[Dunandan] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 28 Mar 2012, 23:27

Pour une première incursion dans le film noir (même si ce n'est pas du "pur"), c'est encourageant comme film. Je vais certainement me mater Les forbans de la nuit bientôt.
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Coup de l'Escalier - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 29 Mar 2012, 06:18

Le coup de l'escalier

Réalisé par Robert Wise

Avec Harry Belafonte, Robert Ryan, Shelley Winters

Policier, USA, 1h36 - 1959

8.5/10


Résumé :
Dave Burke, ancien policier, prépare un casse de banque. En s'associant avec Ingram et Slater, tout semble marcher comme sur des roulettes, mis à part un détail : Slater est raciste, Ingram est noir.


Le coup de l'escalier est l'un des films préférés de Jean-Pierre Melville, et ça se ressent (je pense surtout au Cercle rouge) que ce soit dans l'ambiance musicale jazzy, la réalisation, le déroulement fataliste, et surtout une prédominance forte des personnages par rapport à la préparation du crime.

Il s'agit également du même type de personnages que le cinéaste français, tous des perdants qui misent tout sur un dernier "coup". Les trois protagonistes qui y participent sont de pures figures de cinéma, qui provoquent nécessairement des étincelles par leurs différences. Il y a d'abord le type qui se sent exilé depuis qu'il est parti de son Etat natal, raciste comme pas deux, regagnant son énergie uniquement en prenant les choses de force ou en répondant physiquement aux insultes (même de la part d'un innocent lapin ...). Il accepte ce dernier coup pour enfin terminer quelque chose dans sa vie, mais dans ses entrailles quelque chose d'incontrôlable bouge en lui. Ensuite, le jeune black qui accumule les ennuis, et se sent coincé entre sa fierté personnelle et le désir de son ex-femme à s'intégrer dans la société "blanche". Il veut simplement effacer son ardoise. Une jeunesse ardente bout en lui, comme en témoigne sa manière féline de chanter. Enfin, le vieux policier qui a été viré après une longue carrière brillante pour faute grave, et qui entraîne ses plus ou moins jeunes collaborateurs pour enfin prendre une retraite bien méritée. Il est le catalyseur des forces opposées que représentent les deux autres. Tandis que le "vieux" compte uniquement sur ses collaborateurs, dont la relation est basée sur la confiance mutuelle, les deux autres ont une famille, et particulièrement des femmes. La dynamique support/retrait est à la base de leur relation, mélangeant ainsi faibles et fortes femmes, essentielles pour détailler la psychologie de ces hommes, et particulièrement les failles qui produiront leur déclin.

Pour la mise en scène, la photographie (gérée par l'un des meilleurs chefs opérateurs de l'époque, qui a participé par exemple à La nuit du chasseur), et la musique, il n'y a qu'un mot pour résumer cette synergie : la classe ultime. Le générique est d'abord fabuleux, basé sur un jeu de perspective (d'escalier ?). Puis tout au long du film, il y a un rythme lancinant et jazzy, une utilisation fréquente de contre-plongées et une atmosphère expressionniste dont les contrastes sont accentués par l'utilisation d'une pellicule infrarouge, qui apportent à chaque plan (surtout extérieur) une tension ambiante omniprésente. Même pendant le jeu d'enfants il m'a semblé ressentir cela, ne laissant ainsi aucun répit aux personnages.

Puis enfin le climax est de qualité. La tension, les silences, l'attente : tous les ingrédients sont là, instants quasi métaphysiques durant lesquels les individus se posent dans l'espace, préparant l'explosion finale des relations inter-individuelles, décidément au centre de cette histoire simple mais terriblement efficace. Tout le film fonctionne grâce au développement psychologique des personnages. Le dénouement final montre clairement que la mort ne fait pas de détails, et attend chaque individu qui franchit la ligne, surtout ceux qui ne savent pas agir en groupe. Le genre de "coup" qui aurait pu réussir si l'entente était parfaite. A l'arrière-plan, il y a donc la question du racisme, qui n'est jamais plombante ou caricaturale, savamment dosée, davantage présente pour incarner la tension dramatique (blanc vs noir) que comme dénonciation, et qui sera même traitée avec humour noir (sans jeux de mots) à la toute fin (qui était beaucoup plus pessimiste que celle de l'histoire originale).

