[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Aventures du prince Ahmed (Les) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Sam 18 Sep 2021, 16:47

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Die Abenteuer des Prinzen Achmed (Les aventures du prince Ahmed) de Lotte Reiniger
(1926)


A ce jour, c’est le plus vieux long-métrage d’animation qui puisse être visionné, et autant dire que ça fait du bien de voir une proposition pareille, notamment sur le plan technique où on est à l’extrême opposé de ce que fera Disney un peu plus de dix ans plus tard. Ici, nulle recherche de réalisme : l’animation sert ici de tremplin vers un univers tout en suggestion, et cela se fait via le principe de l’ombre chinoise, et plus exactement avec des silhouettes de papiers qui vont bouger à raison de 24 images par seconde. Le résultat est visuellement épatant : certes, c’est quelque peu rudimentaire, mais le fait est que ça marche. Le plus étonnant, c’est de constater que Reiniger ne cherchait clairement pas la facilité en multipliant les personnages à l’écran, en animant des créatures compliquées (serpent, cheval, etc…) ou en reproduisant des détails du réel comme la densité des feuillages ou la réflexion des éléments sur la surface de l’eau, donnant lieu à des tableaux souvent saisissants.

Autant dire qu’on comprend assez rapidement pourquoi il aura fallu trois ans pour créer un film pareil, et le résultat en vaut clairement la peine tant il synthétise à lui seul ce que l’animation peut permettre par rapport au live-action. C’est plutôt du côté du script où je serais moins enthousiaste, n’ayant jamais été particulièrement fan des 1001 nuits. Ici donc, c’est un mélange d’adaptation avec notamment Le cheval volant mais aussi Aladdin (dont l’intégration à l’histoire ne m’a pas convaincu, ça fait assez artificiel), et autant l’invitation au merveilleux est bien là, autant le script a du coup les mêmes limites que les récits qu’il adapte (notamment des personnages creux car très fonctionnels). Un film à voir plus pour le défi technique qu’il a été dans sa conception, mais aussi pour son résultat visuel qui a encore aujourd’hui quelque chose d’unique dans l’histoire du cinéma.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Olrik » Dim 19 Sep 2021, 09:47

Alegas a écrit:
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Greed (Les Rapaces) de Erich von Stroheim
(1924)


Il existe actuellement deux versions de ce film, considéré comme l’une des pierres angulaires de l’histoire du cinéma muet. La première correspond à celle remontée par le studio. En effet, Stroheim, comme à son habitude, avait tourné un film tellement long qu’il en devenait anti-commercial, ce qui a amené son producteur à le réduire drastiquement : le premier cut fort d’une durée de plus de 8 heures, devenait ainsi une version d’un peu moins de deux heures et demie, et qui sera la seule visible pendant des décennies. A la fin des années 90, sur la base d’un script et de bouts de pellicule retrouvés, une seconde version, d’une durée de 4 heures, fut reconstruite afin d’avoir un film qui montrerait une partie de ce que Stroheim souhaitait faire, lui qui avait particulièrement mal vécu le destin de ce qu’il considérait comme son chef-d’œuvre. C’est donc cette seconde version que j’ai visionné, et quand bien même le confort de visionnage n’était pas des plus optimal (la reconstruction se faisant parfois sur quelques images, quasiment la moitié du film est désormais composé d’images fixes avec des cartons expliquant ce qui se déroule), je suis content de ne pas avoir visionné la version studio qui se veut simpliste à l’extrême, au point d’enlever non seulement certaines des scènes les plus chères du film (notamment plusieurs passages de foules), mais aussi celles qui permettent d’élever le propos du métrage.

