[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar John Lawrence » Lun 02 Avr 2012, 23:15

Oui je les ai lu ya pas mal de temps, mais je pourrais pas dire si ces phrases sont telles quelles, je te crois sur parole. En lecture il est plus facile de faire abstraction de certaines choses, dans le film t' es un peu obligé de les subir.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 02 Avr 2012, 23:22

Oui j'ai fait une recherche approfondie (t'as qu'à voir mes critiques pour en avoir une preuve tangible :eheh:)
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Proie (1948) (La) - 7/10

Messagepar Dunandan » Mar 03 Avr 2012, 04:55

La proie

Réalisé par Robert Siodmak

Avec Richard Conte, Shelley Winters, Victor Mature

Drame, USA, 1h35 - 1948

7/10


Résumé :
Martin Rome, gangster, est arrêté par son ami d'enfance et policier, le lieutenant Candella qui l'accuse du meurtre d'une riche new-yorkaise. Parvenant à s'échapper, Martin Rome se retrouve poursuivi par le lieutenant Candella.


Ma première incursion dans l'oeuvre de Siodmak. Or, j'ai bien apprécié ce petit film, qui nous change un peu des poncifs du film noir, transposé ici dans l'univers bien particulier de la population émigrante italienne. Ainsi, les codes du genre sont au contact d'une réalité sociale difficile, essentiellement composée de gens pauvres pouvant facilement basculer du côté du crime. Ce côté réaliste et quasi documentaire évoque le style de Dassin, et d''autre part, cette combinaison policier-social préfigure déjà l'oeuvre de Scorsese.

La construction narrative du film est très bien, divisée en deux parties. La première se déroule dans un hôpital, et consiste à poser le cadre et l'atmosphère. On adopte le point de vue principal d'un prisonnier blessé et d'origine italienne, qui a tué un policier pour une raison inconnue, le film ne s'attardant pas plus sur les détails. Un personnage d'abord présenté comme une pure victime du système, attirant ainsi assez naturellement l'affection du spectateur. Non seulement les policiers expédient un enterrement se produisant à côté de lui, mais ils s'en prennent à lui sans ménagement sans approfondir les motifs de ses actes ou lui faire avouer des trucs qu'il n'aurait pas commis. Son chemin semble donc scellé, et il aurait affronté son sort, quoique sans joie, s'il n'y avait pas eu cette fille qu'il aime soit-disant. Un petit ressort narratif simple et efficace.

La seconde partie rejoint le point de vue d'un policier italien, l'un des inspecteurs du début, qui a lui aussi grandi dans le quartier. Ainsi, les deux perspectives d'un même milieu vont se confronter, véritable sujet du film selon moi. Au fond, il s'agira pour la suite d'un classique jeu du chat et de la souris entre les deux personnages, sur fond social, l'un incarnant le bien avec l'espoir d'une vie intègre et morale, et l'autre le mal entraînant tout le monde sur son sillage dans sa chute (un point moral bien appuyé à la fin du film, et qui montre aussi indirectement la difficulté économique et sociale de ces émigrés parfois obligés de se "salir" aux yeux de la loi pour s'en sortir). Cependant, le portrait n'est pas si caricatural, car le criminel a l'air quand même assez affable (surtout avec sa mère), gentil avec sa copine, charismatique, et il est souvent présent au mauvais moment et au mauvais endroit. Et de son côté, le grand respect de la loi du policier tranche des problèmes moraux délicats de manière plutôt frontale, sans compassion. Ce qui compte pour lui avant tout c'est l'intégration. L'histoire du crime que le truand n'aurait pas commis, loin d'être vraiment passionnante, vient nourrir ce jeu de poursuite du policier et du voleur en guise de toile de fond, et introduit une femme fatale inhabituelle dans le genre, une masseuse robuste, peu sexy, mais capable du pire contre ses adversaires. Par contre, il est dommage que la ressemblance entre les deux personnages n'ait pas été davantage développée, car finalement ils mettent les autres à distance, mais d'une manière différente, l'un par l'usage d'une loi inflexible, et l'autre en franchissant la ligne.

