[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Dim 24 Oct 2021, 17:10

Bah voilà, c'est le seul truc bien du film. :mrgreen:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Flic (Un) - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 25 Oct 2021, 16:10

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Un flic de Jean-Pierre Melville
(1972)


Agréablement surpris dans l’ensemble vu ce que j’en avais lu. Alors clairement c’est le moins bon des polar de Melville que j’ai vu, mais paye quand même ton niveau car mine de rien y’a plein de réalisateurs qui avoir ça comme moins bon métrage. Ceci dit, je peux comprendre aisément le rejet d’un tel film : c’est vraiment la suite logique du cinéma de Melville initié avec Le Samouraï, sauf qu’ici le réalisateur pousse à son paroxysme la lenteur, le silence, la froideur et la déshumanisation de son style, quitte à perdre des spectateurs en cours de route. Un essai qui accouche d’un film certes très inégal, mais que j’ai trouvé souvent fascinant, ne serait-ce que parce qu’il est encore aujourd’hui, des décennies après sa sortie, une tentative formelle et d’ambiance rare dans le paysage cinématographique français. La première demi-heure est de loin ce que Un flic peut offrir de mieux, avec notamment une séquence de casse qui figure parmi mes préférées de la carrière de Melville, et du coup c’est dommage de constater que la suite n’est pas du même niveau.

Pour le coup, ça tient vraiment à l’intention du film qui est à la fois sa plus grande force et sa plus grande faiblesse : Melville tente au maximum d’épurer son intrigue et ses personnages (le must étant quand même Catherine Deneuve dans un rôle quasiment muet et avec genre cinq minutes à l'écran, c'est limite abusé que son nom soit sur l'affiche à ce stade), et autant ça marche en termes d’ambiance, autant le film n’a pas vraiment de bases assez solides pour faire durer son histoire. Du coup, ça donne une seconde moitié de métrage qui alterne entre le presque génial (la séquence du train évidemment, un peu longuette et où l’usage des maquettes vient niquer le côté réaliste, mais quelle scène tout de même !) et les moments gênants (Delon qui interroge dans son bureau, c’est généralement la foire aux facilités), heureusement que la toute fin vient rattraper un peu le truc même si ça manque clairement d’émotion pour être plus marquant (surtout que la relation entre Delon et Crenna n’est jamais vraiment exploitée). Bref, j’ai bien conscience d’avoir vu un film qui souffle le chaud et le froid, mais l’ambition formelle est tellement fascinante que ça rattrape une grande partie des défauts à mes yeux.


6/10
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Dernier duel (Le) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 26 Oct 2021, 11:51

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The Last Duel (Le dernier duel) de Ridley Scott
(2021)


On est assez loin de ce que j’attendais, moi qui espérais un véritable retour aux sources, avec un Scott qui pourrait boucler la boucle qu’il avait commencé avec The Duellists, mais au final le film n’a pas grand chose à voir avec son premier long (si ce n’est que ça parle d’un duel entre deux hommes, et que la majeure partie du métrage est tourné en Dordogne) et ce n’est peut-être pas plus mal au fond. Scott s’intéresse donc ici à une histoire particulièrement intéressante, celle du dernier duel judiciaire fait en France qui a vu s’affronter deux hommes pour définir la justice divine sur une histoire de viol d’une des compagnes, et même si le côté opportuniste du projet, en pleine période #MeToo, peut faire peur, c’est au final l’une des grandes qualités du métrage que de parler d’un sujet sensible à travers son antécédent des siècles auparavant. Pour raconter l’histoire, Scott, Affleck et Damon décident de partir sur une structure à la Rashomon, et même si le procédé s’avère justifié dans le temps et avec un véritable impact sur le propos, je trouve dommage que ça ne soit pas complètement exploité : les différences entre chaque versions de la vérité sont bien là (le personnage de Damon passe d’un mari attentionné et honorable à un mec pathétique agissant de façon égoïste) mais les séquences communes sont finalement assez similaires, et ça va se jouer du coup plus sur des détails visuels qu’autre chose (les regards, la façon dont la femme nlève ses chaussures sur une scène cruciale, etc…) là où j'attendais des visions très différentes sur les actes de chacun.