Un excellent film noir, magnifiquement réalisé, qui servira de base pour une grande partie des polars contemporains, et particulièrement ceux de Melville. Le point original thématique : l'incorporation du racisme à la tension du film.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Killbush » Jeu 29 Mar 2012, 12:59

Entre ta critique et celle de Scalp, ça donne carrément envie :super:
Allez, j'envoie mon frangin me le chercher dans la promo Fnac :mrgreen: (avec le Argento qu'il me manquait et un combo Shaw Brothers)
Starting to see pictures, ain't ya?
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Jeu 29 Mar 2012, 13:29

Faite pas attention à Logan qui va débarquer en disant que c'est pas si bien que ça, il a des gouts de merde en film noir.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Logan » Jeu 29 Mar 2012, 13:35

Ah merde grillé :eheh:

(Te lance pas avec moi dans une fight Film noir petit con, j'en ai une plus grosse)
Logan
 

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Jeu 29 Mar 2012, 13:36

Oue enfin vu certaines de tes notes y a pas de quoi se la péter.
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Chaînes Conjugales - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Ven 30 Mar 2012, 01:47

Chaînes conjugales

Réalisé par Joseph L. Mankiewicz

Avec Jeanne Crain, Linda Darnell, Ann Sothern, Kirk Douglas, Paul Douglas, Jeffrey Lynn

Comédie dramatique, USA, 1h38 - 1949

7.5/10


Résumé :
Trois amies, Deborah Bishop, Rita Phipps et Laura May Hollingsway, embarquent pour une croisière. Mais au moment de partir, elles reçoivent une lettre d'une relation commune, Addie Ross. Celle-ci les prévient qu'elle part avec le mari de l'une d'entre elles. Mais lequel ?


Première incursion pour moi dans l'univers cinématographique de Mankiewicz. Je reconnais clairement que Les chaînes conjugales est un classique dans le genre, par son art du récit, ses dialogues ciselés, et sa recherche de vérité dans la relation conjugale. La réalisation est par contre sobre bien qu'efficace, carrée, propre, mise à part la mise en scène et surtout l'introduction des souvenirs, très bien faite. J'ai bien plus apprécié ce film dans le genre que tous les Truffaut que j'ai pu regardé, qui a lui aussi largement exposé les rouages de la vie de couple. Cependant, ce n'est clairement pas mon style, donc mon appréciation finale reflètera simplement mes goûts, et non pas mon objectivité.

Sans fards, la voix off du début annonce la couleur : c'est ici que j'ai reçu mon premier coquard et mon premier baiser. Ainsi, le but du film sera d'entailler profondément la "perfection" apparente, pour faire apparaître les disputes de couple. Bref, exposer la vérité derrière le vernis social. Les dialogues satiriques proviennent souvent des hommes, car eux seuls finalement savent qui ils sont, même s'ils n'ont pas toujours raison d'agir ainsi dans le cadre social qui est le leur (par exemple pour sauvegarder une image sociale), alors que les femmes sont au contraire en pleine construction identitaire.

L'exposition du récit est très intelligente. Trois femmes de foyers dans une banlieue huppée du style American way life reçoivent une lettre d'une soit-disante amie commune, que l'on ne rencontrera jamais physiquement, et qui annonce qu'elle est partie avec l'un de leurs maris. Rupture radicale de ton. Préoccupées, d'autant plus que des détails inhabituels se sont produits lorsqu'elles ont quitté leurs hommes, ces femmes se souviennent chacune à leur tour d'un souvenir pénible (mais au fond futile) qui pourrait être une cause de rupture selon elles. Ce qui est formidable, c'est que jamais on ne rencontre cette femme qui pourrait être la cause de leur malheur, et pourtant elle prend une place énorme à l'écran, d'abord par la voix off de l'introduction qui présente de manière très ironique les moeurs du quartier (ce décalage entre voix off et représentation de la réalité quotidienne sera repris très largement dans Desperate housewives) puis cette voix revient avant chaque flashback, véritable élément perturbateur de cette vie bien rangée. Ensuite par ses attributs (on voit des bouts d'elle, des cadeaux, ...). Enfin par les discussions tournant autour d'elle, qui la présentent comme la femme idéale, belle, intelligente, cultivée, attentionnée. Bref, la femme que ces trois femmes désireraient être, en grande partie car elle pourrait s'emparer de leur mari (du moins symboliquement), incarnant tout ce qu'elles ne sont pas.