Alors oui, les tendances de Stroheim au longueurs se vérifient ici aussi, et du coup j’ai de sérieux doutes sur le fait que le cut initial était réellement un film ultime, mais il n’empêche qu’il y a énormément de choses bien dans ce métrage qu’on pourrait résumer basiquement comme l’évolution d’un trio amoureux, condamné à s’auto-détruire pour des questions financières. L’histoire, que j’imagine très basique dans le cut studio, est nettement plus intéressante dans la reconstruction de 4 heures. Certes, tout ne fonctionne pas, et j’aurais notamment des réserves sur le fait d’avoir des sous-storylines qui analysent des versions alternatives du couple, que ce soit à travers le duo de clodos, ou le vieux couple voisin, mais à côté de ça il y a une vraie descente aux enfers qui se crée à l’écran, et pour le coup ça va très loin dans la noirceur, un peu à l’image de ce que Stroheim faisait dans le dernier acte de son film précédent (le final dans la Vallée de la Mort est sans concessions). Et puis il y a une vraie analyse psychologique des personnages, malgré les limites de storytelling de l’époque, qui force le respect. Formellement, c’est un cran au-dessus de Foolish wives, avec notamment des plans étonnants pour l’époque (le mariage où on voit à travers la fenêtre un enterrement) et quelque chose de quasiment fantastique dans la représentation de l’avidité humaine (ces longues mains qui caressent l’or, et que semble avoir la femme dans ces dernières scènes). Alors clairement, dans sa version actuelle, j’aurais du mal à crier au grand film, surtout vu ce qui se faisait ailleurs à l’époque, mais je comprends aisément pourquoi un tel film charcuté à pu provoquer autant de fantasmes et d’influences au fil des décennies. Nul doute que si le cut original venait à être retrouvé un jour, l'événement serait historique, car le film de Stroheim aurait sûrement beaucoup plus à révéler, autant dans sa forme que dans sa narration.


6,5/10


Tu l'as vu avec une bande son ? Si oui, comment est-elle, apporte-t-elle quelque chose au confort de visionnage ?
Je pose la question car j'ai vu Les Rapaces au cinéma à la fin des années 90. Gros souvenir car déjà, à la base, je ne me ruais pas sur les rares films muets qui passaient, mais aussi parce que cette version était justement muette de chez muette, sans la moindre musique ajoutée. Ambiance assez déroutante durant la première demi-heure, je me suis vraiment demandé si je n'allais pas jeter l'éponge au bout d'une heure mais la noirceur et la puissance de certaines images m'ont malgré tout happé et je n'ai pas vu le temps filer.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Dim 19 Sep 2021, 09:53

Ce que j'ai vu était un enregistrement sur une chaîne télévisée (TCM), et il y avait bien une bande-son. Pas exceptionnelle ceci dit.
Pour avoir déjà vu quelques muets sans musique, c'est vrai que c'est déroutant. Dès que c'est possible, je privilégie la version avec bande-son car mine de rien ça rend parfois le film meilleur lorsque la musique accompagne parfaitement les images (le meilleur exemple que j'ai en tête étant la partition d'Hisaishi pour Le Mécano de la Générale).
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Olrik » Dim 19 Sep 2021, 10:08

Oui, la musique est souvent un plus. La série des Fantômas (que tu as vue je crois) est aussi un bon exemple.
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Wicker man (The) (2006) - 1,5/10

Messagepar Alegas » Dim 19 Sep 2021, 13:07

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The Wicker Man de Neil LaBute
(2006)


Je ne regrette pas d’avoir attendu la vision de l’original avant de découvrir ce remake : autant ce dernier peut juste paraître comme un film terriblement nul en l’état, autant après avoir vu la version de Hardy on saisit bien toute l’ampleur du massacre :mrgreen: . Alors déjà, la volonté de faire un remake de The Wicker Man me dépasse un peu : certes, il y avait le culte autour du film, mais ça ne dépasse pas à mon sens un cercle assez cinéphile, et du coup je vois mal ce qui a pu motiver une réadaptation, car même financièrement ça ne sentait pas le projet louable. L’avantage, c’est que ce remake est tellement différent de l’original qu’on évite le simple copier-coller, mais manque de bol la moindre idée ajoutée/modifée est soit complètement naze, soit pas assez bien traitée (le coup de la société matriarcale aurait pu déboucher sur un bon truc, mais là c’est simplement esquissé). Le meilleur exemple à mon sens est tout ce qui touche au trauma du héros, qui reste une grosse énigme pour ma part : ça n’amène rien, que ce soit à l’intrigue ou au personnage, et pire encore ça induit le spectateur en erreur avec la gamine dans la voiture qu’on pourrait penser évadée de l’île alors qu’au final, pas du tout, il n’y a aucun rapport.

