
Tora-san 29
C’est dur d’être un homme : L’Indécis (Otoko wa tsurai yo: Torajirō ajisai no koi)
Yoji Yamada – 1982
Ce n’est pas encore pour cette fois que l’on aura un Tora-san faible, car Yamada parvient encore à donner l’impression du neuf en jouant de petites variations.
Ainsi la séquence du rêve originale, assez charmante car incrustant pour la première fois des effets animés. Par ailleurs, il s’agit moins d’un rêve que d’une histoire dans l’histoire, puisque l’on n’a pas l’habituel plan raccord de Tora sortant d’une petite sieste.
Nouveauté aussi lors du générique dont la chanson s’interrompt à un moment pour permettre d’écouter un dialogue entre Tora et un quidam.
Enfin, l’épisode faisant la part belle à l’histoire entre Tora et la madone du film, il faudra attendre une heure dix avant que le neveu retourne à Shibamata auprès des siens. On aurait pu craindre un rythme languissant, mais c’est tout le contraire qui se produit. D’abord par l’effet carte postale, se retrouver dans un Kyoto à une époque où ne se trouvent pas des troupeaux de touristes, c’est bien sympa. Ensuite par le choix de l’actrice interprétant la madone puisqu’il s’agit d’Ayumi « Blue Light Yokohama » Ishida. Elle est parfaite dans le rôle, à la fois belle (quels yeux !), élégante et fragile. Une sorte de parfait alter ego de Torajirô chez qui, une fois que l’on gratte la bruyante gouaille, la timidité s’allie à la terreur quand il est en présence d’une femme qui, plus que les autres, offre une vraie possibilité de mariage.
Et la nouveauté ne s’arrête pas là puisque, pour la première fois, Mitsuo est intelligemment utilisé auprès de son oncle. L’accompagnant à Kamakura afin de détendre l’ambiance (se rendre tout seul à un rendez-vous amoureux, chaud !), le gamin apparaît comme une petite mine pour ménager des histoires cocasses. Par contre, quand on l’entend dire « jamais je ne tomberai amoureux », on n’a pas trop envie de parier son jinbei là-dessus. Et quand il revient en état de choc après l’escapade – une nouvelle fois ratée – de son oncle (forcément ravagé par le chagrin), on se dit qu’une malédiction sentimentale peut tomber sur les épaules du gosse s’il reste trop dans le giron de son oncle.
Le 29ème opus est un épisode assez long (1H50), qui joue énormément d’une tonalité calme sans être pour autant ennuyeux, l’histoire livrant son lot habituel de sourires voire d’éclats de rires. Seul regret : qu’Ayumi n’ait pas chanté un petit air car là, on tenait un des tout meilleurs épisodes.