L'enjeu secondaire est l'image que le criminel laisse à son frère, qu'il prend pour un héros, et qui incarne ainsi symboliquement le spectateur béat devant le charisme d'un tel personnage. En outre, ce type d'attraction du truand sur les jeunes générations est encore un thème que Scorsese développera dans ses films. La fin est (un peu trop ?) logique, renversant l'ordre entre les deux personnages aux yeux du jeune homme/spectateur. La morale est claire : la fatalité ne vise que ceux qui prennent la mauvaise pente et ceux qui se trouvent sur son chemin. Par contre, la copine du truand ne sert finalement presque à rien alors qu'elle était apparemment l'unique raison de vivre de ce dernier. Elle est en fait quasiment réduite à une simple amorce narrative (sans elle, pas d'histoire), leur relation qui se déroule après l'évasion du truand étant à peine développée. Selon moi, cela renforce d'autant plus l'égoïsme de ce dernier, qui ne perçoit même pas qu'il est une source d'ennuis pour ses proches.

Belle combinaison du film noir et du film social. En dépit d'un discours moraliste un peu trop appuyé et quelques personnages et bouts d'intrigues moyennement utilisés, j'ai bien aimé cette confrontation entre ces deux hommes du quartier d'émigrés italien, avec en prime cette jeune génération comme témoin direct du duo.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Killbush » Mar 03 Avr 2012, 08:39

Excellente critique pour l'Ultime Razzia, comme tu le soulignes, j'ai moi aussi été assez bluffé par la modernité de la mise en scène et de la narration :super:
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Forbans de la Nuit (Les) - 8,75/10

Messagepar Dunandan » Mar 03 Avr 2012, 17:22

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Les forbans de la nuit, Jules Dassin (1948)

Un grand film de Jules Dassin que voilà, meilleur que La cité sans voiles, dont il reprend le style réaliste destiné à reproduire l'ambiance vivante de la ville, mais sans l'esbroufe de cette voix-off qui nous annonçait de manière tonitruante la nouveauté des décors réels. Ici, cet artifice sonore inutile et envahissant laisse la place à une mise en scène expressive et à des images qui parlent d'elles-mêmes. Et changement de ville et d'ambiance entre ces deux films, passant de New-York à Londres dans le milieu du showbiz.

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En peu de scènes, la dynamique du "héros" (que j'appellerais ainsi par convention même s'il a tout d'un pauvre "loser") est parfaitement décrite : à la fois poursuivi par une personne à qui il doit de l'argent, et en quête d'un projet ambitieux qui n'arrive jamais à terme. Un personnage secondaire, qui pourrait être l'amant de sa femme, mais qui demeure seulement un confident occasionnel (prouvant ainsi que plus que jamais, il s'agit du seul personnage sur lequel il peut compter, son unique échappatoire), résume son état existentiel : un artiste qui n'a pas trouvé un instrument à sa mesure, et pour cette raison-là, est dangereux pour lui-même et les autres, déçus ou gênés par son tempérament volcanique. Sa femme a raison sur un point essentiel : il n'est qu'un enfant rempli d'illusions. Au lieu de mener une existence rangée et paisible, qu'une photo posée sur un meuble rappelle d'ailleurs, il préfère le miroitement des étoiles de la reconnaissance et de la gloire. En quelque sorte, il s'est jeté lui-même dans les rouages de la fatalité, quelques personnages collatéraux l'ayant soutenu matériellement, mais ayant entraîné ironiquement leur propre perte. Il n'a pas un mauvais fond, loin des archétypes du genre, mais a simplement les yeux plus gros que le ventre. Un personnage typiquement shakespearien, toujours en mouvement, jamais en paix avec lui-même, sa passion sans objet le dévorant peu à peu, jusqu'à un dénouement noir de chez noir : il se transformera lui-même comme objet solvable pour sa femme, mais il n'aura au final ni argent ni femme. L'acteur qui interprète ce rôle est vraiment bon, reflétant par son jeu un personnage aux nuances recherchées, à la fois attachant et possédé, sans once de mal en lui, malgré ce qu'il fait (menteur, arnaqueur, manipulateur), agissant toujours au nom d'un idéal respectable, mais démesuré par rapport à ses possibilités réelles.