L'objet de ces souvenirs est non seulement de donner une assise à la possibilité d'une infidélité en les présentant telles qu'elles étaient en réalité avant d'être devenues "dames respectables" bien intégrées dans leur société bourgeoise, et de révéler, par contraste avec ce qu'elles étaient, la fausseté de leur mode de vie actuelle. Dans l'ordre des flashbacks : rentrer dans le moule d'une société superficielle (bien s'habiller) ; se soumettre aux exigences de personnes encore plus snobs que ce qu'elles sont déjà pour gagner plus d'argent (l'invitation du patron) ; ou bien encore changer de condition pour paraître pour ce qu'elles ne sont pas (la raison contre le sentiment).

Le dénouement final n'est pas très méchant, mais a une certaine classe. Il y a selon moi deux manières de comprendre la fin : après la réconciliation, la dispute risque de commencer de nouveau ; ou bien la vérité a éclaté, le pire est passé, et donc les choses reviennent comme avant, comme si rien ne s'était produit. Dans les deux cas, ça demeure quand même doux-amer : il n'y a pas de véritable victoire pour ces femmes, mais simplement un retour à la "normale".

En conclusion, ce film insiste beaucoup sur la psychologie des femmes, bien que les hommes ne sont pas en reste. Comme l'indique le titre français, ils sont "enchaînés" les uns aux autres par un mécanisme assez complexe, nuancé, de lutte permanente. Un véritable langage des sentiments et de lutte sociale est mis en place, qui se prête à une analyse poussée. Mais au final, je n'ai pas été emporté plus que ça par l'histoire. Un film néanmoins essentiel pour tous ceux qui s'intéressent à ce genre d'histoire romantique au ton satirique et au goût acide.

Un récit très intelligent sur la vie conjugale d'un quartier riche, exposant la fausseté de leur mode de vie, ainsi que le désir et les disputes qui animent les relations. Et un portrait avant-gardiste sur les femmes.
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Quelque part dans la nuit - 8/10

Messagepar Dunandan » Ven 30 Mar 2012, 05:59

Quelque part dans la nuit

Réalisé par Joseph L. Mankiewicz

Avec John Hodiak, Nancy Guild, Lloyd Nolan

Policier, USA, 1h44 - 1946

8/10

Résumé :
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, George Taylor, soldat amnésique, tente de reconstituer son passé. Pour tout indice, il dispose de deux lettres : l'une signée par une femme, l'autre par un certain Larry Cravat.

Après cette deuxième découverte d'un Mankiewicz, je confirme que ce dernier était probablement l'un des meilleurs scénaristes de son époque, proposant une histoire au cordeau et des dialogues maîtrisés. La réalisation est de nouveau sobre, au service de son sujet et de son thème : simple mais efficace, avec un N & B bien contrasté. Chez ce réal', l'histoire et l'art du récit sont plus importants que la réalisation qui demeure tout de même très bonne, atmosphérique et oppressante.

Le début est brillant, prenant la Guerre du Pacifique comme accroche narrative pour introduire la principale idée du film, l'amnésie d'un soldat. Une voix off se fait l'écho de ses pensées, lui ne pouvant pas parler. Elle résume parfaitement son état d'esprit et son inquiétude liée à une identité inconnue. Deux lettres seulement le raccrochent à la réalité. La première le décrit comme un monstre, sans donner d'éléments précis, tandis que la seconde a été apparemment laissée par un ami. Ainsi, il est torturé entre la quête de son passé et de son identité réelle, et la peur de recouvrir ses souvenirs pour peut-être dévoiler un affreux individu. Bref, une quête de vérité, qui sera également l'apanage de Chaînes conjugales. La paranoïa du personnage est bien rendue, grâce au travail de la photographie utilisant adéquatement les contrastes, mais surtout grâce à la qualité de l'interprétation de l'acteur principal, et de la mise en scène présentant plusieurs personnages dont on ignore les liens d'affinité avec le personnage amnésique.

Deux personnages m'ont marqué. D'abord un diseur de bonne aventure qui apporte ainsi un contexte mystérieux à l'énonciation de la vérité, aidé par un jeu d'éclairages et un décor folklorique. Puis un fou qui a "fixé" sa mémoire sur l'événement qui intéresse le personnage principal révélant ainsi une amnésie différente de l'ancien soldat. Sinon nous découvrons déjà l'importance des femmes chez Mankiewicz, dont l'une d'entre-elles, amoureuse de ce dernier, lui renvoie une bonne image, contrairement aux apparences qui sont contre lui. Il y a donc du glamour, mais sans que ce dernier soit trop envahissant.