De plus, cette structure empêche longtemps le film de décoller, puisqu’on revoit trois fois plus ou moins la même chose, mais heureusement à partir du moment où le point de vue féminin est abordé il y a un vrai souffle tragique qui accompagne le récit, aboutissant sur une dernière demi-heure qui permet de finir sur le film sur note positive. Pas convaincu aussi par le choix de faire du point de vue de Marguerite la vérité absolue (cf le carton qui dure avec juste "The Truth" restant, dans le genre effet facile ça se pose là), ça aurait sûrement mérité plus d'ambiguïté aussi de ce côté là, pour le coup c’est un choix qui me paraît fait pour être consensuel avec notre époque (idem pour la toute fin avec le gamin et les cartons qui versent trop dans le happy-end alors que le plan à l’entrée de Paris résumait parfaitement le truc). Le film m’a pas mal surpris par son côté intimiste : il y a bien quelques scènes guerrières durant les deux premières heures mais ça ne dure jamais plus de deux ou trois minutes, et clairement tous les enjeux se jouent sur les discussions dans les pièces sombres d’un château, ou dans les relations entre personnages qui évoluent d’un récit à l’autre. Tout ça pour finir sur une dernière scène qui figure parmi les plus violentes de la carrière de Scott : le fameux duel du titre n’est clairement pas un pétard mouillé, rarement on aura autant ressenti le poids d’une armure de chevalier dans un film, et il y a une grosse tension pour peu qu'on ne connaisse pas l'issue du combat (c'était mon cas, autant dire que j'étais bien aggrippé à mon siège).

Scott emballe ça plutôt bien, même si j’aurais tendance à dire que sa mise en scène est un peu en mode automatique à l’exception du duel, c’est pas la claque visuelle que j’espérais même si ça fait toujours plaisir de voir la Dordogne utilisée dans un film d’époque (elle est nettement mieux mise en valeur dans The Duellists). Damon et Driver sont bons, mais c’est clairement Affleck et Jodie Comer qui volent le film : le premier aidé par un personnage de noble qui se complait dans la luxure, la seconde porte toute une partie du film sur ses épaules alors que je n’avais personnellement jamais entendue parler de cette actrice auparavant. Sans être le film majeur de Scott que j’espérais, ça reste quand même un bon retour au film d’époque de sa part, et ça laisse plutôt de bons espoirs pour son film sur Napoléon.


7/10
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Gas-oil - 6/10

Messagepar Alegas » Mar 26 Oct 2021, 16:38

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Gas-oil de Gilles Grangier
(1955)


Deuxième film de Grangier que je découvre donc, et c’est déjà un cran au-dessus de Le sang à la tête même si ce n’est pas encore tout à fait ça. Là aussi, c’est un film un peu déroutant en termes d’écriture, car le pitch qu’on imagine être le début de plusieurs péripéties est finalement toute l’action du métrage, et donc ici on va avoir Gabin camionneur qui se retrouve au bout d’une demi-heure de film dans une histoire louche avec des gangsters parisiens qui lui cherchent des noises et… c’est tout :mrgreen: . Alors bon, j’attendais pas non plus un truc hyper dense, mais clairement Gas-oil est un peu décevant de ce côté là : ça se tient bien mais il y a un peu l’impression de voir un truc trop simpliste, que ce soit dans le développement de l’intrigue ou dans la caractérisation des personnages. Ça donne une histoire pas désagréable à suivre, mais qui a clairement ses faiblesses, entre la love-story avec Jeanne Moreau qui n’apporte pas grand chose et l’intrigue policière traitée sans grande conviction (la conclusion de l'arc "où se trouve l'argent" est un peu honteuse en plus, en deux minutes c'est expédié).

Du coup, c’est plutôt du côté de la représentation d’une tranche de vie que le film a réussi à me séduire, et sur ce point le script d’Audiard, pour sa première collaboration avec Gabin, est vraiment réussi avec des scènes toutes simples mais qui arrivent à transmettre le goût et l’ambiance d’une époque : autant la partie polar n’est pas ce qu’il y a de mieux dans le film, autant la partie sociale mérite le coup d’oeil. Le métrage se termine en plus sur une note positive avec un climax qui pourrait peut-être être une référence directe de Corneau sur le climax final de La Menace, où on retrouve la même idée d’une bagnole traquée par un collectif de camionneurs revanchards. Comme Le sang à la tête, c’est un film qui vaut beaucoup pour Gabin, le reste du casting ayant peu de choses à défendre, même Jeanne Moreau qui a pourtant pas mal de présence à l’écran (d’ailleurs, ça m’a un peu choqué leur différence d’âge, ça doit pas aider à rendre crédible leur relation). Formellement, c’est très fonctionnel mais ça n’empêche pas Grangier de balancer quelques idées, notamment avec des jeux de miroirs/rétroviseurs, bon après c’est clairement pas pour la réal qu’on retiendra le film à mon sens. Bref, un film qui sent bon la France campagnarde de l'époque, et avec un Gabin en forme, mais c’est pas non plus ce qu’il y a de plus mémorable.