Toute la partie sur l’île est écrite n’importe comment, et autant je peux concéder le fait que le film d’Hardy n’était pas non plus une référence scénaristique (il y avait aussi ce côté scénettes qui s’enchaînent) autant il y avait une approche intéressante et des ruptures de ton qui rendaient l’ensemble fascinant. Ici donc, c’est juste une enquête bateau où Cage enchaîne les interrogatoires et les visites de l’île, sans réellement de sens dans l’enchaînement des scènes, c’est souvent inintéressant à suivre. Mais là où ça fait vraiment mal, c’est dans la volonté de reproduire l’humour du film original, qui avait clairement un sens de l’absurdité, sauf qu’ici les ruptures de ton ne sont juste pas gérées, et du coup on a des séquences complètement WTF comme celle où Cage va se balader au milieu de ruches alors qu’il est allergique aux piqûres d’abeilles, puis celle où il pointe un gun sur une nana pour lui prendre son vélo, ou encore celle où Cage va combattre des femmes à coups de poings et high-kicks dans la tronche :eheh: . Il n’y a bien que le final qui garde un peu de ce qu’avait son prédécesseur, avec sa cruauté toujours aussi présente, mais là encore c’est gâché par un Cage en roue libre totale qui livre une de ses prestations les plus mémorables (et pas dans le bon sens : "NOT THE BEEEEEES" :eheh: ). Pas grand chose à sauver de ce film qui ne sait jamais sur quel pied danser et qui accumule les bourdes, mais ça a tout de même le mérite d’être une séance assez drôle quand on a le vrai The Wicker Man en tête.


1,5/10
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Faust, une légende allemande - 9/10

Messagepar Alegas » Mer 22 Sep 2021, 13:14

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Faust – Eine deutsche Volkssage (Faust, une légende allemande) de Friedrich Wilhelm Murnau
(1926)


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Je m’attendais à de la qualité venant de Murnau, mais j’avoue que je n’espérais pas un métrage de ce niveau :shock: , car là pour le coup c’est aisément mon film préféré du réal avec L’Aurore. C’est donc le dernier film que Murnau tournera en Allemagne avant d’aller entamer sa période américaine, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il livre un sacré morceau de cinéma, doublé d’une lettre d’amour à l'expressionnisme allemand dont il livre une œuvre majeure. Pour le coup, c’est un film à ranger juste à côté de Metropolis tant on y retrouve la même démesure de narration, et encore j’ai presque envie de dire que Faust pousse même le délire encore plus loin, notamment dans sa forme presque expérimentale par moment, et qui délivre de plans de toute beauté :love: .

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C’est aisément l’un des plus beaux films des années 20 qu’il m’ait été donné de voir, entre sa photographie sublime, ses cadres recherchés, ses effets visuels étonnants pour l’époque, le tout au service d’un récit baroque et biblique où l’on questionne la nature humaine. J’ai vraiment très peu de réserves sur ce monument de cinéma, le seul défaut que je lui trouve étant un léger ventre mou au moment où Faust tente de séduire Gretchen, mais pour le reste on atteint un niveau de perfection assez dingue. Murnau enchaîne les plans marquants, et on le sent particulièrement inspiré dès qu’il s’agit de mettre du fantastique au sein de son cadre (le Diable amenant la Peste sur le village :love: , la signature du contrat par le sang, les Cavaliers de l’Apocalypse, etc…) mais aussi dès qu’il faut transcender les limites techniques de l’époque : le plan sur le hurlement de Gretchen traversant les kilomètres la séparant de Murnau, on a beau être devant un film muet, c’est pourtant comme si on entendait ce bruit tétanisant :shock: . Clairement un film à voir si on aime le cinéma, tant ça se range aisément parmi ce que le 7ème Art a pu livrer de plus beau dans ses premières années.