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Les personnages secondaires sont également très intéressants, le patron du "héros" et de sa femme (instruments de sa chute programmée en puissance) en tête. D'abord, ce Boss incarne l'homme que le "héros" voudrait être tout en le détestant, à la fois adversaire et instrument incontournable de la gloire qu'il veut conquérir. Par sa corpulence, il est une sorte d'ogre du showbiz, possédant tout, sauf l'amour de sa femme qui reste avec lui pour le confort qu'il lui offre. Sa jalousie sera sa perte. Il est un alter-ego négatif du "héros". Ce dernier possède en effet la femme, mais il est dévoré par l'ambition, et c'est en désirant tout ce que cette dernière implique qu'il perdra tout. De son côté, la femme désire simplement l'indépendance. Séductrice et instrument indirect de la chute du "héros", elle a tout d'une femme fatale dans les deux sens du terme, sauf que les rôles vont inverser au cours de l'histoire, détruisant ainsi toute sa vie, dans ses bons et mauvais côtés.

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Il ne faut pas oublier la ville de Londres, filmée au microscope avec ses ruelles tortueuses, ses petits appartements, ses différents quartiers allant du Music-Hall (miroir du succès apparent et illusoire du personnage principal ) aux zones plus miteuses (reflet de sa chute). Est aussi présenté le microcosme décrivant un cercle autour du "héros", fréquentations souvent peu respectables, réseau social constitué à partir d'anciennes ou de nouvelles combines (faussaires, faux mendiants, rabatteurs, musiciens de rue...). Or, le réalisme de cette peinture sociale atteint souvent une forme plus onirique, presque cauchemardesque, non seulement par l'intermédiaire de ses personnages (la vieille femme à la fin m'a procuré quelques frissons par sa présence incongrue et inquiétante), mais surtout par la manière dont certains décors sont filmés lors des nombreuses fois où le "héros" est pourchassé, sous l'oeil d'une caméra (tout en contre-plongées et profondeurs de champ) et d'une photo particulièrement inquiétantes et oppressantes.

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Tout à fait par hasard, en cherchant à tirer son épingle du jeu comme à son habitude, le "héros" tombe sur une apparente mine d'or, un vieux lutteur professionnel qui s'insurge de la trahison de son propre fils contre l'orthodoxie de l'art de son métier. L'histoire peut alors commencer. Ce qui est en jeu, derrière les manigances rusées du "héros" se déroulant sur un terrain glissant, c'est cette relation entre père/fils, la pureté d'un art et de l'homme d'un côté, et de l'autre son travestissement en forme spectaculaire et fructueuse. D'ailleurs, le combat qui opposera passionnément le père à la cime de son art, contre l'un de ses héritiers, l'une des scènes maîtresses du film selon moi, ne se produira même pas pour de l'argent, faisant ainsi complètement capoter le plan à la fois ingénieux et dangereux du "héros". Cette relation père/fils (rappelant certains Rocky) est vraiment poignante, et constitue selon moi le fil sensible du film (avec les deux femmes, l'une espérant que le "héros" se pose enfin, et l'autre comptant sur sa "deuxième chance" pour enfin exister), alors qu'alentours magouilles et manigances s'organisent de manière inhumaine et vénale.