Le dénouement final est assez inattendu, car ce qui précède ressemble à un jeu de pistes compliqué et non linéaire, nous guidant sur plusieurs fausses pistes comme dans un véritable labyrinthe mental (ne pas oublier qu'il s'agit tout autant d'une recherche de vérité que d'une enquête policière). Pour ceux qui auraient raté des éléments, tout nous est récapitulé à la fin de manière pédagogue. Il y a même quelques touches d'humour (le rassemblement de tous les suspects dans la même pièce ressemblant à du Scoubidou, la mission chrétienne prise comme refuge, l'explication du port du chapeau chez le policier) qui contrastent un peu avec la noirceur de l'enquête précédente. En conclusion, un bon film noir, qui vaut surtout pour l'art de son récit - malgré son côté classique - et son ambiance.

Film noir autour d'une amnésie, qui sera doublement une quête d'identité et une enquête policière, servi par une ambiance paranoïaque et une réalisation simple mais efficace.
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Yohkiroh, le royaume des geishas - 6,25/10

Messagepar Dunandan » Ven 30 Mar 2012, 21:38

Image
Yohkiroh, Hideo Gosha (1983)

Ce Royaume des Geishas est le résultat d'une collaboration entre Hideo Gosha et la romancière Tomiko Miyao, dont il a adapté sa trilogie sur les geishas. Il s'agit du second épisode, se situant entre Dans l'ombre du loup et La proie de l'homme. Il s'agit avant tout d'un portrait de femmes au pluriel, avant de se recentrer sur deux d'entre-elles au destin bien particulier, fonctionnant en binôme avec le patron d'une maison de geishas. Malgré l'absence d'un fil conducteur assez puissant pour nous tenir en haleine pendant plus de deux heures, l'esthétisme du film et les thèmes abordés demeurent assez intéressants, tournant autour de la condition des femmes dans le milieu très fermé des geishas et de la prostitution féminine, en rapport avec la criminalité (davantage présent en arrière-plan, du moins jusqu'au climax final).

Bizarrement, je trouve le film plus intéressant lorsqu'il est encore "panoramique", sans personnage principal a priori. L'univers coloré et artificiel de ces maisons particulières se frotte avec l'âpreté de certaines situations. Par exemple, le patron de l'une d'entre-elles n'hésite pas à tâter ou dévêtir les femmes, sans gêne, pour estimer leur valeur marchande. Il ne faut pas oublier que malgré le statut prestigieux qui les distingue des prostituées basiques, elles n'en demeurent pas moins des prostituées de luxe, des praticiennes sophistiquées de la séduction, usant de chants, poésies, danses, mais finissant toujours au lit avec des clients brisant d'ailleurs souvent l'aspect cérémoniel de la chose. Le traitement du film demeure tout de même assez soft dans l'ensemble, mise à part une courte scène contenant des adolescentes faisant leur entrée dans le métier.

Ce qui m'a intéressé également, ce sont les raisons pour lesquelles ces femmes deviennent geishas, et la manière dont elles le deviennent. Habituellement, c'est pour régler leurs dettes, mais elles peuvent aussi être confiées très jeunes pour être placées plus tard, comme un investissement sur l'avenir. Mais deux situations m'ont parues assez particulières : d'abord, un mari n'hésitant pas à vendre sa femme pour régler ses dettes, et une femme qui, malgré l'absence de dettes, veut se frotter au milieu, apparemment pour se prouver quelque chose, je dirais sa féminité et son pouvoir de séduction. Or, même si en apparence elles sont réduites à un corps-objet sexuel, et à la recherche pragmatique de "protecteurs" qui à terme pourraient se marier et ainsi être hors de danger, elles n'ont pas moins de sentiments qu'une autre et sont en quête d'amour, y compris à travers les relations physiques. Au début, on passe assez vite d'une femme à l'autre, mais sans s'attacher réellement à leur sort, on éprouve quand même de la sympathie pour elles. En effet, l'un des grands talents de Gosha est la construction de ses personnages. Pourtant, mis à part quelques-uns d'entre-eux, il ne détaille pas vraiment leur passé ou leur psychologie, mais il sait les rendre vivantes derrière leur masque blanc et poudré de geisha, que ce soit à travers leurs discussions ou sa façon de filmer leurs réactions.