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9/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Mer 22 Sep 2021, 13:55

Tu découvres tous ces films des années 20 en bluray, ou via une autre source ? Ça me donne bien envie toutes ces critiques.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 22 Sep 2021, 15:13

Ça dépend pour le coup : j'essaye de voir le maximum via les dvd de ma médiathèque qui, étonnamment, en a vraiment beaucoup en stock (j'en ai encore une quinzaine sous le coude, et encore c'est que du réal ultra connu) mais sinon je cède à l'Albanie pour les titres que je ne trouve pas, puis les achète si j'ai apprécié.
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Incorruptibles (Les) - 8/10

Messagepar Alegas » Ven 24 Sep 2021, 10:09

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The Untouchables (Les Incorruptibles) de Brian De Palma
(1987)


Voilà un De Palma que je prend toujours plaisir à revoir, notamment parce c’est probablement le film le plus grand public de son auteur. Sur le papier, pourtant, il y avait de quoi se méfier : De Palma sortait de deux échecs financiers, et avait donc besoin de prouver à nouveau qu’il était capable de ramener des sous au sein d’un studio. Il se retrouve donc avec un projet qui ne lui ressemble pas du tout : l’adaptation d’une série TV, avec de grosses têtes d’affiche et un budget confortable, et la nécessité d’en faire un divertissement grand public. Pourtant, De Palma surprendra son monde en livrant ce qu’on peut raisonnablement considérer comme un de ses meilleurs films, prouvant une énième fois qu’un film de commande n’est pas forcément quelque chose à regarder de haut, mais au contraire peut être une opportunité pour un réalisateur de se transcender. Ce qui est génial dans Untouchables, c’est qu’on a beau avoir un univers et des personnages à l’opposé de ce qu’on peut souvent trouver dans le cinéma de De Palma, on reste tout de même dans son univers, que ce soit via l’obsession maladive d’un héros qui veut à tout prix atteindre son objectif, la forme visuelle éclatante, ou encore la violence omniprésente qui est pour le moins surprenante dans un film aussi calibré.

C’est donc un modèle de divertissement, où le réalisateur sait se faire plaisir, notamment du côté de la réalisation où il en profite pour livrer des séquences bien marquantes, le must étant évidemment le gros climax du film reprenant une scène célèbre d’Eisenstein, et qui peut se ranger aisément dans les meilleures séquences jamais réalisées par De Palma. A cela s’ajoute le casting de premier ordre, où l’on retiendra surtout le tandem Costner/Connery qui fonctionne du feu de dieu. Malgré tout le plaisir que je prend devant ce film, j’ai néanmoins tendance à lui trouver des défauts qui m’empêche de le considérer comme un grand film, je pense notamment à l’interprétation de De Niro qui jure avec le reste du métrage (il est bon, mais son Al Capone est trop guignolesque, et la seule scène où il est réellement menaçant est celle de la batte de base-ball), la musique de Morricone, jolie mais qui en fait des caisses par moments, ou encore le tout dernier acte qui s’avère faiblard après la monstrueuse scène de la gare. Cependant, ça reste le genre de blockbuster qui manque aujourd’hui, fait avec le cœur, avec de vraies envies de cinéma derrière, et où on cherche à en mettre plein la vue avec une reconstitution flamboyante.


8/10
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Tempête à Washington - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 25 Sep 2021, 08:56

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Advise & Consent (Tempête à Washington) de Otto Preminger
(1962)


La première chose que je me suis dit à la vision du film, c’est que ça doit être l’un des préférés de Aaron Sorkin, tant on a l’impression de voir un de ses scripts un demi-siècle auparavant. C’est le genre de film à ne pas mettre entre toutes les mains, vu qu’il s’agit de ce genre de récit où ça ne consiste qu’à voir parler des personnages, mais le fait est que ce genre de scénario peut peut être très réussi quand c’est bien fait et ici c’est clairement le cas. Sur un sujet pas très bandant sur le papier (un nouveau secrétaire d’état est nommé par le président, un choix qui va diviser les sénateurs et créer deux camps distincts au Capitole), Preminger en tire un film assez passionnant à suivre. Les vingt premières minutes font un peu peur car ça parle beaucoup, il y a énormément d’informations sur chaque dialogue, et ça demande d’être un peu calé sur le fonctionnement de la politique américaine, mais dès que Henry Fonda arrive ça devient vraiment très sympa à suivre.

