déjà soupçonnées entre l’Eglise et le pouvoir, qu’on connaissait dans les sphères politiques ou financières, et qui ici s’établissent sur les terres souillées du crime. Entre les témoins qu’on décrédibilise et les tenants du pouvoir intervenant pour museler la presse, de la responsabilité de salir une institution tellement rivée dans les pratiques sociales et confessionnelles aux interruptions médiatiques du 11 septembre, les journalistes partent dans une croisade souvent passionnante.
Force est de constater que c’est là la seule véritable qualité de film : filmé avec une certaine paresse, paré d’une interprétation au diapason, avec une mention spéciale pour Ruffalo qui pense que se gratter la tête ou crisper un demi-sourire fait de lui un candidat idéal au Pullitzer, le film s’efface clairement au profit de son scénario. On est étonné de constater à quel point tout le traitement est linéaire et les dialogues fonctionnels, habitués que nous sommes désormais à la dynamique d’un Sorkin pour rendre palpable la frénésie d’un milieu ou l’intelligence enquêtrice des journalistes. Tout est dans la nuance et la sobriété, à l'image du très bon et peu prolixe personnage de Liev Schreiber, initiateur discret de l'enquête.
Il faut donc accepter cette platitude qui peut finalement s’avérer un choix pertinent : non seulement, le sujet se suffit à lui-même et c’est faire œuvre de bon sens que de le mettre en avant sans le perdre dans des affèteries. Mais cela permet aussi d’éviter bien des attendus sur de tels films, que le scénario désactive de façon presque systématique : nulle surenchère par le thriller, nulle famille menacée ou enfant d’un journaliste impliqué, autant de menaces putassières qu’on voit poindre sans qu’elles puissent s’épanouir.
Choix étonnant, à quelques mois d'écart, entre le film d'auteur rebutant (El Club) et cette enquête au premier degré : un sujet aussi brûlant que la pédophilie des prêtres semble ne pas supposer de concessions.
En contrepoint de la frénésie poseuse et clipesque dont se pare l’époque, Spotlight fait donc office de film à l’ancienne ; si cela suppose certaines concessions du spectateur, c’est le plus souvent tout à son honneur.
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Film: Spotlight
Note: 6/10
Auteur: Alegas

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Made in France - 2/10

Messagepar Nulladies » Mar 02 Fév 2016, 06:26

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♫ Merde in France, pan pan boum, pan pan boum...♫

Fallait-il sortir Made in France ? La question n’est pas tant la décence d’une telle décision, par respect pour les victimes et le traumatisme vécu par le pays sur la question que la quasi obscénité avec laquelle les distributeurs ont compensé leur campagne de communication pour que le film soit vu ailleurs. Sous le feu des articles, l’affiche nous l’assène : considéré comme Brillant par Première et possédant la force de l’évidence selon le monde, Made in France est un film qui doit être vu de tous, nous martèle le Huffington Post.

La liste des défauts du métrage est tellement conséquente qu’elle occasionnerait une critique bien trop longue pour l’attention qu’il mérite, et qu’il a déjà monopolisée. Mal joué, surligné comme un documentaire pédagogique pour moins de huit ans par une voix off initiale, écrit avec des stabilo, le récit nous propose une galerie d’archétypes indignes d’un téléfilm d’M6. Le jeune renoi qu’est dans le fond sympa, le jeune bourge blanc qu’est dans le fond très con (seul élément positif au départ, montrer l’ignorance de ces gars avant l’embrigadement), le beur qui veut en découdre mais qu’est dans le fond humain (putain, pas les femmes et les enfants steuplé), le roux intello en planque qu’est de toute façon un gentil, et donc le chef qu’est lui, le putain de méchant parce qu’il a des yeux grands ouverts dans des orbites un peu trop profonds.

Les portraits n’intéressent pas Nicolas Boukhrief qui saupoudre quelques petits frères et une épouse comme on te fout de la salade à côté de la pièce du boucher au Flunch, pas plus que l’idéologie des djihadistes : un prêche de trois minutes sur la pornographie sur internet, et c’est réglé, on passe à l’action.

Made in France est un film putassier sur tous les domaines. Lorgnant avec la subtilité de Sarkozy vers 2017 sur les séries américaines (Homeland, mais surtout Sleeper Cell), on nous rejoue le coup du journaliste undercover qui va donner des infos et tenter de proposer au plus gentil le combat par les études et les idées, avec un degré de conviction digne de la dernière profession de foi en date de JF Copé.

Tout cela est cousu de fil blanc, et suffirait à nous lasser, mais c’est là bien le moindre de ses défauts.

La suite contient des spoilers.

Ce qui scandalise vraiment, c’est l’évolution du récit et les pirouettes par lesquelles le scénario tente de s’en sortir. Première solution, logique, faire mourir un à un tous les membres de la cellule pour lesquels on peut avoir une vague tendresse à un moment ou à un autre : (ah oui finalement, ils n’auraient pas été si salauds, non ?) ou les décrédibiliser (le personnage de Christophe/Youssef), rassurant le spectateur sur leur incapacité à mener à bout une telle entreprise, ce qui sera le cas. Les scènes d’action sont toutes plus improbables les unes que les autres.
Et le coup de grâce est atteint avec un twist qu’on avait vu venir à des kilomètres : le chef de cellule agit en solo. Non seulement, ça permet de ne pas avoir à gérer des attentats coordonnés comme annoncés au départ, mais de refermer gentiment notre petite histoire qui se résume à un psychopathe (qui veut finalement faire l’attentat, attention gentil, DANS LA CRECHE DE TON FILS AHAH TU FAIS MOINS LE MALIN MAINTENANT SALE TRAITRE), de ceux qui font les affaires du Commissaire Moulin.

Coup de grâce bis : le gentil est sauvé du coup de feu dirigé vers son cœur… dévié par le Coran qu’il portait dans sa poche intérieure.
Sérieusement ? C’est qu…

(Nous nous voyons dans l’obligation d’interrompre cette critique, son auteur ayant fait ce qui ressemble à une crise nerveuse, ou une rupture d’anévrisme. Merci de votre attention et toutes nos excuses pour cet événement indépendant de notre volonté.)
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Film: Made in France
Note: 6,5/10
Auteur: Alegas

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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar pabelbaba » Mar 02 Fév 2016, 08:21

T'avais vu l'affiche avant de faire ta critique?

Maintenant ce serait cool d'avoir une tite critique de ceux qui ont plutôt apprécié.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Alegas » Mar 02 Fév 2016, 08:26

C'est prévu. :wink:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar pabelbaba » Mar 02 Fév 2016, 08:27

:mrgreen: :super:
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