6/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Mar 26 Oct 2021, 17:22

Je te préviens, si tu veux continuer les Grangier / Gabin :

Le Rouge est mis : polar à la papa franchement dispensable.
Le Désordre et la Nuit : idem
Archimède le clochard : comédie vraiment sympa avec Gabin on fire. Mention spéciale à ses scènes avec Blier (le coup du Mirror :eheh: ).
Les Vieux de la vieille : découvert plus tôt dans l'année et j'ai kiffé. Les acteurs sont énormes, surtout Pierre Fresnay, et les dialogues ne sont pas en reste.
Le Cave se rebiffe : Gabin et Blier sont bons et Audiard plutôt inspiré... Mais cette histoire d'arnaque se traîne un peu trop.
Le Gentleman d'Epsom : gros film de paresseux. La réunion Gabin / De Funès est franchement décevante (enfin, Le Tatoué est pire).
Maigret voit rouge : un peu en dessous des deux autres Maigret avec Gabin.
L'Âge ingrat : un film de stars en vacances, mais j'ai trouvé cette réunion Gabin / Fernandel assez savoureuse (surtout la scène de la nuit blanche :mrgreen: ).
Sous le signe du taureau : une horreur. L'un des pires films de Gabin.

Il me reste à voir La Vierge du Rhin.

Sinon, je conseille 125, rue Montmartre, sans Gabin mais avec Ventura.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Mar 26 Oct 2021, 19:53

Mark Chopper a écrit:La réunion Gabin / De Funès est franchement décevante (enfin, Le Tatoué est pire)


Ce duo n'aura hélas jamais donné de grands films, hormis cette formidable scène de La Traversée de Paris. Deux essais, deux loupés... Et pourtant, si De Funès avait osé laissé son personnage de côté (avec tout l'amour que je porte à sa carrière et son comique), je suis persuadé qu'il aurait pû offrir quelque chose d'intéressant face à Gabin.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Mar 26 Oct 2021, 20:03

Leur alchimie était inexistante. Et le vrai problème, c'est que les deux films ont un scénario tout pété... Le Tatoué a été tourné sans scénario fini et ça se voit. Gabin et De Funès sont en roue libre.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Mar 26 Oct 2021, 20:27

Je n'ai pas revu le Tatoué depuis des lustres, mais j'en ai un mauvais souvenir, à part une ou deux scènes où ça peut faire mouche... On sent que ça ne fonctionnait pas entre les deux, et de mémoire, l'expérience n'a pas été bonne.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar pabelbaba » Mer 27 Oct 2021, 06:56

De Funès n'a correctement partagé l'affiche qu'avec des acteurs qui jouaient les benêts ou presque. C'était pas trop le truc de Gabin. :mrgreen:
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Allez, Mark, c'est Sophie qui te demande de revenir!
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Octobre - 5,5/10

Messagepar Alegas » Mer 27 Oct 2021, 12:21

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Октябрь (Octobre) de Sergueï Eisenstein & Grigori Aleksandrov
(1927)


Troisième film de Eisenstein, et sans surprise à nouveau un film de propagande. Ici, l’objectif est de célébrer la Révolution Russe dix ans après les évènements, et pour cela les ambitions sont plutôt hautes : l’idée étant de recréer le moindre évènement qui a mené au fameux soulèvement d’octobre 1917 et qui finira d’installer le régime soviétique. C’est un film conçu pour le public russe de l’époque, donc un minimum au courant des évènements, et du coup le film pourra paraître un peu obscur par moment pour quelqu’un ayant une connaissance relative de cette révolution. Dans mon cas, autant je connaissais les grandes lignes, autant j’ignorais pas mal de choses dès qu’il faut rentrer dans les détails, et vu que le film n’a pas vocation à être un documentaire, il y a clairement eu des passages où il a fallu que je lise sur le net pour piger ce qui se passait exactement, chose qui me paraît de toute façon nécessaire dans tous les cas vu que le film a une lecture propagandiste des évènements.