D’ailleurs, j’étais persuadé que Fonda prendrait une part non-négligeable de présence à l’écran, mais finalement dès que son interrogatoire par la commission d’enquête est terminé il disparaît au profit des sénateurs, notamment celui de Don Murray qui a toute une storyline sur un sénateur victime de chantage pour changer son vote, un arc intéressant par bien des aspects (j’imagine que c’était exceptionnel à l’époque d’envisager la possibilité d’un politique américain aux antécédents gays) mais qui s’avère être néanmoins la partie la moins intéressante du film car se coupant du milieu politique (du coup, ironiquement, c’est la partie qui humanise le plus son personnage qui est la moins passionnante). Le film est aussi intéressant dans son absence de manichéisme : très tôt dans le film on assimile les sénateurs en faveur de Fonda aux good guys, mais après la commission d’enquête les morales se brouillent énormément, et du coup un sénateur sympathique jusqu’ici devient un véritable salopard pendant que le personnage de Charles Laughton, détestable au début, devient peut-être le plus droit de tous.

Globalement, le script gère assez bien cette moralité qui consiste à dire qu’il y a des bonnes et des mauvaises causes, mais qu’il peut y avoir des hommes bons et mauvais qui les défendent. Côté mise en scène, sans trouver ça exceptionnel, ça reste hyper carré, Preminger a fait mieux sur Anatomy of a murder mais ça reste du super bon boulot, notamment sur le montage qui permet aux dialogues de s’enchaîner sur un bon rythme. A noter aussi qu’il y a quelques plans-séquences sympathiques dans le Capitole. Mais le film est davantage remarquable pour son casting où tout le monde joue bien, mentions spéciales à Fonda qui marque durablement le film, et Laughton, dont c'est le dernier rôle, qui se délecte dans le rôle d’un beau parleur au charisme évident. Un bon film politique, à réserver toutefois à ceux qui aiment bien le genre.


7/10
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Deep Impact - 3/10

Messagepar Alegas » Dim 26 Sep 2021, 11:30

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Deep Impact de Mimi Leder
(1998)


Forcément, je vais être obligé sur cette critique de beaucoup comparer avec un autre film, Armageddon, les deux métrages étant sortis à quelques semaines d’intervalle et racontant plus ou moins la même histoire. A la fin des années 90, le studio Dreamworks est créé sous l’égide, entre autres, de Steven Spielberg, et forcément vient rapidement la question des premiers films à produire pour montrer à tout le monde qu’un concurrent sérieux est arrivé à Hollywood. Parmi ces projets, un gros blockbuster de type film catastrophe, se voulant être un remake de Le Choc des Mondes (film des années 50 produit par George Pal) et une adaptation d’un bouquin d’Arthur C. Clarke, Le Marteau de Dieu, et que Spielberg devait initialement réaliser, avec une approche à la fois intimiste et spectaculaire à la clé (chose qu’il fera finalement pour son remake de La Guerre des Mondes). Problème : Armageddon est annoncé durant la pré-production, Spielberg se désiste du projet pour aller tourner Amistad mais reste producteur exécutif, et Mimi Leder passe à la réalisation (AKA l’ancêtre de toutes ces réals d’aujourd’hui qui passent sur un blockbuster alors qu’elles n’ont aucune idée de comment filmer l’action).