Un chef-d'oeuvre du genre du film noir, à la fois dans sa réalisation (bourrée d'idées de mise en scène ou de composition photographique), son esthétique (réalisme/onirisme), ses personnages (semblant issus d'une tragédie grecque), et ses thèmes (pureté de l'art/show-business).
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13 Assassins - 7/10

Messagepar Dunandan » Mer 04 Avr 2012, 03:01

Rétrospective Chambaras/films historiques japonais :



13 assassins

Réalisé par Takashi Miike

Avec Koji Yakusho, Takayuki Yamada, Yusuke Iseya

Chambara, Japon, 2h10 - 2010

7/10


Résumé :
Treize samouraïs sont recrutés pour une mission suicide : aller tuer un seigneur sanguinaire.


13 assassins est le remake de 13 tueurs. Il y a un débat quant à savoir quel est le meilleur film entre les deux. Je trouve l'original meilleur quant au développement du contexte historique et de la psychologie des personnages. Mais personnellement, j'ai préféré le remake, ayant une mise en scène plus dynamique, et surtout un climax plus intense. Cependant, l'histoire et son déroulement (première partie calme et seconde partie tout en fureur) demeurent au fond les mêmes, avec quelques changements mineurs à signaler, qui révèlent souvent la personnalité du réalisateur Takashi Miike.


Tandis que l'histoire originale était relativement confuse, s'adressant avant tout aux japonais, celle du remake est beaucoup plus limpide, enlevant même certains détails pouvant paraître confus (mais ayant pour effet inverse de simplifier la richesse du cadre historique). Finalement elle se résume à peu de choses. Le contexte est le suivant : c'est une période de paix. Mais un Seigneur japonais accomplit des actes sanguinaires (meurtres, viols, tortures, ...), qui sont sanctionnés par le suicide (mis en scène de manière lente et morbide, tandis que l'original brillait par sa sobriété) d'un chef de clan. Il agit ainsi, croyant en la soumission traditionnelle du peuple et des samouraïs au pouvoir gouvernemental et donc à lui-même, quelles que soient les raisons, justes ou injustes. En réaction à la violence de ce Seigneur, un membre du gouvernement opposé à ces méthodes rassemble alors plusieurs sabreurs talentueux pour l'assassiner et arrêter les frais.

La première partie est assez lente dans son déroulement, respectant ainsi le rythme de l'original, et consiste à présenter les différents personnages. Il y a quelques nuances importantes, comme par exemple l'absence d'un luthier (activité honorable pour nous, mais pour les japonais d'une classe beaucoup plus basse que celle de samouraï), remplacé par un simple joueur, quittant cette activité pour un pari plus fou, celui de tuer ce Seigneur sanguinaire. Et selon moi, la nuance la plus importante consiste en l'exagération de la folie meurtrière du Seigneur (je pense en particulier à la jeune fille démembrée qui va écrire ces mots qui seront le slogan des 13 assassins : c'est un massacre). En fait, ce dernier est très différent dans le remake, notamment dans la dernière partie, lorsqu'il affirme se sentir revivre en voyant ces batailles sanglantes (comme si sa propre violence exprimait un manque viscéral de sa propre nature), et qu'il peut enfin ressentir la souffrance ... avec un sabre dans le ventre (approche simple mais efficace). Dans l'original, il apparaissait à la fois violent et pleutre, alors qu'ici sa violence semble procéder d'un caractère froid et insensible à la douleur des autres.

Je trouve que la motivation des assassins par rapport à l'original est subtilement différente : tandis que dans ce dernier, ils semblaient accepter leur mission avec résignation et fatalité, comme de véritables samouraïs respectant le code (plus ou moins instrumentalisé, pour les engager dans cette mission suicide), ici se ressent davantage une joie fébrile de se retrouver au combat. Il y a une accentuation particulière sur la valeur de vivre (et mourir) en samouraï. Certaines nuances psychologiques ont disparu (je renvoie sur ce point à la critique d' Alinoé). Enfin, il y a quelques réflexions sur l'art de la guerre, comme l'attente du bon moment pour attaquer, qui sont également absentes du discours des samouraïs.