C’est là où le film perd clairement des points : autant La Grève et Le Cuirassé Potemkine sont des films sur lesquels je peux faire abstraction de la volonté de propagande, car ils ont une narration et une forme qui transcendent cet aspect, autant ce n’est pas vraiment le cas d’Octobre qui a beaucoup de mal à exister au-delà de cette note d’intention. Alors certes, il y a des passages comme seuls Eisentein pouvaient les faire, avec des gros mouvements de foule et des morceaux de violence que le montage sublime, à l’image de cette énorme séquence du pont basculant :shock: ou le gros climax de fin, mais le reste est nettement moins marquant et fait un peu trop la part belle aux cartons explicatifs. Reste donc un film formellement maîtrisé, avec deux séquences vraiment impressionnantes, mais qui a du mal à captiver sur toute sa longueur.


5,5/10
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Liliane - 7/10

Messagepar Alegas » Jeu 28 Oct 2021, 11:07

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Baby Face (Liliane) de Alfred E. Green
(1933)


Film particulièrement étonnant, sorti peu de temps avant l’instauration du Code Hays qui régulera la mise en scène de la violence, de la sexualité et de la morale à Hollywood, et du coup film qui n’hésitait pas à faire du rentre-dedans pour pointer du doigt les dérives du rêve américain. On va suivre une jeune femme qui, de ses racines modestes dans un pauvre bar paumé de la campagne, va peu à peu grimper l’échelle sociale dans une banque new-yorkaise réputée. Rien de particulièrement choquant jusqu’ici, sauf que le personnage ne doit pas son succès qu’à son dur labeur, mais aussi au fait qu’elle use de ses charmes jusqu’à coucher avec le moindre de ses supérieurs pour arriver à ses fins. Même si c’est traité avec une certaine légèreté, c’est vraiment étonnant de voir ça dans un film de l’époque, et on vient à se demander ce qu’aurait pu produire le cinéma américain sans le Code Hays, tant on sent déjà beaucoup de virulence dans un film qui se veut être pourtant juste une petite comédie.

On sent un côté très libéré, autant dans la représentation de la sexualité (souvent hors champs certes, mais je ne connais pas beaucoup de film d’époque où on baise dans les toilettes du boulot :mrgreen: ) mais aussi sur d’autres points comme le fait que l’héroïne soit très attachée à sa servante afro-américaine. Ça se suit très bien (la courte durée aide, le film ne dépassant pas les 1H20), et le propos est bien traité même si on sent clairement un essoufflement dans le dernier acte, qui empêche à mon sens le film d’atteindre un statut supérieur : la fin d’origine voulait montrer l’héroïne obligée de retourner dans son bled en guise de déchéance, alors que là, à cause de la censure, on se tape un final larmoyant sur un sentiment amoureux auquel on ne croit pas :? . Pour le reste, c’est très bien interprété, Barbara Stanwyck portant le film sur ses épaules, on peut voir vite fait un jeune John Wayne dans un petit rôle, et puis niveau mise en scène, même si c’est assez fonctionnel dans l’ensemble, il y a des idées qui fonctionnent bien (les plans où la caméra s’élève d’étage en étage à chaque fois que l’héroïne a une promotion). Un film très sympathique qui est probablement l’un des pré-Code les plus représentatifs de l’époque.


7/10
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Falbalas - 5/10

Messagepar Alegas » Ven 29 Oct 2021, 16:06

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Falbalas de Jacques Becker
(1945)


La première chose qui choque à la vision de ce film de Becker, c’est sa filiation évidente avec un film contemporain, à savoir le Phantom Thread de Paul Thomas Anderson. Un film que ce dernier a vu, si j’en crois une interview datant de quelques années, mais dont il a préféré s’éloigner puisqu’il ne le considère pas, à raison, comme un des meilleurs films de Becker. On va donc avoir la même situation de départ : un styliste renommé tombe amoureux d’une femme qui va provoquer chez lui de l’obsession au point que ça se ressente dans son travail, mais là où PTA en a fait une histoire d’amour qui vire dans quelque chose de très malsain et psychologique, ici on est sur quelque chose de nettement plus terre à terre. Ainsi, la femme en question est mariée chez Becker, et jamais le couple ne sera réellement réuni puisque la fatalité fera que les situations ne cesseront de les séparer. Dès le début, on sait que ça va mal finir, avec la mort annoncé du styliste, un choix un peu idiot à mon sens car ça nique complètement le moindre suspens vis à vis de la direction de l’histoire, je pense notamment à tout ce final où on aurait pu se demander jusqu’où la folie du styliste ira, alors que là on sait très bien qu’il va finir par crever.