Le résultat est franchement naze, quand bien même on sent les bonnes idées initiales avec notamment la mise en avant de l’intimisme par rapport au spectaculaire, mais même cet aspect a le cul entre deux chaises, et aurait mérité d’être plus poussé. Ça se veut donc être un gros film choral sur des groupes de personnes aux States alors qu’un astéroïde géant va s’écraser sur la planète, mais le souci c’est que d’une part c’est globalement mal écrit (paye tes traumas à la con genre Téa Léoni et son père) mais d’autre part les storylines ne se valent clairement pas, et là, mention spéciale à toute la partie avec la fusée censée détruire l’astéroïde qui est vraiment horrible à suivre. C’est pas aidé par un casting en mousse où même les bons acteurs ont l’air de ne pas y croire : Téa Léoni, elle est mignonne, mais elle n’a jamais été une grande actrice loin de là, Robert Duvall a l’air d’être exaspéré d’être entouré de non-acteurs (c’est chaud si on compare avec le Bay, d’un côté t’as Buscemi et Michael Clarke Duncan, de l’autre t’as Jon Favreau et des nobodys sans charisme :evil: ), Morgan Freeman joue le Président :mrgreen: (d’ailleurs, ça ne serait pas le premier blockbuster où le Président est un black ?), Vanessa Redgrave a trois scènes, et au final le meilleur acteur du film s’avère être Elijah Wood (qui a même la meilleure storyline).

Mais comme je disais plus haut, le plus gros problème du film est d’avoir le cul entre deux chaises : c’est décevant en tant que film catastrophe car les parties spectaculaires sont très rares, et le film vieillit très mal côté effets visuels (alors que Armageddon passe encore bien aujourd’hui, bon après le budget est clairement pas le même), et en tant que film intimiste sur fond de fin du monde c’est beaucoup trop mal écrit et convenu pour être convaincant. Si on ajoute à cela l’absence d’idées de réalisation de la part de Leder qui livre quelque chose de l’ordre du téléfilm, c’est vraiment pas la joie à suivre. Le Bay n’est pas un grand film, mais au moins on ne se fait jamais chier, c’est spectaculaire à souhait, et ça remplit son contrat de gros divertissement, ce que ne fait jamais ce Deep Impact. La BO de Horner, malgré quelques passages sympathiques, est assez oubliable, il fera bien mieux à la même période sur d’autres films. Dans les films catastrophes des années 90, c’est vraiment à ranger parmi ceux qui ne se recommandent pas.


3/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Dim 26 Sep 2021, 12:29

Mimi Leder passe à la réalisation (AKA l’ancêtre de toutes ces réals d’aujourd’hui qui passent sur un blockbuster alors qu’elles n’ont aucune idée de comment filmer l’action).


Pas d'accord. Elle a fait du bon boulot sur Urgences et Le Pacificateur.

Aucun souvenir de la merde dont tu parles par contre.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Scalp » Dim 26 Sep 2021, 12:46

Pacificateur c'est loin d'être parfait mais l'action était super efficace et même surprenante par moment.
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Commitments (Les) - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 26 Sep 2021, 20:49

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The Commitments (Les Commitments) de Alan Parker
(1991)


J’entame donc les derniers films qu’il me reste à voir d’Alan Parker en attaquant sa décennie 90’s, et autant commencer par le plus connu avec The Commitments, film qui me faisait de l’œil depuis facilement quinze ans (Alan Parker + film musical étant généralement une combinaison gagnante) mais où l’opportunité ne s’était jamais présentée jusqu’ici. Sans atteindre la classe ultime d’un Pink Floyd - The Wall, ça reste tout de même une bonne petite pioche, et s’il y a bien un film avec lequel je pourrais le comparer aisément, c’est clairement le récent Sing Street qui est ni plus ni moins une relecture de la même histoire (des jeunes irlandais veulent monter un groupe à partir de rien). Il y a donc un petit côté feel-good movie certain, mais globalement j’ai été surpris par le fait que Parker ne cherche pas à délivrer un simple divertissement, mais cherche aussi à montrer les galères que peut constituer un groupe (surtout avec autant de caractères différents) et le côté vain que peut avoir l’entreprise (on pourrait penser que la fin serait un dernier concert en guise de victoire, et au final non : ça se termine avec le groupe qui se dissout sur une dispute, et chacun qui part de son côté faire sa propre vie).