Comme je l'ai dit plus haut, deux femmes se distinguent du lot. D'abord la meilleure geisha du milieu, produit d'un destin tragique, puisque sa mère était elle-même geisha, tuée pour avoir essayé de fuir avec un homme par amour, mais essaie de se rendre utile en s'occupant d'un jeune aveugle. Ensuite la femme du patron, qui veut quitter ce dernier car il semble dénué de tout sentiment, et se "lance" dans la prostitution après avoir été refusée comme geisha (sans dettes, elles sont moins "motivées" ...). Ces deux femmes sont d'abord rivales puis amies, principalement à cause de l'homme auquel ils sont liés, père de la première et amant de la seconde. L'une des intrigues parallèles à ce destin de femmes est la confrontation territoriale entre cet homme et les yakuzas, qui prend de plus en plus de place dans l'histoire. Or, si j'ai beaucoup apprécié la première partie, avec entre autre le pouvoir de séduction de ces femmes faisant l'objet d'un conflit qui vire à l'affrontement physique en guise de remplacement des duels de sabres masculins, je trouve que le passage de la rivalité à l'amitié fonctionne moins bien et j'en ai pas trop compris non plus la raison. Ainsi, l'ennui m'a gagné peu à peu, et vers la fin, ça devient carrément long, et tire-larmes par-dessus le marché avec ces événements tragiques qui s'accumulent de manière presque comique, qui se terminent tout de même sur une touche d'espoir.

Par delà l'histoire et les thèmes traités, il faut avouer que nos sens sont émoustillés avec toutes ces belles femmes montrées à l'écran, et le sens esthétique de Gosha, malgré le manque de scènes dénudées. Une certaine sensualité se dégage de l'ensemble, et l'un des thèmes musicaux, composé par l'immense Masaru Satô, apporte une légèreté bienvenue, avant d'apporter une ambiance plombante vers la fin, lorsque l'histoire devient plus tragique. Ensuite, la réalisation, comme dans tout Gosha qui se respecte, est très sympathique, même si elle manque d'originalité ou de distinction. Le réalisateur s'intéresse avant tout à filmer ces femmes, ces visages, à l'aide de nombreux gros plans, ou de scènes mettant en valeur tantôt leur charme, tantôt leur combativité.

Un portrait assez intéressant de ces femmes au service de la séduction et du plaisir, malheureusement handicapé par une durée trop longue et l'absence d'un fil conducteur principal plus intéressant.
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Marché de Brutes - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 31 Mar 2012, 04:20

Marché de brutes

Réalisé par Anthony Mann

Avec Dennis O'Keefe, Claire Trevor, Marsha Hunt, John Ireland, Raymond Burr, Curt Conway, Chili Williams

Film noir, USA, 1h18 - 1948

7.5/10

Résumé :
Le truand Joe Sullivan s’évade de prison avec la complicité de son amie Pat Cameron, éperdument amoureuse de lui. Dans sa fuite, il est obligé de prendre comme otage Ann Martin, la jeune et jolie assistante de son avocat qui tentait de le faire libérer sur parole, de peur qu’elle le dénonce. Sullivan espère rencontrer le redoutable chef de gang Rick Coyle qui lui doit de l’argent, pour quitter le pays.

Tant la réalisation que le script puisent dans le film noir avec la voix off, le N & B contrasté, les thèmes de rédemption et de fatalité, la femme fatale, mais comme A. Mann le fera dans La porte du diable, les codes du genre sont réutilisés de manière personnelle. De plus, la courte durée fait qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer. L'un des trois meilleurs du genre du réal', devant La brigade du suicide et La rue de la mort, notamment grâce à son cachet unique, un script très bien écrit, et surtout une voix-off parfaitement employée.