Pour le reste, malgré plein de points intéressants, notamment cette plongée dans l’univers de la mode du Paris des années 40 (le film est tourné pendant la fin de l’Occupation mais on n’y fait jamais mention), j’ai trouvé ça assez moyen, la faute notamment à une histoire d’amour qui ne marche pas vraiment. Impossible de mon côté de m’attacher aux personnages, qui sont soit antipathiques, soit complètement fades, et du coup c’est compliqué d’avoir un minimum d’intérêt pour l’histoire que Becker raconte. Formellement, même si on sent que Becker en est encore à ses débuts, il y a pas mal de choses sympathiques pour signifier l’obsession du héros pour celle qu’il désire, et les quinze dernières minutes sont vraiment bien foutues en termes de montage. Le casting est inégal : autant j’aime beaucoup Micheline Presle (que j’avais déjà apprécié chez Grémillon), autant les rôles masculins ne m’ont pas convaincu, notamment Raymond Rouleau qui donne l’impression d’en faire des tonnes. Bref, ça a ses qualités, mais c’est clairement pas du niveau de films comme Le Trou ou même Casque d’or, et à choisir je crois que je préférerais même revoir le PTA.


5/10
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Cendres d'Angela (Les) - 8/10

Messagepar Alegas » Ven 29 Oct 2021, 19:53

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Angela's ashes (Les cendres d'Angela) de Alan Parker
(1999)


Belle surprise pour le coup, surtout de la part d’un film de Parker aussi oublié que celui-là. C’était le genre de projet qui, sur le papier, ne pouvait donner lieu qu’à un succès : réalisateur aux nombreux films cultes, un script adapté d’un roman autobiographique ayant reçu le prix Pulitzer, deux acteurs au sommet de leur gloire (Watson venait de recevoir un Oscar, Carlyle sortait du succès de Full Monty), bref le genre de film qu’on imagine couvert de récompenses, et au final ça sortira dans un relatif anonymat un peu partout dans le monde. Pourtant, c’est un bien beau film que voilà, avec certes quelques défauts comme un misérabilisme omniprésent, mais pour peu qu’on l’accepte dès le début (c’est un récit autobiographique basé sur des souvenirs d’enfance et d'adolescence) ça passe nickel.

On va donc suivre la vie d’une famille pas bien chanceuse : installée à Brooklyn dans les années 30, mais qui se voit obligée de revenir en Irlande pour vivre dans un quotidien rythmée par la pauvreté absolue, et ponctuée par les morts d’enfants, la rigueur catholique, ainsi que par l’alcoolisme maladif du père. Dès le début, avec la mort d’une gamine, on sait tout de suite qu’on ne va pas voir quelque chose d’heureux, et même si le film a ses moments plus légers, notamment lorsqu’il s’agit d’aborder les rites de passage de l’enfance et de l’adolescence, ça reste globalement un drame qui se veut tragique, et où l’enjeu va être de savoir comment le gamin va réussir à se sortir de ce quotidien pour aller vivre ses rêves. Malgré la noirceur ambiante, le film a aussi ses passages poétiques (la storyline de Theresa, le départ du père en plein Noël :| ) et ses personnages qui se révèlent au fil du récit (la tante détestable qui montre son grand cœur au moment où on s’y attend le moins, le père sympathique avec les yeux d’enfant, mais qui se révèle être un lâche avec ceux d’un adolescent, etc...).

Le tout donne un très beau récit, souvent émouvant, et sur lequel Alan Parker arrive à donner beaucoup d’authenticité, tout en le sublimant avec sa photographie habituelle se dirigeant vers le clair-obscur (sans surprise, son directeur photo habituel est de la partie). Le casting est excellent, mentions spéciales à Carlyle dans un registre qu’il maîtrise bien mais aussi aux trois gamins différents jouant le héros, et qui sont tous justes d’un bout à l’autre du film (la scène où les trois sont réunis à l'écran est sublime par ailleurs). A noter la présence étonnante de John Williams à la musique, ce qui fait du film un des derniers longs-métrages hors Spielberg et franchises où l’illustre compositeur a signé le score. Un beau film donc, que sans doute beaucoup trouveront tire-larmes, mais qui est plus subtil qu’il n’y paraît.