Il y a donc un aspect réaliste omniprésent qui est, comme souvent, la force du cinéma de Parker, qui donne l’impression de voir du drame social, mais pas que, et c’est justement le mélange qui fait que ça fonctionne bien et que ça ne tourne pas en rond. Le film est en plus souvent drôle, et accompagné d’une BO sacrément cool où on puise allègrement dans le répertoire de la soul (Aretha Franklin, Al Green, Otis Redding et j’en passe) pour en faire des reprises (mais des bonnes reprises, sur ce point le métrage ne déçoit pas :love: ). Le casting, composé de plein de bonnes têtes (mention spéciale au trompettiste qui est un excellent personnage), est vraiment sympathique et toujours juste en termes de jeu, alors que j’ai l’impression que ce sont en majorité des amateurs dont ce sera le seul et unique film. Et puis formellement c’est du Parker tout craché : y’a pas de maestria dans la mise en scène, mais c’est réalisé de façon très efficace et il y a comme toujours cette photographie propre aux films de Parker avec des scènes d’intérieur très bien éclairées et qui font la part belle aux jeux d’ombres. Sinon, en voyant plus tôt dans l’année Shoot the moon, je me demandais si les références de Parker envers son propre cinéma avaient une raison particulière, mais en fait à la vue de ce film j’ai l’impression qu’il est devenu très coutumier de la pratique : non seulement le personnage principal vend une VHS de Mississipi Burning au début du film, mais en plus il y a tout un passage dans un vidéo-club où l’on célèbre le cinéma du réalisateur avec la totalité de ses films exposés :mrgreen: .


7/10
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Central do Brasil - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 27 Sep 2021, 14:29

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Central do Brasil de Walter Salles
(1998)


Assez déçu vu la jolie réputation que possède le film, alors c’est clairement sympa et bourré de qualités mais jamais ça n’a la prestance d’un grand film (c’est une remarque que je pourrais faire sur un autre film du réalisateur, à savoir Carnets de voyage qui est bien surcôté aussi). Le pitch est plutôt cool, puisqu’on va suivre une ancienne prof, qui n’a plus grand chose de sa vie à part écrire des lettres pour des inconnus et dont elle ne poste qu’une partie tout en empochant de l’argent, qui va se retrouver responsable d’un gamin qui vient de perdre sa mère, et dont le père vit à l’autre bout du Brésil. Un postulat de base qui va amener un road-movie donc, mais aussi une relation touchante entre les deux, d’abord chaotique puis qui va faire grandir les deux protagonistes, l’un découvrant les réalités du monde pendant que l’autre reprend goût à la vie.

Le problème, c’est que autant l’écriture est plutôt réussie dans l’ensemble, avec des personnages auxquels on croit, auxquels on s’attache (la femme a beau être détestable sur bien des points, on sent vite qu’il y a une raison derrière cette aigreur), autant le film se repose entièrement sur ça, et du coup la partie road-movie qui se voudrait être un portrait culturel et social du pays est nettement moins convaincante (Y tu mama tambien, sensiblement à la même époque et dans un autre pays, le faisait bien mieux). J’aurais aussi quelques réserves sur la longueur du film, avec notamment des situations qui se répètent (la femme qui se retrouve sans argent, c’est quelque chose qu’on doit avoir deux ou trois fois dans un court laps de temps) et un final qui traîne un peu trop à partir du moment où les frères rentrent en scène, mais heureusement le film se termine tout de même sur une bonne note avec une très jolie fin qui ne tombe pas dans le mielleux facile.

Côté réal, j’irais pas jusqu’à dire que j’ai trouvé ça extraordinaire, mais c’est clairement le meilleur boulot de Walter Salles que j’ai pu voir, notamment dès qu’il s’agit de capter une ambiance ou un état d’esprit lors des scènes urbaines. Mais là où Salles s’avère vraiment bon, c’est dans la direction d’acteurs avec notamment ce duo improbable qui fonctionne très bien : le gamin est toujours juste, et Fernanda Montenegro n’avait pas volé sa nomination aux Oscars à l’époque (et c’est chaud de constater qu’encore une fois, Shakespeare in love avait encore eu un prix qu’il ne méritait pas, car bon Gwyneth Paltrow face à une interprétation pareille, y’a vraiment pas photo). Bref, c’est pas le grand film que j’ai vu cité en plusieurs endroits, mais c’est clairement un joli petit drame avec des personnages qui fonctionnent bien, dommage seulement qu’il n’y ait pas le petit truc en plus qui en ferait un métrage à retenir.


6/10
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