Le déroulement du complot des 13 assassins est identique à celui de l'original, s'appuyant sur une carte avec différents enjeux stratégiques et conventionnels à prendre en considération pour prendre en embuscade la procession du Seigneur sanguinaire. Puis, si je me rappelle bien, il n'y avait pas de traversée à travers champs qui a abouti à la rencontre du treizième assassin, un homme des montagnes incroyablement fort et résistant, une blague en soi qui ressemble aux personnages habituels du réalisateur (et puis l'idée de la scène homo ...).

Enfin, le climax est très bon, avec l'utilisation, comme dans l'original, d'un village fortifié avec des armes planquées un peu partout et des séparations permettant de prendre les combattants en tenaille. Puis ça taillade dans tous les sens, avec un usage généreux de sang non synthétique, et différentes méthodes destructrices : flèches, vaches enflammées (en CGI), explosifs (ces deux derniers points étaient absents de l'original). Comme dans l'original, c'est un peu la pagaille, avec du sang et de la boue à gogo. De même, les combats ne sont pas propres, réglés comme les duels cérémonieux, mais désespérés et remplis de rage. Il y a quelques séquences que j'ai bien aimé comme celle où plusieurs sabres sont parsemés tout au long d'un petit chemin, permettant au sabreur d'enchaîner de plus belle ses victimes sur son passage. Près de cinquante minutes de fureur alimentent cette dernière partie.

Par contre, le final est très différent dans le remake. Au lieu d'avoir d'une scène reflétant la folie absurde et désespérée de ce combat, nous retrouvons l'un des assassins survivants qui affirme qu'il va faire des choses complètement WTF, anachroniques et contraires à l'esprit des samouraïs : voir des femmes, aller aux USA, devenir un grand, ... Puis l'homme des montagnes, laissé pour mort, revient en pleine forme, dans une scène surréaliste, représentant du parfait anti-samouraï qui ne peut même pas mourir (alors que pour un samouraï, c'est un honneur et un accomplissement de terminer comme cela). Le texte conclusif est identique à l'original : la vérité des événements est masquée pour éviter d'atteindre le pouvoir central. Mais la nuance primordiale est qu'on nous projette juste après la fin du pouvoir féodal, ouvrant sur le visage illuminé d'une jeune femme, exprimant ainsi la libération des anciens subalternes de la hiérarchie sociale. Autrement dit, le message original d'une rébellion vaine contre le pouvoir, car étouffée dans l'oeuf, est remplacé par un rejet cinglant des valeurs féodales et des samouraïs. Dans le premier cas il s'agissait d'une mise en accusation politico-historique, tandis que dans le second, l'action succède tout de suite au rejet de ces valeurs.

Au niveau de la réalisation, je trouve le remake moins marquant que l'original dans sa première partie, d'autant plus que certains plans sont repris à l'identique. Bien sûr, la colorisation et la composition de certains plans font plaisir à l'oeil (par exemple toute la partie dans la forêt est nouvelle), mais il y a beaucoup moins de recherche stylistique personnelle. Les meilleures idées de mise en scène sont regroupées dans le climax, qui manque malheureusement un peu de diversité dans le traitement des combats (au niveau de la lisibilité on repassera : c'était déjà le cas dans l'original), mais qui enterre quand même l'original sur tous les plans, que ce soit au niveau du dynamisme, du rythme, des scènes d'action, du charisme des combattants, ou encore des détails sonores (coups de sabre dans la chair et gargouillis sanguinolents) bien immersifs.