ImageImage


Le début de l'histoire en lui-même n'a rien d'extraordinaire puisqu'il s'agit d'une évasion relativement banale sur le papier. Mais la manière dont les protagonistes sont introduits est vraiment originale. En effet, nous percevons une grosse partie de la narration à travers une voix féminine langoureuse, renvoyant à la femme fatale, l'un des trois personnages principaux avec l'évadé et l'assistante de l'avocat. Ainsi nous découvrons ses sentiments à propos du type, son inquiétude que l'autre femme le lui pique, et sa passion qui la pousse à prendre certaines décisions irrationnelles malgré les apparences. Parallèlement, un ancien partenaire de l'évadé qui était supposé l'aider le double, et essaie de le faire prendre ou de le tuer. Il incarne ainsi son alter-ego, la brute qui est en lui, symboliquement représentée par sa pyromanie.

ImageImage


Ainsi, derrière la tentative d'invasion et la menace qui place au-dessus de la tête du type, il s'agit tout autant d'un trio amoureux, ayant pour principal objet la rédemption de l'évadé. L'assistante de l'avocat, représentant l'honnêteté, le tire de ce côté-ci, lui demandant par exemple si sa liberté vaut le prix de regarder sans cesse derrière son épaule pour savoir s'il n'est pas poursuivi, tandis que l'autre femme cherche d'abord qu'ils s'en sortent sans heurts, par tous les moyens. La voix off intervient toujours de manière pertinente (contrairement aux deux autres films qui se contentaient de souligner les faits), pour appuyer la progression psychologique de cette femme, tiraillée entre son désir d'être avec celui qu'elle aime et la notion de "seconde chance" incarnée par sa rivale. Mais le bad-guy, sadique dans son genre, est un sacré obstacle sur leur route qui engage plus que leur propre survie, ce qui donne lieu à des combats acharnés : le personnage "mannien" a tendance à souffrir pour sa liberté, et notre "héros" n'échappe pas à la règle. J'aime beaucoup l'ambiance entourant l'intervention de la voix off, vraiment classe, particulièrement dans l'une de ses dernières scènes, imprimant le visage de cette femme sur une horloge, illustrant à la fois son dilemme moral et l'urgence de la situation. Le dénouement final reprend les codes du genre en l'adaptant de façon assez originale, confondant rédemption et fatalité dans un même geste, un gimmick que le réal' exploitera à fond dans ses westerns.

ImageImage


Enfin, la réalisation apporte un véritable plus à l'atmosphère ambiante. Par exemple, la manière dont la forêt où ils se retrouvent est éclairée de manière très onirique, illustrant l'hésitation de l'évadé à choisir entre les deux femmes qui représentent chacune tout un monde, l'ancien ou celui de la nouvelle chance. Cette esthétique expressionniste contraste avec la bestialité dont font preuve les gangsters. Ou encore la différence d'éclairage entre les deux femmes : celle de la voix off apparaît souvent dans l'ombre, tandis que la visiteuse baigne plutôt dans une certaine lumière, pour souligner leur "aura" respective. Ainsi, la photo de J. Alton imprime les tensions physiques et morales des personnages, véritable double négatif de Mann.

Un bon film noir empruntant les bases classiques du genre mais en les adaptant de manière assez personnelle, et qui brille essentiellement par son esthétique (contrastes, onirisme, violence), et l'utilisation originale de la voix off nous faisant percevoir l'histoire à travers un regard féminin.
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Film: Marché de brutes
Note: 7/10
Auteur: Scalp

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar jean-michel » Sam 31 Mar 2012, 10:22

Chaînes conjugales

J'aime bien ta critique qui essaie de rester objectif, j'aime bien ton style concis. :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Sam 31 Mar 2012, 19:09

Oui c'est mon nouveau style depuis quelques critiques, merci Jean-Mi :super:
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Règlement de comptes - 8/10

Messagepar Dunandan » Sam 31 Mar 2012, 23:06

Règlement de comptes

Réalisé par Fritz Lang

Avec Glenn Ford, Gloria Grahame, Carolyn Jones, Alexander Scourby, Lee Marvin

Policier, USA, 1h28 - 1953

8/10

Résumé :
Le policier Tom Duncan se suicide en laissant une lettre où il révèle la corruption de l'administration de la ville qui est sous la coupe du gangster Mike Lagana. Dave Bannion pense qu'il y a une autre raison au suicide de son collègue.