8/10
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Fan (Le) - 5/10

Messagepar Alegas » Sam 30 Oct 2021, 12:28

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The Fan (Le Fan) de Tony Scott
(1996)


Des films que j’ai vu de Tony Scott (il m’en reste trois à voir seulement), c’est clairement celui que j’aime le moins avec Top Gun. Ça démarre pourtant bien sur la première heure, avec la vie des deux personnages principaux montrés de façon parallèle avec un montage hyper dynamique et on se demande quel va être le moment déclencheur qui va pousser De Niro dans la folie. Le problème, c’est que dès que ce passage arrive, le film perd peu à peu de toute son efficacité : autant tout le récit et sa dynamique se tenait tant que les deux personnages ne se rencontraient pas, autant à partir du moment où le gamin de Snipes est sauvé de la noyade, le récit se transforme peu à peu en un thriller 90’s ultra-classique avec ses grosses lourdeurs scénaristiques et une psychologie des personnages plus que basique (De Niro qui fait tout ça parce qu’il a eu une enfance frustrante liée au baseball, c’est franchement ridicule, alors que le côté pathétique du personnage marchait bien jusque là).

Encore une fois, c’est franchement dommage, tant la première moitié de film se veut être, à travers un divertissement efficace, une réflexion sur la célébrité, les médias, le fanatisme des supporters et le rapport entre vie privée et hobby, malgré une écriture pas toujours très subtile (les personnages de Leguizamo et Barkin sont des clichés ambulants). Le film vaut surtout au final pour la prestation de ses deux comédiens principaux, même si De Niro a tendance à un peu trop en faire sur le dernier tiers (mais pour le coup, c’est aussi l’écriture perfectible du personnage qui veut ça). Pas un mauvais film, mais clairement une déception qui commençait pourtant très bien.


5/10
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Riders of justice - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 31 Oct 2021, 14:09

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Retfærdighedens ryttere (Riders of justice) de Anders Thomas Jensen
(2020)


Pas mal du tout ce film dont je n’avais jamais entendu parler avant d’en lire du bien sur ce forum. On aurait pu penser que le succès récent de Drunk aurait pu permettre à ce film de sortir aussi en salles, mais malheureusement il faudra se contenter d’une sortie VOD alors que ça méritait clairement une vision sur grand écran, surtout qu’il y avait vraiment moyen de le vendre facilement. Le pitch laisse penser que ça va être un revenge movie basique comme il y en a pu avoir des tonnes ces dernières années depuis Taken, avec un père de famille qui va perdre sa femme lors d’un accident de train louche et qui va chercher les coupables, mais le mieux est encore de se tenir à ça avant de regarder le film, car ça part vraiment dans une direction totalement différente et bienvenue pour le coup. Si je devais résumer le film en quelques mots, je dirais que c’est un revenge-thérapie movie :mrgreen: , et qui est aussi, volontairement ou non, un super film de Noël avec le message bienveillant qui va avec.

Au début, on se demande vraiment où ça va aller avec cette multiplication de personnages, mais dès qu’ils se retrouvent tous ensemble il y a une véritable alchimie qui fonctionne à l’écran, et ça doit autant au casting qu’au script qui se révèle très intelligent. Car c’est vraiment du côté de l’écriture que se trouve à mon sens le sel du métrage : ça cherche un dangereux équilibre entre quelque chose de très premier degré, avec des sujets très sérieux et franchement pas enclins à la rigolade, et une certaine légèreté pour permettre à l’ensemble de ne pas être trop déprimant, et le pire c’est que ça marche très bien. Le seul défaut que j’aurais à pointer serait sur le fait que la rigueur d’écriture sur l’intrigue n’est pas toujours de mise : la conclusion notamment me paraît un brin facile alors que bon, les flics qui se ramènent et qui ne posent aucune question sur ce qui a provoqué ça et les preuves accumulées dans la grange, c’est un peu too much. Pour le reste, c’est vraiment recommandable, entre le casting nickel (Madds évidemment, mais le reste de la bande tient bien la comparaison aussi), la mise en scène soignée et l’histoire qui a son lot de surprises (les changements de ton, mais aussi un twist bien sympa à mi-chemin), encore une fois : dommage que ce film n’ait pas bénéficié d’une sortie à la hauteur de ses qualités.


7/10
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