Personnellement je préfère le remake à l'original. Mais ce film manque quand même un peu de personnalité (surtout dans la première partie, quasi identique à l'original), malgré quelques nuances qui affirment la patte du réalisateur au sein de cette adaptation, surtout le climax final qui enfonce à tous les niveaux l'ancienne monture.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Killbush » Mer 04 Avr 2012, 09:19

J'approuve tes deux dernières critiques (même si je suis un poil plus généreux sur les notes). Joli travail d'écriture :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 04 Avr 2012, 13:29

Merci mec :wink:

J'ai entièrement modifié un paragraphe car je n'étais pas satisfait du contenu :

Je trouve que la motivation des assassins par rapport à l'original est subtilement différente : tandis que dans ce dernier, ils semblaient accepter leur mission avec résignation et fatalité, comme de véritables samouraïs respectant le code (plus ou moins instrumentalisé, pour les engager dans cette mission suicide), ici se ressent davantage une joie fébrile de se retrouver au combat. Il y a une accentuation particulière sur la valeur de vivre (et mourir) en samouraï. Certaines nuances psychologiques ont disparu (je renvoie sur ce point à la critique d'Alinoé). Enfin, il y a quelques réflexions sur l'art de la guerre, comme l'attente du bon moment pour attaquer, qui sont également absentes du discours des samouraïs.


Les forbans de la nuit, je vais certainement monter ma note la seconde fois, car il vieillit très bien dans ma tête, malgré le sujet du showbiz qui m'a intéressé moyennement.

Par contre je trouve 13 assassins légèrement inférieur aux deux "suites" (elles ne le sont pas vraiment, mais le thème et l'approche sont semblables) du film original 13 tueurs auxquelles j'ai mis 7.5/10.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Mer 04 Avr 2012, 13:43

Tu n'as pas prévu Lady Snowblood dans ta rétro chambara ?
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 04 Avr 2012, 13:46

Si mais je ne l'ai pas en DVD ... Probablement quand je serai au Canada, je cesse entièrement mes achats sauf si je trouve d'autres Wildside sympa :eheh: : j'ai déjà une belle pile de films à voir avant.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Mer 04 Avr 2012, 13:57

Si tu en as trop, les dons sont acceptés :mrgreen:
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Chien enragé - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 05 Avr 2012, 02:57

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Chien enragé, Akira Kurosawa (1949)

Cité comme l'un des chefs d'oeuvre de Kurosawa des années 50, j'ai trouvé ce film très bien dans son principe, mais son rythme hypnotique m'a bien plombé, et m'a empêché de rentrer complètement dans le récit. Chien enragé possède beaucoup de points communs avec L'ange ivre, au niveau de l'esthétique (un réalisme parfois filmé de manière onirique, surtout dans sa première partie quasi muette ; décalage entre musique douce et tension de certaines scènes), des thèmes (bas-fonds du Japon), du climat atmosphérique (chaleur et moiteur qui impliquent une certaine tension et suffocation et reflètent l'état d'esprit des protagonistes à l'époque de l'après-guerre), et enfin des personnages (le rôle principal est interprété par Toshiro Mifune, jouant quelqu'un d'assez nerveux, bien qu'un peu plus sobre que son rôle de son film précédent, étant ici un flic et non un gangster, et donc devant s'intégrer dans le cadre de la loi ; son partenaire est beaucoup plus calme, catalyseur de la violence juvénile de ce dernier).