Ce Règlement de comptes concentre l'essence du film d'inspecteurs de police qui marquera les années 70 avec notamment Inspecteur Harry. L'intrigue est très bien ficelée, quoique légèrement prévisible, ce qui est un peu normal si on a déjà vu les polars qui lui succéderont, mais aussi parce qu'il s'agit davantage d'un film sur l'engrenage en train de se défaire, plutôt que d'une traditionnelle enquête, conduisant ainsi le récit vers une direction inattendue. Je ne connais pas très bien Fritz Lang, mais de réputation, je peux faire un lien avec son Metropolis qui résume son idéologie du monde, hiérarchisée, le bas contrôlé par le haut, de manière fallacieuse et non visible, à l'instar d'une conspiration avec des puissants qui mènent leur barque comme ils l'entendent, tandis que les autres ferment leur bouche et se contentent d'obéir et de vivre comme des moutons dociles. Ainsi, pas étonnant que les personnages de Lang soient en lutte permanente avec le monde qui les entoure, et particulièrement ceux qui en tirent les ficelles.

Le début commence par un suicide, le visage hors champ. Tout de suite, nous savons que quelque chose cloche : la nouvelle veuve ne semble pas choquée, et avant d'appeler la police, elle procède à quelques coups de fils à un homme inconnu qui a certainement un lien avec toute cette histoire, et donc qui en est l'une des clés. Le mystère est donc palpable, bien que non opaque, puisque nous suivrons l'histoire à deux niveaux, à savoir par l'intermédiaire d'un inspecteur de police chevronné, et par celui de ces comploteurs. Ceux qui en tirent les ficelles ou qui se révoltent contre le système sont principalement des femmes que l'on peut appeler fatales en raison de leur fonction, dont l'une d'entre-elles est liée à cet interlocuteur au bout du fil. Elle représente parfaitement l'instabilité de ce système bien rodé, comme en témoigne l'une de ses scènes emblématiques où nous l'apercevons en train de sauter pour mettre l'accent sur la nécessité de sa docilité, afin de préserver l'impeccabilité de ce monde.

Le personnage de l'inspecteur de police ressemble à L'inspecteur Harry. Malgré les réprimandes de sa hiérarchie corrompue ou laxiste, puis les menaces proférées, il s'accroche, fidèle à son instinct et son sens de la justice, en dépit de son manque de preuves. Leur ressemblance est donc frappante, surtout lorsque ces gangsters atteignent la famille de l'inspecteur, ce qui conduire ce dernier à lâcher sa bride, et à utiliser une certaine violence contre les suspects. Il incarne véritablement la fonction de la justice impliquant une froideur dont on peut déjà repérer les signes avant que ça tourne mal. La fatalité réside donc essentiellement en l'impossibilité de se rebeller contre le système sans y laisser des plumes. Puis il y a une représentation de deux mondes vraiment intéressante, fidèle à l'idéologie dont j'ai parlé plus haut : d'un côté, une famille de classe moyenne mais intègre, heureuse malgré les nombreuses heures passées par l'inspecteur sur son lieu de travail, et de l'autre, ces grandes maisons dont la corruption est à peine cachée par un bel accueil, des artefacts prouvant soit-disant leur honnêteté ou leur sens de la famille (le portrait de la mère), ou bien quelques portes intermédiaires faisant la séparation entre le secret-réalité et les apparences.

Les acteurs sont tous vraiment très bons, l'inspecteur (joué par Glen Ford, dont j'aimerais bien connaître mieux la filmographie, parfait dans son rôle d'inspecteur qui ne laisse rien passer), la femme du gangster, et ce dernier en tête, interprétait par Lee Marvin, qui imposait déjà par sa présence. La réalisation est très classe, jamais statique, dotée d'un sens du cadre et du travelling. Je ne compte pas le nombre de petits plans séquences qui viennent animer la mise en scène, très dynamique. Les décors sont aussi très bien pensés, remplis de petits artefacts composant leur environnement ambiant, nous faisant ainsi passer d'une atmosphère à une autre : le bar enfumé, la maison familiale, le domaine des gangsters jouant aux cartes, et l'empire criminel montré sous le jour d'une une belle fausse apparence.

Le dénouement final fait honneur au titre. Si la fin n'est pas aussi explosive que ce qu'on pourrait attendre, un véritable règlement de comptes se déroule quand même devant nos yeux, qui se réalise davantage en désagrégation interne. Celle-ci procède à la fois du zèle de certains gangsters et de l'opiniâtreté de l'inspecteur prêt à (presque) tout pour bousculer l'échiquier sur lequel il se retrouve, en se situant toujours à la limite extrême entre le monde de l'honnêteté et son opposé.