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Par contre, l'angle abordé pour parler des bas-fonds n'est pas exactement le même que dans L'ange ivre : il s'agit ici du crime, ou plus précisément de l'origine de la violence, sur un niveau à la fois métaphysique, et sociologique. De manière originale, un jeune policier qui vient de commencer dans le métier perd son arme. Une idée qui sera souvent reprise par la suite, notamment dans PTU (Johnnie To). Or, cette enquête saugrenue va l'entraîner sur un terrain inédit : non seulement il va se planquer dans les bas-fonds pour être à l'affût de quelques indices et ainsi découvrir cette réalité d'après-guerre, mais il va se trouver plein de points communs avec sa proie. Autrement dit, il va se sentir personnellement impliqué dans les crimes commis par ce dernier, d'abord parce qu'il s'agit de sa propre arme (responsabilité personnelle), puis ensuite parce qu'ils ont subi le même parcours de base (implication sociologique) : l'armée et l'influence forcée des Etats-Unis (base-ball et les danseuses), Ce qui les distingue, c'est le chemin qu'ils ont choisi ensuite, chacun ayant emprunté une direction parallèle (une dimension métaphysique et une idée d'alter-ego déjà utilisées dans L'ange ivre). Ce schéma d'identification va être poussé jusqu'au point qu'en fonction des descriptions d'un témoin, il va se trouver lui-même, et pratiquement toutes les personnes suspectées, dans le même lot. Ensuite, l'enquête policière progresse de manière assez classique, d'indices en détails techniques, mais vous l'avez compris, l'intérêt est ailleurs.

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Autre point intéressant, le titre, puisque "l'errant" en question est comparé à un "chien enragé". Autrement dit, l'arme volée peut être comparée à l'allumette qui déclenche un feu dément déjà présent dans l'individu en situation de misère. Ainsi, non seulement le metteur en scène condamne la violence, véritable impasse pour s'intégrer dans la société, mais aussi la prolifération des armes, qui apportent une dimension plus ample au crime, accompli par ces "errants" de la société japonaise, perdus dans cet après-guerre témoignant d'une perte d'identité à plusieurs niveaux (national, social, culturel, économique, ...).

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Il y aurait aussi beaucoup à dire au sujet de la réalisation. En premier lieu je retiens l'immersion dans les bas-fonds des quartiers japonais qui est une véritable expérience visuelle (j'adore le gros-plan sur les yeux du jeune policier, dont le point de vue est exprimé par la surimpression de ses yeux sur les images de la réalité), muette, et sociologique. Puis, les courses-poursuites sont réellement haletantes, surtout la première, avec le jeune policier qui ne lâche son suspect d'une semelle en oubliant toute discrétion, et exprimant ainsi sa volonté démesurée de retrouver son arme à feu. Enfin, Kurosawa gère bien les éléments naturels, en alternant scènes de moiteur et orages (dont l'esthétique expressionniste deviendra une marque de fabrique bien connue).

Un sujet fort (l'origine de la violence, rattrapée par un policier se retrouvant en plein processus d'identification avec le criminel qui lui a volé son arme), que j'ai trouvé plombé par un rythme lancinant. Très complémentaire avec L'ange ivre, Chien enragé est à voir absolument pour approfondir les thèmes d'après-guerre, usine à produire des "errants" souvent dangereux pour la société des hommes.
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Auteur: Milkshake

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Jeu 05 Avr 2012, 16:58

C'est vrai que ce film et L'Ange ivre sont complémentaires... Je les avais vus tous les deux l'été dernier et il m'est impossible de penser à l'un sans songer aussitôt à l'autre .

J'apprécie davantage ces films de Kuro que ses films d'époque et chambaras, mais je suis conscient de ne pas être dans la norme :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Jeu 05 Avr 2012, 17:04

Non mais je comprends qu'on puisse davantage apprécier ses premières oeuvres (d'auteur je précise), car ces films sont peut-être plus touchants, engagés, que certaines oeuvres qui leur succéderont, en plus grande recherche esthétique (Ran et Château de l'araignée en tête, ...) au détriment de la sensibilité, ou plus divertissantes (Forteresse cachée, Yojimbo, ...). Bon il y a des exceptions comme Dersou Ouzala (enfin bon ce n'est pas un chambara :mrgreen: ), magnifique dans son fond & sa forme, malheureusement doté d'un master déplorable.

Bref, je sens que j'apprécierai ces deux films davantage la seconde fois et que je les reverrai probablement à la hausse, surtout Chien enragé. Des films à voir absolument dans la journée pour ne rien louper :mrgreen:.
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Violent Cop - 7/10

Messagepar Dunandan » Jeu 05 Avr 2012, 22:57

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Violent cop, Takeshi Kitano (1989)

Takeshi Kitano est l'un des réalisateurs-acteurs qui m'a fait découvrir le cinéma japonais, et donc revoir ce film est comme un retour aux sources pour moi. Si ce film n'atteint pas encore l'accomplissement que sera Sonatine, il résonne comme un brouillon salutaire des oeuvres à venir. A la base, Kenji Fukasaku aurait dû s'y coller, mais s'étant désisté, il laisse ainsi l'occasion à Kitano de débuter dans le métier alors qu'il n'avait que le rôle principal à la base.

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De l'enquête policière portant sur un trafic de drogue, et du lien unissant les fournisseurs et les policiers, Kitano ne garde que le fil conducteur. L'histoire est en effet elliptique, presque sans saveur hormis peut-être les courses-poursuites. L'essentiel pour le metteur en scène novice repose avant tout ses personnages et la mise en forme de sa vision du cinéma. Les toutes premières scènes dignes d'un Orange mécanique contiennent tout le noyau du film en dépeignant le portrait d'une jeunesse nihiliste s'attaquant aux valeurs des anciens.

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Un seul rempart face à cette crise sociétale, un flic, mélange du radical Inspecteur Harry et du samouraï mutique et solitaire du film de Melville. Ce personnage à la démarche à la fois penaude et décidée, doté d'un minimalisme visagiste accru, est la plus grande création du cinéaste, totalement opposé aux jeux potaches qu'il fait à la télévision. Face à la violence alentours, il puise en lui-même la force nécessaire pour remettre ces jeunes imbéciles sur le droit chemin : au lieu d'une arrestation classique, quelques claques dans la gueule ont permis aux jeunes du début de se dénoncer eux-mêmes. Mais il se comporte aussi parfois comme un enfant, souvent incapable de communiquer proprement avec autrui. Enfin il est inconscient des conséquences directes de ses actes, qui malgré lui auront un impact grave sur chacun de ses proches. Contrairement à son modèle américain, il est donc totalement faillible, humain. Parallèlement, la soeur de l'inspecteur sort de l'hôpital (qu'on devine psychiatrique), perdue tout comme les autres jeunes, mais douée d'une certaine innocence que le policier aura à protéger contre le monde extérieur (s'improvisant ainsi en père par substitution), qui sera malheureusement pervertie vers la fin (dans une scène remplie de burlesque et d'humour noir, malgré la tragédie de la scène). Le partenaire de l'inspecteur est également important, incarnant lui aussi la jeunesse dans ce monde corrompu, mais dans le cadre de la loi. Ainsi, les thèmes de Kitano qui seront repris de manière infinie dans les films à suivre sont déjà en germe, prenant place dans un cadre policier imposé par la production : jeunesse prise entre perversion et innocence, violence inattendue, solitude, folie. Malgré un film inégal, sa fin est très bonne (dans son fond et sa forme), pessimiste, brisant tout espoir pour les personnages. Un vrai coup de poing contre les maux de la société japonaise.

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Kitano lui-même l'avouera pour ce film, il ne connaissait rien aux normes cinématographiques. Donc il n'est pas étonnant de découvrir de nombreux bouts de gras, des cadrages parfois maladroits, ou un montage imparfait. Cependant, certaines idées de mise en scène constitueront pour une large part le style du metteur en scène, dénotant ainsi un style déjà l'oeuvre, à l'image de ses éruptions de violence venant rompre le calme apparent, des petites pointes d'humour pince sans rire, et des plans insistants sur l'expression des visages, laissant deviner leurs sentiments malgré l'immobilité qui les caractérise.

Un premier film inégal par son aspect hybride (film de commande contenant un fond personnel) et une mise en scène encore débutante, mais bien meilleur lorsque Kitano développe des thèmes qui lui sont chers ou ses personnages.
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