Un véritable Inspecteur Harry naphta, qui convainc par sa mise en scène, son histoire très bien ficelée, et par une représentation du crime et de la justice parfaitement agencée, qui annonce tout un pan du film d'inspecteurs de police. Après avoir vu ce film, on ne peut qu'être soumis à l'idée que le cinéma policier qui viendra plus tard sera grandement influencé par le film noir.
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Harry Potter et la coupe de feu - 6,75/10

Messagepar Dunandan » Dim 01 Avr 2012, 04:52

Harry et la coupe de feu

Réalisé par Mike Newell

Avec Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, Brendan Gleeson

Fantastique, USA, 2h30 - 2005

6.75/10


Résumé :
La quatrième année à l'école de Poudlard est marquée par le "Tournoi des trois sorciers". Les participants sont choisis par la fameuse "coupe de feu" qui est à l'origine d'un scandale. Elle sélectionne Harry Potter alors qu'il n'a pas l'âge légal requis ! Accusé de tricherie et mis à mal par une série d'épreuves physiques de plus en plus difficiles, ce dernier sera enfin confronté à Celui dont on ne doit pas prononcer le nom, Lord V.


Nouveau Harry Potter, nouveau réalisateur, Mike Newell. Sa palette est très large, ayant réalisé Donnie Brasco, 4 mariages et un enterrement, et enfin Prince of Persia. Pas génial comme pedigree. Cependant, j'ai apprécié cet opus dans une large mesure, qui se lâche sur les effets spéciaux, à l'image de cette coupe du monde du fameux football des sorciers n'ayant rien à envier à l'ampleur de nos propres compétitions (plus symbolique qu'autre chose, ne durant que 2 minutes à l'écran), puis de La coupe de feu réunissant les trois (exceptionnellement quatre) meilleurs étudiants du monde des sorciers, présentés par une sorte de chorégraphie kitsch mais qui m'a bien fait rigoler. Sur les trois épreuves qui attendent les apprentis-sorciers, la première est la plus fun avec un affrontement contre les dragons (on a droit seulement au combat de Harry), mais les deux suivantes sont plus sombres, surtout la dernière.

Au niveau des nouveautés quant à la progression de la saga, il s'agit de la saison des amours, les phéromones s'activent, et au milieu de la compétition, un bal est organisé, kitsch également mais mignon si on aime bien Disney. La mort rôde également aux côtés de l'amour, puisque Harry fait un mystérieux rêve annonçant le retour du bad guy de la saga, et le film commence quasiment par une guerre du mal contre le bien, préfigurant les épisodes suivants. L'événement de la coupe est couvert par la presse à scandales, qui salissent l'image des héros, une problématique déjà abordée sous l'angle inverse dans La chambre des sorciers. Avant le début du film, un "accord parental" était annoncé, et en effet, il s'agit d'un épisode assez noir sur le fond, avec Harry Potter devant participer contre toutes attentes à ce championnat habituellement adressé aux plus de 17 ans - comme par hasard âge de l'enrôlement militaire aux Etats-Unis et de l'interdiction de certains films -, et l'apparition du premier mort de la série. Au niveau des personnages, le "guest" est le nouveau professeur de la défense contre les forces du mal, qui change d'un épisode à l'autre, puis il y a le blanc-bec qui jouera le rôle principal du vampire asexué dans Twilight. En conclusion, ce film n'est probablement pas le plus intéressant sur le fond, effleurant à peine la psychologie des personnages, sauf durant le bal, mais fait la part belle à l'action et aux situations colorées, avec les SFX les plus impressionnants jusqu'à lors, même si je préfère largement l'ambiance instaurée dans l'épisode précédent, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban.

Sans casser des briques, ce Harry Potter est assez divertissant sur la forme, bien qu'un peu creux sur la psychologie des personnages et sur le fond de l'histoire, se résumant beaucoup aux scènes d'action ou à une démonstration visuelle des effets spéciaux, tout de même assez réussis dans l'ensemble.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Dim 01 Avr 2012, 08:21

dunandan a écrit:à l'image de cette coupe du monde du fameux football des sorciers n'ayant rien à envier à l'ampleur de nos propres compétitions


Ah oui la fameuse Coupe du Monde qu'on ne voit même pas à l'écran. :eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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